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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

mardi 20 décembre 2022

Petits posts de transition (1/2)…

En attendant que je me réveille.
 
Je vous avance deux extraits du roman de l’été prochain, « Menaces de chaos® ».
Ce n’est pas moâ qui l’écrit véritablement : Je n’en ai plus la force, rongé que je suis par la fatigue permanente, mais la fameuse « narratrice » recrutée par mon « Gardien » et, en douce, par « Charlotte, mon sujet récurrent des « Enquêtes de Charlotte ».
Une histoire compliquée…
Mais cette année, je lui ai demandé d’introduire un texte que je vous livre dès maintenant (tellement je ne suis pas sûr qu’il soit finalement retenu).
Là je vous raconte.
 
Dans « mon village » (le plus beau du monde) en « Corsica-Bella-Tchi-tchi » planté en Castagniccia, même si je n’y vais plus que pour remonter les pierres des tombeaux des ancêtres, préférant la douceur de la Balagne, tous les arbres « majeurs », des châtaigniers, avaient un nom. Dans ma montagne, il y avait ainsi « le Grand Charles », qui a été foudroyé, le « Petit Jean », le « Beau Riquet », le « Gros troué », lui aussi foudroyé mais il a survécu, etc. etc.
Pour moâ, c’était des « Sentinelles », qui étaient là avant moâ et qui seront là après moâ. Des gardiens de la mémoire des montagnes qui ont vu passer tant et tant d’époques, d’hommes et de bestiaux.
 
D’ailleurs, quand est sorti « Sintineddi », une très belle chanson d’U Populu Corsu, j’ai pensé qu’elle rendait hommage aux arbres. Ça leur allait si bien :
Tali un ochju lampatu à u mari latinu
Tel un regard jeté à la mer latine
O una mani porsa à l’imperi à liventi
Ou une main tendue aux empires du levant
Un sognu maladettu d’eternu scarpiddinu
Un songe maudit d’un éternel sculpteur
O una chjama antica chì più nimu n’ùn senti...
Ou un appel antique que plus personne n’entend.
chì più nimu n'ùn senti
Que plus personne n’entend.
Tali i voci chì funu da culandi à l’ora
Telles les voix qui furent, avant l’heure,
È li visi di petra chì dissinu dinò
Et les visages de pierre qui dirent encore,
Quidda sumina strana ch’ùn si volsi mora
Cette étrange ressemblance qui ne se voulut maure
È l’idea chì tandu tuttu quì principiò.
Et l’idée qu’alors tout ici commença.
Sintineddi
Sentinelles
Tali a mani chì vensi in tempu d’ancu à fà
Telle la main qui vint d’un de la première heure des temps,
È vi feci d'altura cù quiddu arti supranu
Et vous dressa si hautes avec cet art suprême,
Ùn era ancu lu mondu è n’erati dighjà
Le monde n’était pas encore et vous étiez déjà,
Guardiani impitrati di u ricordu umanu.
Les gardiens pétrifiés du souvenir humain.
Tali l’abbracciu primu chì u silenziu vi deti
Telle la première étreinte que vous donna le silence
È li sapienzi arcani cù li so canti immersi
Et les mystérieux savoirs, et ses chants immergés,
Di ciò chì ùn hè storia tiniti li sicreti
De la pré-histoire vous gardez les secrets,
Tali una citadella chì a memoria persi.
Comme une citadelle que la mémoire a perdu.
En fait, ça parle de mes montagnes, pas de mes arbres.
 
Mes arbres, mes châtaigniers, d’autres en parlent mieux qu’une chanson et que moâ réunis, ce que je reprends aujourd’hui.
Si sa culture n’a pas toujours été privilégiée sur l’île, « l’arbre à pain » a, au fil des siècles, su faire montre de ses multiples atours. Au point que, séduits par ses milles et une richesses, les Corses ont su l’exploiter sous toutes ses formes, en faisant de la farine, du tanin ou même des meubles
 
Sa silhouette majestueuse et robuste se dessine aux quatre coins de l’île, en faisant certainement l’un des symboles emblématiques. Depuis des siècles, les Corses ont bien compris la richesse et les multiples usages de celui qui est souvent encore appelé « l’arbre à pain ».
Au point que certains ont pu parler d’une véritable « civilisation de la châtaigne ».
Et oui vous l’ignorez, mais il y a la civilisation du blé, du manioc, du maïs et du riz, mais en Corse (en ardèche et encore ailleurs) celle de la châtaigne.
 
Pourtant, la Corse n’a pas toujours été une terre où la castanéiculture avait une place si importante. « C’est d’abord du fait d’obligations de la République de Gênes que de multiples châtaigniers ont été plantés », raconte Pierre-Jean Campocasso, directeur du patrimoine de la Collectivité de Corse en précisant que les Génois, constatant que le blé n’avait pas une rentabilité assez importante en Corse, ont poussé les insulaires à développer la culture de châtaigniers avec pour objectif de préserver la population des famines, son fruit permettant de surcroit de nourrir les hommes comme les animaux.
« La châtaigne est devenue fondamentale en Corse depuis au moins le XVIème siècle », développe-t-il.
 
Réduit en farine, ce fruit prend rapidement une place prépondérante sur les tables corses au point d’être de tous les repas, sous différentes formes, jusqu’au milieu du XXème siècle. Une omniprésence qui conduira Pascal Paoli à déclarer : « Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain ».
Grâce à cette solide réputation d’ingrédient principal du « pain des pauvres » (sa farine est sombre), le châtaignier investit un espace très important sur l’île.
« Les chiffres que nous avons entre le Plan Terrier, fin XVIIIème, et le milieu du XIXème siècle montrent qu’il existe alors à peu près 35.000 hectares de châtaigneraies en Corse. C’est le maximum que l’on ait atteint. La châtaigneraie était principalement concentrée en Castagniccia au XVIIIème siècle, au point qu’elle a donné son nom à cette région, dont elle constitue alors jusqu’à 80 % du terroir. C’est une quasi monoculture », détaille le spécialiste.
D’ailleurs, preuve de ses attraits, la grande Castagniccia constitue à ce moment 40 % de la population de la Corse.
« Cette culture existe aussi dans quelques autres régions. Mais en Balagne ou dans le Sud c’est une culture qui n’est pas du tout connue fin XVIIIème », ajoute-t-il en soulignant par ailleurs qu’une « étude de l’INRAE dans les années 1980-1990, avait recensé près de 47 variétés de châtaignes et marrons en Corse ».
Il faut dire que la Balagne était le verger de Gênes durant plusieurs siècles.
Et que l’olivier montait parfois très haut vers les sommets des « sentinelles », retenant l’eau ruisselante au profit des vignes de plaine.
 
Mais outre les bienfaits nutritionnels de son fruit, les Corses se rendent rapidement compte des multiples usages que peut avoir le châtaignier. On commence ainsi à se servir de son bois pour fabriquer du mobilier comme des chaises, notamment du côté de Verdèse et de Nocario, ou même des charpentes, planchers et autres cloisons.
La « maison du village » a ainsi une charpente en solide châtaignier, capable de soutenir le toit de dalles de granit, posée sur des mur de plus d’un mètre d’épaisseur qui garde la chaleur l’hiver et la fraîcheur l’été, eux-mêmes posés sur les rochers…
Ses feuilles, quant à elles, deviennent indispensables pour les cuissons au four des falculelle et des migliacci, traditions qui perdurent encore aujourd’hui. Et même les éclisses, ces jeunes pousses qui grandissent près des arbres, sont utilisées pour de la vannerie dans un petit secteur entre Orezza et Saliceto. 
« Le châtaigner a jusqu’au milieu du XIXème siècle un rôle vraiment fondamental en Corse, notamment en Castagniccia », insiste-t-il.
La châtaigne s’exporte également jusqu’à Privas pour fabriquer sa fameuse « crème de marron ».
 
La seconde moitié de ce siècle amène un changement profond de l’économie insulaire : Les Corses quittent les villages et l’intérieur se vide.
Le châtaignier perd alors son rôle majeur dans l’économie.
Toutefois, parallèlement, des inventions dans l’industrie chimique vont rapidement lui donner un nouvel attrait. Du côté de la région lyonnaise, on utilise notamment du tan de châtaignier, appelé aussi acide gallique, pour teindre les soies en noir.
« À partir de là, un notable bastiais, Ours-Paul D’Angelis, va installer un premier atelier, « a Fabrica Vecchia », commune de Scata, sur les bords du Fium’Alto, en 1873 ».
Bientôt, un chimiste trouve également le moyen d’utiliser du tan de châtaignier pour fabriquer des cuirs. Dès lors, née une très forte demande pour le tan de châtaignier. Et les châtaigneraies corses attisent bien des envies.
Plus exploités, leurs arbres sont en effet tout d’abord peu coûteux. « Et puis comme ce sont des arbres qui ont des centaines d’années, après 50 ans, le châtaignier avoir jusqu’à 10 % de tanin ».
L’occasion est donc trop belle pour les industriels qui ne tardent pas à s’en saisir.
D’Angelis, le Bastiais, s’associe ainsi à des tanneurs de Longjumeau pour construire une nouvelle usine appelée Campo Piano, sur la commune de Pruno, un peu plus bas sur le Fium’Alto. « La demande devient très forte fin XIXème. Et on va construire une usine à Folelli, toujours sur le Fium’Alto, à son embouchure, le long de la voie de chemin de fer. Des Allemands vont aussi construire une usine à Casamozza, et des notables bastiais du côté de Barchetta. Avec la crise des années 1830, ces quatre usines de tanin vont finir par se regrouper, et par entrer dans une concentration industrielle. Parallèlement, une nouvelle usine va également s’installer à Ponte-Leccia, créée par des industriels de Liverpool ».
Mais après la Grande Guerre, ces usines perdent de leur attrait. Campo Piano, Fabrica Vecchia et l’usine de Casamozza vont finir par fermer après 1918. Celles de Barchetta et Folelli résisteront un peu plus longtemps.
L’usine de Ponte-Leccia, qui sera la dernière à fermer, mettra fin à son activité en 1965.
 
Cet âge d’or du tanin de la « civilisation du châtaignier » aura également permis la création d’une tonnellerie industrielle artisanale à Folelli ― les tonneaux étant indispensable pour exporter cette matière ―, ainsi que l’ouverture, à Barchetta, d’une parqueterie, où seront fabriqués des parquets en bois de châtaignier, ainsi qu’une usine à papier cartonné, conçu à base de copeaux de châtaignier.
« Le châtaignier est vraiment décliné sous toutes ses possibilités en Corse. On l’a utilisé aussi comme charbon pour fabriquer du fer ».
Mais cette utilisation industrielle a mis à mal les châtaigneraies. « On estime que les coupes des usines ont dévoré à peu près 10.000 hectares. De ces 25.000 hectares, du fait des incendies et des maladies comme l’encre et le chancre, on a évalué qu’il resterait 15.000 à 20.000 hectares de châtaigniers en Corse dans les années 2000 ».
« En l’an 2000 seulement 1.200 hectares de châtaigneraies » sont exploités.
« À cela s’ajoutent 2.000 à 3.000 hectares packagés par les cochons (le seul animal au groin sensible qui ouvre les bogues sans s’abimer et nous fait des Lonzi parfumés) et encore quelques dizaines d’hectares utilisés pour des cueillettes familiales. Et puis, depuis les années 2000 avec l’arrivée en plus du cynips et les sécheresses qui se multiplient, la production de châtaigniers est autour de 1.000 à 1.500 hectares exploités, ce qui est négligeable par rapport à ce que cela a été », précise-t-il.
 
Après avoir décliné pendant quelques années, la castanéiculture corse a aussi connu un certain renouveau, notamment grâce au lancement d’a Fiera di a Castagna à Bocognano en 1982.
Dans ce droit fil, en 1991 était créé le Groupement Régional des Producteurs et Transformateurs de Châtaignes et de Marrons Corse avec pour objectif de maintenir et valoriser le territoire castanéicole corse.
Grâce au gros travail de ce syndicat d’exploitants agricoles, une Appellation d’Origine Protégée (AOP) farina de châtaigne corse-farina castagnina corsa a pu être obtenue en 2006 afin de défendre et promouvoir ce produit traditionnel qui reste aujourd’hui encore une partie importante de la gastronomie insulaire.
 
Le châtaignier, c’est tout de même une sentinelle : Grâce à ses arbres pluri-centenaires qui ont déjà survécu à un changement climatique, cette extraordinaire forêt fait l’objet de recherches d’un groupement européen de scientifiques depuis une décennie. Des travaux qui ont déjà conduit à découvrir des éléments importants pour préserver les arbres dans le futur.
Des chercheurs viennent de toute l’Europe pour y étudier ces châtaigniers extraordinaires.
Car la Corse, c’est probablement la plus ancienne châtaigneraie d’Europe. Voire même l’une des plus vieilles forêts du continent.
Au pied du village de Pianello, sur 50 hectares, d’immenses arbres sont autant de témoins des siècles passés. Situés loin des routes, ces châtaigniers multi centenaires ont résisté aux importantes coupes de l’industrie du tanin, et n’ont, sur certaines zones, jamais été exploités par l’homme.
« On y trouve même des arbres endémiques qui datent d’avant l’époque génoise. Certains ont presque mille ans. C’est unique ! », s’enthousiasme un ingénieur agronome et castanéiculteur.
 
Ces caractéristiques rarissimes ont conduit un groupement européen de recherches basé en Irlande à installer un laboratoire au cœur de cette forêt. « La plupart des arbres présents à Pianello ont plus de 600 ans et ont connu la mini ère glaciaire du Moyen-Âge et l’augmentation des températures à partir de 1850. Donc, ils ont déjà résisté à un certain réchauffement climatique ».
« Ce sont des sentinelles incroyables qui ont encore énormément de choses à nous raconter sur la façon dont ils se sont adaptés à ce changement climatique ».
L’ingénieur agronome explique ainsi qu’a notamment été mise en évidence la relation essentielle qu’entretiennent les arbres avec le sol. « Ils ont résisté durant si longtemps parce que la relation qu’ils avaient avec le sol était moins perturbée. Au cours des dernières années, il y a eu des phénomènes exogènes qui ont toutefois énormément perturbé le sol », note-t-il en évoquant par exemple les dommages occasionnés par les marcheurs qui se servent de bâtons, par les promeneurs qui déplacent des cailloux ou encore par la divagation animale qui aggrave le phénomène.
« Nous nous en sommes rendus compte à partir de 2013, car comme tout castanéiculteurs nous avons nettoyé toutes nos parcelles en coupant tout le maquis, et nous avons vu une chute de 60 % de l’hydrométrie dans le sol. Donc à partir de là, nous avons lancé des études et changé de tactique.
Nous employons désormais une technique agroforesterie qui consiste à jardiner le maquis. C’est-à-dire que nous avons créé des îlots de fraicheur, en gardant une partie du maquis, afin de faire en sorte que dans le sol il y ait toujours suffisamment d’eau pour alimenter les arbres », dévoile-t-il.
Et il précise que les arbres pour lesquels n’ont pas été créé ces îlots de fraicheur ont pour leur part eu tendance à s’assécher du fait de l’augmentation des températures : « Au niveau des arbres il ne faisait peut-être que 30° C, mais dans le sol, du fait qu’il était nu, la température pouvait monter jusqu’à plus de 40° C. Donc les racines des arbres étaient dans un milieu qui était normalement frais, ce dans quoi elles avaient grandi depuis la mini ère glaciaire, et là ils étaient dans des sols qui avaient énormément réchauffé ». 
Dans ce droit fil, pour que les arbres puissent survivre au changement climatique, il convient alors de créer des conditions de respect du sol.
« L’enjeu aujourd’hui en agriculture est de protéger l’eau dans le sol et c’est ce qui a été démontré à Pianello. Au lieu de couper tout à blanc, on va conserver des zones de maquis pour laisser de la fraicheur et protéger les racines des arbres.
C’est important car cela change radicalement la façon dont on doit considérer l’exploitation de la châtaigneraie ».

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