L’euro a eu 20 ans (comme les radars automatiques) !
Le 31 décembre 1998, à la veille du lancement de l’euro,
prévu par le traité de Maastricht, les taux de conversion définitifs sont
dévoilés en grande pompe à Bruxelles : Il faudra 1,95583 deutschemarks teuton,
6,55957 francs gauloisiens ou encore 1.936,27 lires ritaliennes pour un euro.
Des dizaines de milliers de personnes se mobilisent
dans les banques et les Bourses européennes pour que tout soit opérationnel à
la réouverture des marchés le 4 janvier, comme dans les magasins pour un double
affichage des prix.
Le 1er janvier 1999 l’euro devient la
monnaie officielle dans onze des quinze pays de l’Union, soit alors 291
millions d’habitants. Il peut être utilisé pour des opérations bancaires
dématérialisées, ainsi que pour des paiements par chèque, chèque de voyage ou
carte bancaire.
Personnellement, j’avais monté ma société d’ingénierie
dès 1998 « en euro », comme me l’y autorisait la loi gauloisienne…
L’euro, qui aura débuté avec un cours de 1,1789
dollar, fait son baptême sur les principales places financières le 4 janvier.
Mais le 27 janvier, il tombe sous un dollar et fin octobre il atteint son plus
bas historique à 0,8230 dollar.
Les Cassandres prévoient déjà sa fin rapide.
Le 1er janvier 2001, la Grèce intègre la
zone euro.
Le 1er janvier 2002, l’euro devient « un petit bout d’Europe entre nos mains »,
selon la formule du président de la Commission européenne Romano Prodi. Près de
15 milliards de billets et plus de 50 milliards de pièces sont introduits,
chamboulant la vie quotidienne de 304 millions d’Européens d’alors.
Le temps de s’y habituer, beaucoup d’entre nous vérifieront
calculette en main des conversions plus ou moins aisées.
Les billets, affichant ponts et fenêtres, ne
comportent aucun symbole national, contrairement aux pièces qui arborent par
exemple la semeuse pour la « Gauloisie » ou Mozart pour l’Autriche. S’ouvre
une période de double circulation, avec un retrait progressif des devises nationales
jusqu’au 1er mars 2002.
Le 15 juillet, l’euro retrouve la parité avec le
dollar.
En 2003, la Suède décide de ne pas rejoindre l’euro,
comme avant elle le Danemark et la Grande-Bretagne. De nouveaux membres de l’UE
rejoignent au contraire l’euro : La Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la
Slovaquie en 2009, l’Estonie en 2011, la Lettonie en 2014, la Lituanie en 2015.
Le 15 juillet 2008, l’euro grimpe à 1,6038 dollar, son
plus haut historique, face à un dollar plombé par la crise des « subprime ».
La zone euro entre en novembre dans une récession qui
durera un an.
En 2010 l’UE est confrontée à la « crise de la
dette » : En mai, la zone euro et le FMI volent au secours de la Grèce
avec 110 milliards d’euros d’aide, moyennant un sévère plan d’austérité.
En juin, l’euro chute sous 1,20 dollar.
En novembre, l’Irlande, dont les banques sont criblées
de dettes, obtient un plan de sauvetage de 85 milliards d’euros.
En 2011, le Portugal obtient une aide de 78 milliards
d’euros.
Le 25 juillet 2012, le taux à long terme espagnol
flambe au-dessus de 7,6 %, laissant craindre un éclatement de la zone euro. Le
26, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, déclare
que l’institution est « prête à
faire tout ce qui sera nécessaire pour préserver l’euro », rassurant
les marchés.
En août, la BCE rachète pour 22 milliards d’euros d’obligations
européennes en une semaine pour soutenir l’Italie et l'Espagne.
En octobre, l’Eurogroupe accepte d’effacer d'une
partie de la dette grecque, combiné à de nouveaux prêts.
En mai 2014, la monnaie unique frôle 1,40 dollar, un « euro
fort » qui pénalise les exportations.
Dix mois plus tard, il s’approche de 1,05 dollar, une
dégringolade notamment liée à des achats d’actifs par la BCE pour soutenir l’économie.
En juillet 2015, un troisième plan d’aide à la Grèce
est conclu, pour éviter in extremis
un « Grexit » ou la sortie du pays de l’union monétaire.
En 2013, la BCE avait commencé à émettre de nouvelles
coupures pour remplacer celles de 2002. Cette modification vise à compliquer la
tâche des contrefacteurs. La banque centrale a lancé une nouvelle série « plus sûre » de billets de 5 euros dès
janvier 2013. Les nouveaux billets en euros font partie d’une série qui a été
baptisée « Europe », car ils comportent un portrait de la princesse Europe,
personnage de la mythologie grecque, qui apporte une touche humaine et a donné
son nom à notre continent.
Mais reste l’Islande dans le périmètre européen, pays
qui a renoncé depuis l’origine à intégrer l’eurozone, alors que la Turquie,
ancienne candidate à l’intégration y est représentée en « plus clair »
que la Russie…
L’ensemble des billets seront changés en mai 2019 avec
les billets de 100 et 200 euros : C’est en 2016 que la BCE décide d’arrêter
fin 2018 la production de billets de 500 euros, surnommés « Ben Laden »
(tout le monde en parle, mais personne ne le voit), car accusés de faire le jeu
des trafiquants : un million d’euros en coupures de 500 euros ne pèse que 2,2
kg de papier.
Là où un million de dollar en billet de 100 ne pèse qu’un
kilo.
La monnaie unique a donc pu jouer son rôle de bouclier
anti-crise monétaire et de stabilisation des prix. Mais la convergence
insuffisante des économies de la zone révèle la fragilité d’une construction
incomplète : Manquent notamment un budget de la zone euro et une véritable
union bancaire et des marchés de capitaux.
On lui a prédit maintes fois sa perte, son échec, son
explosion, à la naissance, lors de la crise financière, puis de la crise de la
dette souveraine. Mais la monnaie unique a remarquablement joué son rôle de « bouclier en acier trempé contre la crise
financière », épargnant « aux
protagonistes de la zone euro des tempêtes monétaires dévastatrices dont ils
avaient été coutumiers avant sa création ».
Stabilité et prospérité sont les deux avantages mis en
avant par la Banque centrale européenne (BCE) qui célèbre ce 1er janvier
2019 les 20 ans de l'euro financier, autrement dit la fixation des taux de
change fixe des onze États ayant participé à sa création.
Si la stabilité est rarement contestée, la prospérité
créée par l’euro n’est pourtant pas toujours perçue par les populations.
Car la monnaie commune a grandi et elle est utilisée
quotidiennement par 340 millions d’Européens dans 19 pays. Malgré les critiques
de souverainistes, elle est incroyablement populaire : Selon les résultats du
sondage Eurobaromètre réalisé en octobre 2018 et publié en novembre, 74 % des
habitants de la zone euro estiment que la monnaie unique est une bonne chose
pour l’Europe, le plus haut niveau enregistré depuis 2004. Ils sont 64 % à
considérer que l’euro est bon pour leur pays, un record historique, et seulement
25 % à penser au contraire qu’il joue un rôle négatif.
En « Gauloisie-exceptionnelle », le
pourcentage est un peu plus bas, à 59 %, et a reculé par rapport à l’an dernier :
C’est l’un des pays, avec la Ritalie, où certains l’accusent des difficultés
économiques, bien plus souvent liées au manque de compétitivité industrielle.
C’est en Irlande (85 % pensent que l’euro est bon pour
leur pays), au Luxembourg (80 %) et en Autriche (76 %) que le soutien à l’euro
est le plus fort.
En dépit de la perception d’une hausse des prix à la
consommation (l’effet des arrondis « commerciaux ») provoquée par l’introduction
de l’euro, la réussite de la monnaie unique est d’avoir empêché le retour de l’inflation
pesant sur le pouvoir d’achat des ménages.
Depuis le 1er janvier 1999, l’inflation
annuelle s’est élevée en moyenne à 1,7 %, « soit
un niveau inférieur aux taux d'inflation moyens enregistrés, au cours des
années 1970, 1980 et 1990, dans les différents pays de la zone euro avant leur
adhésion », souligne la BCE.
« L’euro était
une conséquence logique et nécessaire du marché unique. Il facilite les
déplacements, le commerce et les transactions dans la zone euro et au-delà.
Vingt ans après sa création, une génération entière d’Européens n’a jamais
connu d’autre monnaie nationale », a commenté le président de la Banque
centrale européenne, dans un communiqué
publié le 31 décembre par la Commission.
« Pendant toute
cette période, la BCE a rempli sa mission principale : maintenir la stabilité
des prix. Mais nous contribuons aussi au bien-être des citoyens de la zone euro
en concevant des billets de banque innovants et sûrs, en promouvant la sécurité
des systèmes de paiement, en surveillant les établissements bancaires pour
garantir leur résilience et en veillant à la stabilité financière dans la zone
euro. »
L’euro a-t-il vraiment soutenu la croissance
économique de la zone ou l’a-t-il freinée du fait des fameux critères de
Maastricht si contraignants ?
Le sujet fait débat et pourtant le fait d’avoir mis un
terme aux risques de dévaluations compétitives constitue déjà un acquis
indéniable.
La BCE fait valoir de son côté que le produit
intérieur brut (PIB) par habitant de l’Union européenne serait « aujourd'hui probablement inférieur de 20 %
si aucune intégration n’avait été accomplie depuis la Deuxième Guerre mondiale
» et que la zone euro se classe au deuxième rang des principales économies
mondiales en termes de PIB par habitant.
Cependant, les écarts de PIB par habitant se sont
creusés entre les pays, notamment entre la « Teutonnie » et la « Gauloisie »
et la « Ritalie » : Ce sont les Luxembourgeois qui ont le niveau de
vie le plus élevé, en unité de Standard de pouvoir d’achat selon Eurostat, les Tetons
étant au sixième rang, les Gauloisiens au onzième, les Ritaliens au douzième.
Les seules règles d’orthodoxie budgétaire n’ont pas
permis de faire converger des économies aux situations industrielles bien
différentes.
Si le président de la Commission a affirmé que « l’euro a apporté prospérité et protection à
nos citoyens », le président du Parlement européen a souligné les efforts
encore nécessaires à faire. « Afin que
les Européens puissent tirer pleinement parti des emplois, de la croissance et
de la solidarité que la monnaie unique devrait apporter, nous devons parachever
notre Union économique et monétaire grâce à une véritable union financière,
budgétaire et politique. Cela permettra aussi à l’Europe de mieux protéger ses
citoyens contre d’éventuelles crises futures » a fait valoir un eurodéputé membre
du Parti Populaire Européen et fondateur de Forza Italia.
La principale faiblesse de la monnaie unique réside effectivement
dans sa « construction incomplète », même si elle représentait déjà
une révolution de la part d’États acceptants à renoncer ensemble à leur
souveraineté monétaire.
Les différents responsables européens en conviennent :
Il faut achever l’Union économique et monétaire, ce qui passe par le
parachèvement de l’Union bancaire et des marchés de capitaux, mais aussi la
création d’une véritable solidarité budgétaire, autrement dit un budget de la
zone euro, projet ardemment défendu par le président de la Commission et par notre
« Jupiter », qui a obtenu un soutien assez tiède de la teutonne « On-gèle-là-Mère-Quelle ».
Le projet est défendu également à gôche, notamment par
les eurodéputés « soces et radicaux » Gauloisiens : « Cette monnaie est incomplète, car ses
parents, eux-mêmes en pleine crise financière, se sont trop chamaillés autour
de son adolescence sans parvenir jusqu’ici à lui laisser l’autonomie dont elle
avait besoin, à la doter du budget nécessaire pour absorber les chocs
économiques. Elle n’a toujours pas le droit de penser l’espace économique de la
zone euro comme un espace intégré, elle n’a toujours pas le droit de parler à
table lors des échanges internationaux. C’est pourquoi nous devons pour son
anniversaire commencer par offrir à l’Euro et aux citoyens un Mécanisme
européen de stabilisation des investissements à la hauteur » plaide ainsi
et assez paradoxalement la délégation « soce et radicale » gauloisienne dont ce n’était pas jusque-là la doxa officielle.
La faute à avoir mis la charrue avant les bœufs… en
dis-je !
Le rapport de l’eurodéputée « Perverse-Bébé-res »
soutient ainsi la création d’un Mécanisme européen de stabilisation des
investissements, défendue par la Commission (une aide financière sous forme de
prêts à un État membre en difficulté, garantis par le budget de l’UE), mais en
y incluant un volet « d’indemnisation du
chômage dans les pays qui subissent un choc asymétrique.»
Notez que dans son discours sur l’état de l'Union en
septembre 2018, « J-C.-Bunker », avait déclaré qu’« il faut faire plus pour permettre à la
monnaie unique de tenir pleinement son rôle sur la scène internationale ».
Certes, l’euro est désormais la deuxième monnaie la
plus utilisée dans le monde avec 60 pays ayant lié leur monnaie à l’euro d'une
manière ou d’une autre (derrière le dollar américain). Mais son poids sur le
marché des changes a diminué, selon les statistiques (remontant à 2016) de la
Banque des Règlements internationaux.
Si la zone euro pèse 12 % du PIB mondial, 36 % des
transactions internationales réalisées dans le monde ont été facturées ou
réglées en monnaie unique l’an dernier.
L’euro représenterait 20 % des réserves
internationales des banques centrales étrangères, très loin derrière le dollar
(60 % qui a quelques siècles d’avance), même si aucune autre devise ne dépasse
les 5 % !
Un monstre, au milieu des lilliputiens, qui n’existait
même pas il y a 20 ans…
Chapeau-bas, SVP !
Après la crise de la dette souveraine, les banques
centrales ont eu tendance à diversifier leurs monnaies de réserves, en
particulier dans les pays émergents.
Pour renforcer le rôle international de l’euro, la
Commission a dévoilé début décembre une consultation publique et une série de
mesures visant notamment à inciter les acteurs de certains secteurs
stratégiques comme l’énergie à traiter en euros, alors que 85 % de la facture
énergétique de l’UE est facturée en dollars.
Elle va aussi sonder les parties prenantes pour voir
comment accroître l’usage de l’euro pour le trading de matières premières
(agricoles, métaux et minéraux) ainsi que dans le secteur des transports
(constructeurs d’avions, de trains et de navires), ou encore sur les marchés
financiers.
Ce n’est pas que je me félicite de compter en Euro, en
dollar (US, Canadien ou hongkongais) ou en Livre (voire en franc-Pinay, CFA,
Suisse ou CFP). Une monnaie, je l’ai déjà affirmé, ce n’est qu’une unité de
compte, pas mieux qu’une pinte de bière, un kilo d’étain ou un degré Celsius.
Une façon comme une autre de comparer des choses utiles entre elles.
Je ne suis pas contre l’idée de remettre entre les
mains des banquiers centraux les politiques monétaires afin d’éviter aux pouvoirs
politiques issus des aléas des urnes de « jouer » avec la richesse de
leurs électeurs, hélas le plus souvent à leur durable détriment.
Je ne suis même pas contre cette idée des restaurer
une unicité monétaire sur les vastes territoires de l’empire romain (et même
sur la planète entière, connue et inconnue), puisque ça ne change pas le fait
que l’eau gèle toujours à zéro degré et se met à bouillir à 100 (juste une
définition, pas plus, qui en vaut une autre).
On peut très bien vivre avec ça ou avec autre
chose, du moment que ça ne change pas tous les quatre matins.
Ceci dit, j’entends également très bien tous ces « sachants »
se désolant de ne pas avoir été plus loin.
Ça va venir.
Simplement, je me désole que tous ces « trisomiques-autistes »
n’y aient pas pensé avant le traité de Maastricht : C’était avant la mise
en place des taux de change fixe et de l’introduction de la monnaie unique
(pendant la phase du SME et son ECU) qu’il fallait faire ces convergences
économiques, juridiques, fiscales et sociales, pas après.
Or, on en est toujours à une simple mais solide union
douanière et de fortes convergences de la seule fiscalité indirecte.
La directe et le volet social sont toujours en cours d’élaboration…
Probablement qu’il y avait d’autres impératifs « cachés »
(le financement de la réunification allemande, l’affaire ubuesque des « critères
de Maastricht, par exemple)…
Dommage, parce que ça aurait pu permettre, avec le
temps, de faire des ajustements économiques, industriels et commerciaux qui ont
tant de mal à émerger depuis.
Mais ce que j’en dis ou rien…
Longue vie à l’Euro !
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