Vu de London…
… L’escalade du Malien, qui va être naturalisé Gauloisien
et commencer une carrière de pompier, m’aura, comme vous, totalement étonné.
Mais probablement pas comme vous…
Car je n’ai jamais vu qu’un « monte-en-l’air »
à la manœuvre : Et, manifestement, il s’y connaît le diablotin !
Alors que vous, vous aurez tous vu un « acte
héroïque » que d’aller sauver un gamin de 4 ans accroché à une balustrade,
au-dessus d’un vide mortel !
C’est vrai que c’est héroïque, je ne le conteste pas,
loin de là.
Mais tout de même… Je n’aurai jamais eu l’idée de
grimper, mais plutôt de tout faire pour amortir le choc d’une chute probablement
inévitable, avec une veste, un drap, une couverture et quelques paires de bras
réquisitionnés à la va-vite…
Bref, une initiative qui aura conduit Mamoudou direct
à l’Élysée ne vaut que parce qu’il a été filmé et que la vidéo a su faire un « buzz »
viral.
La preuve, je l’ai vue jusqu’à London.
En fait, le papa du gamin faisait ses courses
tranquillement en jouant au « Pokémon-Go » dans les allées du centre
commercial voisin, pendant que son môme escalade la rambarde de son balcon. Il
glisse probablement et dévisse d’un étage pour réussir à s’accrocher par hasard
ou nécessité au balcon de l’étage du dessous, agrippé au grillage qui ceint la
balustrade. « Il a été très courageux
puisqu’il est tombé d’un étage avant de se rattraper sur le balcon juste en
dessous ! »
Un coup de bol invraisemblable, celui-là plus celui du
passage de Mamoudou, un « sans-papier », « sans-travail », clandestin-malien
débarqué au pays des Lumières après un invraisemblable périple (la presse aux ordres sait faire pleurer les
chaumières, du moment que ce n’est pas la porte ouverte à une invasion), pour
rejoindre sa seule famille déjà installée dans le quartier (probablement dans
un centre d’hébergement, je ne sais pas).
Non, ce qui m’étonne le plus – toujours vu de London –
ça reste les « réactions politiques ».
Une vraie course de vitesse.
La mairie locale n’a même pas eu le temps de lui
proposer de devenir « citoyen d’honneur », de lui affecter un
logement social vacant, que déjà le bonhomme était reçu par « Jupiter »
qui lui promet une naturalisation accélérée, un stage chez les pompiers (selon
son souhait) appuyé par son « sinistre de l’ordre-public » (celui
avec sa tête du croquemort de Luky-Luke) qui te vous raconte qu’à situation
exceptionnelle, réponse exceptionnelle…
Non mais je me marre, figurez-vous !
Et tant mieux pour le bonhomme « monte-en-l’air » :
Ses talents auront au moins sauvé une vie, et c’est énôôôrme !
Un acte à la fois héroïque et spectaculaire. À
l’époque de l’information immédiate, instantanée (le petit-village de ces
primates-améliorés qui vivent la même histoire dans les mêmes séquences), celle
des téléphones mobiles et des réseaux sociaux, son identité devient très vite
connue, et son héroïsme immédiatement populaire.
Les vidéos de son sauvetage sont repartagées des
milliers de fois sur les réseaux sociaux, offrant une image optimiste à un pays
rongé par le pessimisme et découragé par ses propres édiles quand il s’agit
d’accomplir son devoir civique.
Il fallait bien que « Jupiter » se baffre de
l’opportunité offerte : Il a manifestement un cabinet ultra-performant,
puisqu’il l’a fait.
D’autant que ce moment de franc-courage ne laisse
personne indifférent, et suscite l’enthousiasme collectif, ce qui va susciter
l’intérêt des premiers naufrageurs de l’émotion dans le pays, à savoir la
classe politique.
Et immanquablement, le geste de Mamoudou se charge
alors de revendications, de messages, et se trouve bientôt extirpé de son
contexte presque ordinaire pour devenir une narration morale et politique,
c’est-à-dire un moment de communication publique au service du sommet de
l’exécutif.
En effet, je viens de le dire, c’est « Jupiter »
qui l’invite directement et toutes affaires cessantes (le sort de la Lybie,
celui de la Syrie et quelques autres priorités du moment) pour le féliciter et
le remercier, grillant la politesse à tous les autres ! Et il ne s’arrête
pas là : La bravoure doit être récompensée par un emploi, celui de pompier, et
il est invité à demander la nationalité gauloisienne.
En l’espace de quelques heures, Mamoudou devient la
narration politique commode qui va permettre à « Jupiter » de
récupérer un peu de prestige grâce au spectacle de la magnanimité présidentielle :
Par le fait du Prince, la tête de l’exécutif inclut le brave jeune-homme dans
la communauté d’élite nationale et
l’intègre au marché du travail en priorité sur des millions de cotisants laissé
en jachère, comme avant lui les rois faisaient et défaisaient les lois et les
carrières…
Vous souvîntes-vous ? L’affaire Leonarda…
Où « Tagada-à-la-fraise-des-bois » en son
début de quinquennat s’était également donné en spectacle politique pour tenter
d’incarner tant bien que mal le souverain magnanime, qui dans sa grande bonté,
autorisait la jeune fille à revenir en « Gauloisie-appliquée » pour
étudier…
La différence essentielle entre l’épisode Mamoudou et
celui Leonarda, c’est que le casting présidentiel d’aujourd’hui nous fournit un
bien meilleur acteur pour incarner la compassion au sommet pour avoir le tête de l’emploi.
Seulement, comme le relève notre « maître à tous »
(Maître Eolas), dans un état de droit, il y a toujours ce petit détail qui est
que l’État est régi par des lois.
Le droit.
Mamoudou, pour accéder à la nationalité gauloisienne,
et donc pour occuper un emploi en bonne et due forme, se doit d’être en
situation régulière, ce qui implique un certain nombre de contraintes
formelles.
Ce sont les règles formelles du droit qui tempèrent la
volonté populaire et l’opinion publique en démocratie, et évitent le
débordement populiste, sans ça on sombre vite-fait dans la dictature et l’arbitraire.
On le note jusqu’à Rome, où le droit régalien est
représenté par le Président élu qui a mis son veto à la nomination d’un « sinistre
des finances » plus qu’eurosceptique et du coup balaye d’un revers de
manche le sort politique d’une formation politique bigarrée (le
mariage de la carpe et du lapin) pourtant sortie majoritaire des
urnes (50 % des bulletins pour le total des deux formations).
Et parachever un « coup d’État » redonnant
le pouvoir des « affaires courantes » au… FMI !
Bon ou mauvais calcul politique ?
Vous le saurez en fin d’année, peut-être l’année prochaine
seulement à l’issue des élections prévues.
En attendant, on calme « les marchés »…
Dans le cas présent, pour accéder à la nationalité Gauloisienne,
il faut à la fois être en situation régulière et résider depuis 5 ans sur le
sol « Gauloisien », ce que l’impétrant n’a pas réuni.
Que va-t-il donc se passer après le concert de
louanges autour du héros du jour ? Soit « Jupiter » tient sa parole,
et par un geste monarchique, que dis-je, impérial voire seulement olympien,
viole sciemment les règles du droit pour permettre à Mamoudou de rester en Gauloisie
et satisfaire les passions populaires. Soit il ne la tient pas et ce grand
moment de communication politique se retournera contre ce brave jeune-homme qui
n’en demandait pas tant : Il n’obtiendra rien, tant pis…
Dans un cas, il est « au-dessus » des lois
du commun des mortels et leurs cagades quotidiennes, dans l’autre, il finira comme
« Tagada-à-la-fraise-des-bois » avec Leornarda, dans les poubelles de
l’Histoire…
Cruel dilemme.
Cornélien, que dis-je, carrément tragique-grec-antique !
Jupitérien en somme.
En fait, passer au-dessus des lois, il a l’habitude.
Et de prévenir tout de suite, à la fois sa « gôche » pour se montrer « humain »
et sa « droâte » pour faire preuve d’autorité, que c’est seulement « exceptionnel » :
Il n’y aura pas de « bis repetita » !
Pas la peine, pour les « migrants-similaires »
qui campent aux abords de « Paris-sur-la-plage » dans leurs
bidonvilles ou sous leurs tentes à simple toit, de patrouiller dans les rues de
la capitale pour réitérer un exploit pareil.
Les mômes seront gardés au chaud et les vieilles,
cantonnées dans leurs Ehpad.
Ceci dit, « merci » (non pas aux « Maître
du monde » ni même à « Jupiter ») à Mamoudou…
Il est le bienvenu sur cette planète de cinglés…
Et finalement pourrait sonner le glas des marchands de
portes blindées : Blindées ou non, tu passes par les façades sans problème !
Arsène Lupin passait par les toits, lui…
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