Les hypothèses étudiées
Avertissement : Vous l’aviez
compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction
intellectuelle », du pur jus de neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
La soirée se termine rapidement parce qu’Alexis tombe de
sommeil à en lâcher son crayon.
« Patron, je vous propose que vous preniez une feuille de papier ou un clavier d’ordinateur, là sur votre bureau, et que vous écriviez ce qui vous passe par la tête.
Moi, je meurs de sommeil, la journée a été
longue et épuisante : je prendrai connaissance de tout ça demain matin et
vous ferai un topo sur ce que je peux déjà valider et ce que je ne peux
pas !
Ça vous va ? »
Croissant ou pain au chocolat pour demain matin ?
C’est la réponse de Paul qui ira aux aurores chez le boulanger du quartier acheter des viennoiseries matinales.
« Pain aux raisins, s’il vous plait ! »
Et elle est partie se coucher dans la chambre d’ami, ce qui était prévu à l’avance : il était hors de question qu’elle rentre en plein nuit chez elle à Courances à une heure de route…
Le lendemain, Paul était allé chercher des croissants, un chausson aux pommes, un pain aux raisins et des chouquettes.
Et avait laissé un fichier de « souvenirs », d’une dizaine de page sous Word dont une grande partie n’en était pas encore…
Purs produits de son imagination, ou retours de souvenirs
des lectures de son futur ?
Si c’était bien le cas, il avait retrouvé sa mémoire.
Lui en dira, les jours suivants au Kremlin-Bicêtre, qu’il y avait surtout des déductions.
« Il faut que je travaille sur le « 3.0 » pour confirmer. »
Confirmer quoi ? Ses « déductions » ou ses souvenirs ?
« Ça reste confus, Alexis. Je n’en sais rien : il faut attendre début décembre pour avoir une première piste… »
Il le lui avait déjà dit d’emblée, quand il était en possession de tous ces neurones : la période était confuse !
Qu’est-ce qu’il se passe début décembre ?
Une catastrophe prévisible ou une catastrophe historique ?
« Ni l’un ni l’autre, je crois !
Simplement « Palpoutine » qui
utilise son cyborg ! »
Poutine et ses sosies, c’est déjà tout un roman, mais
Poutine et son cyborg, là ça en aura bouché un coin à Alexis, à tel point
qu’elle ne s’en est même pas ouverte à quiconque de peur de paraître ridicule…
Officiellement, c’est un fantasme d’occidental qui spécule déjà beaucoup sur les maladies du maître du Kremlin !
Il aurait eu alternativement un cancer du pancréas, parkinson, la maladie de Waldenström, de Crohn, de Lyme ou celle de Verneuil selon « les spécialistes » interrogés du moment.
Et naturellement, pour dissimuler ces dires absurdes, la rumeur voudrait que Poutine ait au moins un sosie, et plus probablement trois, dont un qui claudique un peu et aurait une raideur dans le bras droit. Et tous les trois seraient devenus bouffis à coup de médicaments ou d’injonction de botox…
Mais c’est en riant que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, aura démenti les informations selon laquelle le président russe serait malade et remplacé par des sosies lors d’apparitions publiques.
« Tout va bien pour lui, il s’agit d’une autre fausse information » en dit-il.
« Cela appartient à la catégorie des canulars d’information absurdes que toute une série de médias évoquent avec une ténacité enviable. Cela ne suscite qu’un sourire », fait-il savoir fin octobre, alors qu’on disait le président de la Russie au plus mal pour avoir eu un accident dont personne n’a jamais rien su à ce moment-là…
C’est que derrière ces supputations se pose le problème
de sa succession pour l’heure incertaine du maître du Kremlin qui se présente
devant ses électeurs au mois de mars suivant. Vladimir Poutine n’a pas
seulement annoncé récemment qu’il pourrait rester président de la Russie
jusqu’en 2030 ; il pourrait même, après la modification de la Constitution
russe en 2020, prolonger encore son règne.
Néanmoins, il semble peu probable qu’il soit encore au pouvoir dans 10 à 12 ans. Trop d’aléas se sont accumulés pour que l’on puisse s’attendre à un long règne gérontocratique, et il serait optimiste de supposer que les conflits pourront toujours être évités lors de la passation de pouvoir qui arrivera un jour ou l’autre, mais probablement pas en 2024.
Et le facteur de risque le plus évident et le plus immédiat pour le pouvoir de Poutine est la guerre russo-ukrainienne. Si elle est perdue, la légitimité et le régime de Poutine seront mis à rude épreuve et risquent de s’effondrer.
L’acquisition rapide et largement non violente de la Crimée a été le point culminant de son règne. À l’inverse, une perte prolongée et sanglante de cette péninsule prisée constituerait son point le plus bas, voire sa fin. C’est la raison pour laquelle, il pose comme condition d’une paix durable, le maintien des positions acquises par les armes durant le conflit : conditions bien évidemment inacceptables pour Kiev.
D’autres facteurs de risque pour le régime russe actuel
sont liés à d’autres défis étrangers, comme dans le Caucase. La récession
économique et ses implications sociales, les catastrophes écologiques et
industrielles ou l’instabilité politique intérieure sont encore d’autres
facteurs potentiellement dangereux pour Poutine.
La mutinerie de Prigojine lors de l’été 2023 et les émeutes de Makhatchkala de l’automne 2023 sont les signes d’une perte de contrôle interne sans précédent.
Alors, la santé de Poutine qui pourrait également se dégrader, sans que l’on puisse en être certain, rajoute à tous ces risques qui pour l’heure se noient dans la poussée constante des armes russes en Ukraine, même si elle n’est pas encore décisive, mais seulement « usante ».
Certains, comme le politologue moscovite Valeri Soloveï, affirment même que Poutine serait déjà mort. Selon Soloveï et d’autres, un sosie jouerait désormais son rôle, tandis que le secrétaire du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev, serait le dirigeant officieux de la Russie.
Paul n’en dit rien tout de suite, mais en aparté, il fait
savoir à Alexis qu’il retrouve sa mémoire en annonçant que le prototype du « BBR
3.0 » – que personne ne voit fonctionner au Kremlin-Bicêtre, soi-disant
parce que le logiciel est installé en Normandie avec une seule sauvegarde aux
Chagos – estime à plus de 50 % que l’hypothèse est confirmée.
C’est d’ailleurs à ce moment-là que Sergueï Choïgou, l’ami intime, le confident proche de Poutine, son ministre de la Défense, disparaît quelques jours sans laisser de traces…
Après la tentative de putsch d’Evgueni Prigojine, le patron des Wagner au mois d’août dernier, dont on aurait pu rendre responsable ledit ministre, ou en tout cas les membres de son cabinet, ça ressemblait à une purge[1]. Mais ce n’est pas vraiment le cas puisqu’il réapparait et qu’il faudra attendre l’après élection présidentielle pour voir les changements officialisés autour de Poutine, avec notamment le changement à la tête du Conseil de sécurité ou Sergueï Choïgou remplacera Nikolaï Patrouchev…
Quoi qu’il en soit, pour une raison ou une autre, Poutine
(ou son sosie) aura disparu au plus tard en 2036, voire bien avant. La question
à un million de dollars est de savoir ce qu’il adviendra alors du poutinisme.
Le régime actuel peut-il survivre avec un nouveau chef suprême, ou un nouveau
leadership collectif poursuivant l’héritage de Poutine ?
Ou bien le système poutinien s’effondrera-t-il de manière plus ou moins spectaculaire ?
Et cette question intrigue non seulement les analystes politiques, mais c’est aussi et déjà un défi pour les citoyens russes à l’approche des élections de 2024, ainsi que pour les décideurs et les responsables de la politique étrangère, économique et culturelle dans le monde entier.
Les Russes et les non-Russes, les gouvernements étrangers et les investisseurs privés, les organisations nationales et internationales doivent-ils se préparer à une continuité politique ou à un changement radical dans le plus vaste pays de la planète, telle devrait être la question ?
Déjà à cette époque, certains observateurs de la Russie
s’attendent à une transition ordonnée du pouvoir au sein de l’élite et de la
structure politique actuelle. Cela signifierait probablement une prolongation
de la forme actuelle de gouvernance intérieure et de comportement à l’étranger.
Dans ce scénario, une certaine évolution adaptative au sein du système actuel – mais pas son renversement – semble possible. Le régime pourrait se dégrader pour devenir encore plus centralisé et de plus en plus néostalinien. Il pourrait aussi revenir à la proto-démocratie de la fin de la présidence Eltsine.
Il est vrai que la Russie tsariste et soviétique a transféré à plusieurs reprises le pouvoir à un nouveau dirigeant dans des contextes autoritaires ou totalitaires. D’autres régimes post-soviétiques ont également réussi à changer de dirigeant tout en préservant leur système autocratique et la continuité de l’élite des apparatchiks en place.
Toutefois, si on spécule, il convient de remarquer que les
transitions russes antérieures ou celles d’autres régimes post-soviétiques
peuvent être différentes de la future transition russe. Les transferts passés
et non russes ont eu lieu dans le cadre de certaines contraintes
institutionnelles formelles ou informelles héritées d’un passé lointain ou
récent.
Parmi ces contraintes figurent les principes dynastiques, le gouvernement à parti unique ou à coalition des clans régionaux. Les traditions monarchiques, communistes, patriarcales ou autres ont fourni certaines lignes directrices explicites ou implicites. Elles ont orienté, limité et rassuré les acteurs impliqués dans la négociation et la mise en œuvre du transfert de pouvoir.
Au cours des 24 dernières années, Poutine et consorts ont systématiquement dilué, soumis ou perverti la plupart des institutions officielles russes. Qu’il s’agisse des élections nationales ou de la propriété privée, de l’Église orthodoxe russe ou de la Cour constitutionnelle, des médias ou des partis politiques, ces structures, réseaux et milieux russes, ainsi que d’autres, ont été compromis, voire corrompus. Ils ont souffert de manipulations, d’instrumentalisations, de dérogations, d’infiltrations, etc. Même la fonction la plus éminente et la plus puissante de la Russie, celle de président, a un statut flou depuis l’étrange présidence de Dmitri Medvedev en 2008-2012.
On se souviendra que les trois dernières successions à la
tête de la Russie ont toutes été contestées et n’ont pas été entièrement
prédéterminées. En 1985, la nomination de Mikhaïl Gorbatchev au poste de
secrétaire général du comité central du PCUS n’a eu lieu qu’après des querelles
considérables au sein du bureau politique.
En 1991, Boris Eltsine a concouru pour le nouveau poste de président de la Russie dans une élection où il était confronté à des candidats alternatifs tels Vadim Bakatine ou Vladimir Jirinovski.
À plusieurs reprises par la suite, Eltsine a été sur le point d’être écarté du pouvoir.
À la fin de l’année 1999, Vladimir Poutine et son nouveau parti Unité ont dû faire face à un adversaire politique redoutable, tel le parti Patrie-Toute la Russie, lors des élections à la Douma d’État.
Ce n’est qu’après les piètres résultats de Patrie aux élections législatives que les clans oligarchiques russes se sont ralliés à Poutine en tant que candidat à la présidence en 2000.
Dès lors, il semble que les enjeux pour chaque acteur
ayant un certain degré d’influence politique et d’intérêt économique en Russie ne
sont pas clairs. Sous Poutine, le comportement de l’État russe s’est
caractérisé par l’arbitraire et l’absence de limites. Certaines parties
prenantes peuvent considérer la question de la succession comme une question
existentielle et, par conséquent, pousser leurs candidats à la vengeance.
Par ailleurs, on ne sait pas exactement quelles personnes seront ou ne seront pas capables et désireuses de faire un effort pour briguer la présidence ou, au moins, pour l’inclusion dans une nouvelle direction collective.
Il est possible que plusieurs hommes et femmes de l’élite russe envisagent dès à présent de se porter candidats.
Qui sera autorisé par le FSB et les autres agences armées et ministères russes à participer à un concours de succession ?
Les différents « organes de pouvoir » parviendront-ils à se mettre d’accord en leur sein et entre eux sur la question de savoir qui est dans le coup et qui n’est pas dans le coup ?
Et que se passera-t-il s’il n’y a pas de consensus ?
Si Poutine devait soudainement démissionner ou mourir, ou
être annoncé décédé, le Premier ministre russe, actuellement Mikhaïl
Michoustine, deviendrait président par intérim, conformément à la Constitution.
Si l’on se réfère à l’exemple de Poutine qui, de Premier ministre, est devenu président par intérim puis président à part entière en 1999-2000, Michoustine pourrait soudain devenir un poids lourd de la politique.
Pourtant, Michoustine n’est ni un silovik, ni une personnalité publique prolifique.
On peut penser que c’est justement pour cette raison et parce qu’il reste discret qu’il a d’ailleurs obtenu son poste et qu’il le conserve.
Les futurs Premiers ministres de Poutine (ou de son sosie) pourraient présenter des qualités similaires.
Enfin, la question, peut-être la plus intrigante et la
plus déroutante, est la suivante : qui constituera le comité de sélection
chargé de désigner un candidat à la présidence par acclamation nationale avec,
comme d’habitude, des résultats prédéterminés ?
S’agira-t-il du Conseil de sécurité ou d’un cercle plus ou moins large de personnes ?
Qui fixera les limites de ce cercle de faiseurs de rois ?
Même si un comité de sélection est mis en place d’une manière ou d’une autre, que se passera-t-il si les sélectionneurs ne parviennent pas à se mettre d’accord ?
Faudra-t-il maintenir le plus longtemps possible la fiction d’un Poutine en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels en pleine guerre avec l’Ukraine à un moment où il faudrait envisager d’en sortir ?
Que se passera-t-il si les sélectionneurs ne parviennent pas à un consensus sur le nouveau président qu’ils préfèrent ou sur la direction collective ?
En particulier, que se passera-t-il si des clans, des ministères ou des agences entières proposent des candidats différents ?
Pourrait-il même arriver que des membres puissants d’un groupe de sélection potentiel adoptent des positions idéologiques opposées ?
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
[1] Ce n’est qu’en mai suivant que Choïgou est « limogé » pour prendre la tête du Conseil de sécurité, confortant ainsi l’analyse du « BBR 3.0 ». Cf. « Tome II – La tête dans les étoiles » (à paraître aux éditions I3)
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Patron, je vous propose que vous preniez une feuille de papier ou un clavier d’ordinateur, là sur votre bureau, et que vous écriviez ce qui vous passe par la tête.
Ça vous va ? »
C’est la réponse de Paul qui ira aux aurores chez le boulanger du quartier acheter des viennoiseries matinales.
« Pain aux raisins, s’il vous plait ! »
Et elle est partie se coucher dans la chambre d’ami, ce qui était prévu à l’avance : il était hors de question qu’elle rentre en plein nuit chez elle à Courances à une heure de route…
Le lendemain, Paul était allé chercher des croissants, un chausson aux pommes, un pain aux raisins et des chouquettes.
Et avait laissé un fichier de « souvenirs », d’une dizaine de page sous Word dont une grande partie n’en était pas encore…
Si c’était bien le cas, il avait retrouvé sa mémoire.
Lui en dira, les jours suivants au Kremlin-Bicêtre, qu’il y avait surtout des déductions.
« Il faut que je travaille sur le « 3.0 » pour confirmer. »
Confirmer quoi ? Ses « déductions » ou ses souvenirs ?
« Ça reste confus, Alexis. Je n’en sais rien : il faut attendre début décembre pour avoir une première piste… »
Il le lui avait déjà dit d’emblée, quand il était en possession de tous ces neurones : la période était confuse !
Qu’est-ce qu’il se passe début décembre ?
Une catastrophe prévisible ou une catastrophe historique ?
« Ni l’un ni l’autre, je crois !
Officiellement, c’est un fantasme d’occidental qui spécule déjà beaucoup sur les maladies du maître du Kremlin !
Il aurait eu alternativement un cancer du pancréas, parkinson, la maladie de Waldenström, de Crohn, de Lyme ou celle de Verneuil selon « les spécialistes » interrogés du moment.
Et naturellement, pour dissimuler ces dires absurdes, la rumeur voudrait que Poutine ait au moins un sosie, et plus probablement trois, dont un qui claudique un peu et aurait une raideur dans le bras droit. Et tous les trois seraient devenus bouffis à coup de médicaments ou d’injonction de botox…
Mais c’est en riant que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, aura démenti les informations selon laquelle le président russe serait malade et remplacé par des sosies lors d’apparitions publiques.
« Tout va bien pour lui, il s’agit d’une autre fausse information » en dit-il.
« Cela appartient à la catégorie des canulars d’information absurdes que toute une série de médias évoquent avec une ténacité enviable. Cela ne suscite qu’un sourire », fait-il savoir fin octobre, alors qu’on disait le président de la Russie au plus mal pour avoir eu un accident dont personne n’a jamais rien su à ce moment-là…
Néanmoins, il semble peu probable qu’il soit encore au pouvoir dans 10 à 12 ans. Trop d’aléas se sont accumulés pour que l’on puisse s’attendre à un long règne gérontocratique, et il serait optimiste de supposer que les conflits pourront toujours être évités lors de la passation de pouvoir qui arrivera un jour ou l’autre, mais probablement pas en 2024.
Et le facteur de risque le plus évident et le plus immédiat pour le pouvoir de Poutine est la guerre russo-ukrainienne. Si elle est perdue, la légitimité et le régime de Poutine seront mis à rude épreuve et risquent de s’effondrer.
L’acquisition rapide et largement non violente de la Crimée a été le point culminant de son règne. À l’inverse, une perte prolongée et sanglante de cette péninsule prisée constituerait son point le plus bas, voire sa fin. C’est la raison pour laquelle, il pose comme condition d’une paix durable, le maintien des positions acquises par les armes durant le conflit : conditions bien évidemment inacceptables pour Kiev.
La mutinerie de Prigojine lors de l’été 2023 et les émeutes de Makhatchkala de l’automne 2023 sont les signes d’une perte de contrôle interne sans précédent.
Alors, la santé de Poutine qui pourrait également se dégrader, sans que l’on puisse en être certain, rajoute à tous ces risques qui pour l’heure se noient dans la poussée constante des armes russes en Ukraine, même si elle n’est pas encore décisive, mais seulement « usante ».
Certains, comme le politologue moscovite Valeri Soloveï, affirment même que Poutine serait déjà mort. Selon Soloveï et d’autres, un sosie jouerait désormais son rôle, tandis que le secrétaire du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev, serait le dirigeant officieux de la Russie.
C’est d’ailleurs à ce moment-là que Sergueï Choïgou, l’ami intime, le confident proche de Poutine, son ministre de la Défense, disparaît quelques jours sans laisser de traces…
Après la tentative de putsch d’Evgueni Prigojine, le patron des Wagner au mois d’août dernier, dont on aurait pu rendre responsable ledit ministre, ou en tout cas les membres de son cabinet, ça ressemblait à une purge[1]. Mais ce n’est pas vraiment le cas puisqu’il réapparait et qu’il faudra attendre l’après élection présidentielle pour voir les changements officialisés autour de Poutine, avec notamment le changement à la tête du Conseil de sécurité ou Sergueï Choïgou remplacera Nikolaï Patrouchev…
Ou bien le système poutinien s’effondrera-t-il de manière plus ou moins spectaculaire ?
Et cette question intrigue non seulement les analystes politiques, mais c’est aussi et déjà un défi pour les citoyens russes à l’approche des élections de 2024, ainsi que pour les décideurs et les responsables de la politique étrangère, économique et culturelle dans le monde entier.
Les Russes et les non-Russes, les gouvernements étrangers et les investisseurs privés, les organisations nationales et internationales doivent-ils se préparer à une continuité politique ou à un changement radical dans le plus vaste pays de la planète, telle devrait être la question ?
Dans ce scénario, une certaine évolution adaptative au sein du système actuel – mais pas son renversement – semble possible. Le régime pourrait se dégrader pour devenir encore plus centralisé et de plus en plus néostalinien. Il pourrait aussi revenir à la proto-démocratie de la fin de la présidence Eltsine.
Il est vrai que la Russie tsariste et soviétique a transféré à plusieurs reprises le pouvoir à un nouveau dirigeant dans des contextes autoritaires ou totalitaires. D’autres régimes post-soviétiques ont également réussi à changer de dirigeant tout en préservant leur système autocratique et la continuité de l’élite des apparatchiks en place.
Parmi ces contraintes figurent les principes dynastiques, le gouvernement à parti unique ou à coalition des clans régionaux. Les traditions monarchiques, communistes, patriarcales ou autres ont fourni certaines lignes directrices explicites ou implicites. Elles ont orienté, limité et rassuré les acteurs impliqués dans la négociation et la mise en œuvre du transfert de pouvoir.
Au cours des 24 dernières années, Poutine et consorts ont systématiquement dilué, soumis ou perverti la plupart des institutions officielles russes. Qu’il s’agisse des élections nationales ou de la propriété privée, de l’Église orthodoxe russe ou de la Cour constitutionnelle, des médias ou des partis politiques, ces structures, réseaux et milieux russes, ainsi que d’autres, ont été compromis, voire corrompus. Ils ont souffert de manipulations, d’instrumentalisations, de dérogations, d’infiltrations, etc. Même la fonction la plus éminente et la plus puissante de la Russie, celle de président, a un statut flou depuis l’étrange présidence de Dmitri Medvedev en 2008-2012.
En 1991, Boris Eltsine a concouru pour le nouveau poste de président de la Russie dans une élection où il était confronté à des candidats alternatifs tels Vadim Bakatine ou Vladimir Jirinovski.
À plusieurs reprises par la suite, Eltsine a été sur le point d’être écarté du pouvoir.
À la fin de l’année 1999, Vladimir Poutine et son nouveau parti Unité ont dû faire face à un adversaire politique redoutable, tel le parti Patrie-Toute la Russie, lors des élections à la Douma d’État.
Ce n’est qu’après les piètres résultats de Patrie aux élections législatives que les clans oligarchiques russes se sont ralliés à Poutine en tant que candidat à la présidence en 2000.
Par ailleurs, on ne sait pas exactement quelles personnes seront ou ne seront pas capables et désireuses de faire un effort pour briguer la présidence ou, au moins, pour l’inclusion dans une nouvelle direction collective.
Il est possible que plusieurs hommes et femmes de l’élite russe envisagent dès à présent de se porter candidats.
Qui sera autorisé par le FSB et les autres agences armées et ministères russes à participer à un concours de succession ?
Les différents « organes de pouvoir » parviendront-ils à se mettre d’accord en leur sein et entre eux sur la question de savoir qui est dans le coup et qui n’est pas dans le coup ?
Et que se passera-t-il s’il n’y a pas de consensus ?
Si l’on se réfère à l’exemple de Poutine qui, de Premier ministre, est devenu président par intérim puis président à part entière en 1999-2000, Michoustine pourrait soudain devenir un poids lourd de la politique.
Pourtant, Michoustine n’est ni un silovik, ni une personnalité publique prolifique.
On peut penser que c’est justement pour cette raison et parce qu’il reste discret qu’il a d’ailleurs obtenu son poste et qu’il le conserve.
Les futurs Premiers ministres de Poutine (ou de son sosie) pourraient présenter des qualités similaires.
S’agira-t-il du Conseil de sécurité ou d’un cercle plus ou moins large de personnes ?
Qui fixera les limites de ce cercle de faiseurs de rois ?
Même si un comité de sélection est mis en place d’une manière ou d’une autre, que se passera-t-il si les sélectionneurs ne parviennent pas à se mettre d’accord ?
Faudra-t-il maintenir le plus longtemps possible la fiction d’un Poutine en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels en pleine guerre avec l’Ukraine à un moment où il faudrait envisager d’en sortir ?
Que se passera-t-il si les sélectionneurs ne parviennent pas à un consensus sur le nouveau président qu’ils préfèrent ou sur la direction collective ?
En particulier, que se passera-t-il si des clans, des ministères ou des agences entières proposent des candidats différents ?
Pourrait-il même arriver que des membres puissants d’un groupe de sélection potentiel adoptent des positions idéologiques opposées ?
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
[1] Ce n’est qu’en mai suivant que Choïgou est « limogé » pour prendre la tête du Conseil de sécurité, confortant ainsi l’analyse du « BBR 3.0 ». Cf. « Tome II – La tête dans les étoiles » (à paraître aux éditions I3)
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