Chapitre cinquantième-et-unième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
En sortant de ce dernier Conseil de défense, « Devil-Y’est » se rend à l’Assemblée nationale, où il est
attendu par la commission de la Défense et des Forces armées. Il répète ses
arguments devant les députés, en les complétant par une saillie de son cru, le
fameux « dérapage » préparé à l’avance, comme promis : « Je ne me laisserai pas baiser comme ça »
lâché à la fin de son audition.
Aussitôt, ces propos sont repris en boucle, l’Élysée lui reproche de
s’être exprimé « publiquement », ce qui est bancale puisqu’il parlait à huis
clos et avait insisté devant les députés sur l’exigence de discrétion, mais peu
importe : c’est « la combine » et c’est le journal La Tribune
qui sort la « fuite » en premier.
La tension monte alors, même si rien ne transparaît durant la journée du
lendemain, lorsque « Devil-Y’est » participe comme si de rien n’était aux
cérémonies entourant la visite à Paris du président américain Donald Tremp.
Mais « Makarond » en profite pour « marquer le coup » :
au lieu de contester politiquement les positions du premier des militaires
français, il va choisir de lui répondre à un double niveau. D’abord en lui
faisant un procès en insubordination, ensuite en l’humiliant publiquement
devant le front des troupes.
Ce sera fait en début de soirée le 13 juillet, lors de la traditionnelle
cérémonie publique à l’hôtel de Brienne, en présence des plus hautes autorités
militaires, des attachés de défense étrangers, de l’homologue américain de « Devil-Y’est
», Joseph Dunford, des représentants de toutes les unités défilant le 14
juillet sur les Champs-Élysées, des blessés des armées, des familles de soldats
morts sur le terrain, des parlementaires, etc. Les chaînes d’info avaient été
prévenues dans l’après-midi de ne pas louper ce « passage au trapèze » (se
faire réprimander), comme en disent les militaires.
Et pour cause : dans un discours qui, par ailleurs, expose ses
intentions en matière de défense – qui du coup passeront inaperçues –, le chef
de l’État et chef des armées s’en prend avec virulence, et sans le nommer, à « Devil-Y’est
» : « Je considère pour ma part qu’il n’est
pas digne d’étaler des débats sur la place publique. J’ai pris des engagements,
je suis votre chef. Les engagements que je prends devant les concitoyens,
devant les armées, je sais les tenir et je n’ai à cet égard besoin de nulle
pression, de nul commentaire. »
Et d’ajouter, comme si « Devil-Y’est » pouvait être soupçonné d’avoir contesté l’autorité
présidentielle : « J’aime le sens du
devoir, j’aime le sens de la réserve qui a tenu nos armées là où elles sont
aujourd’hui. Et ce que j’ai parfois du mal à considérer dans certains secteurs,
je l’admets encore moins quand il s’agit des armées. De mauvaises habitudes ont
parfois été prises sur ces sujets, considérant qu’il devait en aller des armées
aujourd’hui comme il en va de nombreux autres secteurs. Je le regrette. »
En fait, à la surprise générale, il extériorise la peur rétrospective de
« son attentat » du 11 au soir.
Il s’est senti si vulnérable, si abandonné, si trahis…
Il ne faudra alors plus que quelques jours pour que le chef d’état-major
des armées tire, cette fois-ci officiellement, les conclusions logiques de
cette attaque marquant de manière irrécupérable la perte de confiance du chef
de l’État, et rende son képi, le 19 juillet. Mais il n’en sera pas quitte pour
autant de la vindicte élyséenne.
Lors d’une visite sur la base aérienne d’Istres, le 21 juillet, le
président de la République bientôt déguisé en aviateur et à sa demande dans une
tenue de vol moulante, lancera une nouvelle pique inutile : « Nous méritons collectivement mieux qu’un tel
débat (…) Les discours de défaite ne
sont pas à la hauteur des armées et de ce que vous êtes. »
Juste avant que le porte-parole du gouvernement, qualifie le général
démissionnaire de « poète revendicatif
».
Là, c’est beaucoup à entendre pour bien des officiers généraux qui savent
tout le soin que leur chef démissionnaire apportait à son
« travail sur les chiffres »…
Loin, très loin du débat légitime sur les moyens alloués aux armées pour
conduire des missions qui les conduisent à constamment dépasser leurs capacités
et les moyens qui leur sont alloués, la volonté de blesser l’homme à terre jusqu’au
cœur de ses convictions est alors manifeste.
Et en écœurera plus d’un : c’était parfaitement inutile, même pour un
chef « qui veut être chef ».
La sortie de crise sera actée un peu plus tard par le successeur du chef
démissionnaire, qui continue de prendre ses marques et de porter une attention
vigilante à la préparation de la future loi de programmation militaire, tout en
gardant la même « ligne » que son prédécesseur. « Devil-Y’est »,
dont le livre caracolera en tête des ventes, multiplie les conférences et les
interventions médiatiques, qui ne sont pas toutes du goût de ses anciens subordonnés.
Quant à « Makarond », il est revenu sur cette affaire dans son
interview au Point, sans rien lâcher de sa vindicte ni du procès en
insubordination, quitte à citer le général de Gaulle pour évoquer « un système – voulu par un homme dont la
formation première était militaire – où l’autorité militaire rend compte à l’institution
civile et politique et non le contraire, c’est le sens de nos institutions.
(…) Si je n’avais pas réagi comme je l’ai
fait, les mêmes auraient dit que j’étais un chef des armées faible. (…) Les armées ne font pas ce qu’elles veulent,
elles ne sont pas autopilotées. »
Cette vision de « Makarond » sera retenue comme étant au cœur de
l’affaire, ainsi que le secrétaire général de l’Élysée, aura pu le confirmer au
Figaro, dénonçant « l’idée qu’on puisse
imaginer revenir sur un arbitrage du président de la République en organisant
la pression. On n’est plus sous « Landau ». »
L’affaire de l’attentat raté aura été consciencieusement enterrée,
oubliée, ostracisée. Ça ne s’est jamais passé.
Pour les « analystes », c’est dans cette présentation tronquée que
se trouve sans doute le nœud de la crise, entre deux hommes qui auraient pu s’entendre,
si le président de la République n’avait pas choisi de casser un militaire pour
asseoir une autorité nullement contestée. Et si le chef d’état-major des armées
avait compris que des promesses de campagne, surtout faites aux armées, n’engageaient
pas un président de la République une fois élu.
D’après le président de la commission de la Défense de l’Assemblée, c’est
« un gâchis, une incompréhension, un
blocage. Après l’élection, « Devil-Y’est » n’a pas vu qu'il n’avait plus
la même personne en face de lui. Et le Président n’a pas perçu sa détermination
! »
C’est ainsi que les « secrets de Charlotte » auront été
savamment enterrés, bien profondément.
L’ordre règne à nouveau autour du pouvoir… « en marche » vers
son destin.
Jusqu’au prochain opus de « I-Cube ».
Faut-il le faire taire définitivement avant ?
« Ultime récit » est mis en ligne en août et on y découvre que
« Charlotte » a une toute autre importance que celle d’un
« agent-très-spécial » : si l’on en croit l’auteur, il aura
voyagé jusqu’aux confins de l’univers, dans un futur lointain et qu’il
« sait » donc ce futur.
Voilà comment il a pu être présent dans les appartements privés du Président
au bon moment pour sauver la vie du président nouvellement élu.
Une histoire « incroyable » mais pourtant tangible : ni
« Charlotte », ni « I-Cube », ni aucun de tous les autres
ne sont donc plus perçus comme des « obstacles », mais
indubitablement comme des alliés objectifs qui, de plus et au moins pour
« Charlotte », savent.
Et si « Charlotte » sait comme il a su le montrer, c’est grâce à
« I-Cube ».
Dans ces conditions, on ne peut que laisser tomber le « projet-homo »
dont ils ont pu être la cible.
Et Makarond ne refera pas la même bêtise avec son nouveau
chef-d’état-major…
À la mi-juillet, le capitaine « Haddock » ne s’étonnera même pas
de ces suites-là qu’il découvre, comme tout le monde, dans la presse. Ça
l’amuse, même.
« Il est quand même incroyable,
« Charlotte ». Peut-être faut-il que j’en parle à I-Cube. »
Son épouse, « la Baronne », l’en dissuade : « Tu crois qu’il a besoin de toi pour savoir
toutes ces choses ? »
Attendons donc sa publication estivale pour en savoir plus…
« Oh… il a toujours eu un an de
décalage. Ça m’étonnerait qu’il en parle alors que la fumée n’est pas encore
dissipée. »
Il ne peut pas s’empêcher de s’en ouvrir à I-Cube par voie de courriel.
En réponse il reçoit un message précisant qu’il y aura une suite à
l’épisode de l’été, « Ultime récit », qui est déjà programmé pour le
mois d’août, prêt à apparaître en ligne, quoiqu’il arrive.
Il faut dire que sur son blog, les choses se précisent sur les détails de
l’environnement de « Makarond », notamment à propos du
« LLC-Providence » [1]
dont tout le monde ignore d’où il a pu tirer de telles informations. Il ira
jusqu’à pousser la coquetterie à publier cinq extraits au mois de décembre 2017
[2]
comme d’un défi à « l’autorité-jupitérienne », relatant les détails
« cachés » de la campagne de l’actuel président, sorti de
pratiquement nulle part, hors le « chapeau » de la magie des
« mains invisibles ».
Les « Maîtres du monde » qui font émerger les prémices du
« monde d’après »…
Très au courant, finalement.
Haddock ne lui donnera donc aucune piste sur le vol Caen-Lausanne :
on verra bien s’il savait ça aussi !
L’urgence, pour « Makarond », c’est de vérifier que les
sécurités autour de sa personne, de son épouse et de sa famille , en plus de sa fidèle et efficace garde-rapprochée personnelle, ont été renforcées.
Hors bains de foule et chefs d’État et de gouvernement, personne ne peut
désormais l’approcher sans avoir été dûment « fouillé », quitte à
froisser. Et encore, même les bains de foule, n’approchent que des gens triés,
fichés, identifiés, fouillés au corps, même à l’occasion de visites de salons.
L’autre urgence, c’est de « transformer » : il pourrait ne
pas avoir le temps de faire passer les réformes pour lesquelles il est arrivé à
ces fonctions. Une chance historique à ne pas manquer, en retour des exigences
de ceux qui l’ont porté au pouvoir.
Chaque ministère doit donc, hors la loi sur la moralité de la vie publique
qui sera débattue, sortir à l’arraché des textes des ordonnances sur tous les
sujets : pas une semaine sans annonce. Sur tous les sujets, ceux « en
profondeurs », ceux d’actualité qui émergent au fil du temps, tout doit
faire l’objet d’un projet de texte et d’une série d’annonces en amont.
L’autre urgence, c’est le successeur de « Devil-Y’est ». Ce sera
« LePeintre », comme suggéré par « Charlotte ».
« Makarond » n’ose pas aborder avec lui le sujet d’élargir la
liste des « homos » : une fois suffit et les
« frères » lui ont balancé depuis le mois de juin une bordée de
rappels en tous genres.
Au contraire, il fait faire un dossier sur « Paul de Bréveuil ».
Enfin, de ce qu’en savent les services de la République. Un
« X-Sup-aéro », pilote de chasse de l’aéronavale (d’où un premier
message à Istres. Il avait déjà rendu hommage aux marins à bord du « Le
Terrible », un SNLE rejoint en hélicoptère au large dans le Golfe de
Gascogne le lendemain de son discours devant le Congrès), industriel dans une
sous-filiale de poudre et munition où il avait démantelé une affaire
d’espionnage [3],
quelques affaires de « basse-police » préalables où il s’était affirmé
comme « honnête et loyal ». Puis sa participation à l’opération
« Isidore » [4], un peu touffue. Le démantèlement de de la fondation du professeur Edmond
Risle, l’interception du terroriste qui menaçait Londres d’un attentat à la munition nucléaire
le soir de l’ouverture des JO de 2012 [5]
et surtout, la Cisa et son logiciel BBR qui lui avait rendu tant service…
Quant à la balle extraite du cadavre de « Mourad », ainsi que
l’étui de calibre 11.43, c’est bien la même arme qui aura déjà servie à deux
reprises en Normandie, autour du site où le capitaine de frégate de réserve a
une propriété.
Effectivement, un « sacré-calibre », un
« intouchable » : Makarond n’avait pas bien dû comprendre les
instructions reçues de ses mentors en leur temps. Il faut dire aussi que
ceux-là avaient parlé par allusions : Parer toute révélation inopportune…
Pour sceller la paix, alors que le bonhomme est déjà décoré comme un sapin
de Noël par les alliés de l’Otan, il prévient « LePeintre » qu’il
aimerait bien le voir sur une prochaine promotion de la Légion d’honneur, au
moins au grade d’officier.
« Et s’il pouvait être promu à
un grade supérieur en qualité de réserviste de son arme, ce serait parfait. »
Incompréhension de son nouveau chef-d’état-major : en principe, ce
type de décision est du ressort du ministre compétent, mais si tel est le désir
du Président, il en sera fait selon sa volonté.
C’est comme ça que Paul de Bréveuil se retrouvera
capitaine de vaisseau de réserve dans la Royale quelques mois plus tard. Cinq
sardines-or sur les épaulettes
(3) Cf.
« Ardéchoise, cœur fidèle », à paraître aux éditions I3
(4) Cf.
« Opération Juliette-Siéra », sommaire (http://flibustier20260.blogspot.fr/2010/07/operation-juliette-siera-00.html),
publié aux éditions I3
(5) Cf.
« Parcours olympiques », sommaire (http://flibustier20260.blogspot.fr/2013/09/parcours-olympiques-sommaire.html)
publié aux éditions I3
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