« Baraque-Haut-bas-mât » au pupitre !
Un exercice délicat mais qu'il adorerait : Pour son 8ème
et dernier dîner des correspondants, il s’est senti obligé de régaler son
auditoire de plaisanteries acerbes sur les médias, le monde politique et… « McDonald-Trompe ».
Il fallait une apothéose. Dans six mois, il ne sera
plus qu'un « lame duck », tel qu'on qualifie le président américain
pendant la période de transition entre l'élection de novembre et l'investiture
de son successeur, en janvier.
C'est donc pour la dernière fois ce samedi 30 avril
que le 44ème président américain a pris le micro au dîner de gala
annuel des correspondants de presse de la Maison-Blanche, pour 32 minutes de
mitraille paraît-il hilarante en direction de ses alliés, ses adversaires, et aussi
de lui-même.
Pour ce rendez-vous devenu incontournable au fil des
décennies, l’équipe de « nègres » du président américain a bossé
dur durant des semaines et des semaines sur le texte…
« C’est
l’un des discours les plus difficiles de l’année », explique à l’AFP
Cody Keenan, 35 ans, qui dirige l’équipe des auteurs des discours de la
Maison-Blanche.
Il est de tradition, dans cet exercice, que le
président n'épargne personne, quitte à adopter un ton très grinçant. « Baraque »
en avait fait une de ses marques de fabrique, et s'est même fendu d'un « mic
drop » à la fin de son discours, lâchant son micro par terre à la façon
des pop-stars qui veulent signifier que leur prestation a été tellement
parfaite qu'il n'y a plus rien à ajouter.
Voici un florilège des meilleurs extraits de son
discours :
Allusions à « McDonald-Trompe » :
0’10’’ : « Bonsoir
tout le monde. C'est un honneur d'être à mon dernier… et peut-être LE dernier
dîner des correspondants de la Maison-Blanche. Vous avez tous l'air en pleine
forme ; la chute de la République n'a jamais eu meilleure allure ».
12’27’’ : « Le
président du parti républicain Reince Priebus est également avec nous ce soir.
Je dois le dire, vous avez bien mérité une petite sortie. Félicitations, j'ai
entendu parler de vos derniers succès… Le parti, le processus de nomination,
tout va à merveille ! Continuez comme ça. »
17’40’’ : « On
sent comme une confusion au parti républicain. Sur les invitations du dîner de
ce soir, où on vous demandait de choisir entre viande et poisson, un bon nombre
d'entre vous ont écrit ‘‘Paul Ryan’’ (président de la Chambre des
représentants, que l'establishment républicain espère substituer à Ted Cruz et « Trompe »
lors de la Convention en juillet). Ça ne
faisait pas partie des options : viande, ou poisson. Vous n'aimez peut-être ni
la viande ni le poisson… Mais c'est votre choix. »
19’52’’ : « (…) vous remercier pour tout ce que vous faites, vous savez, une presse
libre est un élément central de notre démocratie et… Nan, je plaisante ! Vous
savez bien que je vais parler de « Trompe » ! »
20’24’’ : « Je
suis un peu peiné de son absence ce soir… Nous nous étions tellement bien
amusés la dernière fois et c'est surprenant, il y a là une salle pleine de
soutiens, de célébrités, de caméras et il a dit non. Est-ce que ce dîner serait
trop tape-à-l’œil pour « McDonald » ? Qu'est-ce qu'il peut bien faire
en ce moment ? Manger un steak « Trompe » ? Tweeter des insultes à « Angèle-a-Mère-qu’elle »
? »
21’17’’ : « L'establishment
républicain pense que « McDonald » manque trop d'expérience en
politique étrangère pour être président. Mais il faut rappeler qu'il a passé
des années à rencontrer des dirigeants du monde entier : Miss Suède, Miss Argentine,
Miss Azerbaïdjan… » (« McDonald Tromp » a présidé les concours Miss Univers
pendant 20 ans après avoir racheté l'entreprise organisatrice en 1996).
22’21’’ : « Je
ne voudrais pas en faire trop. Car on est d'accord que depuis le début, il
(« Trompe ») a reçu juste ce
qu'il faut de couverture médiatique, une couverture adaptée au sérieux de cette
candidature… (silence). Vous pouvez
être fiers de vous. Le mec voulait juste donner un coup de pouce à son business
immobilier, et maintenant tout le monde prie pour qu'il ne passe pas le mois de
juillet ! »
La presse :
11’13’’ : « Je
voudrais ici rendre hommage à plusieurs journalistes récompensés présents ici
ce soir : Rachel McAdams, Mark Ruffalo, Liev Schreiber… (les acteurs du
film oscarisé « Spotlight ») Merci
pour tout ce que vous avez fait. »
11’32’’ : « Je
plaisante. Comme vous le savez, « Spotlight » est un film. Un film
sur des journalistes d'investigation dont le talent et l'indépendance leur ont
permis de traquer la vérité et de faire tomber des têtes… Meilleur film de
science-fiction depuis « Star Wars ». »
Sur Bernie Sanders :
16’01’’ : « Je
suis peiné, Bernie, que tu aies pris tes distances avec moi. Ce n'est pas
quelque chose qu'on fait à un camarade. » (Bernie Sanders est régulièrement
taxé de communiste…)
Sur « Il-a-rit-Pine-Tonne » :
1’17’’ : « Nous
y voilà : Ma huitième et dernière apparition à cette cérémonie unique. Et je
m'en réjouis : Si mon discours marche bien, je pourrai m’en servir chez Goldman
Sachs l'année prochaine. Je vais me faire plein de thunes ! » (Le
couple « Pine-Tonne » s'est enrichi à millions par des conférences
rémunérées, notamment auprès de grandes banques…)
2’28’’ : « Dans
un an jour pour jour, un autre président se tiendra à cette place. Et personne
ne sait encore qui elle sera. » (« Il-a-rit-Pine-Tonne » est
la seule femme des quatre favoris à la Maison-Blanche).
17’04’’ : « Il
faut quand même l'admettre… « Il-a-rit » qui essaie de séduire
l'électorat jeune, c'est un peu comme votre vieille tante qui vient de
s'inscrire sur Facebook. ‘‘Cher peuple américain, as-tu bien reçu mon poke ? Il
s'affiche sur ton mur ? Je ne sais pas si je l'utilise comme il faut ?’’ ».
Sur son âge et sa future retraite :
3’40’’ : « Une
fois « Il-a-rit » (« Pine-Tonne », alors secrétaire d'État) m'a demandé si je pouvais prendre un appel
téléphonique à 3 heures du matin. Aujourd'hui à cette heure-là, je suis debout
de toute façon parce que je dois aller aux toilettes. »
4’01’’ : « C’est
à ce point que quelqu’un m’a dit récemment : ‘‘Monsieur le président, vous êtes
le passé. Justin Trudeau (le nouveau Premier ministre canadien, 44 ans) vous a complètement remplacé. Il est
tellement beau, tellement séduisant, c'est lui l'avenir maintenant.’’ Et j'ai
répondu ‘‘Ça va Justin, on a compris’’ ».
6’39’’ : « Même
des grands dirigeants étrangers commencent à me regarder de haut, sachant que
je suis sur le départ. La semaine dernière le prince George (2 ans et demi) s'est présenté en peignoir à notre
rendez-vous. C'était une sacrée gifle. Une grave violation du protocole. »
8’52’’ : « Et
pourtant, malgré toutes ces défections, mon taux de popularité continue à
grimper. La dernière fois que j'ai plané aussi haut, j'étais en train de
choisir mon master à la fac. » (Il est de notoriété publique « qu'Haut-bas-mât »
fumait de l'herbe à l'université).
Hilarant, n’est-ce pas ?
C’est du comique-américain !
Vous étiez prévenus.
Vous étiez prévenus.
Et notons que sur un registre plus sérieux, le
président américain a conclu en rendant hommage à l'ancien correspondant à
Téhéran du « Washington Post », Jason Rezaian, libéré en janvier
après avoir passé 18 mois en prison en Iran.
Auparavant, un court-métrage (23’45’’) imaginait son
avenir après la fin de son séjour à la Maison-Blanche… On y voit ainsi le futur
ex-président se heurter au racisme ordinaire d'une fonctionnaire au moment de
s'inscrire pour le permis de conduire, ou aux affres de l'application Snapchat…
Bien à vous toutes et tous et passez un bon week-end tout de même !
I3
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