Première
sur le J20
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Atterrissage en fin de journée jusqu’au pied de vastes usines dans la
banlieue de Chengdu, ville où prospèrent des conglomérats internationaux du
BTP, dont des géants français et où il est accueilli par une forte délégation
d’uniformes-mao et tout autant d’uniformes de l’armée. Là encore, on lui fait
faire le tour des installations et ateliers.
Jusqu’à lui montrer son futur bureau, dans un bâtiment attenant !
« On nous a dit que le prototype «
OO2 » devait disposer d’un grand four pour y cuire ses céramiques. Grand
comment ? ». C’est au moment de redescendre au niveau zéro pour lui montrer
un vaste hangar vide… Largement de quoi y installer un ou plusieurs fours et
d’y adjoindre un atelier de montage débouchant directement sur la piste annexe.
« C’est bien trop grand. Il faut que
vous veniez visiter notre usine à Aubenas… Si mon gouvernement y consent !
»
La blonde a disparu de son horizon depuis un moment, et on le pousse dans
une limousine luxueuse pour aller dîner au « palais du peuple », honorer de son
auguste présence de héros de l’aviation contemporaine les quelques autorités
locales rassemblées pour l’occasion.
Re-toasts portés « à la paix dans le monde » et autres, avec courbettes
d’usage au moment des présentations.
Là, on y cause assez peu du dernier vol du « 001 », un peu plus du projet
du « 002 », mais aussi de géopolitique.
Les chinois ne comprennent pas, ou font semblant de ne pas comprendre,
pourquoi les américains sont si agressifs à leur égard, malgré le bon climat de
la visite de 2009 du Président Obama.
C’est que se prépare déjà le prochain sommet du Pacifique, prévu pour
novembre suivant…
« Vous avez sous les armes 2,250
millions hommes, vous dépensez 112 milliards de dollars, pour vous équiper…
» soit 1,6 % du PIB, lui fait-on remarquer en anglais directement depuis une
table toute proche…
« …7.180 chars, 4.560 blindés, 3.400
avions, 480 hélicoptères, 132 navires de guerres et 258 autres bâtiments de
support (logistique, bâtiments amphibies, etc.…) dont un porte-avions racheté aux Russes, des sous-marins qui jouent à
cache-cache au milieu des escadres de la 7ème flotte. Vous êtes
capables de simuler la guerre jusqu’aux limites des eaux territoriales de
Taipeh, il faut compter avec environ 400 munitions nucléaires, une trentaine
d'ICBM et de SLBM, 100 missiles de portée intermédiaires, 600 missiles
balistiques moyenne portée pointés sur Taïwan, vous pensez bien que vous
représentez une menace pour les USA qui se considère encore comme le « gendarme
de la paix mondiale » depuis les accords de Yalta ! »
Ce à quoi ils répondent qu’ils n’ont pas été conviés à Yalta qui ne
concerne que le partage de l’Europe et ont à gérer et assurer la sécurité de
1,350 milliard de concitoyens, distribués en 54 « nationalités » et 7
religions, sur une étendue de 5.000 km d’un point à un autre des frontières. Il
leur faut défendre 14.000 km de côtes, 4.195 km de frontières avec leur voisin
russe, 3.380 km avec l’Inde et un peu moins avec tous les autres pays réunis,
plus près de 5.000 îles à protéger.
Et que le fameux « porte-avions » sera bientôt ouvert aux touristes pour
être transformé en hôtel de luxe flottant !
« Croyez-vous que ce soit suffisant,
alors que l’armée de votre pays compte 241.000 hommes en arme, que vous
dépensez l’équivalent 65,74 milliards de dollars US soit 2,2 % de votre PIB,
hors votre gendarmerie, et le tout pour seulement 63 millions d’habitants ?
»
Rapporté à l’individu, effectivement 3,82 militaires pour 1.000, et 1.040
dollars US par résident en France, alors qu’en Chine, c’est 82 dollars par
habitant et 1,66 militaire pour 1.000 citoyens…
Lequel des deux pays est potentiellement le plus belliqueux ?
« De plus, vous n’avez pas un Cuba
sous votre nez comme nous les cousins de Taipeh, ni un porte-avions ancré aux
portes du havre comme nous le Japon, le régime de Séoul, ou Okinawa ! »
fait le traducteur…
« Je sais bien », lâche Paul. « Pourtant, et malgré les apparences, je reste
persuadé que les américains n’envisagent même pas de soutenir une guerre contre
vous, même hors de toute munition de destruction massive ! Sauf si vous les
agressez. »
« N’imaginez pas l’inimaginable : Je
n’y connais rien en politique économique, mais il me paraît assez évident que
votre politique de fermeté du Yuan, détruit la classe moyenne des USA et même
d’Europe. Vous, vous avez compris que sans cette classe moyenne, puisque vous
êtes en train d’en créer une de toute pièce, il n’y a pas d’avenir économique
pour un pays.
Je rentre des USA et je vais y
retourner pour éventuellement nouer des relations avec leurs constructeurs
aéronautiques. Et j’ai pu noter la misère grandissante du peuple des
middle-class américaines, qui s’étend en Europe et en Asie du sud-est par
contagion. »
Ça, c’est la faute aux spéculateurs financiers qui ne peuvent justement
pas spéculer sur le Yuan : « Et notre
gouvernement a suffisamment de réserve de dollars pour faire face à ce type de
parasitisme destructeur capitalistique ! »
Bien vu…
« Ce matin encore j’étais à
Hong-Kong dont vous devez savoir que l’activité du port a été durement touchée
par la crise de l’année dernière, que ses milieux financiers commencent à
douter d’une nouvelle crise.
Vous le savez bien et il faut aussi
comprendre les « peurs » du « petit-peuple » qui voit en vous un « péril »,
notion reprise depuis peu jusque dans mon pays à moi.
Je n’y peux rien. »
Une « huile » se lève et demande pourquoi, au lieu d’aller travailler aux
USA, il ne viendrait pas faire ses céramiques ici-même : « Vous avez vu les installations que nous pourrions mettre à votre
disposition », rajoute le traducteur.
« C’est très tentant, absolument et
par avance je vous en remercie. J’ai une idée des efforts qu’il vous a fallu y
consacrer. Mais pour l’heure, il nous faut lever deux contraintes :
Mon gouvernement. Je ne sais pas s’il
me laissera faire. Je suis d’abord citoyen français avant que d’être un jour un
ingénieur apatride, formé à l’école polytechnique française, cadre supérieur
responsable d’entreprises françaises où je viens de payer un paquet d’impôt en
retour.
Je ne me vois pas encore dans la peau
d’un… « transfuge » et je reste persuadé que nos alliés américains ont les
moyens de m’occire jusque chez vous à n’importe quel moment.
Mort, je ne serai plus d’aucune utilité
pour personne. »
Et c’est lui qui vit dans un pays de libre-échangisme et de la liberté
d’installation ?
« Deuxièmement, je ne sais pas
encore si je peux trouver sur place des compétences indispensables à œuvrer
chez vous ou si je peux emmener jusqu’ici les meilleurs d’entre chez moi : Un
homme seul ne peut pas grand-chose, vous le savez aussi bien que moi ! »
Ils ont les meilleurs ingénieurs du monde !
« Demain, nous vous avons promis de
vous faire voler sur l’avion que vous êtes venu espionner pour le compte de vos
alliés américains. Nos ingénieurs ont transformé et testé un prototype
monoplace en biplace rien que pour vous en moins de deux semaines.
C’est dire s’ils savent travailler. »
Paul n’en doute pas.
« C’est une partie des éléments à
prendre en compte, je n’en discute pas ! Mais ça prendra du temps. »
La soirée s’éternise un peu de façon plus confraternelle avant qu’on ne
l’accompagne à son hôtel, le « Binjiang-Hotel » à quelques minutes de limousine
du bâtiment où il vient d’être reçu.
Vaste chambre confortable avec vue sur le boulevard parcouru en tous sens
par une circulation automobile dense qui se raréfie au fil de la nuit qui
avance et devient fraîche.
Le tourisme nocturne, une autre fois.
D’autant qu’une « surprise » passe le nez en travers de la porte de la
chambre, entre à la volée et referme silencieusement la porte non sans avoir
vérifié qu’elle n’a pas été vue.
Une eurasienne, les cheveux teintés façon « blondasse-pouffiasse » qui
d’emblée se présente :
« Lulu ! »
Surpris, il réplique par la formule convenue : « Monsieur Paul ». Et puis un silence alors qu’elle s’avance les yeux
noirs et brillants de mille folies lubriques.
Ce n’est pas du français avec un accent allemand, mais bien plus de
l’ânonnement de français avec un fort accent chinois, ou sino-polonais, il ne
sait pas.
« Comment va la tour Eiffel ? »
« Va » et pas « se porter » ? Une mauvaise traduction de l’anglais qui
parfois ignore ce genre de nuance ?
N’était-ce pourtant pas les seuls mots de français que son contact devait
savoir ânonner, avec « bonjour-oui-non-merci » ?
Dans ses doutes, pas la bonne personne, pas la bonne locution, pas le bon
accent, il répond quand même la phrase convenue : « Eh bien on va convenir qu’elle étincelle de mille feux tous les soirs
pendant 10 minutes ! »
Très bien semble dire la demoiselle. « On
m’a dit que vous étiez un « bon coup ». J’ai pu me libérer pour
quelques-heures. Mon mari est en déplacement » fait-elle, laissant augurer
qu’elle a tout le temps nécessaire à la suite prévisible, en éteignant les
lumières pour se glisser contre lui en l’entraînant vers le lit tout en lui
roulant une pelle monstrueuse à laquelle il répond de son meilleur
savoir-faire.
C’est quoi ce cirque ?
« 嘘 : Il
faut chuchoter, il y a des micros et des caméras ! »
Alors c’est en chuchotant qu’elle lui passe en douce ce qui semble être
une puce électronique dans la bouche avec consigne de l’avaler.
La folle.
Il fait semblant d’obéir, mais alors qu’elle lui enfile un préservatif
tout en caressant sa verge tendue, il laisse tomber la puce sur la moquette.
(Aparté n° 36)
Les « bruyants » chuchotis terminés, la dame s’en va en silence non sans
un remerciement des lèvres ravies posées sur les siennes et un discret « Merci ! » en chinois. Et Paul se décide
à s’endormir sans se lever ni allumer : Demain il fera jour, il aura l’occasion
de vérifier ce qu’elle a pu lui donner.
Grand bien lui en prend : Il vire la chip dans le tiroir de la table de
nuit et après s’être douché, habillé et pris un thé comme toute boisson au bar
de l’hôtel où il retrouve une petite délégation d’ingénieurs et de militaires,
dont la « grande-blonde » repérée la veille. Pour partager le thé.
Parce que la café, prévient la blonde en anglais « Il est aussi dégueulasse que celui des américains ».
Le thé est effectivement très parfumé.
« Vous n’avez pas encore pris votre
décision, je suppose. Vous verrez, nous avons des équipes et des équipements de
toute première qualité. Vous serez séduit ! » lui glisse quand même l’un
des « happy-few » vu hier soir.
Bref, il est le bienvenu en Chine Populaire, quand il le veut.
Peut-il faire quelques achats en ville avant de la quitter ?
Oui, mais que des souvenirs et en compagnie des sbires de l’armée : « Pas
d’autres contacts ! ». « Si vous cherchez
quelques souvenirs à ramener à votre épouse ou vos enfants, vous trouverez cela
un peu plus loin à droite en sortant. Essayez la troisième boutique sur la
gauche, de ma part ! », lui fait la grande blonde en anglais.
Et c’est en uniforme rutilant qu’il parcoure alors un peu les rues de la
ville à pied dans son uniforme, encadré de près par ses « gardes-de-son-corps »
qui l’informeront régulièrement, avec des signes sur la montre et des gestes
des doigts et des mains, qu’il est attendu dans moins de 40 minutes : Pas un
mot d’anglais, bien sûr, pour ceux-là.
C’est là, le long du boulevard, qu’il trouve les boutiquiers de souvenirs
et cartes postales pour touristes annoncés.
Toujours suivi de près par sa petite troupe de gardes du corps, il entre
dans la première, accueilli comme le messie par la vendeuse qui s’en arrête
d’apprêter sa devanture.
Ressort, va à la seconde. Puis pousse jusqu’à la troisième.
Mêmes courbettes affables.
« Lulu ? »
La fille ne répond pas mais va chercher dans l’arrière-boutique un chinois
sans âge.
« Post-card, post-card ! » et il
lui en sort un paquet de son présentoir en devanture devant les body-guards
amusés, représentant les points touristiques du pays qui semble avoir un
immense intérêt à ses yeux.
Paul en choisit quelques-unes et paye en Hong-Kong dollars qu’il a pu
conserver dans l’avion du voyage-aller.
Au moment de rendre la monnaie en Yuan, l’homme en rajoute une sortie de
son tiroir-caisse et ils prennent congés avec de grand sourire et multitudes de
courbettes.
Pour donner le change, il fait une quatrième boutique, y achète un bel
éventail en nacre, encore quelques autres cartes postales et rebrousse chemin,
toujours escorté par sa troupe.
Une fois arrivé au pied de l’hôtel, ceux-ci insistant, il leur remet les
objets achetés pour qu’ils les examinent en détail avant de les remettre dans
sa poche et de se laisser conduire à l’aéroport.
Almont sera content… S’il parvient à retrouver ses « fugitives » à
Hong-Kong.
Le biplace, sa silhouette élancée, son bulbe de verrière allongé et
rehaussé sur l’arrière est sur le tarmac. Une demi-heure plus tard, après avoir
revêtue une combinaison anti-G pressurisée, il est en bout de piste après avoir
été accueilli à bras ouvert par un pilote d’essai aux yeux bridés qui
s’installe à l’arrière et maîtrise l’anglais avec un fort accent.
Un bolide. Mais les 32 tonnes de poussée n’y sont pas. Pourtant la
postcombustion est lancée à faire vibrer tout l’engin dans un tonnerre de
décibels.
Le plan canard fait merveille : L’avion cabre vite, « tourne » à envoyer
le sang dans les jambes, à la limite du voile-noir.
Puis le gars tire une chandelle de plusieurs minutes pour crever la couche
nuageuse à en découvrir un soleil éclatant qui éclaire les premiers contreforts
du massif de l’Himalaya au loin vers l’ouest.
Manifestement, le pilote veut en lui mettre plein la vue avec son joujou.
Mais celui-ci met du temps à monter à 30.000 pieds : On est loin des
performances accréditées…
Vol en pallier, Paul prend la main pour faire une série de tonneaux, à
droite puis à gauche : Commandes de vol souples, évolutions rapides. Ils sont à
Mach 1,7, mais sans la postcombustion : Le rythme de la « super-croisière » !
« Good ! Very good ! »
Et ils reviennent en pente douce, où son pilote ne manque pas de faire des
dérapages, des lacets, soutenus avec les dérives pivotantes mais sans user des
tuyères à axe pivotant : C’est impressionnant, même si Paul note que
l’indicateur de cap ne vire pas aussi vite que ça, l’avion volant alors « en
crabe ».
Paul reprend la main à sa demande, pour caler le stabilisateur d’altitude,
moteurs réduits et voir le zinc lever le nez au fur et à mesure que la vitesse
s’épuise.
Là encore, les commandes sont stables, mais l’expérience n’aboutit pas,
son pilote remet les gaz et reprend la main avant le déclenchement de l’alarme
de décrochage.
« C’est encore un prototype unique.
On ne va pas le perdre pour sa deuxième sortie ! »
Explication fort logique.
Retour cabré à 18° tout sorti, commandes semblant un peu molle malgré le
plan canard qui s’agite en tous sens avec rapidité (ils maîtrisent les commandes
électriques), le pilote touche d’un « kiss-landing » impeccable et stoppe sa
machine au tiers de piste sans forcer sur les freins, ni utiliser le parachute
de queue, avant de rentrer au parking où ils sont accueillis avec de larges
sourires satisfaits auxquels répond Paul, encore assourdi par la dépression des
hautes altitudes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire