Ne dites plus jamais SNCM, mais Corsica Linea.
Je veux parler de la desserte de la « Corsica-Bella-Tchi-tchi »
depuis la « Gauloisie-maritime ».
Et quel feuilleton !
Les événements de l’hiver 2014 auront confirmé mes
analyses qui datent désormais de plusieurs années : Ça fait bien 10 ans
que je tirais le signal d’alarme et je m’étais même fendu d’un plan de
redressement en 2012 (ou 2013, ou avant, je ne sais plus), piloté par mon pote « Le
Colon » (de l’armée de Tito), marseillais d’adoption, MBA de Harvard :
On s’était fait rembarrer comme des malpropres à vouloir se mêler d’affaires sans
être estampillés « du sérail »…
Petit satisfecit personnel, hélas au détriment de ce
cordon ombilical de la « continuité territoriale » à destination de l’Île-de-Beauté,
des capitaux et infrastructures investis dedans, forts nombreux au fil des
années, tous plus ou moins financés, à tort, au moins partiellement, nous en aura affirmé Bruxelles, par
vos impôts-patriotes, et ses trop nombreux emplois.
C’était déjà écrit comme ça depuis des années, même si
personne ne savait lire jusque sous les ors des palais gouvernementaux, au
moins depuis « Giskar-A-la-Barre », mais plus encore depuis que les
dockers marseillais faisaient régulièrement leur hold-up annuel sur les quais.
Et pas qu’eux : La CGT-marseillaise y aura
contribué, mais alors quand les « STC » (l’oxymore local du syndicat
des « Travailleurs-Corses », hein, celle-là il fallait oser la faire !)
en a rajouté une couche, c’était forcément cuit.
Ça plus les errements du pilotage de la compagnie par
des « pseudos-kon-pétants » autoproclamés qui auront enfilé faillite
sur faillite dans le transport (notamment aérien et ailleurs), les gros sabots
des divers ministres du transport et/ou du tourisme épaulés par des énarques de
cabinet qui « savent tout mais ne comprennent rien », les
faux-fuyants des élus locaux, et la qualité de service déplorable à bord, ça ne
pouvait que conduire à la faillite.
Tant pis pour les « locaux » obligés de se
rabattre sur d’autres compagnies pour assurer le fret des transbordements entre
les diverses « grèves générales ».
Eux tous ont ainsi réussi à scier la branche sur
laquelle ils étaient confortablement assis et de placer les navires blancs de
la SNCM en redressement judiciaire en novembre 2014.
Compagnie qui été reprise un an plus tard par l'homme
d'affaires corsu Patrick Rocca à l'issue de deux appels d'offres du tribunal de
commerce de Marseille.
Passons d’autant mieux que, durant l’hiver, il s’en
est passé des choses… « pas très claires » sitôt l’écueil de la barre
du tribunal de commerce franchie.
Je vous laisse juge : Depuis sa reprise décidée en
novembre 2015, l’ex-SNCM aura changé trois fois de nom et deux fois de
capitaines !
D’abord attribuée à l’entrepreneur Patrick Rocca sous
le nom de Maritima Ferries avant d’être cédée cinq mois plus tard au consortium
Corsica Maritima Holding depuis rebaptisée Corsica Linea…
Rocca est connu sur l’île pour être un transporteur
routier local, qui, allié à quelques autres, en avait marre de voir ses camions
bloqués sur les quais par des « mouvements sociaux » impromptus et « indépendants
de toute volonté » au service de l’économie îlienne.
Certes, il y avait la solution des rouliers de Corsica-Ferries,
de Moby-Lines et de la Méridionale, ces derniers assurant les liaisons avec l’Italie
en concurrence du premier, qui lui avait aussi ses accès à Toulon et à Nice, ce qui
est plus commode pour atteindre le MIN de Rungis et ramener des langoustes
fraîches « pêchées dans le golfe » : Ça tombe sous le sens.
Mais c’est insuffisant.
Ils ont même été obligés d’affréter un vraquier pour
exporter mes clémentines cet hiver qui, paraît-il, est resté coincé en rade de
Marseille avant d’être débarqué ailleurs…
Et alors, pourquoi ne pas user de la flotte de l’ex-SNCM
et de sa filiale CCM alors en règlement judiciaire ?
Le fret, c’est bien, mais encore faut-il amener les
touristes à la belle saison venir consommer sur place pour maintenir des flux
et une économie tournée de plus en plus vers le tourisme jusqu’aux tréfonds de
l’île.
Mais curieusement, Rocca cède aux pressions des élus
et autres « forces vives » locales et cède cinq mois plus tard son
acquisition au consortium « Corsica Maritima Holding » depuis
rebaptisée « Corsica Linea ».
Et la saison débutera le 19 juin sous de nouvelles
couleurs : Des bateaux tout rouges vifs, arborant une tête de Maure sur leurs
flancs, l’emblème de la Corse.
À l’image de son actionnariat : 134 entrepreneurs
insulaires issus de la distribution (les gérants d’hyper-locaux) et du
transport, les premiers intéressés derrière les hôteliers, les festivaliers et
les élus locaux, jusqu’aux CTC et ATC, tenus par des « cousins-natio »
depuis les dernières régionales…
D’ailleurs, étonnés par ce tour de passe-passe, les
représentants du comité d’entreprise ont assigné les anciens et nouveaux
actionnaires ainsi que les administrateurs judiciaires devant le tribunal de Marseille sur les conditions
de ce rachat.
La première audience doit avoir lieu le 18 mai, dans
quelques jours : On en saura plus à ce moment-là.
« Je pense que
les syndicats restent un peu interrogatifs sur une capacité à gérer l'entreprise
et on espère leur démontrer dans les semaines qui arrivent qu’ils ont tort et
que l'entreprise est partie pour vivre très longtemps sur des bases très
claires », en déclare le dégé.
Ce qu’on lui souhaite.
Il n’empêche, la nouvelle équipe managériale a
présenté mardi dernier la stratégie de « Corsica Linea » : La
compagnie reliant le continent à l'Ile de Beauté vise un triplement de sa part
de marché passagers à moyen terme !
Rien de moins.
Autrement dit, reprendre des parts de marché à « Corsica
Ferries », les bateaux jaunes.
Et le tout sans même jamais évoquer l'attribution de la délégation de service public précédemment annulée et qui devra faire l'objet d'un nouvel appel d'offres !
Voilà une lutte commerciale qui va être colorée…
Pierre-Antoine Villanova, le boss de l’équipe en
qualité de Dégé et Pascal Trojani, le Pédégé, visent dans un premier temps une
augmentation de 10 % de son trafic fret pour 2016 : « Il faut passer d'une logique d'usagers a une
logique client », explique ce manager de 47 ans, dont vingt passés
chez Suez Environnement (un des faiseurs de l’eau et des ordures îliennes avec « la
Générale »).
Notez qu’il serait temps : Une sacrée révolution
dans les esprits !
Sera-ce enfin le service, la ponctualité, la fiabilité,
la constance avant tout ?
De bétail, on peut désormais espérer être traité avec
un minimum de dignité à bord de ses navires.
Ils sont d’ailleurs six navires à se partager la tâche,
entièrement rénovés d’ici à janvier 2017 (18 millions d’euros investis cette
année).
La nouvelle direction veut améliorer les services (tiens
donc !) et développer davantage les ventes à bord (là encore : Ô surprise !
Aurait-il lu mes posts anciens sur le sujet, lui ?), tout en proposant des
tarifs « attractifs » sans toutefois entrer beaucoup dans les
détails.
Corsica Linea souhaite être « compétitif avec des tarifs abordables, avec des tarifs bien moins chers
que ce qu’ils sont actuellement mais aussi en délivrant une qualité de services
qu’on espère irréprochable et qui sera dès cette saison bien meilleure », a-t-il été affirmé.
Là, qu’il ne rêve pas trop : Il faut d’abord
réduire les coûts (question d’horaires, mais aussi d’équipage et de
back-office, bref, s’organiser très en amont) pour faire tourner ses yachts au
mieux.
Si possible deux tours en journée sur les trajets les
plus courts, plus un la nuit.
Distance à parcourir entre Marseille et Bastia, 180
milles nautiques ; distance entre Marseille et Ajaccio : 189 milles
nautiques.
À 25 nœuds, c’est 7 heures et demi. 8 heures 30 avec
les manœuvres de chargement/déchargement (même pas le « rythme-grec »),
l’aller et le retour peuvent se faire dans la même journée et repartir le soir vers
22 heures pour une arrivée au petit-matin, vers 7 heures en comptant les mers
difficiles (pour le confort des passagers), à petite allure pour économiser le carburant et assurer le repos
des équipages d’hôtellerie, mais tout en assurant deux services à bord à la
méridienne, autant le soir et les petits déjeuners en arrivant au port, à
condition que les viennoiseries et assiettées soient affichées à des prix
abordables.
Et que ça sente bon le pain chaud frais partout dans les
couloirs et salons…
Comme de toute façon, tout le monde est réveillé une
heure avant, y’a de la marge.
Son objectif est de tailler des croupières à « Corsica
Ferries », la compagnie low cost qui fait très fort au départ de Toulon
(143 MN, 5 heures 45 de traversée).
Et puis relancer les NGV depuis Nice jusqu’à Isola-rossa
(116 MN, 4 h 30), mais peut-être que dans un deuxième temps !
« C’est sûr
que nos déboires leur ont permis d’augmenter encore leur emprise sur la Corse »,
regrette un membre du Comité d’Entreprise alors que la part de marché de
l’ex-SNCM sur l’Ile de Beauté est tombée à 12 % !
Et il est désormais question de prendre 30 % du marché…
Or, la concurrence ne risque pas de s’atténuer avec le
retour de la compagnie de ferries italiens Moby-Lines qui, en juin, ouvrira une
ligne entre Nice et Bastia.
Côté flotte, quatre navires continueront d’opérer
entre l’île et le continent vers Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio toute l’année
et l’Île Rousse en basse saison.
Mais Corsica Linea compte également renforcer sa
présence sur le Maghreb, vers Alger et Tunis et développer d’autres
destinations en Méditerranée occidentale, notamment vers l’Italie.
Quand je disais qu’il fallait étudier de près l’activité
de croisiériste en hors-saison : Les bateaux sont au niveau, ou
presque…
Et puis des ouvertures de lignes depuis Livourne, pour
une desserte de Bastia, voire de Porto-Vecchio : Les « ritaux »
le font bien !
(72 MN, pour trois heures de traversée à 23 nœuds (et
puis ça passe à proximité de de l’Île d’Elbe…)
La compagnie vise entre 450.000 et 500.000 passagers
en 2016 (contre 512.000 en 2015, l’étiage le plus faible jusque-là : Comme
quoi, le fret reste la priorité de ces entrepreneurs-là) et compte être légèrement
bénéficiaire en fin d’année, l’ex-SNCM n’ayant conservé que 870 salariés (sur
1.480) en CDI, elle devrait en embaucher 450 en CDD pour la saison.
Mais il reste encore à Corsica Linea de se débarrasser
de l’épée de Damoclès européenne. La Commission européenne n’a en effet
toujours pas tranché en faveur du nouveau projet de compagnie maritime.
Laissant planer un doute sur l’exigibilité de l’amende de 400 millions d’euros
de subventions publiques jugées illégales qu’elle réclamait à la SNCM.
La SNCM disparaît ainsi après 40 ans d'existence après
avoir été elle-même l'héritière de la Compagnie générale transatlantique (CGT…)
en Méditerranée créée en 1855 et de la compagnie Freyssinet.
Ceci étant, nous lui souhaitons tout le succès
nécessaire, même si elle m’aura perdu comme « client » assidu après
40 ans de passage, depuis plus de 10 ans.
Aux générations suivantes de prendre le relai !
Et à eux d’écrire une nouvelle page de la « Corsitude »
que j’espère apaisée et durable.
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