Chapitre quarantième-neuvième
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est
qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout
droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Sans compter les objectifs géostratégiques sur l’approvisionnement en
pétrole des pays occidentaux…
« Oh, là, vous savez, entre le
GIEC, les écolos et les investissements sur de nouvelles sources d’énergie, les
choses vont forcément se transformer. Pas besoin de nous. En revanche ne songez
pas un seul instant que je laisserai une cible si symbolique se faire
assassiner dans ses appartements : trop spectaculaire des carences du pays
! Et puis on sera réduit au silence manu-militari pour sédition dans les jours suivants et l’affaire serait à jamais
définitivement enterrée malgré nos dires et hurlements ! »
Haddock a prévu de faire parler très haut, très fort son avocat en cas
d’arrestation ou d’exécution.
« Il y risque lui aussi sa peau
avant même de pouvoir l’ouvrir. Et puis il a une femme, des enfants, des
petits-enfants. Lui aussi sera soumis ou sera exécuté sans sommation si ça
tourne au vinaigre brutalement. »
Les russes et Daech n’attendent de toute façon que ça pour fragiliser
encore plus l’UE et l’Otan… Ce n’est pas le moment, d’autant que le président
américain si emploie déjà très bien de son côté et sans même le savoir.
« Et puis moi, j’ai ma parole
d’officier supérieur engagée : en rapatriant les fonds détournés par
« Thierimant » sous la houlette de « Krasosky », je me suis
bien entendu engagé au silence absolu. J’avais même prévu de vous dédommager et
d’acheter votre propre silence à travers une dotation à faire au profit de
votre fondation « Euroclipper. »
Il n’a jamais fait sa demande de prime d’aviseur [1],
le rescrit indispensable pour sa fondation n’ayant jamais été délivré par les
services compétents, malgré ses multiples démarches et relances.
« Ils n’ont pas voulu me donner
officiellement raison… »
Le commandant Haddock en a du mal à avaler la pilule…
Toutes ces « évidences », c’est trop fort pour lui qu’il faudra en
ouvrir un second flacon d’ivresse, façon locale : du vieux Calvados.
Les crapules auront donc toujours le dernier mot, alors ?
« Pas du tout, au contraire.
Vous le savez, ils voulaient abattre les institutions. Elles sont toujours
debout un quart de siècle plus tard : échec et mat ! Et c’est tant
mieux… »
Vu comme ça…
Même si ce n’est que provisoire : l’avenir reste encore à écrire et
il réserve bien des surprises.
Les choses se passent comme prévu. Paul saute sous un ciel parsemé de
nuages poussés par le vent d’ouest d’été. Il ouvre son ombrelle à 3.000 mètres
en pleine nuit, au-dessus du quartier de la défense. Il n’a plus qu’à se
laisser porter sur un peu plus de 5 kilomètres en ligne droite, virevolter
au-dessus de la rue Royale pour « prendre le vent » et se laisser
glisser sur les toits de l’Élysée dans un souffle. Sauf qu’il manque de tomber
dans la cour principale en ramassant sa voile noire. Un peu de bruit, mais
rien, aucune réaction des fonctionnaires plantonnant à proximité.
Il faut dire aussi que « Grosse-Ouvre », le confident de l’ombre
du président « Thierimant » ce sera « suicidé » au gros
calibre à proximité immédiate, une arme
qui n’était pas la sienne et qui aura été méticuleusement
« anonymisée » au préalable, sans que les mêmes, du premier régiment
de la Garde-Républicaine, ni les hommes de la gendarmerie affectés à la
protection du palais et du Président, n’aient jamais rien entendu le 7 avril
1994.
« Charlotte » n’a plus qu’à se faire tout petit au soleil de la
journée, pissant discrètement allongé entre deux cheminées et faire la sieste
en restant aux aguets.
Normalement, il n’y aura aucun problème…
La journée de mardi passe. Il sait avoir bénéficié de la baisse de vigilance
de la garde prétorienne, abaissée d’un cran, le maître des lieux étant parti
sur les bords du lac Léman avec quelques « hommes d’élite » en protection
rapprochée.
C’est le moment de se rapprocher de l’aile est du palais, qui surplombe le
« petit-parc » présidentiel, à la gauche du perron principal qui
donne sur le parc arboré en face de la grande grille du fond qui s’ouvre
(rarement) sur l’avenue Gabriel, vers le sud.
Il noue solidement son parachute autour d’une pile de cheminées, celle la
plus éloignée vers le sud, située à flanc du salon particulier du président,
au-dessus du cabinet du secrétaire général situé au rez-de-chaussée : il
n’aura plus qu’à balancer dans le vide les suspentes accrochées au sac et se
laisser glisser jusque sur le trottoir au moment de son
« évacuation ».
Sur le toit, à quelques mètres, une trappe d’accès à l’escalier de service
dans les combles aménagées en bureaux-discrets pour quelques « discrets
conseillers » personnels. La porte d’accès au premier étage est
verrouillée mais Paul la force avec un coup sec du plat du pied, sans faire de
bruit ni trop de dégâts apparents. De toute façon, la chambre à coucher n’y
donne pas directement accès, puisqu’elle est positionnée au-dessus du salon
d’argent alors que la salle de bain l’est au-dessus du cabinet du secrétaire
particulier situé en rez-de-chaussée, donnant sur la rue de l’Élysée :
personne ne passe par-là, hors les femmes de ménages. Et elles n’y reviendront
que mercredi matin, au moment du Conseil des ministres.
Il n’a plus qu’à se positionner dans le salon particulier, derrière une
tenture qui tombe majestueusement jusqu’au sol autour d’une des deux fenêtres
qui donnent sur le « petit-jardin », à l’ouest de l’aile, non sans
avoir vérifié que la chambre à coucher est « clean », sans intrus.
Normalement, Mourad arrive par l’ascenseur, depuis les sous-sols, traverse
la salle à manger particulière du couple présidentiel où il agressera l’épouse.
Et il viendra la ficeler sur une chaise en attendant « Makarond ».
Ça se passe comme il est dit. La lumière fuse dans la salle à
manger : Brigitte arrive, un peu fatiguée par sa journée en Suisse. Elle
passe un coup de fil aux cuisines pour dire qu’elle prendra son repas à
l’étage, dans ses appartements, avec le Président, puis ira se mirer devant le
miroir de la salle de bain, se passera un coup de brosse à cheveux et reviendra
téléphoner à l’un de ses enfants.
Le repas est près : question de minutes.
L’assaillant arrive environ une demi-heure plus tard, en tenue de service
impeccable, précédé d’une petite table à roulette. Elle lui ouvre la porte
sécurisée. Il s’avance, dresse le repas sur la petite table en bordure de
fenêtre, avance deux fauteuils et lui fait savoir que le repas est servi.
Comme elle ne répond pas, il enfile la pièce suivante, passant devant Paul
caché par le double-rideau qui en retient son souffle.
Paul ne voit rien de la lutte qui suit : manifestement, « Brigitte
Makarond », remercie le bonhomme, puis elle crie de surprise. On entend le
bruit mat de la chute d’un corps, puis des bruits de fauteuil qu’on déplace,
celui d’une masse qu’on traîne sur les tapis, et une poignée de minutes plus
tard, la lumière s’éteint dans le salon.
Il faudra encore un petit-quart d’heure pour percevoir les cris étouffés
de la première dame solidement ligotée, s’agitant sur son fauteuil quand elle
revient à elle.
Paul ne bouge toujours pas…
De toute façon, elle a beau faire des efforts dans la nuit qui tombe, elle
ne parviendra à rien : son agresseur refera un tour pour vérifier, silencieusement
et dans le noir, la solidité de ses liens et nœuds.
Et il aura repris son poste d’attente dans la salle à manger.
Jusqu’à ce que l’on entende la porte des appartements s’ouvrir, la serrure
jouant avec un bruit métallique caractéristique des clés codées.
« Makarond » appelle « Bibi !
Tu es là ? », jetant un œil à sa droite sur la table où se dresse
son repas sous cloche avec un chandelier à trois bougies pas encore allumées et…
il se retrouve face à Paul en tenue de plongée en néoprène noir, visage grimé
de noir, qui tire dans sa direction et le chuintement de son 11,43 fétiche
équipé d’un gros silencieux qui étouffe le claquement de la cartouche au moment
même où Mourad, ce sera précipité sur le président, par derrière et depuis sa
gauche, son long couteau de boucher dressé au-dessus de la tête en gueulant « Allahu
Ak… » !
Il n’aura pas le temps de finir sa phrase, fauché dans son élan par une
balle logée au niveau du cœur qui le cisaille.
Stupeur…
Même pas un cri. Le silence est immédiatement retombé, hors la chute d’un
corps dans le dos du président, sorti de derrière le petit-auditorium
présidentiel installé au fond de la pièce.
Paul déguise sa voix avec un vague accent belge des plus prononcé : « Charlotte pour vous servir, une fois, fieu Monsieur
le Président ! »
« Makarond » en reste tétanisé d’effroi : il ne réalise
toujours pas qu’il vient d’être victime d’un attentat…
« Venez par ici, une fois, on a
besoin de délivrer votre épouse… »
Mais, mais… mais finit par balbutier le président. « Que faites-vous ? Qui est ce… ce… ce
type ? »
La première dame est inondée de lumière et malgré cela ouvre des yeux
énormes, soulagée de voir son mari sans aucune blessure, mais paniquée
d’observer la carrure imposante de Paul, tout de noir vêtu, une sorte de machette
dans une main qui va lui servir à trancher les liens de madame, un
gros-flingue, pour cause du silencieux imposant au bout du canon, dans l’autre,
se précipiter calmement et à grands pas vers elle…
« Oh mon chéri… ! »
« Oh ma bibi ! Tu n’as
rien ? »
Ces deux-là s’étreignent, se palpent, s’embrassent, se tripotent à peine
dérangés par la présence incongrue de Paul dans sa tenue de plongeur.
C’est Paul qui stoppe les effusions.
« Fieu ! Vous vouliez me
voir, Monsieur le Président, une fois. Voilà. Et je tombe à pic, il me semble… »
Son interlocuteur n’a pas l’air d’apprécier l’humour
de Paul, sur le moment.
Ainsi donc « Charlotte » existerait bel et bien
et n’est pas encore mort… Et il serait belge.
« Non !
Seulement wallon, une fois, par ma mère. »
À n’y rien comprendre : on lui avait dit que c’était
un officier marinier…
« Mais,
mais, qu’est-ce que vous faites-là ? Comment êtes-vous entré ? Qui
êtes-vous ? »
Les questions fusent au rythme de ses émotions.
« Je viens
de vous le dire, une fois : « Charlotte ». Je crois que vous
vouliez me faire tuer et, fieu, heureusement que ce n’est pas encore le cas :
c’est moi qui viens vous sauver la mise, une fois. Paradoxal, non ? Notez
par ailleurs, foi d’officier, que je rentre comme je veux, où je veux, avec qui
je veux, pour faire ce que je veux et quand je le veux, une fois. La preuve. Est-ce
assez clair, une fois pour toute dans votre esprit ? »
Pas totalement. « Je vais être plus précis, une fois, Monsieur le Président. Je suis
partout et nulle part. Insaisissable, imprévisible. Fieu, je passais seulement
vous avertir que personne n’aura ma peau « sur ordre », vos ordres.
Où c’est moi qui aurais la vôtre, une fois. Que ce soit bien inscrit dans vos
neurones. »
« Makarond » aura l’envie d’appeler sa
garde.
« Ne faites
pas ça, une fois. Ça n’empêchera pas ma fuite, mais ça pourrait déclencher un
carnage dont vous seriez la première victime » fait-il en agitant son
arme. « Or, je viens justement de prolonger votre espérance de vie, fieu… Vous
vouliez me voir ? Me voici ! Qu’avez-vous à me demander, une fois ? »
Le président reprend ses esprits, s’assied enfin sur
le canapé du salon, aux côtés de son épouse. Il commence seulement à prendre la
mesure de la situation.
« Si vous
êtes au courant de tout, y compris de l’heure exacte et du lieu de cet…
attentat, vous devez savoir ce qui nous préoccupe… »
Exact. Il sait tout, même des financements de sa
campagne politique et jusqu’à ses futurs plans politiques, mais ce n’est pas le
moment de faire œuvre didactique…
« Les fonds
seront à votre disposition sous huitaine, une fois, accompagné d’un rapport
détaillé de leur usage depuis l’origine. Je vous propose une fois le compte du
Trésor ouvert à la Banque de France, le seul que je connaisse pour avoir déjà
fait ce type d’opération en 2009 sur ordre d’un de vos prédécesseurs, fieu. Le
rapport vous parviendra par voie postale à votre secrétariat général sous pli
confidentiel. Ça vous va comme ça ? »
Sans contrepartie ?
« Et
lesquelles donc, une fois ? Je ne fais qu’exécuter des ordres reçus par
vos prédécesseurs. Ils ne sont plus là, vous m’en donnez d’autres, je n’ai pas
pour habitude d’être déloyal, fieu ! »
Ah… là, il est un peu estomaqué, le
« gamin »…
« Et le… le
secret, la confidentialité ? »
Quoi s’étonne Paul ?
« Vous nous
prenez vraiment pour des nains, une fois, jeune-homme ! » Paul de
Bréveuil a officiellement deux ans de plus que le Président…
« Ça fait
plus de neuf ans qu’on est une « petite-bande » à être au courant de
tout cela, fieu. Combien ont pu ou seulement eu envie d’en causer ? Non
mais, vous n’avez pas affaire à des amateurs, je vous assure, une fois. »
Bien, dans ce cas…
Et puis, il lui revient en tête des détails. Le
« Capitaine Haddock » et ses alertes éthiques, « I-Cube »
et ses « romans », « Basanix » et son blog : « Ce ne sont pas des militaires comme
vous ! »
Sous-entendu qu’ils ne rendent de compte à aucune hiérarchie,
des électrons-libres.
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