Chapitre quarantième-septième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Les législatives ? Un vrai raz-de-marée,
finalement. Partis de rien, les députés de la majorité présidentielle ont
certes été « pré-adoubés » à l’occasion de leur engagement lors de la
présidentielle. L’argent coulait à flot pour soutenir le mouvement et la
campagne du temps de la présidentielle. En revanche, il n’y en a plus pour les
législatives. C’était prévu.
C’est pour cette raison qu’ils ont été
sélectionnés : non seulement chacun devait signer un engagement
quinquennal de voter les textes (et amendements) retenus par le gouvernement,
il devait aussi avoir été actif lors de la campagne présidentielle, actif et
utile, mais ils devaient surtout pouvoir mobiliser 30.000 euros sur fonds
propres (ou en emprunt personnel).
30 K€, s’il était élu, c’est 6 mois d’indemnités
parlementaires au tarif du moment. Plus des remboursements de frais, à l’époque
forfaitaire, pour leurs frais de secrétariat, de permanence, de déplacements et
de double-résidence…
En décembre, ils seront tous rentrés dans leurs
comptes, leur affirmait-on.
Et de prendre le risque financier à titre personnel en
cas d’échec à l’élection dans leur circonscription-de-parachuté…
Dans la réalité, ce n’est pas tout-à-fait comme ça que
ça s’est passé… Les remboursements « forfaitaires » des élus se sont
transformés en « sur justificatifs » et ont été plafonnés… Les
« recettes-annexes » de la fonction ont été interdites, hors les
droits d’auteur sur des bouquins à venir (s’ils avaient le temps de les fournir)…
L’indemnité parlementaire n’a pas été revalorisée et
les remboursements de frais de campagne n’ont pas été à la hauteur de leurs
espérances.
Parce que l’État, dans son immense générosité ne
rembourse qu’environ la moitié des dépenses plafonnées, quand les comptes sont
bien tenus et qu’il n’y a pas de dépassement constaté, mais de toute façon,
bien plus tard…
En fait le plafond de 30 K€ est poreux, dans la mesure
où chaque bulletin de vote recueilli représente aussi 0,15 € de subvention, qui
vont pour partie au parti et pour partie, dans les grandes circonscriptions, au
candidat finalement élu. À charge pour le parti d’aider leurs élus : c’est
la règle républicaine.
Et chez les « en marche », les instances
partisanes auront fait l’impasse, préférant prendre en charge les frais déjà
engagés par des candidats qui ont été sommés de se retirer au dernier moment…
D’où une certaine « colère » de
quelques-uns, d’autant qu’à ce moment-là, plus personne ne comprend le
« jeu de pouvoir » qui porte au perchoir un écolo plusieurs fois
reconverti, telle une girouette prise de folie dans les tourbillons d’une
tempête… Ça râle d’autant mieux que personne n’a pensé à faire rentrer dans le
calcul financier l’impact de l’impôt sur le revenu ni la CSG revalorisée…
Un an plus tard, l’engagement politique reste aussi un
« engagement financier » important.
Comme prévu par Paul, Gustave suit donc de loin les premières heures du
nouveau quinquennat et note la confirmation du général « Devil-Y’est »
à son poste. Ça le rassure tout en l’inquiétant. Car le reste, il l’apprendra
plus tard et par la bande, via sa fille restée à la tête de la Cisa qui garde
le contact avec quelques « autorités » et sa belle-mère à Marciac.
Une des crises rapportée reste le budget des armées. « Devil-Y’est »
veut « sanctuariser » ce qui a été obtenu de haute lutte avec
« Landau ». C’est un oui de principe, mais étalé dans le temps :
« Makarond » fait d’ailleurs des déclarations tonitruantes à ce
sujet, qui provoquent l’inquiétude du Parlement tel qu’ils veulent entendre le
Chef des armées sur les besoins des troupes.
Ce que retiendra la presse qui va bénéficier de fuites-téléguidées.
Ce qu’elle ne saura jamais, c’est que le nouveau Président veut le
contrôle des opérations « Homos » et décider de lui-même des cibles
prioritaires à abattre.
À la centaine partagée avec toutes les forces de l’Otan, il en rajoute six :
« Charlotte », « I-Cube » son biographe clandestin, Gustave,
« Haddock », son avocat maître « Rouflaquette » et
« Basanix » !
Étonnement du chef d’état-major.
Des citoyens français, semble-t-il (il connaît personnellement
Morthe-de-l’Argentière, un contre-amiral croit-il se souvenir, de seconde
section, mais pas les cinq autres, même si les « services » ont probablement
des dossiers sur eux) et il s’enquiert des motivations du président…
« C’est mon choix ! Et il
est irrévocable » rajoute-t-il sur un ton qui n’admet pas moindre la
contradiction.
Stupéfaction de la part du général : jamais les forces armées n’ont
participé à l’élimination de citoyens français. C’est soit de la compétence de
la police, soit celle de la justice, sauf, non pas en état d’urgence (le pays y
est encore jusqu’à la prochaine loi antiterroriste), mais en « d’état-de-siège »
ou de loi martiale décrétée en conseil des ministres.
On n’y est pas encore, lui semble-t-il…
Et de lui faire la leçon quant au fonctionnement d’un des secrets le mieux
gardé du pays : « En aucun cas
c’est au Président de la République de choisir les cibles à neutraliser. »
Il est pourtant constitutionnellement le chef des armées…
« Naturellement. Mais il faut d’abord
et institutionnellement penser à protéger, préserver, votre fonction
présidentielle. Les choix sont donc arrêtés en amont par les officiers du
renseignement. Ne vous revient seulement que l’ordre politique d’exécution
d’une opération déjà préparée. Et vous pouvez refuser. C’est de votre
autorité... constitutionnelle. »
En fait le Président ne choisit rien quant à l’ordre de tir de la moindre
munition engagée et mise à disposition des forces armées. Il décide seulement
d’autoriser ou de ne pas autoriser leur emploi, y compris en matière de
dissuasion nucléaire.
« Et il est de notre devoir de veiller
qu’au sein des troupes aucune action entreprise ne soit pas légale. Il ne
viendrait jamais à l’esprit de quiconque d’exécuter un ordre qui serait
illégal. »
Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi et jusque sur les plages corses,
faisant ainsi allusion à la paillotte « Chez Francis », incendiée par
des gendarmes sur ordre du préfet succédant à Érignac…
« Justement,
« Bonne-née » a été condamné pour cet épisode
« hors-la-loi ». Notre devoir et notre fonction est que cela ne
puisse jamais se reproduire. »
Ce qui ne répond pas à la question quant à l’origine de cette décision.
« Général, je vais être clair
avec vous. Je compte bien rendre ce pays à la fin de mon mandat dans un meilleur
état qu’il n’est quand je suis arrivé à mes fonctions.
Et pour cela, je dois aussi récupérer
des fonds détournés par quelque de mes prédécesseurs. Le pays a besoin
d’argent, vos armées aussi si je ne m’abuse. Il nous faut par conséquent mettre
la main sur ces « agents-étrangers » qui refusent de restituer ce qui
appartient à la République. Vous comprenez ?
D’autant que cet argent sert à
corrompre, ce qui est inadmissible ! » s’emporte-t-il.
Ça chauffe, ce jour-là : c’est que le général a toujours en tête de
valider et consolider les budgets obtenus de haute-lutte sous
« Landau ». Et que justement, il voit arriver gros comme une montagne
que si ce remboursement définitif attendu et réclamé par le nouveau président
n’est pas au rendez-vous, il fera des coupes-sèches dans les programmes des
armées, c’est certain.
Ce qui est curieux, parce que s’il veut parler de l’argent de la division
Daguet, le général « Devil-Y’est » croit savoir que ces fonds sont
disponibles et que le Trésor s’en sert déjà depuis déjà des années comme bon il
en reçoit l’instruction.
Dans l’esprit du nouvel élu et globalement, ces fonds vont servir, non pas
comme d’un refinancement de la dette publique comme il a pu le vérifier et se
le faire expliquer lors de son passage au ministère de l’économie et des
finances, mais à financer les plans d’investissement pour l’avenir lancés par
ses deux prédécesseurs qu’il compte renouveler.
« Il en reste et je lancerai
également un dernier PIA avec ça. Et puis je parle des personnes encore
vivantes qui sont toujours derrière toutes ces manipulations. »
Qui donc ? Il y a des polices financières bien faites pour ça et des
tribunaux et parquets spécialisés qui traitent de ces matières. Ce n’est pas le
rôle « constitutionnel » des armées !
« Et l’aviseur
« Haddock » est sous les verrous ? Et l’agent
« Charlotte » est immortel ? On m’a dit qu’il avait disparu à
New-York et qu’il a réussi à revenir il y a de ça plus de huit mois… »
Non mais, de quoi parle-t-il donc ?
Et pourquoi, se demandera-t-il plus tard, oublier « I-Cube » le
biographe non-autorisé de « Charlotte », dont les services ne savent probablement
pas avec exactitude qui est-ce, même qu’il serait expatrié en Italie ou en
Angleterre, par précaution ?…
« Charlotte » et « Haddock » sont certes connus des
services depuis fort longtemps. Le premier est sous contrôle puisqu’il est
officier de réserve, catalogué industriel habilité au secret-défense, sous
protection depuis de nombreuses années et le second est suivi de loin en
loin et attaqué par son crabe : « Et
ce n’est sûrement pas pour les neutraliser au titre des opérations Homos ! »
s’emporte à son tour le général, outré par la perspective, d’abattre l’un, un
officier marinier, et l’autre, un ancien commandant de bord de l’aviation
civile.
Quant à l’amiral Morthe-de-l’Argentière, c’est un membre encore plus éminent
du corps des officiers généraux. Hors de question de le
« neutraliser » autrement que devant ses pairs réunis en tribunal
militaire et seulement pour haute-trahison…
Les deux autres, il ne connaît pas, mais il sent très mal de devoir donner
l’ordre de préparer l’exécution d’un avocat en exercice ou d’un commissaire aux
comptes : on aurait dans les deux cas les services de la garde des sceaux
sur le dos à museler ou enfumer.
Sans compter la presse aux aguets : bien trop délicat…
Faisant machine arrière, Makarond se calme soudainement : « Je n’ai jamais dit qu’il fallait les « effacer ».
Je veux juste m’assurer que les fonds du peuple de France sont utilisés à bon
escient par nos services régaliens. »
Ils le sont.
« Mais vous souhaitez
rencontrer l’un ou l’autre de ses personnages, je peux vous arranger ça sous
huitaine. »
Il en sera fait ainsi, mais pas à la convenance du Président.
En attendant, le général « Devil-Y’est » s’enquiert des détails
de ce vieux dossier qui pourrissait ses rapports avec le ministre de la défense
depuis le début de sa prise de fonction sous le précédent Président, exerçant
une forme sournoise et perverse de chantage sur les autorités politiques qui en
demandaient toujours plus à l’armée en donnant toujours moins de moyens, même
si le général avait pu sauver l’essentiel au fil du temps.
Pas à la mesure de ce qu’il aurait souhaité, naturellement.
En attendant, ce fol-dingue-là, était capable de tout se croyant sorti de
la cuisse de Jupiter : il faudrait s’en méfier et il se décide à émettre
quelques notes confidentielles à l’adresse de ses propres réseaux d’état-major.
Et en effet, de retour dans ses locaux, au soir, une fois les dossiers du
moment traités et après y avoir mûrement réfléchi, il se décidera en plus à avertir
quelques hommes de confiance.
Il ne sait pas pour « Haddock », mais il sait que Paul de
Bréveuil, alias « Charlotte », est en lien avec des « frères »
américains qu’ils réputent eux-mêmes « intouchables ».
Il s’agit de les avertir du danger que court « l’intouchable »
sans leur aval. Un agent « de fortune » hasardeuse, pilote de chasse
chevronné, mais devenu depuis « agent » très spécial et finançant des
projets high-tech sur ses propres fonds, qui semblent inépuisables depuis la
cession du logiciel « BBR » à Pamentir.
Un officier supérieur de première qualité qui aurait pu avoir ses étoiles
s’il n’avait pas résilié son contrat sous les drapeaux il y a bien longtemps de
ça.
Un homme de toute façon très au fait de la « raison d’État »
qu’il n’a jamais trahi.
Et il y avait bien son CEO à la tête de la CISA, l’amiral à la
retraite : à lui, il pouvait faire savoir les élucubrations du président.
Un homme averti en vaut deux.
Mais il est difficilement joignable en direct. Et quand il sera mis au
courant, celui-là en restera bouche bée : Paul avait, une fois de plus, vu
juste…
Ce sont des « fuites » sur ces contacts, notamment via les
« sphères maçonnes » communes, qui causera la chute du CIMA moins d’un
mois après sa nomination.
Parce que Paul de Bréveuil aura organisé un tour de son cru comme seul lui
sait les concevoir et les exécuter.
Il faut dire que c’est particulièrement osé.
Depuis quelques semaines, si Gustave s’est enfermé à Marciac, portable coupé, une « sphère de sécurité » type « BBR » autour de lui en alerte,
circulent des cartes de crédit au nom des trois identités
« confirmées » de « Charlotte » : la sienne, Paul de
Bréveuil, celle de Ludwig Clément, sis à Genève, à la fois « banquier »
officiel des fonds de la République gérés par Anjo Pisuerga pour encore
quelques temps – parce qu’il va les restituer au Trésor public – Sir Archibald également
gérant en titre du trust « Fondation patrimoniale Charlotte &
Cie » jusque-là également géré par Anjo Pisuerga qui va céder son fauteuil
au cabinet des Lloyds de Lady Joan Thornner sis à Londres et Gérard Dupont, journaliste-aventurier,
qui avait servi à Paul de couverture de photographe « officiel » de
l’AFP lors de « sa virée » en août 1990 au Koweït [1].
Le tout grâce à Laurent qui se déplace en voiture et en train à travers
toute l’Europe continentale, mais jamais en avion…
Une tactique qui a de quoi « perturber » même un logiciel de surveillance
comme le « BBR » de la Cisa, dont la version « 2.0 »
balbutie encore à ce moment-là entre Amsterdam, Cabourg et Reykjavik.
En fait, Paul passe un peu de temps, d’abord à bord d’Eurydice, sa
goélette « tournant » du touriste américain dans les caraïbes, puis
rallie Dakar en avion de ligne depuis Caracas, pour filer aux îles du Cap-Vert
en bateau et de là rejoindre le Portugal.
Du Portugal, il repart en Corse depuis les Baléares, puis de Corse en
Italie par le ferry et d’Italie en Normandie, en voiture de location et par la
Suisse et l’Allemagne…
Un peu conjointement et à contre-pied des déplacements « officiels »
de Laurent.
Le dimanche 9 juillet, il se pointe sans prévenir à Saint-Pierre-en-Port
chez « Haddock » (qui se promène avec son épouse sur la grève, entre
deux séances de chimiothérapie).
Un peu surpris.
« J’ai besoin de vous… »
Où va-t-on cette fois-ci, « sur
la lune ou seulement sur l’ISS ? »
L’humour du capitaine Haddock…
(1) Cf. « Laudato
sì… » chapitre X (http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/07/laudato-si-x.html)
publié aux éditions I3
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