Elon Musk aime bien faire parler de lui
Et ses « sorties » sont toujours très
attendues. Et commentées.
Le géant sud-afrikaner qui cause le british avec un
accent canadien, incapable de sortir une bagnole dans les délais mais fait
bosser ses ouvriers comme des esclaves et ravitaille l’ISS avec ses fusées –
partiellement – récupérables est toujours à la conquête de Mars. C’est que c’est
un enjeu incontournable pour lui : L’humanité périra que de rester plantée
sur la planète Terre, il en est convaincu !
Et sa dernière sortie en date, n’échappe évidemment
pas à la règle.
Il s’est exprimé à l’occasion du Congrès international
d’astronautique (IAC), en Australie, et a précisé ses ambitieux projets pour
envoyer des Hommes sur la planète rouge.
Il veut débuter ses premiers vols habités dès 2024 !
Six ans avant la Nasa…
Oublié l’ITS (Interplanetary Transport System),
présenté en septembre 2016. Place aujourd’hui à une version toujours aussi
techniquement osée, mais bien plus polyvalente que l’ITS, peut-être trop
puissant.
Elon Musk semble aussi avoir une vision de l’accès à l’espace
et de l’utilisation des orbites basses que n’ont pas ses concurrents.
Un pari, un de plus avec ses voitures électriques et « autonomes »
sur l’avenir en quelque sorte et ses trains transsoniques-sous-vide.
C’est que si une de ses Tesla est toujours incapable
de sortir d’un parking en mode autonome dès lors que vous aurez peint une
ligne-blanche autour d’elle sur le macadam qui l’entoure, SpaceX n’arrive
toujours pas, et depuis trois ans, à envoyer des astronautes à bord de la
Station spatiale internationale (ISS), située à moins de 500 kilomètres de la
Terre. Mais son patron veut, en 2024, envoyer un équipage complet sur la
planète Mars, en moyenne distante de 227.937 millions de kilomètres de vous.
Et avec un lanceur qui n’existe pas encore !
S’exprimant lors du 68ème Congrès
international d’astronautique (IAC), qui vient de se tenir dans la ville d’Adélaïde,
en Australie, Elon Musk a aussi donné les détails de son ambitieux projet d’envoyer
des Hommes sur Mars dans sept ans et de transporter des personnes sur Terre en
des temps-record.
Lorsqu’il y a un an, lors du précédent Congrès
international d’astronautique, Elon Musk dévoilait sa vision détaillée de son
voyage humain vers Mars (qui, selon lui, est techniquement réalisable et
financièrement accessible), de nombreux observateurs étaient, au mieux, plongés
dans l’expectative, voire amusés, notamment en raison des délais annoncés et du
système de transport envisagé.
À l'époque, Musk avait présenté l’ITS (Interplanetary
Transport System), un système de transport avec un étage principal (le booster)
surmonté du véhicule habité, ou de sa version cargo, pour des voyages habités à
destination d’un peu partout dans le Système solaire. De ce projet, que
certains ont jugé réalisable malgré quelques points durs, SpaceX en dérive
aujourd’hui une version réduite en taille (106 mètres contre 122 mètres) et
performance. Cette version comporte toujours un étage principal mais d’un
diamètre de 9 mètres (contre 12 mètres initialement) et utilise non plus 42
moteurs « Raptor » méthane-oxygène, mais « seulement » 31.
Provisoirement baptisée « putain de grosse fusée » (BFR pour Big Fucking Rocket, en anglais),
cette nouvelle version de l’ITS sera capable de se rendre sur la Lune, sur Mars
et de réaliser des vols commerciaux de longues distances sur Terre.
Comme pour l’ITS, techniquement, économiquement et en
ce qui concerne le calendrier, cette « putain
de grosse fusée » est un défi sans nom. Sans surprise, les choix
architecturaux du lanceur divisent. Ils sont techniquement réalistes pour
certains, mais extrêmement compliqués pour la plupart des observateurs du
secteur, voire irréalisables.
Personnellement, je n’y crois pas. D’une part parce
que personne n’a suffisamment de recul et d’informations concernant le détail
des études de SpaceX, même si les idées des ingénieurs de SpaceX, dont certains
viennent de la Nasa, ne sont peut-être pas si farfelues que ce que veulent nous
faire croire certains commentateurs.
Et d’autre part, je note qu’avec 31 réacteurs vrombissant
autour du même kul, si ça chauffera la partie sensible de la « putain de grosse fusée », ça la fera
aussi vibrer de telle sorte que si par hasard plusieurs d’entre eux entrent en
résonnance, c’est tout l’ensemble qui partira en pièces détachées.
Vous savez, au même titre d’un régiment franchissant
un pont au pas cadencé.
D’ailleurs, c’est strictement interdit par tous les règlements
militaires de la planète.
Cela dit, là où le bât blesse, c’est sur le plan
calendaire. Elon Musk prévoit des humains sur Mars dès 2024, après deux
missions inhabitées qui déposeraient sur la Planète rouge l’infrastructure de
survie nécessaire aux premiers arrivants.
(Oui, ils ne reviennent pas, même en urgence
médicale).
Pour le coup, cela paraît difficilement réalisable.
Croire qu’un tel véhicule se développe en seulement moins de 5 ou 6 ans (alors
que le moteur « Raptor » n’en est qu’au début de ses essais au banc),
c’est vraiment très, très, très optimiste !
Et croire que, deux ans après son utilisation en vol
automatique, il sera autorisé à faire du vol habité, ça l’est encore plus…
Certes, les équipes de SpaceX travaillent sur ce
concept de lanceur depuis plusieurs mois, et cela trotte dans la tête d’Elon
Musk depuis quelques années, mais tout de même…
Mais quand on sait que son « Falcon Heavy »
et la version habitée de sa capsule « Dragon » sont très en retard
sur leurs calendriers initiaux, au même titre que l’Hyperloop – qui n’a pas
encore débuté ses travaux d’ingénierie foncière et dans lequel est associée la
SNCF – on peut douter des capacités de SpaceX à tenir la feuille de route de la
« BFR »
Enfin, dernières surprises d’Elon Musk : Il prévoit
aussi d’adapter sa « BFR » aux voyages de longues distances sur
Terre, ramenant la durée des trajets entre les principales villes du monde à
moins d’une demi-heure !
Ainsi, un Bangkok-Dubaï prendrait vingt-sept minutes,
tandis que Tokyo serait à trente minutes de distance de New-Delhi, tout comme
New-York de Paris.
Magique, même pour un gamin (qu’il est resté) !
C’est vrai sur le papier, mais expliquez-moi l’intérêt
de faire des sauts de cabri dans l’exosphère à se manger des accélérations et
décélérations de dingue, mettant à rude épreuve la santé des quelques
millionnaires capables de se payer un billet, alors que le champagne pétille fréquemment
sur les vols commerciaux (et dans les yeux des gentilles hôtesses de la classe « affaire »)…
Par ailleurs, ce futur système de lancement doit
également remplacer, à terme, le « Falcon 9 » et ses capsules « Dragon »
ainsi que le « Falcon Heavy », avec, peut-être, en point de mire, une
nouvelle façon d’accéder à l'espace et de se déplacer en orbite basse et dans
le système Terre-Lune.
Et pour lui, pas question de réserver ces voyages aux
plus riches, affirme-t-il : Grâce à ses lanceurs et navettes réutilisables, le
milliardaire promet un trajet à tarif abordable.
L’objectif à terme est une colonie d’un million d’habitants.
Voire plus. Alors il faut faire des efforts.
Si vous avez envie de changer de planète au cours des
prochaines décennies, vous en aurez peut-être l’occasion, grâce à cet ambitieux
projet de colonisation de Mars. Le programme que le milliardaire est en train
de mettre en place avec son entreprise « SpaceX » propose que le
voyage vers notre voisine la Planète rouge ne coûte au colon qu’environ 200.000
dollars (environ 180.000 euros, à la portée de toutes les bourses), contre 10
milliards de dollars avec les moyens actuels…
Soit le prix d’une maison, explique-t-il.
On rappelle que l’année dernière, lors du 67ème
congrès international d’astronautique de Guadalajara, il avait alors déjà présenté
les grandes lignes son projet ainsi qu’une vidéo illustrant les différentes
étapes. À présent et dans un article publié le 15 juin dans la revue New Space,
il livrait davantage de détails sur ce programme. Comme il le dit d’emblée le
titre, « Making Humans a Multi-Planetary Species », le patron de « SpaceX »
souhaite que l'humanité devienne une espèce multi-planétaire, rien de moins.
La Lune (« SpaceX » va envoyer deux
touristes autour d’elle) et Mars en 2024 ne seraient en réalité que les toutes
premières étapes.
« Je pense qu’il
y a vraiment deux chemins fondamentaux. L’Histoire est en train de bifurquer
dans deux directions. Un chemin est que nous restions sur Terre pour toujours,
avec l’éventualité qu’un évènement d’extinction survienne. (…) L’alternative est de devenir une
civilisation spatiale et une espèce multi-planétaire qui, j'espère, vous
convient comme chemin à parcourir » explique-t-il en introduction.
Dans sa vision de la colonisation de la Planète rouge
(deux fois plus petite que la Terre, rappelons-le), le milliardaire compte
avant tout sur ses lanceurs et ses lanceurs réutilisables pour transporter les
voyageurs, les infrastructures et les ressources nécessaires. Mille trajets,
voire plus, avec à chaque fois 100 personnes à bord, pourraient être réalisés
avec « l’ITS » (Interplanetary Transport System). Et d’espérer ainsi
qu’un million de personnes seront citoyens de la première ville martienne dans
50 à 100 ans !
À 200 K$ le bout, il ne va plus savoir quoi en faire
de 200 Mds$…
J’admets de mon côté que la vie sur Terre avec tous
ces « sachants » nés pour vous gâcher votre courte présence sur la
planète n’a pas que des bons côtés, loin de là.
Mais en colonisant Mars (et pourquoi pas les
satellites naturels les plus accueillant des planètes qui entourent le soleil),
n’importerions-nous pas les mêmes soucis existentialistes qui nous bousculent
ici-même tous les jours ?
Les mêmes menaces (hors les biologiques et astronomiques)
non bien sûr, au contraire : On pourrait n’y envoyer que des « fichés
S » et quelques « politiques ».
Ça serait assez sympa et c’était d’ailleurs le projet
de « Cheminable » (cf. Présidentielles Gauloisiennes).
Mais bon, il doit y avoir moins cher, moins polluant,
plus pratique que de faire appel à ce type qui se ruine sans même jamais penser
que quelques sous soulageraient une partie non-négligeable de la population qui
n’a pas d’accès à de l’eau non-souillée.
Alors que sur Mars, l’eau sera nettement plus coûtatif
à fabriquer en quantité suffisante.
Passons : Ce monde appartient bien aux utopistes.
Et les utopies font avancer le monde en retour.
Bonne fin de journée à toute et tous !
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