Chapitre quarantième-huitième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Leur dernier vol en commun, c’était « autour du monde » à bord
du « Nivelle 002 ». Le premier, c’était à bord du « Nivelle
001 », pour une escapade insensée puis deux autres à bord du même engin pour
un record de légende et un vol de cinglé en rade de Toulon Ils en avaient fait un autre à bord de
l’hydravion de Paul, sur l’Algérie pour aller libérer Florence (la mère des
enfants de Paul) de ses ravisseurs : un « truc » de fou, où
Haddock avait croisé pour la seconde et dernière fois de sa vie un OVNI [1].
La première rencontre avait eu lieu au-dessus de Paris dans les années 1990,
attestée par un contact radar des contrôleurs du ciel, ce qui est rarissime…
L’occasion de refaire le point.
Point de vue santé, Haddock ne va pas très bien. Il supporte difficilement
les poisons qui doivent tuer son crabe. Il a eu une alerte aux
métastases : chose curieuse, celle repérée au cerveau avait provoqué la
programmation d’une intervention chirurgicale au CHU de Caen avec un engin
chirurgical tout-à-fait novateur. Mais une fois sur la table d’opération, la
machine a été incapable de retrouver la zone où intervenir : la
« pustule » suspecte avait totalement disparu entre-temps !
Étonnantes les défenses naturelles de l’organisme…
Mais il est « ok » pour un vol « sans histoire » entre
Caen-Carpiquet et Lausanne, au niveau 240 : une promenade.
Ça, c’est après que Paul ait expliqué ce qui se tramait au palais de
l’Élysée.
« Ce n’est pas bon du tout… »
C’est le moins qu’on puisse en dire. Et Paul lui explique qu’après une
montée en altitude, ils passeront à proximité de l’espace aérien de
« Paris-centre », moment où lui sautera pour une chute-libre nocturne
qui va le conduire sur l’aile est dudit palais.
Son plan consiste à pénétrer à la faveur de la nuit finissante par
l’escalier de service situé au-dessus des appartements présidentiels à travers
les combles aménagées en bureau mais désertés en fin d’après-midi. « Le couple présidentiel se sera envolé pour
Genève dans la soirée pour aller défendre les couleurs de Paris au JO de 2024.
Normalement, c’est une affaire bouclée, puisque son seul concurrent, Los
Angeles, se porte candidat pour 2028… » et que la décision est
acquise.
« Allons bon ! Encore des
tracas pour les parisiens… J’imagine que vous avez déjà prévu une solution
d’exfiltration… »
Pour les jeux ou pour l’opération « Mourad » ?
Une descente par la façade, rue de l’Élysée. « Un de mes gars (Marion) m’attendra
en voiture et je dégage en Normandie par le train. Vous, vous allez tout droit,
sans changement de cap inopiné et suspect hors du plan de vol déposé. Vous
aurez eu le temps de visiter Lausanne et vous rentrerez dans la semaine à Caen
après avoir fait visiter la ville à votre épouse, qui nous accompagne, histoire
de veiller sur le pilote automatique au moment de refermer la porte de
l’hydravion derrière moi… »
Seulement si elle le veut bien : Lausanne, elle connaît déjà…
Il n’y a pas que Lausanne dans le coin : « Il y a de très jolis paysages alpestres où vous ne l’avez pas déjà
emmenée. Vus du ciel, ils sont, paraît-il, magnifiques… »
Pourquoi pas ?
« Mais dites donc, qu’en dit
mon ami « I-Cube » ? Il rapportera une nouvelle fois cette
aventure ? »
Bien sûr ! Il est né pour ça et uniquement pour ça…
« Comment ça ? »
Là, il faut que Paul explique à Haddock : il n’aura plus jamais
l’occasion de le faire.
« Je ne sais pas par quoi
commencer, commandant. Vous vous souvenez ne notre première rencontre à
Malaga ? » [2]
Bien sûr : il participait à une conférence sur les mondes aliens.
« Un épisode
« qu’I-Cube » - qui était seulement « carré » à l’époque –
a relaté dans le détail, pas trop mal, dans son premier ouvrage,
« Opération Juliette-Siéra »… »
Absolument.
« Vous souvenez-vous de la
façon dont vous vous êtes « rencontrés », lui et vous, sur le
web… ? »
Bien sûr : « Quelques
échanges sur divers blogs de l’époque, je ne me souviens plus lesquels. Il
devait y avoir celui d’un certain « incognitoto », le site de
l’ex-banquier « Plèbe-Beaux ». On était en amont de la campagne
électorale de 2008. Et puis il y a eu des posts étonnants sur son site dans
l’été 2008, une histoire de « paradoxes temporels » dont il a toujours nié être l’auteur, ce qui
m’a intrigué… et je n’étais pas le seul à l’époque. »
Et pour cause : « C’est
moi qui les ai inventés. »
Pardon ?
« Il a toujours prétendu qu’ils
avaient remplacé ceux qu’il avait prévus pour la période de ses vacances et que
depuis, il ne pouvait pas les supprimer. »
Et pour cause… « Puisque c’est
moi qui les ai mis en ligne… plus tard, mais antidatés. »
Mais comment ?
« Simple. Vous avez dû suivre
ses publications de l’été dernier. »
Oui, un truc compliqué qui remonte le temps qu’il dit avoir bâti à coup de
recherche de documentaliste.
« Exact. Mais inspiré par
qui ? Je vous explique. Le premier contact, c’est nous qui l’avions eu.
Sans qu’on sache ni l’un ni l’autre où cela allait nous emmener. Le
« I-Cube » n’a pas été trop long à convaincre d’en faire une petite
nouvelle relatant nos « moments » du … moment, par simple suggestion
et quelques bribes d’information lâchées sur sa boîte à courriel. Vous-même y
avez participé en alertant vos propres réseaux de veille d’UFO à propos de ces
posts-là, souvenez-vous. »
Il ne se souvient plus, mais c’est peut-être ça…
« Ce qui a également été le cas
pour ses autres opus, mais par d’autres canaux. Où vous aurez noté qu’il en
devient de plus en plus « éclairé » voire visionnaire à décrire des
« mains invisibles » dans le détail et œuvrant dans l’ombre, au fil
des épisodes. Je m’en étais ouvert à vous en baie de Seine [3].
Et depuis, vous participez sans le savoir
à l’inspirer au fil du temps.
Des « mains invisibles » qui
viennent de notre futur. »
Paul avoue qu’il a eu du mal à l’admettre, mais que depuis, il s’est passé
des choses nouvelles.
« Pour tout vous dire, cet été,
il va mettre en ligne ce qu’il croit être son dernier roman. Lui aussi est
atteint d’un cancer, le même que le vôtre, et il se sait condamné par la
science. Ce sera son « ultime récit » [4]
comme il dit, qui va apparaître cet été et
va relater au moins pour partie mon « voyage vers le futur » lointain. »
Un futur lointain, inestimable.
« Comment ça ? »
s’interroge Haddock.
Comment, Paul ne sait pas, mais inestimable en ce que Paul aura pu
découvrir l’avenir, de la planète et de l’espèce, à travers les livres
d’Histoire du futur : cinq ans enfermé dans l’espace infini avec des
mutants qui inaugurent les voyages jusqu’aux confins de l’univers – même pas ni
connu ni visible -, ça laisse du temps pour découvrir jusqu’à sa propre
nécrologie !
Invraisemblable…
« Oui, certainement pour notre
environnement scientifique actuel. Mais ce n’est pas important. L’important,
c’est que j’aurai l’occasion de le « guider » vers les événements du
moment. Un petit commentaire sur son blog dans les semaines passées, un petit lien
sur sa boîte mail et il fera le reste. Je l’ai ainsi mis sur la piste d’un blog
de façon anonyme pour vous éclairer sur la fortune de notre nouveau président,
par exemple [5]. Il en a fait un post qui fera un tabac – même
si c’est tout relatif chez lui – pour être repris par plusieurs autres sites au
fil du temps.
Du coup il fera une suite à son
« ultime récit » l’été prochain, suite que je pourrai lire dans le
futur proche, pour le connaître déjà dans un futur lointain dont je suis revenu
depuis.
C’est comme ça que nous tournons en
boucle tous les deux : je fais, il écrit, met en ligne, et bien plus tard,
je lis et découvre. Ainsi, revenu à notre époque je me contente de de faire
« comme que c’était écrit plus tard »… en osmose, quoi. »
Un « héro de littérature » qui a besoin de son créateur-auteur
pour survivre ?
« Bien raisonné, captain ! »
« Mais je ne dirai pas ça
tout-à-fait comme ça. Même si ça peut être le cas de mon point de vue,
naturellement. Lui a l’impression d’être un génie, capable de
« décoder » des réalités opaques sous le déferlement de l’actualité –
il appelle ça les « fils rouges », les « signaux faibles »
et pense utiliser la « méthode hypothético-déductive » que vous lui
avez un jour décrite – alors qu’en fait, c’est moi et, dans une moindre mesure,
finalement vous aussi, qui lui suggérons ce qu’il a à écrire et laisser ses
posts comme traces que j’utiliserai ensuite au fil du temps ! »
Incroyable, vraiment extraordinairement incroyable…
« L’avenir existe et est déjà
tracé, alors ? »
Au moins jusqu’au moment où « I-Cube » est de ce monde, ensuite,
à travers l’Histoire avec un grand « H » et les dossiers que Paul
avait pu consulter en toute liberté, jusqu’à son propre décès.
« Mais ce sont des fous, vos
poètes de l’avenir : il laisse intervenir le futur dans le passé ! »
Ils l’ont toujours fait : « Noter
que l’hypothèse confirmée est que notre futur guide l’humanité, à petites-doses
passant inaperçues, vers lui-même et sa technologie des voyages sur la flèche
du temps. Souvenez-vous, nous en avons déjà parlé, et ça se confirme. »
Et comment ils font ça ?
« Ah ça, je n’ai pas tout bien
compris dans le détail. En revanche, l’hypothétique technologie de vaisseaux
qui suspendent l’écoulement du temps à travers la corrélation des spins de
neutronium, je peux vous dire que c’est bien du réel, comme décrit dans
« Paradoxes temporels » [6].
Et si j’ai bien compris des voyages sur
la flèche du temps, il s’agit seulement d’équations relativistes appliquées au
monde de la physique quantique, moyennant quelques progrès et découvertes,
naturellement, qui existent déjà dans celles que nous connaissons actuellement
et demandent seulement à être compléter. »
Mais encore ?
« Je n’ai pas à vous le dire,
mais c’est assez simple à concevoir : le temps y est toujours traité, à
notre époque, comme d’une donnée toujours « positive », univoque. Or,
vous pouvez très bien l’inverser, au moins dans les dites équations, sans que
ça ne chamboule toute la connaissance de l’univers. Au contraire, ça
l’enrichit.
C’est juste que pour l’heure, à part
quelques esprits éclairés de l’astrophysique, notamment cet anglais cloué sur
son siège à roulette pour cause de maladie de Charcot, qui d’ailleurs ne lui
donnait qu’une espérance de vie de quelques mois alors qu’il y survit depuis
des décennies, explore seulement une physique où les deux signes, positif et
négatif, de l’écoulement du temps sont possibles. Et c’est fécond pour la
science. »
Mais pas seulement au sens linéaire du futur vers le passé.
Comment ça ? Haddock est complétement perdu…
« L’espace a bien trois
dimensions, d’après nos sens. Et pourquoi donc pas le temps, lui aussi ?
Les q-bits vont bien faire leur entrer dans l’informatique, avec l’introduction
des nombres complexes dans les intrications plusieurs dimensions que le 1 ou le
0. Impensable il y a seulement dix ans et pourtant ça marche. Alors donc, pourquoi seulement un seul
signe plus et un seul signe moins… ? »
Vertigineux !
« Mathématiquement
incontournable… Mais revenons à nos moutons.
Ce soir, on picole la bouteille que je
vous ai apportée. Demain soir on décolle de Caen, en famille. Je saute sur les
toits de l’Élysée où je passe le reste de la nuit et de la journée de mardi. Je
m’introduis dans l’appartement présidentiel ce soir-là alors que le couple
revient de Suisse. Il rentre mardi dans l’après-midi. Dans la soirée, un commis
de cuisine radicalisé en douce fera son entrée pour maîtriser l’épouse du
président qui rentre pour dîner. Je laisse faire, il ne lui arrivera rien de
fâcheux, sauf à avoir eu la trouille de sa vie et une bosse sur le crâne. En
revanche, quand le Président lui-même remonte la rejoindre après avoir bouclé
sa journée de travail, j’abats au silencieux leur agresseur et je lui fais
cracher la promesse de vous laisser en paix ainsi que nos
« petits-camarades », moyennant notre silence sur « les
affaires » et la restitution des fonds de la République pour financer un troisième
plan d’investissement pour l’avenir. Avec les queues des détournements de
« Thierimant » de 1991, qui
servent aujourd’hui à écraser les taux des emprunts d’État. »
Pas question, s’insurge Haddock : « La Vérité doit être connue du grand-public ! On vit depuis un
quart de siècle dans une pourriture d’État-mafieux fait de compromis, de
mensonges, de meurtres en série, de détournements honteux et d’attentats. Le
pays mérite mieux que ça ! » s’emporte-t-il.
Réaction parfaitement prévisible, sauf peut-être … la « véhémente
conviction » qui transparaît et s’exprime jusque dans le ton et le
dire !
« Commandant, ce n’est pas à
nous de faire la lumière sur ces faits. D’autres s’en chargeront mieux que nous
et en plus, en temps voulu. Là, ce serait contre-productif.
Admettons qu’on ne fasse rien et qu’on
laisse Mourad abattre le président, on fait quoi ensuite ? On repart pour
un tour de vis anti-islamique avec pleins pouvoirs pour l’exécutif pour un coup
de force ?
Vous croyez que les islamistes n’auront
pas l’occasion d’en remettre une couche pour y parvenir ? »
Une stratégie vieille comme le monde : la population civile espagnole
exécutait des soldats isolés des armées napoléoniennes, la résistance
assassinait les soldats de l’Allemagne nazie qui exécutaient en représailles des
otages raflés. C’était déjà pour pousser le peuple à se soulever contre
l’envahisseur. Quand « Action-Directe », la fraction armée-rouge, les
brigades-rouges faisaient exploser des bombes à l’aveugle, c’était pour pousser
l’état-bourgeois à adopter des lois liberticides qui devaient révolter ladite
bourgeoisie attachée à la liberté et le prolétariat exploité ainsi poussés à l’insurrection
et in fine, à la révolution.
Quand l’ETA, l’IRA, septembre-noir, le Fatah, El-Qaïda faisaient péter la
poudre, c’était également pour provoquer l’état-de-droit, l’ébranler jusque sur
ses fondements en prenant en otage les populations terrorisées, à charge pour
elles de faire réagir leurs dirigeants politiques.
« Daech, Boko Aram ne font pas
différemment, sauf que par effet de boomerang, si des lois liberticides sont
votées, elles sont réclamés par l’opinion publique et non pas rejetées et que
les « politiques » vont pilonner des territoires lointains, portant
la terreur de la guerre-totale contre des populations prises en otage, sur
place, chez eux, par les mêmes terroristes. »
Alors il veut quoi, le Capitaine Haddock ? Un
État totalitaire ?
(1) Cf. « Mains
invisibles II », chapitre VIII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/08/chapitre-viii-liberation-de-florence-25.html)
publié aux éditions I3
(2) Cf. « Opération
Juliette-Siéra », chapitre IX (http://flibustier20260.blogspot.fr/2010/08/operation-juliette-siera-ix.html)
publié aux éditions I3
(3) Cf. « Mains
invisibles II », chapitre XXXII (http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/09/chapitre-xxxiii-haddock.html)
publié aux éditions I3
(4) Cf. « Ultime
récit », sommaire http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/09/ultime-recit-chapitre-zero.html,
publié aux éditions I3
(6) Cf. « Paradoxes temporels », à
découvrir également en ligne (http://flibustier20260.blogspot.fr/2008/08/paradoxes-temporels-121.html)
mais non publié aux éditions I3
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