Chapitre quarantième-quatrième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
C’est incroyable ces agents-espions : ils se croiraient presque tout
permis jusque chez lui !
Évidemment, Paul désamorce en douce les sécurités du Bunker depuis
l’hôtel : une simple clé plate leur ouvrira la porte. Pas très inquiétant
et ne dévoilant surtout pas toutes les sécurités qui protègent la base de
données de BBR de la CISA dont ses visiteurs n’auront même pas pu détecter la
présence, tellement c’est bien dissimulé.
Ils feront le tour en voiture pour aboutir dans la cour de déchargement
engoncée dans la colline.
Et pour distraire l’attention de ses visiteurs, Paul fait l’article :
« C’est là, depuis le bureau de coin
là-haut, que j’ai mis fin à la carrière d’un tueur à gage international lancé à
mes trousses [1]. En fait, c’était la jumelle de celui qui a
abattu Harry Harrison junior n° 4 à Londres, lui-même tombé sous les balles de
la police britannique en décembre 2015 [2]. J’en aurai eu trois sur trois, finalement.
Un dans le restaurant qui s’est bêtement heurté à une bande de mafieux venus me
racketter. Je n’étais pas là, mais il a fallu refaire entièrement les salles du
rez-de-chaussée de l’hôtel alors qu’elles venaient à peine d’être refaites. Et
le troisième il y a peu sur l’autoroute qui vous a amené jusqu’ici. Outre un
coup du côté maudit où j’avais déjà reçu une blessure lors d’un raid dans le
bled algérien je me suis surtout trouvé immobilisé quelques semaines, membre
facturé, parce que j’étais en moto. [3]
»
Depuis, la moto, c’est terminé pour Paul.
« Et depuis, les commanditaires
ont été retrouvés et poursuivis ? » questionne Lev.
Comme si il ne le savait pas déjà…
« Mes racketeurs sont morts
dans la fusillade. Leur commanditaire est en prison en attente de jugement.
Quant au dénommé William River, celui qui voulait que je me taise
définitivement, moi et quelques autres – il a quand même eu un flic américain
et junior n° 4 – il ne respire plus… »
Que d’aventures en conclut Nathalie Lévy.
« Voilà la bête ! »
s’écrie Paul en tirant le drap accroché à ses drisses qui recouvre la machine de McShiant pour la
protéger de la poussière. « Comme
vous le constatez, tout un grand hangar juste pour ce qui pourrait être un gros
moteur-diesel de paquebot. Mais c’est en réalité une machine à
« micro-fusion nucléaire » qui ne veut pas fonctionner. Un générateur
surnuméraire en quelle que sorte. »
Et comment c’est censé marcher.
« Oh, très simple… sur le
papier. On a des pistons attachés à un vilebrequin qui transforme les
mouvements de haut en bas en mouvement circulaire, celui-ci faisant tourner une
dynamo tout ce qu’il y a de classique. La dynamo fournit le courant pour le
démarrage, puis la puissance nécessaire pour armer des éclateurs de Marx montés
en série en tête de piston. Le piston descend, on y injecte une microbille de
deutérium. Le piston remonte pour compresser les gaz pas encore échappés. On
« allume » la pastille à coup de laser. Ça provoque une
micro-explosion nucléaire qui dégage de la chaleur et expulse le piston vers le
bas, faisant tourner le vilebrequin et le générateur et entraînant les autres
pistons dans un même mouvement alternatif synchrone. Il faut globalement 12
tours complets pour refroidir un piston en évacuant les gaz chauds, ce sont des
plasmas qui affichent plusieurs millions de degrés tout de même. Les courants
électriques permettent aussi de confiner ces plasmas loin des parois des
chambres de combustion et la chaleur récupérée fait de la vapeur qui est à son
tour transformer en courant électrique. Et ainsi de suite, le deuxième piston
prend le relai tel qu’il n’y jamais de rupture dans les fusions permettant une
rotation en principe sans à-coup. »
Un truc qui fait l’objet de recherche aux USA, mais aussi en Israël et
probablement en Russie et en Chine.
Mais ça ne marche pas.
Et pourquoi ?
« À mon avis, il faudrait 36 à
48 pistons en ligne pour passer le handicap d’un allumage foireux. Soit parce
que les éclateurs de Marx n’ont pas fait le plein d’énergie via de gros
condensateurs, soit parce que la pastille de deutérium n’est pas correctement
centrée par le dispositif électromagnétique, ça se joue au nanomètre, ou parce
qu’elle n’est pas assez « affinée », purifiée, tout ce qui arrive
nécessairement quand l’ensemble s’emballe. Soit pour toute autre cause,
électrique ou mécanique à régler. Résultat, ça fait au mieux quelques tours et
ça cale bêtement.
Seulement voilà, mettre trois ou quatre
engins du même gabarit sur la même ligne, non seulement je n’ai pas la place et
je m’inquiète de la puissance de l’engin s’il s’emballe : il y a de quoi en
faire changer toutes les cartes d’état-major de la vallée… »
C’est si puissant ?
« Si ça me pète au nez, de
toute façon, je ne serai plus là pour constater les dégâts.
Le principe est probablement bon, mais
ça me semble mécaniquement très aléatoire. Et puis on peut se demander à quoi
ça va servir. »
Mais à produire du courant pour les abonnés et les industriels…
« On a déjà des centrales
nucléaires civiles qui ont fait leur preuve, hors les problèmes de
refroidissement comme à Tchernobyl ou au Fukushima. Pourquoi faire un nouveau
dispositif en plus parfaitement aléatoire ?
Non, je crois que c’est une impasse,
astucieuse peut-être, parce que compacte, mais nécessitant la purification
d’eau lourde et une usine de cryogénisation derrière. Même pas embarquable à bord
d’un navire, même un peu « costaud ». »
Curiosité satisfaite ?
« Vous faites quoi alors, dans
ces locaux pour y passer de si longues heures… »
Le cousin Lev ne lâche pas.
« Venez voir. Je me muscle un
peu pour réparer mes blessures. »
Et Paul entraine ses visiteurs dans une des pièces du fond de l’atelier.
Où sont posés différents appareils, une bonne dizaine, aux mécanismes plus
déments les uns que les autres pour des exercices qui consistent à soulever des
poids, ce qui fait travailler soit les abdominaux, soit les adducteurs ou les abducteurs,
les dorsaux, les biceps, les triceps, les pectoraux, les trapèzes, les fessiers,
les extenseurs des bras, des poignets, les fléchisseurs des bras et des
poignets, les fixateurs des omoplates, les ischio-jambiers, les dorsaux et lombaires,
les mollets ou encore les quadriceps.
Nathalie a les yeux qui scintillent : tout ça pour la belle
musculature de son voisin d’étage à Paris !
« Pour le muscle du cerveaux, je
bricole un peu en rêvant à des jours meilleurs. En fait je réfléchis à la
miniaturisation d’une autre filière nucléaire, celle au thorium. Mais là, je
crois qu’il faut attendre les premiers tests industriels que préparent les
chinois et les indiens pour en avoir les retours d’expérience. »
D’où sa récente rencontre avec Bill
Gates ?
« Exactement. Vous êtes
décidément au courant de tout… »
C’est son métier.
« Il se trouve que j’ai un peu
d’argent à y consacrer. Et du temps. »
Et le logiciel « BBR » ?
Il est décidément vraiment au courant de tout, celui-là !
« J’étais encore récemment en
Islande pour monter un Datacenter au milieu de l’atlantique. Si un jour on a
besoin de stocker en sauvegarde supplémentaire, autant être capable de répondre
à un appel d’offre. J’imagine que vous le savez, ce sont les américains de
« Pamentir » qui ont acheté la licence exclusive cet été. »
Oui mais sa rencontre avec Musk alors ? Et ses déplacements à
Londres ?
« Mais enfin, agent Lev… Vous
êtes bien curieux. Musk pourra vous le dire, je reste intéressé par son
Hyperloop pour des projets de ligne dans le sud-ouest de la France. Pour
l’heure, je n’ai aucun rôle à jouer, mais ça peut venir. Quant à Londres,
c’était pour rencontrer quelques responsables afin de racheter une compagnie de
croisiériste par l’intermédiaire de ma future gestionnaire de fortune, Lady
Joan. »
Et l’Écosse ?
« D’une part c’était sur mon
chemin, d’autre part ce sont des vieilles copines qui m’ont permis de ressortir
la tête hors de l’eau du point de vue financier [4]
à un moment donné et enfin, c’était pour
avoir leur point de vue sur la technologie des Qbit qui va émerger… On peut
encore se renseigner sans que ça n’émeuve le Mossad, je suppose, non ? »
Mais c’est exactement ce que Lev fait : il se renseigne.
« Bon on peut fermer la
boutique ? Vous avez vu ce que vous vouliez voir et pris assez de
photos de l’engin ? »
Oui, merci, « mais n’est-ce pas
imprudent de laisser la machine de McShiant sans précaution ? »
Et lesquelles ? Qui volerait une machine qui ne fonctionne pas ?
« Même pas vos services !
Et puis ne vous en faites pas, en cas d’intrusion, la région serait bouclée en
moins de temps qu’il ne faudrait pour le dire. C’est un site classé
« sensible » depuis la dernière attaque de ma tueuse à gage : je
suis quand même officier de réserve dans ce pays. Il y a un plan de traque en
profondeur qui ne laisserait même pas passer un microfilm si j’en décidais,
alors un engin pareil… Une région qui est un véritable traquenard pour des
agents actifs comme les vôtres.
C’est pourquoi il vaut mieux encore
vous montrer ce qui vous intéresse et repartir avec des photos volées d’un
vague moteur diesel inutile, plutôt que de provoquer des incidents
diplomatiques inutiles… »
Et effectivement, il faut devenir un « Z » comme zombie pour
approcher incognito Paul et ses divers points de chute possibles, répertoriés
ou non. Et encore, désormais, un « Z » est repéré immanquablement par
le logiciel « BBR », encore plus rapidement demain avec la version
« 2.0 ».
Mais de tout cela, il n’en parlera pas à ses visiteurs qui repartiront le
lendemain, non sans avoir profité du confort des installations de l’hôtel.
Nathalie au regard divergent, le neurone encore allumé par l’installation
de musculation de Paul, n’aura pas eu l’occasion de briller : Florence
aura fait son apparition dans l’aile sous comble du « castel » qui
lui est réservée pour un week-end au grand-air avec ses enfants, alors qu’ils
revenaient du Bunker.
Il aura l’occasion de resservir à peu-près le même roman à la blondissime
Irina Dichnikov qui ira finalement coincer Paul au Kremlin-Bicêtre dans la
semaine qui suivra, alors que « Fillette » se débat dans son
« Pénélope-gate ».
« C’est incrrrroyable, cette
campagne électorrrale ! »
La monnaie de sa pièce quand il aura « assassiné » son mentor « Krasosky »
au moment où il aura eu le toupet de placer une phrase assassine :
« Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ? »
C’était lors du premier débat pour la primaire.
Et l’autre nabot de se défendre en en appelant à la « dignité »
de journaliste d’une chaîne publique de télévision qui évoque ses casseroles judiciaires
d’ex…
« Si vous saviez tout ce que
j’ai pu faire pour écarter son principal concurrent de 2012… »
Non elle ne sait pas. Qu’il raconte…
« Comment ça ? Au FSB,
vous ne savez donc rien de l’élimination du banquier des nations en faillite
sur les trottoirs de New-York [5]
? »
Ah mais non : « La
grrrrande Rrrrussie n’y est pour rrrrrien ! »
Évidemment, puisque le coup venait, au moins partiellement, de lui, en
service commandé…
« Rrrrracontez, rrrrracontez
mon cherrrr et adorrrrable Paul… ! »
Secret défense : « D’ailleurs,
j’ai subitement comme un trou de mémoire… »
Un trrrou de mémoirrrre ?
Rigolote, va !
Eux, ce n’est pas la machine de McShiant qui les intéresse : ils
doivent savoir que c’est un bide. Ce sont plutôt les déplacements récents aux
USA, en Islande et en Angleterre.
Paul ressert la même histoire, que ça puisse se recouper si par hasard il
y a des « échanges » officieux entre services.
« Oui, mais pourrrrquoi être
allé voir le ministère de l’intérrrrieurrrr alorrrrs ? »
Elle parle de Londres, pas de Reykjavik. Pour deux raisons : « La première, c’est que je compte racheter,
via un membre des Lloyds une compagnie de bateaux de croisière. Je ne vais pas
rester les bras ballants le reste de ma vie et je voulais m’assurer que je ne
serai pas entravé. »
Oui, elle a remarqué la présence de Shirley dans son entourage :
« Un agent du Aime-aïe-sex ».
« Oh, elle, je me la trimbale
depuis la mise à bas de la fondation Risle. Elle est mignonne mais ne comprend pas grand-chose. Pas dangereuse du
tout et puis ça permet de garder des contacts utiles avec les autorités
britanniques. De toute façon, comme je n’ai rien à cacher… »
Mais si justement : « On
parrrle d’un deal qui t’aurrrais rendu multimillionairrrrre. »
Oui : « Ils ont acheté une
base de donnée qui devait servir à traquer les fraudeurs fiscaux. Mais bon,
comme ce sont eux les plus grands trafiquants, ils ont préféré tuer le
programme. Et depuis, je compte faire de la croisière de luxe dans les mers
chaudes.
La deuxième raison, c’était pour les
avertir de la menace que fait peser un biologiste chinois sur l’espèce humaine.
Je pense l’avoir éliminer au cours d’un séjour impromptu dans l’océan indien,
et je me suis proposé pour surveiller les éventuels rejets dans l’atmosphère de
ses travaux situés là-bas. Plus facile que de le faire directement en Chine.
Ce qui va me permettre de tirer
quelques bords à bord de mon voilier. Peut-être en ton auguste compagnie, si
tes chefs le veulent bien… »
Elle en glousse de plaisir, faisant vibrer ses formes rondes.
(1) Cf. « Laudato
sì… », chapitre LXIX (http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/12/laudato-si-lxix.html)
publié aux éditions I3
(2) Cf. « Laudato
sì… », chapitre LII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/10/laudato-si-lii.html)
publié aux éditions I3
(3) Cf. « Laudato
sì… », chapitre LXXVI (http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/01/laudato-si-lxxvi.html),
publié aux éditions I3
(4) Cf.
« Au nom du père – tome II », chapitre XIII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/11/au-nom-du-pere-chapitre-xiii-tome-ii.html)
publié aux éditions I3
(5) Cf. « Au
nom du père – tome II », chapitre XXXIII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/12/au-nom-du-pere-chapitre-xxxiii-tome-ii.html)publié
aux éditions I3
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