L’IG Nobel, cuvée 2017
Pour les béotiens, on rappelle ici que le « prix
Ig Nobel » (qui peut être prononcé Ignobel – un jeu de mots entre « prix
Nobel » et l’adjectif « ignoble » en anglais ; et oui, il n’y a pas que
moi qui soit ignoble sur la planète) est un prix parodique du prix Nobel
décerné chaque année à dix recherches scientifiques qui paraissent insolites
mais qui amènent accessoirement à réfléchir.
Notez que le « ignobel » anglais n’a pas
tout-à-fait la même signification que chez Voltaire. Chez eux, c’est plutôt « crade »,
chez nous c’est « absence de noblesse »…
Ceci dit, l’objectif déclaré de ces prix est de « récompenser les réalisations qui font d’abord
rire les gens, puis les font réfléchir ». Les prix sont également utilisés
pour souligner que même les recherches paraissant absurdes peuvent apporter des
connaissances utiles. Les lauréats sont tous volontaires pour recevoir le prix
et aucun ne l’a refusé excepté Volkswagen (en 2016 pour avoir résolu le
problème de l’émission excessive de pollution des automobiles par la réduction
automatique et électromécanique de ces émissions durant les tests…).
Cette année, ont ainsi été distingués :
– Obstétrique : À une équipe espagnole pour déterminer
si les fœtus écoutent mieux la musique diffusée par le ventre ou par le vagin
et au docteur Marisa López-Teijón pour avoir créé un appareil (Babypod) destiné
à diffuser de la musique par le vagin, après la conclusion de l’étude
récompensée.
– Paix : À une équipe suisse, canadienne et
hollandaise pour démontrer que jouer du didgeridoo permet aux personnes
souffrant d’apnée obstructive du sommeil d’améliorer leur état.
L’humour britannique…
– Anatomie : Au médecin britannique James Healthcote
pour avoir déterminé que la gravité est la cause de la grande taille des
oreilles chez les hommes âgés.
– Nutrition : À l'équipe dirigée par Enrico Bernard
(département de zoologie de l’Université du Pernambouc, Recife, Brésil) pour
une étude montrant que les chauves-souris vampires se nourrissent de sang
humain.
– Biologie : À une équipe formée d’un Japonais, d’un
Brésilien et d’un Suisse pour avoir démontré l’existence d’un pénis chez le
représentant femelle d’un insecte et d’un vagin chez son représentant mâle.
– Cognition : À une équipe de psychologues italiens de
l’Université de Rome qui ont démontré que les jumeaux homozygotes ne savaient
pas distinguer leur propre visage de celui de leur frère.
Auxquels il convient de rajouter deux lauréats « Gauloisiens ».
– Physique : Pour une étude sur les chats ;
– Médecine : Pour des travaux portant sur l’aversion
pour les fromages « qui puent ».
Les chats sont-ils solides ou liquides ?
Vaste question existentielle s’il en
est…
Et c’est la question qui a valu à un physicien
de l’ENS de Lyon le dernier prix Ig Nobel de physique, remis le 14 septembre au
Harvard’s Sanders Theatre (États-Unis).
Car il a remarqué que, comme les liquides, les chats
semblent parfois ne plus avoir de forme propre et être capables d’adopter celle
du récipient qui les contient.
Je me souviens encore avec émotion du « chat de ma voisine »
vénitienne dans mes cartons d’ustensiles ménagers : Tout un poème !
D’ailleurs, les principes de la dynamique des fluides
que ce chercheur a mis en œuvre ne lui ont pas permis de répondre de manière
définitive !
Dommage…
Le physicien assure tout de même que son
travail permet d’éclairer « certaines des questions réelles que se
pose la rhéologie (l’étude de la déformation et
de l’écoulement de la matière sous l’effet d’une contrainte
appliquée) ».
Plus intéressante, l’étude de neurosciences sur les
structures cérébrales impliquées dans l’aversion à certains fromages
(roquefort, parmesan, tomme, cheddar et chèvre).
Ces neuroscientifiques du Centre de recherche en
neuroscience de Lyon et du Laboratoire de neuroscience « Paris-sur-la-Seine »
ont été récompensés pour leurs travaux sur le fromage qui pue.
Un sujet bien gauloisien, diront les mauvaises langues,
mais peu importe, puisqu’il leur aura valu un Ig Nobel de médecine.
Car l’aversion au fromage est un phénomène très
répandu. Et l’aversion constitue l’un des éléments clés de notre défense
vis-à-vis d’un objet d’agression, d’où l’intérêt de l’étudier.
Leur conclusion ? Sur le plan neurofonctionnel,
le dégoût du fromage serait à associer à une modification de l’activité du
circuit de la récompense.
Voilà pour tous les mangeurs de fromage à « pâte
fondue » qui ne supportent aucun autre : Ils sont « traumatisés »
à la vue d’un camembert (pâte-molle-fleurie).
Et il ne faut pas leur en vouloir, c’est la faute au
disfonctionnement de leur « circuit de la récompense ».
Notez que « dans une autre vie », j’avais
mis en place un département BOF dans une entreprise en voie de redressement,
histoire de booster l’activité et d’éviter de licencier.
Une idée, comme ça.
Pour la logistique, pas de problème, c’est juste une
chaîne de distribution en « température-dirigée » positive. Pour la
vente, pas de souci, j’avais pu financer une formation expresse à la « force
de vente » (qui n’y voyait que du bonheur pour être intégralement
rémunérée au chiffre des ventes).
En revanche, pour les approvisionnements, j’ai eu un
problème… « sensible ».
Les meks pressentis pour s’en charger m’ont tous
raconté des bobards pour se défiler.
L’un faisait une allergie-sévère aux lactoses
(certificat médical à l’appui), l’autre menaçait de dégueuler à chaque odeur un
peu forte et le troisième avait un nœud dans sa tête : Ça sentait le « pis
de la vache » (même pour les biquettes) et ne supportait pas depuis son
sevrage…
Alors je m’y suis collé en plus de tout le reste en
attendant d’avoir des volumes suffisants pour embaucher « une
compétence-nouvelle ».
Il faut dire que personnellement ont m’a éduqué aux « fromages-Corses »,
ceux qui arrivent tout seul sur la table et qu’on dispute aux asticots.
De vraies bombes biologiques de destruction massive d’ailleurs,
notamment parce que les asticots, ça saute : On les voit se tortiller gentiment
sur la croûte plus que mûrie qu’il faut parfois une scie circulaire pour l’entamer,
et puis tout d’un coup, plus rien !
Et impossible de savoir où ils sont allés s’écraser
tellement c’est rapide et fugace…
Rassurez-vous, depuis des années, les « Calenzana »,
« Rustinu » et autres n’ont plus le temps de « mûrir »
autant tellement il y a du débit, parfois à en perdre l’essentiel de leurs
saveurs, et les fromages frais du type « Brocciu » restent un régal
sans nul autre comparable.
Évidemment, à « London-on-the-Thames »,
comme il s’agit aussi d’agueustiques-natifs pour être « anglo-saxons »
de naissance, leurs fromages, j’évite…
Bonne fin de journée à tous et à toutes !
I3
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