Premiers
pas dans l’empire du milieu
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Je vous ai rachetées ! 100.000
dollars comptant. Parce que j’ai besoin de vous ! »
Enfin, qu’elles se rappellent bien : D’une seule seulement, l’autre elle
finit entre les mains de la police. 100.000 dollars pour deux rebuts de la
société, rejetées, recherchées, parias du monde des civilisés ?
Il doit être totalement fou.
« J’ai trois missions à vous
confier. Après je vous fournis une nouvelle identité, des papiers en règle,
votre liberté et 10.000 euros chacune si vous me suivez. »
C’est ça : Complétement cinglé !
De quoi s’agit-il, se reprend Stéphanie en premier ?
« On se casse d’ici. Je vous veux,
ou au moins une, à New-York ou Washington « opérationnelles » d’ici la fin du
mois. Il s’agit de piéger cet homme-là. » Et il sort la photo du banquier
des pauvres et autres États en faillite.
« Il s’agit de le violer s’il le
faut, mais je veux des photos bien dégueulasses et quelques traces physiques
nouvelles bien apparentes sur le visage. »
Il ne préfère pas un bon coup de cutter à lui en couper les parties
génitales ?
« C’est une hypothèse : On m’a
suggéré que vous le mordiez à lui en couper un bout, que ça en fera des
vacances pour beaucoup de ses victimes. C’est vous qui verrez sur le moment.
Mais il n’est pas question de le tuer. On ne veut pas d’un martyr, mais d’un
homme-fini. »
Et pourquoi ?
« Secret-défense. Ne posez pas la
question ! »
Bon. Et on organise ça comment ?
« Je me ballade tout le reste du
mois de mars et un bout du mois d’avril aux USA après notre prochaine étape au
Japon. Je vous mettrai en contact avec qui vous épaulera pour l’intendance. On
a un mois ou deux pour faire le coup et rentrer en France.
Deuxième mission, ce type-là ! » Et il montre une vieille photo de Parepoux.
« L’inconvénient, c’est que je ne
sais pas encore où il crèche. Ni le sort qu’il faudra lui réserver. On aura à
décider sur place le moment venu.
Troisième et dernier homme, celui-là :
On ne veut pas qu’il soit réélu sénateur. Là encore, je n’ai pas de précision
quant aux détails de l’opération. On avisera sur place, mais celui-là, je sais
où le trouver. Les prochaines élections sénatoriales, c’est pour septembre.
Donc intervention avant l’été. »
Il s’agit de les occire ?
Aucunement et jamais.
« À partir de maintenant, vous ne
tuez plus personne, jamais ! Et, à part pour le premier, où je n’ai pas
d’autres solutions que d’éviter de le tuer, ce qui est impératif je vous le
rappelle, plus d’acte de violence dans votre vie, ou je ne pourrai plus rien
pour vous éviter la prison.
C’est bien compris ?
Si par hasard il y violence, ce sera
soit en état de légitime-défense, mais là encore ce n’est pas moi qui en
jugerai mais les magistrats que vous connaissez bien et qui seront ravis de
vous revoir les fréquenter sur l’île de la cité que vous connaissez, soit par
procuration. »
Et c’est quoi la « violence par procuration » ?
« Vous ne faites pas vous-même, vous
faites faire par des locaux pour « x » ou « y » raisons parfaitement valables
pour qu’un juge et les flics s’y laissent prendre. »
La première leçon de « Monsieur Albert »…
Autrement dit, on fournit un mobile, des armes et du fric à un exécuteur «
légitime » façon « Colonel Frank » qu’elles ne connaissent pas mais dont Paul
sait comment il opérait depuis les « aveux » de Liamone à la juge Trois Dom et
à Scorff, et on se planque loin et derrière plein d’alibis pour se couvrir en
cas de pépin, en restant tout du long de la préparation le plus discret
possible.
« Simple quoi ! Tu nous expliqueras.
Pour moi c’est d’accord. Parce que là, j’ai pris goût à ta bite et que je suis
encore en manque depuis si longtemps ! » lance Cécile la criminelle.
« Pour moi aussi : Je suis en
manque, même si tu ne corresponds pas tout-à-fait à mes fantasmes et
idéaux-masculins : Ça reste quand même bien bon, mais… !
Mais tu nous promets papiers, pognon et
liberté après ? Tu es sûr, parce que moi, je n’ai pas la reconnaissance du
ventre et si tu ne tiens pas parole, je te troue le cuir jusqu’au plus profond
du cœur ! »
Voilà Paul prévenu.
« Je vous ai bien tirées de votre merdier,
jusque-là. Mais bon ça m’arrange, parce que le petit marché dans lequel j’ai
embringué les coréens sur vos cas personnels, va beaucoup plus loin, et c’est
dans l’intérêt supérieur de la Nation ! »
Il n’en dira pas plus, d’ailleurs, l’intérêt supérieur de la Nation, quel
qu’il soit, elles n’en ont rien à battre. Tout ce qu’il leur demande, c’est le
« secret-absolu » sur toutes ces activités futures.
Elles, elles sont épuisées, mais ont droit à une nouvelle séance de «
rentre-dedans » débridée avant de s’endormir.
(Aparté n°35)
Elles resteront consignées dans la chambre le lendemain, quand Paul est en
revanche debout aux aurores après une deuxième « courte nuit » pour son passage
vers Xuzhou en jet privé, accompagné d’agents des services secrets de la RPC
(République Populaire de Chine).
Dans l’avion, il y reçoit des consignes de sécurité : Pas de photo, pas
d’appareil d’enregistrement, ni vidéo ni vocaux, pas de valise ni de sac. Tout
lui sera fourni sur place.
Il est d’ailleurs prié de se changer dans les toilettes de l’avion, y
compris chaussures-chaussettes et sous-vêtements tout propre, pour revêtir un
uniforme neuf de l’armée de l’air chinoise de « Shang Xiao » (上校, en chinois dans le texte), avec deux étoiles,
autrement dit de « Dirigeant aîné de champ », l’équivalent du grade de Colonel,
pour devenir officier honoraire dudit corps sur-le-champ.
Mais on ne manque pas de lui rappeler que les grades n’existent en Chine
que depuis 1988, après une longue période d’abolition voulue par « Grand
Timonier » dans les années 60 à l’occasion de la grande « Révolution culturelle
».
Naturellement, aucun contact en dehors de ceux des personnels autorisés et
pas de document à ramener hors de ceux qui lui seront éventuellement remis par
des officiels autorisés.
Consignes traduites laborieusement par un traducteur au nom imprononçable,
du mandarin en français, détaché du ministère provincial du tourisme, la tête
patibulaire au moins autant que le camarade-officier détaché du ministère de la
propagande qui supervise l’opération.
On lui explique aussi le détail de ces deux journées consenties par leurs
gouvernements respectifs.
Accueil par la promo des élèves-pilotes sur la base de Xuzhou à la
descente de l’avion.
Présentation des cadres et de la base.
Visite des installations, puis déjeuner sur place organisé par l’armée de
l’air.
Ensuite, envol pour la grande ville construite en cercles concentriques de
Chengdu, plus au nord dans les grandes plaines de Chine centrale, au pied des
massifs himalayens, pour une présentation des usines aéronautiques du pays.
Dîner avec les autorités locales au « palais du peuple », qui se
révéleront pour partie être venues de Pékin.
Nuit et petit déjeuner américain au « Binjiang Hotel » situé en centre-ville
avec une petite équipe de l’usine pour quelques échanges culturels… et
techniques.
Et, le lendemain, retour à la base pour un vol sur l’unique J20 version
biplace double commande, déjeuner offert à l’université locale et conférence
devant les étudiants.
Décollage en milieu d’après-midi pour un retour à direct Hong-Kong au
soir.
Le tout pour démontrer la bonne volonté du pays d’accueil pour le futur «
002 »…
Sympathique ambiance à prévoir.
« Je ne pourrai pas faire un peu de
shopping en vos lieux touristiques ? Ou visiter la région ? »
Non. Peut-être en matinée demain, un tour de la ville avant de reprendre
la voiture. De toute façon, il ne se déplace pas seul, sans être escorté par un
officier accrédité.
C’est beau la vraie confiance…
Vraiment dommage pense Paul : La première étape est située dans une région
très touristique pour y receler toutes ses merveilles géologiques qu’on voit
souvent en carte postale, ses rizières à flanc de colline du point bas jusqu’au
sommet, ses pains de sucre recouvert de végétation luxuriante dans les vallées,
déchirant les brumes tropicales de loin en loin, ses populations bigarrées… ses
jeunes-filles en fleur au sourire avenant sous leurs chapeaux de pailles
typiques de ses régions.
L’accueil des cadets est superbe. Seul bémol, la Marseillaise est un peu
écorchée, avec des mesures oubliées. Paul prend un plaisir certain à « la revue
des troupes » bien alignées, dans son uniforme austère de couleur bleu
électrique tout neuf, gants blancs saluant « à la casquette », façon poêle à
frire de plus petite dimension que celle des biffins de l’Armée rouge…
Puis, c’est la visite de la base, des hangars vidés pour la circonstance,
hors un J20 monoplace dont il fait le tour une première fois, et des ateliers
attenants et bien rangés.
Un engin d’une longueur approximative de 20/22 mètres, 12 à 13 mètres
d’envergure pour une hauteur d’un peu plus de 4 mètres, bimoteur à section de
sortie de tuyère variable, un plan « canard-delta » situé derrière le poste de
pilotage, ailes delta d’à peu près 60 m², dont on lui dit qu’il pèse 17 tonnes
à vide pour une masse au décollage de 36 tonnes, propulsé par deux moteurs
saturn 117/S qui sont donnés pour 32 tonnes de poussée en postcombustion.
De quoi filer vite (Mach 2,5 lui dira-t-on), monter haut (autour du niveau
650) et dont on lui affirme qu’en mode subsonique il peut parcourir 5.500 km,
pour un rayon d’action de combat « bas-haut-bas » de 2.000 km, et «
haut-bas-haut » de 1.300 km pour des attaques au sol : Un engin multi-rôles,
donc…
Ce qui est frappant, c’est qu’avec ses entrées d’air en parallélépipède
sous le ventre, ses soutes internes situées entre les moteurs, hors les
double-dérives en dièdre et inclinées, un peu plus courtes et pivotantes, c’est
quasiment le frère jumeau du F 35 américain qui lui n’a qu’un seul moteur, plus
trapu et plus haut, lui !
De la belle œuvre d’espionnage ?
« Nous avons nos propres bureaux
d’ingénieurs. Ils restent ouverts à toutes les solutions aérodynamiques les
plus avancées… »
Tu parles Charles !
Et question « furtivité » radar ? Il n’y aucune trappe biseautée en
chevron, comme on en trouve sur le F 22.
« On prête beaucoup à notre nouveau
chasseur… »
Du lard ou du cochon ?
Pour l’heure il n’en saura pas plus : Il est question de rejoindre
rapidement le mess.
On s’y échange les traditionnels toasts de bienvenue, de paix dans le
monde, de fraternité des peuples, des frères d’armes aériennes et les « cadets
» en veulent un peu plus sur les « combats aériens ».
Paul se fend de ses souvenirs d’Afghanistan, de l’époque où il a gardé le
sobriquet « Charlotte », nom de code de sa patrouille, de quelques anecdotes
d’appontages, des missions inutiles, pour finir par raconter qu’il a rendu ses
galons quand on l’a remisé à la garde des sites des essais nucléaires dans le
Pacifique sud où il ne se passe décidément rien d’utile pour la patrie.
« Il faut savoir obéir. Et comme mon
temps avait été dépassé, j’ai rempilé dans l’industrie aéronautique, pour
finalement m’occuper de fabriquer des propulseurs pour missiles. »
Et est abordé son vol historique par les deux pôles : Ils n’attendaient
que ça pour lui poser tout un tas de questions sur ce périple et ses dangers,
sur le prototype, sa conception et ses performances.
« Le plus grand danger à affronter,
c’était l’éventuelle panne d’un moteur. Nous en avons eu une parce qu’on avait
coupé par mégarde l’alimentation en kérosène. Mais on a pu récupérer l’engin
qui reste vraiment très sain en haute altitude. Pas en basse. »
Parce que oui, il n’y avait pas d’aéroport de dégagement sur le trajet
Pacifique.
« Remarquez, comme on avait averti
toutes les autorités aériennes, y compris les vôtres, les américains qui nous
ont vu passer sur leur réseau NORAD, nous suivaient et avaient disposé quelques
navires tout du long du Pacifique, et j’imagine que votre marine avait dû
détourner quelques navires dotés de moyens de détection pour nous repérer et
vérifier nos dires, dans quelques parties du grand océan. On n’était pas perdu,
en somme ! »
Rires à la fin de la traduction.
Pour le retour du pôle sud, de toute façon, il fallait survoler tout le
continent africain : Sans problème.
Le prototype ? Un engin unique, juste destiné à tester en condition réelle
les céramiques réfractaires.
Les céramiques ?
« Mais je n’ai rien à vous apprendre
sur le sujet : Vos ancêtres en ont inventé ici même le procédé de fabrication
depuis des siècles ! »
Rires à la fin de la traduction.
Ambiance sympathique. Courbettes de salutation et séparation : Il faut
reprendre l’avion pour Chengdu, la ville-berceau du J20, avec quelques
passagers nouveaux qui avaient fait le voyage en sens inverse pour accueillir
Paul.
Naturellement, Paul repère une « grande blonde » annoncée par Almont. Mais
s’ils échangent quelques mots devant un parterre de témoins, en anglais, épiés
comme des tourtereaux que l’on veut piéger, ils n’échangent pas pour autant
leurs « mots de passe ».
Et c’est l’envol vers Chengdu avec les quelques ingénieurs, dont la «
grande blonde » qu’il évite du regard.
Et réciproquement.
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