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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

mardi 26 juillet 2022

La croisière d’Alexis (14)

Quatorzième chapitre
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
La journée suivante m’aura permis de récupérer les images enregistrées par Minouche. C’est cohérent avec ce que j’avais découvert de ses déplacements la veille.
Un chat, surtout la mienne, ça dort environ 16 heures par jour. Minouche un peu plus, mais par touches. Et la caméra se met en stand-by quand elle ne se déplace pas.
Une petite merveille de technologie.
Je constate que ma chatte s’aventure sur tous les ponts, c’est vrai, mais confirme qu’elle sort souvent en extérieur.
Y compris sur le pont supérieur, celui de la passerelle et des cabines de l’équipage.
A priori, celui-ci n’est occupé que par notre capitaine, commandant de bord, seule maître à bord après Dieu, mais elle n’en sort pas beaucoup. Pour ainsi dire rarement.
Forcément, elle dispose d’une entrée « réservée » à l’intérieur du navire, pour ses « patrouilles » de contrôle.
Me vient alors l’idée de piéger sa porte, parce qu’il me semble qu’elle est censée y passer ses nuits hors les quarts sur la passerelle, qu’elle a fréquent, d’après les relevés de l’IA.
 
Je passe bien la matinée à éplucher tout ça et à élaborer un plan assez simple de piégeage des gonds de la porte de sa cabine.
Ce sont des portes en bois verni équipées d’un hublot et d’une poignée en laiton ou en bronze, je ne saurai dire, à la mode ancienne, comme toutes les portes des ponts supérieurs qui ouvrent sur l’extérieur, sauf que ces dernières s’ouvrent toutes seules quand on en approche ou touche la poignée et que la plupart du temps, elles coulissent silencieusement.
Avec un peu de papier adhésif transparent, je dois pouvoir trouver ça à « la boutique », ou passer commande pour un prochain approvisionnement, un peu de fil de couture et, si ça résiste aux vents et aux intempéries, le fait de faire tourner le gond arrache forcément le fil.
Pour tenir compte du fait que l’IA du bord à l’œil sur tout, il faudra que je « finasse » en refaisant un lacet de ma basquette à l’occasion d’un déplacement et que je pose « mon piège » dans le même mouvement en tournant le dos à la caméra posée sur le rebord supérieur de la passerelle.
Naturellement, comme je suis une grande douée pour ce genre d’exercice, il faudra que je m’y reprenne à plusieurs fois sans attirer les soupçons.
Mais bon, ce n’est pas pour tout de suite, puisque je n’ai pas le matériel adéquat sur moi.
 
Je passe une partie de la matinée suivante à me faire manucurer, pédicurer et dépoiler.
Les robots qui font ça sont posés sur des roulettes et leurs gestes sont d’une précision redoutable : un vrai régal de douceur.
Je découvre ainsi qu’il y a des tables de massage disponibles et aussi deux cabines de hammam au niveau du pont de l’infirmerie. Peut-être me l’avait-on dit, mais je l’avais oublié, car je connaissais les autres.
Au-dessus, je veux dire sur le pont juste au-dessus, il y a une bibliothèque avec une armée de liseuses à disposition et quelques volumes, plus classiques, en papier.
Je reste impressionnée par l’encyclopédie Britannicus, hélas en anglais : peut-être l’occasion d’enrichir mon vocabulaire…
Mais je ne suis pas là pour ça.
D’ailleurs, pourquoi suis-je là, au juste ?
L’heure aura changé dans la nuit et notre repas est servi avec une heure d’avance dans la cabine d’Aurélie. On est pourtant toujours dans le rail descendant mais on ne voit plus les côtes noyées dans la brume.
 
Aurélie me vante les mérites de la « poupée » Clara : une experte dans le maniement des sex-toys, d’après elle.
Pour l’heure, le plus intéressant, qui la met dans un état de « suspicion excitée », c’est qu’elle aura retrouvé sa culotte à fleur dans le tiroir de sa table de nuit.
« Tu vois, c’est ce que je te disais. Tu l’auras rangée là et tu ne t’en souvenais plus ! »
Pas du tout : « C’est là où je mets mon thermomètre et rien que ça. Je l’ouvre tous les jours et elle n’y était pas jusqu’à ce matin ! »
Elle m’assure que ce navire est hanté par un fantôme.
« Un numéro 16 te l’aura rapportée après que tu l’aies égarée dans une autre cabine… »
Et quelle cabine donc ?
« Tu plaisantes ! À part la tienne, je n’en fréquente aucune ! »
Voilà qui est curieux, en effet, puisque je ne la vois pas « égarer » sa petite-culotte chez moi : j’ose espérer que je m’en serai aperçu, tout de même !
Il doit y avoir une autre explication logique.
Du coup, je passe l’après-midi à explorer sur les registres et images gardées en mémoire par l’IA sur les aller-et-venues dans notre couloir.
On y repère bien les mouvements des passagers qui vont et viennent, ceux des robots qui font le ménage des chambres, les mouvements de nos « numéros 16 », de ceux qui nous assistent, des chenillettes qui servent nos repas en cabine et font la desserte et l’arrivée et le départ des « poupées », « invitées » par nos passagers, mais rien de suspect : à part nous deux et Minouche, personne n’entre ni ne sort de nos cabines.
La seule hypothèse est qu’un numéro 16 ait pu pénétrer dans la chambre d’Aurélie avec sa culotte à un moment où elle était absente ou dormait.
Mais comme on voit nettement ce qu’ils ont avec eux et ce que portent les chenillettes, ça ne semble pas être la bonne explication. Et aucune de ces machines n’aura visité Aurélie dans la nuit, hors « Clara ».
D’ailleurs, le lendemain, elle précise que sa culotte aura de nouveau disparu dans la nuit.
« J’en suis certaine : au soir, elle y était, le lendemain matin elle s’était évaporée de nouveau. »
« Alors c’est une de tes « poupées » qui te joue des tours. »
 
Si c’est le cas, puisqu’elle n’a pas encore reçu deux fois le même robot pour ses nuits et journées de luxure, c’est qu’il y a un complot de « poupées » !
« Bé oui, naturellement. Elles se repassent entre elle des « trucs » et pourquoi pas tes affaires…
C’est effrayant, finalement ! »
Bé voyons…
« Je te signale que c’est la même IA par laquelle toutes les informations transitent » me fait-elle remarquer.
Effectivement… « Ce qui reste tout autant effrayant, finalement », répète-t-elle après moi.
« Tu crois qu’elle enregistre aussi nos conversations ? »
Pas que je sache quand aucun robot n’est présent.
Juste les déplacements et les instructions données. Nos demandes et attentes en somme.
En tout cas, question service, ça reste impeccable : tu demandes un truc, la demande est enregistrée sans même répondre, hors un « bip » de confirmation.
C’est d’ailleurs ce qui manque sur ce navire : un dialogue minimum. Ça déshumanise totalement l’environnement !
Les robots ne parlent que pour te dire que telle ou telle chose n’est pas possible immédiatement, pas grand-chose, quoi, mais que tout sera mis en œuvre pour que cela le devienne.
Une fois ou deux, j’ai eu droit à des « remarques » qui pourraient être des traits d’humour ou des appréciations d’avertissement à leur initiative.
Sans ça, rien, même pas bonjour.
 
Paul m’expliquera plus tard que c’est un choix : « Il faut éviter de trop humaniser nos robots valets de chambre. Ça les rendrait familier.
En revanche, les « poupées » doivent être le plus « animées » possible pour créer des liens et renforcer l’illusion. Elles dialoguent sur n’importe quel sujet, afin de faire oublier qu’elles ne sont que des machines.
Mais vous ne pouvez pas savoir, puisque vous n’avez pas usé de leur service. »
Aurai-je été conne de ne pas essayer ?
Si encore il y avait des « poupées » mâles à bord, peut-être que je serai tombée amoureuse de l’une d’entre-elle, allez donc savoir…
« Pas sur ce navire-là, les « poupées-mâles ». Mais si ça vous dit, je m’arrangerai pour vous faire faire un séjour sur une croisière de gay ! » aura-t-il plaisanté.
« Parce que c’est prévu ? »
Pas tout de suite : « Avec le navire numéro 11 ».
Et pourquoi pas avant… Il y en aura autant que ça.
« Pas tant que ça. Mes navires ne sont numérotés qu’avec des nombres premiers. Deux, trois, cinq, sept, onze, treize on saute, dix-sept et dix-neuf… »
Ah ?
 
Ceci dit, en plus de l’odeur du cigarillo, vient me titiller les naseaux une odeur de frite : j’ai soudain une envie de manger des frites !
Ce n’est pas prévu au menu du soir, mais j’en fais la demande.
Et j’aurai mon assiette de frites !
Qui se fait des frites dans sa cabine ?
Parce que c’est une odeur tenace.
Une requête plus tard, je sais tout ce qui a été servis durant la journée aux passagers. Il y a bien de la friture qui aura rempli quelques assiettes, poissons, supions, calamars et petite-fritures de la mer, mais pas de frite de la journée !
Hors les miennes.
Tout de même bizarre.
« Tu l’auras rêvé ! » m’affirme Aurélie. « Moi, je n’ai rien senti ! »
Non tout de même, je ne suis pas une fanatique de la frite, en revanche l’odeur est particulièrement identifiable entre mille fritures.
Cette odeur de pomme-de-terre qui rôtit brutalement dans une huile bouillante reste unique.
Encore un mystère de plus.
« C’est comme l’odeur du cigare : je ne fume pas, mais ça reste identifiable à mille lieues ! »
« En mer, ce ne sont pas des lieues, mais des milles ! »
D’accord…
 
Le lendemain, Mélanie me convie à assister à une rotation d’hélicoptères depuis la passerelle.
Elle a l’œil rivé sur ses écrans et pupitres ou accroché à ses jumelles. Pas un mot n’est jamais prononcé, le navire évolue tout seul. On entend juste l’équipage des hélicoptères qui se signale en approche et demande l’autorisation d’apponter.
Une voix ― laquelle ? Je ne sais pas ! ― leur répond et donne les paramètres météorologiques du bord « en clair ».
« Aujourd’hui, on évacue nos anglais. Ils raccourcissent leur séjour parmi nous. Le second groupe partira demain et nous accueillerons trente-six membres d’une équipe de VRP de brasseurs.
Séjour de motivation. »
Elle a décidément la voix douce.
Pour une fois elle continue : « Il est prévu une quarantaine de couples pour Noël qu’on passera au large de Cap Finistère… »
Des couples ?
Avec toutes les « poupées » qu’il y a à bord ?
Ça va être charmant, présume-je…
« … et un peu moins entre Gibraltar et les Baléares pour le nouvel-an. »
Des couples aussi ?
« Oui, également… mais avec des enfants… Des touristes Allemands. »
Voilà qui va être délicat à gérer, non ?
« Probablement pas. Nos « spécificités » ne sont jamais qu’un « plus » pour une certaine catégorie de croisiéristes. Mais on peut très bien s’en passer.
Ce n’est pas indispensable pour remplir le navire. »
Sauf que de n’avoir à faire qu’à des robots, ça peut en étonner plus d’un !
« Justement, c’est un des aspects de nos particularités qui doit nous rendre attrayant. »
Si elle le dit…
 
L’hélicoptère aponte. Le carrousel des « tables de nuit-chenillettes » qui débarquent les conteneurs destinés à la cambuse et embarquent les bagages du groupe des fêtards britanniques.
Pas certain que l’enterrement de la vie de garçon de l’un d’entre eux se soit passé de la meilleure des façons : ils ont l’air pressé d’en finir.
Les turbines du Sea-King s’emballent. La demande d’autorisation de décoller tombe du plafond. Une voix d’homme lui répond.
C’est au tour des rotors d’accélérer leur rotation et la machine s’élève doucement puis prend de l’altitude et rejoint son cap vers la Grande-Bretagne.
Le second s’annonce à la radio, reçoit son autorisation et aponte dans un souffle bruyant.
Comment se fait-il que nous n’entendions pas ce vacarme, quand on est dans nos cabines ?
« Leur isolation phonique aura été particulièrement soignée. En revanche fenêtres ouvertes ou sur les ponts extérieurs, vous entendez nécessairement ces rondes d’hélicoptères. Surtout au décollage, quand les turbines sont à leur maximum. »
« À propos de fenêtre ouvertes, c’est qui qui pue le cigarillo en fin de journée ? »
Elle reste impassible, rivée sur ses jumelles quelques instants, puis sans me regarder ni poser ses jumelles me lâche : « Probablement un des passagers. Il est interdit de fumer dans les cabines pour des raisons de sécurité, mais on ne peut pas empêcher de le faire en extérieur… »
Et les odeurs de frites ?

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