Et j’en suis ravi !
La cérémonie des « Ig Nobel » (jeu de mots
avec « ignoble » en anglais, alors même que je reste le seul « ignoble »
[absence de noblesse] estampillé sur Internet), qui récompense chaque année les
recherches les plus loufoques et improbables, voire des révélations inattendues,
s’est tenue ce 13 septembre.
Les découvertes des 10 vainqueurs de 2018 :
1 – L’Ig Nobel de médecine a été attribué à deux
chercheurs américains pour avoir montré que les montagnes russes sont très
efficaces pour se débarrasser des calculs rénaux.
Les chercheurs ont soumis un modèle de rein 3D à 20
passages dans les virages de la « Big thunder mountain » à Disneyland
en Floride, et ont conclu que s’asseoir à l’arrière du train faisait passer le
calcul dans 63 % des cas contre 16 % pour des passagers placés à l’avant.
Magnifique !
2 – Un Ig Nobel de médecine reproductive a lui
récompensé des travaux sur une méthode utilisant des timbres-poste pour
vérifier les capacités érectiles nocturnes du pénis.
Mais si !
Les chercheurs ont malheureusement dû fabriquer leurs
propres timbres pour l’expérience car utiliser des timbres officiels pour une
recherche scientifique requiert une permission des services secrets.
3 – Toujours dans la catégorie médecine, l’Ig Nobel d’éducation
médicale est allé à un gastroentérologue japonais pour la réussite de son
auto-coloscopie.
Ou l’art de s’auto-enkuler…
Ça va faire fureur dans les sex-shops de la capitale
de l’empire britannique, ce truc-là !
4 – L’Ig Nobel de nutrition nous a enseigné un conseil
diététique particulièrement utile : Selon une étude de James Cole, un anthropologue
de l’université de Brighton, un régime cannibale serait ainsi moins calorique
que les autres régimes à base de viande !
Selon ses calculs, un corps humain de 65 kg représente
ainsi 32.000 calories, contre 163.000 pour un cerf et 3,6 millions de calories
pour un mammouth.
Pour perdre du poids, il est toutefois déconseillé d’aller
dépecer votre voisin…
Mais allez savoir…
5 – L’Ig Nobel d’anthropologie est allé à des
chercheurs ayant montré qu’au zoo, les chimpanzés imitent autant les hommes que
l’inverse.
Notez qu’on aurait pu s’en douter…
6 – Celui de biologie a été remporté par une équipe de
chercheurs dont un « Gauloisien », qui a montré qu’un œnologue est
capable de savoir s’il y a une mouche dans un verre de vin simplement à l’odeur.
Les « malvoyants » vont pouvoir enfin se
reconvertir…
7 – Dans la
catégorie conseils pratiques, retenons l’Ig Nobel de chimie sur le pouvoir
nettoyant de la salive !
Ils ont comparé l’efficacité de celle-ci avec
différentes solutions alcooliques pour astiquer des statues du XVIIIème
siècle et ont conclu que la salive était la plus efficace.
Moi, je savais déjà pour la vaisselle.
Mais j’ai du mal avec les verres…
8 – Le très attendu Ig Nobel de la paix est allé à des
chercheurs espagnols pour leur étude sur les raisons qui poussent les
automobilistes à insulter les autres et à proférer des jurons.
Une pratique associée à d’autres conduites dangereuses
et qui devrait faire l’objet de campagnes de prévention, soutiennent les
vainqueurs.
9 – Le prix d’économie a été remporté par une étude
sur les poupées vaudous comme moyen de se venger de son supérieur.
Apparemment, ça fonctionne : Planter des épingles dans
une poupée représentant son boss permet de « réparer un sentiment d’injustice » et aide à se sentir mieux.
Voilà une niche à exploiter pour réussir un
business-plan fabuleux !
10 – Enfin, l’Ig Nobel de littérature a permis de
découvrir que les gens ne lisent pas les modes d’emploi des appareils
compliqués car cela « génère de l’anxiété
» (surtout quand c’est traduit du mandarin-natif), d’après Thea Blackler, la
chercheuse australienne auteure de l’étude gagnante.
À noter que si les hommes affirment lire les manuels
plus souvent que les femmes, ils ne sont pas pour autant plus doués dans l’exécution.
Surtout avec les notices de montage d’Ikéa…
Comme c’est la tradition, les gagnants se sont vu
attribuer une somme en espèces de 10.000 milliards de dollars… zimbabwéens,
soit 50 centimes d’euros environ.
Pour le « fun », rappelons les « Ig
Nobel 2017 » :
– Deux des dix prix Ig Nobel 2017, qui récompensaient la
science insolite remis le 14 septembre 2017 au Harvard’s Sanders Theatre (États-Unis), avaient
été attribués à des chercheurs « Gauloisiens ».
Il s’agit du prix Ig Nobel de physique, pour une étude
sur les chats : Les chats sont-ils solides ou liquides ?
C’est la question qui a valu à un physicien
de l’ENS de Lyon le dernier prix Ig Nobel de physique, car il a remarqué que, comme
les liquides, les chats semblent parfois ne plus avoir de forme propre et être
capables d’adopter celle du récipient qui les contient.
D'ailleurs, les principes de la dynamique des fluides
que ce chercheur a mis en œuvre ne lui ont pas permis de répondre de manière
définitive !
Le physicien assure tout de même que son travail
permet d’éclairer « certaines des questions réelles que se
pose la rhéologie » (l’étude de la déformation et
de l’écoulement de la matière sous l’effet
d’une contrainte appliquée pour les béotiens).
– Et le prix Ig Nobel de médecine, pour des travaux
portant sur l’aversion pour les fromages qui puent : Des
neuroscientifiques du Centre de recherche en neuroscience de Lyon et du
Laboratoire de neuroscience Paris-sur-la-Seine récompensés pour leurs travaux
sur le fromage qui pue !
Un sujet bien « Gauloisien » diront les
mauvaises langues, mais peu importe, puisqu’il leur aura valu un Ig Nobel de
médecine.
L’aversion au fromage est un phénomène très répandu.
Et l’aversion constitue l’un des éléments clés de notre défense vis-à-vis d'un
objet d’agression, d’où l’intérêt de l’étudier.
Leur conclusion : Sur le plan neurofonctionnel, le
dégoût du fromage serait à associer à une modification de l’activité du circuit
de la récompense.
Mais on aura pu aussi noté :
– Une étude portant sur la taille des oreilles des
hommes âgés ;
– Une autre portant sur le lien entre un contact avec
un crocodile vivant et l’envie de miser gros ;
– Encore une autre encore portant sur la pratique d’un
instrument à vent pour lutter contre le ronflement.
Reste cette découverte étonnante de 2013 (c’était
aussi à Harvard), une année féconde : On se croit attirant quand on est
soûl, selon l’étude grenobloise récompensée à l’époque.
« Ig Nobel de psychologie » pour ce travail
sur l’autosatisfaction ressentie en état d’ébriété.
Terminée en 2012 et publiée en 2013 dans le British
Journal of Psychology, l’étude de l'équipe menée par Laurent Bègue (université
Pierre Mendès-France, Grenoble) était intitulée « Beauty is in the eye of the beer holder : People who think they are
drunk also think they are attractive ».
Il fallait être anglophone pour comprendre le jeu de
mots, facétie assez rare dans la littérature scientifique.
L’adage « beauty is in the eye of the beholder », soit
« la beauté est chez celui qui regarde
», veut signifier que la notion de beauté est subjective.
Il s’agissait des buveurs de bière (beer) et la suite
du titre clarifie la pensée des auteurs : « Les
gens qui pensent qu'ils sont soûls pensent aussi qu'ils sont attirants ».
La conclusion de l’étude, donc sur des personnes pensant
qu’elles ont trop bu, était que ce phénomène s’explique par un effet placebo
(et qui n’affecte que la personne concernée, son entourage y restant
insensible).
Moâ, je suis « beau » naturellement et quand
je suis soûl, c’est que je vais dormir…
– Mais il fallait aussi mentionner dans l’improbable
catégorie Biologie et astronomie, la récompense accordée à un travail
international : Une étude démontrait que le bousier s’oriente la nuit en s’aidant
de la Voie lactée !
Un solide argument de plus pour s’inquiéter de la
pollution lumineuse du ciel…
– L’Ig Nobel de physique revenait à une étrange
recherche sur l’effet de la faible gravité qui permettrait à certains de courir
sur une surface d’eau à condition qu’elle soit sur la Lune.
– Le prix de la Probabilité (car l’Ig Nobel,
contrairement au Nobel, s’intéresse aussi aux mathématiques) revenait à une
équipe qui s’était focalisée sur les mouvements verticaux des ruminants,
découvrant deux résultats étonnants et importants en matière de statistiques :
Premièrement, plus une vache est restée longtemps couchée, plus est grande la
probabilité de la voir se relever l’instant suivant.
Deuxièmement, considérant une vache debout, il est
très difficile de savoir quand elle va se coucher…
– En médecine, il fallait souligner l’importance d’une
étude japonaise selon laquelle écouter des airs d’opéra augmente les chances de
survie après une transplantation cardiaque, du moins… chez la souris !
– L'Ig Nobel de chimie quant à lui n’est pas allée à
une découverte, mais à une constatation : On ignore pourquoi les oignons font
pleurer et mais on sait désormais que la réponse est complexe.
– Dans le domaine de la sécurité, le jury avait
déterré une demande de brevet datant de 1974 décrivant un système d’encapsulation
automatique de pirates de l’air : Piégés par un système composé d’une
trappe invisible et d’un filet, les détourneurs d’avion peuvent ensuite être
évacués sous parachute sur une zone où la police les attend.
– Enfin, on signalait alors le très mérité Ig Nobel de
la paix décerné à Alexandre Lukashenko, président de la république de
Biélorussie, pour avoir interdit les applaudissements en public.
Cet intéressant progrès de la démocratie avait fait le
buzz durant l’été 2011 quand, au nom de cette prohibition, une amende avait été
infligée à un manchot !
Mais si…
Réjouissif, finalement…
Gardez-en le meilleur.
Bonne fin de journée à toutes et à tous !
I3
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