Est-il
vraiment sérieux ?
Non bien sûr !
Coincé entre deux canaux vénitiens, je ne reçois la
presse Gauloise qu’avec retard. L’italienne, je ne maîtrise pas encore assez le
langage pour déjà m’en inspirer…
En revanche, quand je repasse de temps en temps « au
siège » monégasque, je récupère ce qui est entassé des divers abonnements patronaux avant de filer en Italie…
Et quelle n’a pas été ma surprise d’y lire une longue
interview de notre « ex-Ô-combien vénéré Président » dans les
colonnes des « Échos du matin » de la semaine dernière !
Déjà en campagne, lui aussi ?
Ce gars-là, il « décoiffe » par son autisme quand
il s’y met, c’est vraiment hallucinant : Il propose une refondation « du
modèle social ». Tout y passe : la durée légale du travail, la définition
du licenciement économique, le rôle des syndicats, le fonctionnement de
l'assurance chômage, les seuils sociaux, l'Unedic, etc.
Son problème de « has-been » qu’il est
devenu rapidement, c’est qu’il est lui aussi « hors-sol ».
Car beaucoup de ses préconisations sont en fait déjà
en vigueur, alors que d'autres semblent complètement inadaptées à la situation
actuelle du pays.
Voire qu’il est quand même dommage que, de plus, il
ait pu perdre 5 ans à ne pas les mettre en vigueur quand il se la pétait à l’Élysée,
pour les autres, et qu’il renie au moins partiellement pour certaines !
La « refondation sociale », c'est ce concept lancé par
le Medef à la fin des années 1990, du temps où « le Chi » parlait
déjà de réduction de la « fracture sociale », qui deviendra son axe
de campagne ultérieur, et que « Bling-bling » a décidé de reprendre à
son compte.
Le président du parti « Les Républicains-démocrates
» veut tout revoir : Il milite pour un grand chambardement afin de relancer
l'économie et créer des emplois.
Quelle ambition illusoire !
« Bling-bling » :
« Le dialogue social ne fonctionne
plus en France. La négociation sociale doit désormais se dérouler d'abord dans
l'entreprise, plutôt qu'au niveau de la branche ou du confédéral (…). Quand un accord dans l'entreprise n'est pas
possible entre les partenaires sociaux, ce sont les salariés de cette même
entreprise qui doivent pouvoir trancher par referendum à la majorité simple. »
Il propose de donner la priorité à la négociation
d'entreprise au détriment de l'accord de branche. En affirmant cela, il ne fait
que surfer sur le débat sur la place à accorder aux différentes normes (loi,
accord de branche, accord d'entreprise).
Le kon : C'est tout l'objet du fameux rapport
Combrexelle remis récemment à « Menuet-Valse » et à la « ministre
du chômage » et qui va donner lieu à un projet de loi.
L'ex semble oublier que 98 % des entreprises ont moins
de cinquante salariés, il y a donc une impossibilité de négocier et de signer
un accord. En outre, il n'y a que l'accord de branche qui puisse assurer un
minimum de règles communes afin de ne pas fausser la concurrence, ce que le
rapport Combrexelle appelle « l'ordre
public professionnel ». C'est pour ces raisons que les organisations
patronales CGPME et UPA (artisans employeurs) ne défendent pas le « tout accord d'entreprise ».
Quant à l'idée de développer le referendum direct
auprès des salariés en cas d'impossibilité des partenaires sociaux (syndicat et
patronat) de parvenir à un accord, on retrouve là le côté bonapartiste de « Bling-bling »,
favorable à une démocratie directe et faisant l'impasse sur les corps
intermédiaires.
Un rejet des corps intermédiaires qui ont lui beaucoup failli,
il est vrai, et on l'avait beaucoup entendu dans la bouche de l'ancien
président durant la campagne de… 2012 !
Actuellement, quand il y a des syndicats présents dans
l'entreprise, le referendum est déjà
possible mais il n'est que consultatif, son résultat ne s'impose pas.
Et rien n'empêche les syndicats de l'organiser
eux-mêmes.
En revanche, un referendum organisé directement par un
employeur pour contourner un blocage syndical serait potentiellement dangereux,
s'il est destiné discréditer les syndicats.
Sans parler du possible chantage à l'emploi.
Notez que ça existe déjà et fonctionne en revanche plutôt
bien depuis plus de 30 ans quant aux « périphériques de rémunération »,
(intéressement, participation, Plan d’épargne d’entreprise, Comptes épargne-temps,
etc.) mais ça ne fait pas de bruit.
Pas sûr que ce soit pour autant la solution qui « débloquerait
tout »…
« Bling-bling » :
« Les délégués syndicaux doivent
cesser d'être nommés par les syndicats. Ils doivent pouvoir être élus par les
salariés (…) il faut autoriser la
liberté de candidature dès le premier tour ».
Le kon !
C'est en 1968, lorsque le Général de Gaulle était à l'Élysée
que la section syndicale d'entreprise a été instaurée avec la possibilité pour
les syndicats représentatifs de nommer un délégué syndical.
En fait, « Bling-bling » fait preuve de son
ignorance et fait une confusion entre délégué syndical et/ou élu du comité
d'entreprise (CE) et délégué du personnel (DP).
Le délégué syndical n'a pas à être élu puisqu'il est
le représentant de son syndicat.
Il devrait peut-être retourner à sa « fac de
merde » (« Nan-terre ») pour y réviser quelques fondamentaux.
Après seulement, il deviendrait peut-être crédible, au
moins comme avocat, sans jamais avoir pu l’être comme Président.
C’est simple, nous avions noté durant son quinquennat,
qu’il ne « réformait » que les dispositifs dont il ne comprenait pas
le fonctionnement.
À quelques exceptions près.
Le propos confirme qu’il n’a pas beaucoup évolué
depuis ses « années-fac ».
Rappelons que s'agissant des élections
professionnelles pour élire CE et DP, il y a actuellement un monopole des
syndicats représentatifs au premier tour.
Au premier tour seulement…
D’autant que depuis une loi de 2008 – la sienne – réformant
la représentativité syndicale des entreprises, il n'y a plus de « présomption irréfragable de représentativité
», c'est-à-dire qu'un syndicat appartenant à une « grande confédération »
(CFDT, CGT, FO, et autres ayant fait de la résistance entre 1939 et 1945) ne
peut plus se présenter automatiquement au premier tour des élections dans une
entreprise.
Elle doit d'abord faire la preuve de sa
représentativité au sein de l’entreprise, via différents critères : Nombre
d'adhérents, activité réelle, audience aux élections précédentes, etc.
Et que, selon les données du ministère du Travail, les
listes syndicales raflent environ 65 % des voix des salariés. Ce qui prouve
tout de même, contrairement à une idée répandue, une « certaine »
représentativité.
De plus, « Bling-bling » peut être rassuré :
Si les salariés veulent rejeter « le fait syndical » à ces élections,
ils n'ont qu'à s'abstenir au premier tour.
Le quorum n'étant pas rempli, il y aura alors un
second tour où n'importe quelle candidature, y compris de listes non
syndiquées, est recevable.
Alors certes, seuls environ 7 % des salariés gaulois
sont syndiqués. Mais il n'y a aucun intérêt à se syndiquer, à la différence
d'autres pays où avoir sa carte est nécessaire pour bénéficier des avantages
tirés d'un accord collectif.
Et notons que les organisations syndicales, avec pour
FO, la CFDT et la CGT des centaines de milliers d'adhérents, restent les plus
grosses organisations de masse du pays, loin devant les… partis politiques.
Bref, « à la masse » !
« Bling-bling » :
« Je propose de supprimer le seuil
des dix salariés pour les délégués du personnel et de fusionner l'ensemble des
instances de représentation au-delà de 50 salariés (…) »
Là encore, il est à la masse !
Tout ce qu'il préconise est déjà entré dans les faits.
Récemment certes.
Depuis la loi « Red-s’amène » sur le
dialogue social, votée à l'été 2015, toutes les entreprises de plus de
cinquante salariés ont la possibilité, par simple décision unilatérale de
l'employeur, de fusionner dans une instance unique le comité d'entreprise, les
délégués du personnel et même le comité d'hygiène, sécurité et conditions de
travail (CHSCT).
Quant au seuil de 10 salariés, obligeant à élire des
délégués du personnel, il est gelé pour trois ans.
Il pourrait au moins lire la presse, me semble-t-il.
« Bling-bling » :
« Le licenciement économique doit être
rendu possible, y compris pour réorganiser l'entreprise quand il est encore
temps (…). Aujourd'hui, il est
autorisé uniquement quand elle va très mal ».
Rappelons que l’opportunité de la décision de procéder
à un licenciement économique est laissée à l'appréciation du juge.
Il n’y a rien d’automatique.
Par exemple, la Cour de cassation admet qu'une
réorganisation peut être mise en œuvre pour prévenir des difficultés économiques
à venir si elles sont « prévisibles ».
Mais l'employeur est tenu d'établir la source de ces
difficultés futures. Il ne peut pas simplement évoquer le besoin de rechercher
une meilleure compétitivité, il doit étayer ses propos.
En outre, il existe des mesures alternatives aux
licenciements économiques, surtout depuis le vote de la loi « Mac-rond »,
tels les accords de maintien de l'emploi qui permettent de diminuer et/ou
d'augmenter le temps de travail durant une période maximale de cinq ans, ce qui
n’est pas une mauvaise idée et fait suite aux premiers accords de « RTT-défensif »
mis en place par « Deux-Rôts-bien » sur le mode « volontaire »,
avant l’arrivée de « Titine-eau-Brie » qui a elle-même repris le
dispositif, mais sur le mode « obligatoire ».
« Bling-bling » :
« Si une entreprise veut sortir des
35 heures, elle doit pouvoir le faire. Je pose une condition : personne ne doit
travailler plus et gagner moins. Les 36 heures devront donc être payées 36, les
37 heures 37, etc. (…). La loi
prévoira deux cas : soit l'accord d'entreprise fixera un temps de travail
hebdomadaire supérieur à 35 heures, soit l'entreprise restera aux 35 heures ».
Là encore, toujours à la masse !
Dans ses propos, il semble confondre durée légale et
durée effective du travail.
Actuellement, l'employeur est libre de fixer la durée
effective du travail dans son entreprise, les 35 heures ne sont absolument pas
un obstacle.
D'ailleurs, en moyenne, la durée effective du travail
dépasse les 39 heures hebdomadaires d'après l'OCDE.
La seule borne est fixée par une directive européenne et
est retranscrite dans le Code du travail : La durée du travail hebdomadaire ne
peut excéder 48 heures ! En théorie, un employeur peut donc fixer la durée
du travail à… 48 heures, dès lors qu'il verse un bonus salarial sur les heures
effectuées au-delà de 35 heures. Sauf accord d'entreprise prévoyant un taux
moindre (sans aller sous la barre des 10 %), les huit premières « heures sup »
sont ainsi majorées de 25 %.
Et, par accord d'entreprise, l'employeur peut même
déroger au contingent annuel d'heures supplémentaires (fixé légalement à 220
heures, soit l'équivalent de plus de six semaines de travail supplémentaires ou
de 4,68 heures par semaine de travail sur un an).
Toujours par accord, il peut même organiser l'année en
cycles de travail qui permettent d'éviter le paiement des heures
supplémentaires, si, in fine, la
durée légale du travail est respectée. Par exemple, une entreprise peut
travailler durant un semestre 39 heures par semaine et l'autre semestre 31
heures.
Plus fréquemment jusqu’à 48 heures en haute saison et moins
de 30 heures en basse saison.
De plus, actuellement, un salarié qui travaille 37
heures perçoit plus grâce aux heures supplémentaires ou aux jours de RTT
rémunérés (ce qui permet aussi parfois de « faire les moissons » ou les
vendages).
Ce système serait donc remis en cause.
« Bling-bling » :
« Au-delà de 35 heures (…) les allègements de cotisations sociales
patronales seraient accrus jusqu'à 39 heures »
En 2007, dans le cadre de la loi dite « TEPA », pour
contourner les 35 heures légales, il avait institué des allégements de
cotisations patronales et salariales sur les heures supplémentaires. En outre,
celle-ci étaient fiscalement exonérées pour leurs bénéficiaires. Tout ce
mécanisme a été supprimé avec hargne et constance à l'arrivée de « Gras-nul-laid »
à l'Élysée en 2012.
Et là, en 2015, « l’ex-Ô-combien-vénéré-Président »
n'évoque plus que des allègements de cotisations patronales supplémentaires
entre 35 et 39 heures.
Il n'y a plus aucune d'incitation prévue pour les
salariés.
Il faut dire que selon l'Institut Montaigne, le coût
des exonérations de charges sociales sur les heures sup s'élevait à 3,1
milliards d'euros en 2011 dont 2,4 milliards pour les exonérations salariales
et 700 millions d'euros pour les exonérations patronales. Quant au coût de la
défiscalisation des heures sup au titre de l'impôt sur le revenu, il s'élevait,
lui, à 1,4 milliard d'euros.
Au total, la mesure Tepa « coûtait » à l'État (et donc
au contribuable) et à la Sécurité sociale environ 4,5 milliards d'euros en
année pleine…
Tout plein « d’économies » réalisées par « l’amiral
de pédalo à la fraise des bois ».
Naturellement, vue la loi des vases communicants, c’est
de l’argent qui ne rentre plus dans la poches des acteurs économiques –
salariés/employeurs – donc qu’ils n’ont plus à sortir de la poche des mêmes,
pris comme contributeurs…
Il envisage aussi de nationaliser temporairement
l'Unedic – l'organisme paritaire (patronat/syndicats) gestionnaire de l'assurance
chômage – pour redresser ses comptes et instaurer une dégressivité des
allocations après douze mois de chômage.
Une mesure qui peut peut-être se justifier en cas de cycle économique haut, quand le marché du travail se tend, mais qui aura des
effets très limités tant que le chômage de masse perdurera…
Sauf à forcer un ex-salarié de l’hôtellerie-restauration
au chômage à aller travailler dans le BTP ou inversement !
En bref, il en oublie que nous ne sommes plus en 2007 ni
en 2012.
Plusieurs de ses préconisations s'appliquent en fait
déjà, notamment depuis les récentes lois « Red-s’amène » sur le
dialogue social et « Mac-Rond » sur la croissance.
Et nombre de ses suggestions ne résistent pas à la
réalité du terrain, notamment sur la place des syndicats. En réalité, on a
l'impression que les propos de l'ex s'adressent davantage aux futurs électeurs
de la primaire du « centre-démocratouille » et de de la « droâte-démocrate » de 2016,
dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, se livrant à une
sorte de course à l'échalote avec ses concurrents directs.
C'est à qui sera le plus « réformateur » et on verra d'ailleurs la contribution de « Juppette » lundi prochain.
C'est à qui sera le plus « réformateur » et on verra d'ailleurs la contribution de « Juppette » lundi prochain.
Mais, globalement, il va devoir revoir son logiciel personnel.
Certaines de ses préconisations s'appliquent déjà ou
sont dans les tuyaux. D'autres, notamment celles sur la durée du travail, ne
sont pas adaptées car elles mettent à mal son fameux slogan de 2007 « travailler plus pour gagner plus »...
Maintenant, c'est plutôt « travailler
plus pour gagner moins ».
Pas bien sûr qu’il aille très loin avec ça…
En revanche, il va persister à nous casser les
oreilles pendant des mois et des mois.
Jusqu’à l’écœurement, alors qu’il ferait mieux de
réviser ses cours de droit du travail de la fac !
Brillante démonstration! Bravo! J'ignorais la possibilité de fusionner les instances représentatives, déjà en vigueur depuis l'été 2015 ... Que voulez-vous : qui peut raisonnablement maitriser les onze mille articles du Code du Travail?
RépondreSupprimerJe voudrais vous soumettre une idée sur la représentativité des organisations syndicales.
1. Elle est, actuellement, principalement fondée sur le nombre de voix obtenues aux élections professionnelles. Cela a pour effet de "politiser" les syndicats puisque le modèle de représentativité est calqué sur celui des partis politiques.
2. Il faut donc passer au critère du nombre d'adhérents PAYANT effectivement une cotisation significative, seul garant de l'indépendance financière réelle tant vis à vis des employeurs que vis à vis des pouvoirs publics.
3. Je propose donc que les heures de délégation telles que définies actuellement ne soient plus rémunérées par l'employeur mais par le seul syndicat. Pas ou trop peu d'adhérents = pas de finances = impossibilité d'indemniser les heures de délégation de toutes sortes = impossibilité de trouver des "militants" professionnels = impossibilité d'avoir une authentique action de représentation et de défense des intérêts des adhérents. = impossibilité de fait d'exister vraiment.
4. Pour compléter le dispositif particulièrement contraignant, l'adhérent bénéficierait d'un vrai crédit d'impôt sur non pas 60% du montant de la cotisation mais 95% voire 100% (dans ce cas avec un plafonnement à 500 euros par an). Donc, d'une part, incitation à adhérer, d'autre part, incitation à exiger des militants qu'ils soient effectivement dévoués aux adhérents (lesquels, indirectement, les "paient")!
Je ne sais pas ce que vous avez tous contre les syndicats !
SupprimerIls sont pourtant indispensable, sans ça c'est la chienlit comme en dirait d'autres, et ça finit par des lynchage sur la voie publique...
En signalant d'ailleurs qu'on m'a dit qu'un des gardes-de-son-corps du DRH récemment mis à poils devant les caméras du monde entier a été plongé dans le coma par un "syndicaliste-en-colère" : Il s'en est quand même sorti !
Si le problème c'est la représentativité, c'est vrai qu'on pourrait faire crédit-d'impôt remboursable à 100 % et même doubler les cotisations reçues et justifier pour alimenter et financer les "pros" de la négociation, les permanents.
Il y a des bons, capables de négocier des conventions collectives, pas trop kon : J'en connais.
D'autres qui permettent sur le terrain de débloquer des situations impossibles : Là encore des pros de la dialectique appliquée.
Mais on pourrait aussi faire comme les allemands : Pour avoir droit aux avantages négociés, tu cotises, sans ça tu vas te brosser.
Au pire, ça donne les dockers de Marseille, au mieux le fameux consensus allemand.
En notant qu'il faut aussi de "grosses centrales" pour nourrir tous ces gens : EDF et la SNCF pour la CGT, Air-Transe et l'EN pour FO.
Alors que le meilleur, ça reste la CFDT, qui signe à peu près systématiquement pour être vraiment proche du terrain un peu partout, tous secteurs confondus, à l'écoute des revendications.
Mais bon, ils n'ont pas bonne presse : Pas assez "politisés" justement !
Bref, la quadrature du cercle.
Bien à vous !
I-Cube