Les « Ig Nobel » 2019
J’avoue que c’est toujours un vif plaisir : Devançant
les prestigieux prix Nobel, les prix « Ig Nobel 2019 » viennent tout
juste d'être décernés.
Ils récompensent comme chaque année depuis 1991, des
travaux « qui font rire les gens, puis qui les font réfléchir ».
La 29ème cérémonie des « Ig Nobel »
s’est tenue sur le campus de l’université de Harvard (États-Unis) jeudi 12
septembre 2019.
Une cérémonie à l’américaine, dans un amphithéâtre
historique et tout en spectacle. Et surtout, tout en autodérision.
Au cours de cette cérémonie des Ig Nobel, les lauréats
disposaient d’une minute, montre en main, pour présenter leurs travaux. Au-delà
du temps imparti, une enfant entrait en scène et répétait inlassablement : « Arrêtez,
s’il vous plaît ! Je m’ennuie ! »
Il fallait bien ça pour mettre à l’honneur des travaux
de recherche tous plus loufoques les uns que les autres.
Et comme c’est la tradition, les gagnants se sont vu
attribuer une somme en espèces de 10.000 milliards de dollars zimbabwéens, soit
50 centimes d’euros environ.
Le palmarès tant attendu :
1 – Des pizzas pour échapper au cancer
Parmi les lauréats les plus marquants de l’année :
Silvano Gallus (Italie, Pays-Bas). Le chercheur se voit attribuer le prix Ig
Nobel de médecine pour des travaux qui pourraient bien nous aider à légitimer à
la fois une envie de pizza et de voyage en Italie.
Selon les résultats obtenus par son équipe en effet,
les personnes qui consomment régulièrement de la pizza présentent un risque
moindre de développer un cancer et d’autres maladies.
À condition toutefois que cette pizza soit fabriquée
et consommée en Italie, bien entendu !
Plus sérieusement, les travaux de Silvano Gallus
pourraient bien tout simplement confirmer que le régime méditerranéen – dont la
pizza constitue un marqueur – présente des avantages certains en matière de
santé.
2 – Des chirurgiens entraînés au « clicker »
Le « clicker training » est une méthode d’éducation
du chien qui remporte depuis quelques années un vif succès dans les clubs
canins.
L'idée : Produire un son caractéristique au moment où
le chien manifeste le comportement attendu.
C’est cette méthode que Karen Pryor et Theresa McKeon
(États-Unis), lauréates du prix Ig Nobel de l’éducation médicale, ont employée
pour entraîner... des étudiants à pratiquer des opérations de chirurgie
orthopédique !
Et ceux qui ont bénéficié du renforcement ont
effectivement produit des gestes plus précis que les autres.
3 – Cafards vivants contre cafards morts
Le prix Ig Nobel de biologie est décerné à une équipe
internationale de chercheurs (Singapour, Chine, Australie, Pologne, États-Unis,
Bulgarie) pour des travaux qui arrivent à une conclusion pour le moins
surprenante : Les cafards magnétisés vivants réagissent différemment des
cafards magnétisés... morts !
Et c’est sérieux…
4 – Les testicules de postiers
Le prix Ig Nobel d’anatomie revient à Roger
Mieusset – spécialiste de la fertilité à l’université
de Toulouse – et à Bourras Bengoudifa (Gauloisie-supérieure).
Ils ont étudié la température des testicules de
postiers, et puis de chauffeurs de bus. Le tout selon la position de leur corps
et la quantité de vêtements portés.
Objectif : Évaluer l’impact de ces facteurs – sans
mauvais jeu de mots – sur la fertilité.
Et leurs travaux montrent que la température du
testicule gauche est supérieure à celle du droit !
Des résultats qui sont loin d’être anodins lorsque l’on
sait qu’une légère variation de la température « normale » du scrotum, qui se situe entre 33° et 34 °C, peut
perturber la spermatogénèse.
5 – Question importante : À quel point un enfant
de cinq ans peut-il saliver ?
500 ml !
C’est la quantité de salive
produite chaque jour par un enfant de cinq ans : C’est démontré, mesuré,
scientifiquement.
Ce chiffre qui vaut à une équipe de
chercheurs japonais le prix Ig Nobel de chimie.
6 – Une machine à changer les couches
C’est à Iman Farahbakhsh (Iran) que revient le prix Ig
Nobel de l’ingénierie pour avoir inventé une machine à changer les couches.
Vives félicitations…
Mais est-ce que ça essuie aussi les étrons, je n’en
sais rien…
7 – Le danger des billets de banque enfin démontré
Le prix Ig Nobel d’économie revient quant à lui à une
équipe internationale (Turquie, Pays-Bas, Allemagne) qui a mené des travaux sur
les billets de banque et leur propension à transmettre des microbes infectieux.
Résultat : les papiers dont sont faits le leu roumain
et le dollar américain sont parmi les plus susceptibles de véhiculer des
bactéries (staphylocoque doré ou Escherichia coli).
Les chercheurs conseillent ainsi de penser à se laver
les mains après avoir manipulé des billets de banque.
Ou à changer de devise…
Mais on sait désormais quels sont les plus sales-dégueu.
Encore un argument supplémentaire pour faire
disparaître le cash…
8 – Se gratter là où ça démange
Quel plaisir de se gratter lorsque ça vous démange !
C’est justement le sujet abordé par l’équipe
internationale (Royaume-Uni, Arabie saoudite, Singapour, États-Unis) lauréate
du prix Ig Nobel de la paix.
Leurs conclusions : certaines parties du corps sont
plus agréables à gratter comme… les chevilles !
Ce n’est pas là où menait ma première pensée, vous
avoue-je !
Pour le côté sérieux, les travaux de l’équipe
pourraient profiter à ceux qui sont sujets à des démangeaisons chroniques.
Ceux-là se grattent jusqu’au sang parce que pour eux,
la douleur est préférable à la démangeaison.
Comprendre quelles parties du corps peuvent être plus
facilement soulagées pourrait permettre de trouver de nouveaux traitements.
9 – Avoir un stylo dans la bouche rend-il heureux ?
Lourde question existentielle…
Or, avoir un stylo dans la bouche fait sourire.
Et cela rend donc heureux.
C’est ce que Fritz Strack (Allemagne) a d’abord pensé.
Mais il lui a été décerné le prix Ig Nobel de
psychologie pour avoir finalement conclu que… non !
Un bel exemple de remise en question.
10 – Les crottes cubiques des wombats
Enfin, le prix Ig Nobel de physique revient à une
équipe internationale de chercheurs (États-Unis, Taiwan, Australie,
Nouvelle-Zélande, Suède, Royaume-Uni) pour ses travaux sur les excréments de
forme incroyablement cubique des wombats, une famille de mammifères marsupiaux.
Une preuve pour les chercheurs que l’on peut faire
entrer – ou plutôt sortir – une forme carrée dans un trou rond !
Il est à noter que deux de ces ingénieurs lauréats de
cette année ont déjà obtenu le prix Ig Nobel de physique en 2015 pour avoir
déterminé qu’il fallait 21 secondes pour vider une vessie de mammifère.
Stupéfiante révélation, n’est-ce pas ?
Pour rappel les Ig Nobel 2018 ont couronné d’importants
travaux :
– L’Ig Nobel de médecine avait été attribué à deux
chercheurs américains pour avoir montré que les montagnes russes sont très
efficaces pour se débarrasser des calculs rénaux.
Les chercheurs ont soumis un modèle de rein 3D à 20
passages dans les virages de la Big thunder mountain à Disneyland en Floride,
et ont conclu que s'asseoir à l’arrière du train faisait passer le calcul dans
63 % des cas contre 16 % pour des passagers placés à l'avant.
– L’Ig Nobel de médecine reproductive avait lui
récompensé des travaux sur une méthode utilisant des timbres-poste pour
vérifier les capacités érectiles nocturnes du pénis.
Les chercheurs ont malheureusement dû fabriquer leurs
propres timbres pour l’expérience car utiliser des timbres officiels pour une
recherche scientifique requiert une permission des services secrets.
– Toujours dans la catégorie médecine, l’Ig Nobel
d'éducation médicale était allé à un gastroentérologue japonais pour la
réussite de son auto-coloscopie.
– L’Ig Nobel de nutrition nous avait enseigné un
conseil diététique particulièrement utile : Selon une étude de James Cole, un
anthropologue de l’université de Brighton, un régime cannibale serait ainsi
moins calorique que les autres régimes à base de viande.
Selon ses calculs, un corps humain de 65 kg représente
ainsi 32.000 calories, contre 163.000 pour un cerf et 3,6 millions de calories
pour un mammouth.
Pour perdre du poids, il est toutefois déconseillé d’aller
dépecer votre voisin.
– L’Ig Nobel d’anthropologie est allé à des chercheurs
ayant montré qu’au zoo, les chimpanzés imitent autant les hommes que l’inverse.
– Celui de biologie avait été remporté par une équipe
de chercheurs dont un Gauloisien, qui a montré qu’un œnologue est capable de
savoir s’il y a une mouche dans un verre de vin simplement à l’odeur.
– Dans la catégorie conseils pratiques, retenons l’Ig
Nobel de chimie sur le pouvoir nettoyant de la salive.
Ils ont comparé l’efficacité de celle-ci avec
différentes solutions alcooliques pour astiquer des statues du XVIIIème
siècle et ont conclu que la salive était la plus efficace.
– Et le très attendu Ig Nobel de la paix était allé à
des chercheurs espagnols pour leur étude sur les raisons qui poussent les
automobilistes à insulter les autres et à proférer des jurons.
Une pratique associée à d’autres conduites dangereuses
et qui devrait faire l’objet de campagnes de prévention, soutiennent les
vainqueurs.
– Le prix d’économie avait été remporté par une étude
sur les poupées vaudoues comme moyen de se venger de son supérieur.
Apparemment, ça fonctionne : Planter des épingles dans
une poupée représentant son boss permet de « réparer un sentiment
d'injustice » et aide à se sentir mieux.
– Enfin, l’Ig Nobel de littérature avait permis de
découvrir que les gens ne lisent pas les modes d’emploi des appareils
compliqués car cela « génère de l’anxiété », d’après Thea Blackler, la chercheuse
australienne auteure de l’étude gagnante.
À noter que si les hommes affirment lire les manuels
plus souvent que les femmes, ils ne sont pas pour autant plus doués dans l’exécution.
Bonne fin de journée à toutes et à tous !
I3
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