39 – Le plan de « Charlotte »
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de
neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Officiellement, le samedi 12 août 2000, le Koursk est
en exercice en mer de Barents, dans le cadre de grandes manœuvres visant à
montrer au peuple russe que la flotte est de nouveau opérationnelle comme
l’avait promis Poutine lors de son élection.
Selon la thèse officielle, il devait lancer deux
torpilles d’exercice, de type 65-76, plus familièrement baptisées Tolstouchka,
« grosse fille », sur le navire amiral de la flotte du Nord, le Pierre le
Grand, un croiseur à propulsion nucléaire de classe Kirov.
Le système de propulsion des torpilles 65-76 est basé
sur une réaction chimique entre le peroxyde d’hydrogène concentré et l’eau. La
réaction chimique pousse les gaz résultants vers la turbine. Le peroxyde
d’hydrogène est contenu dans un réservoir en métal à l’intérieur de la
torpille. Très corrosif, il impose un entretien très régulier des torpilles,
avec le changement du réservoir de peroxyde si nécessaire. Si un feu lèche
l’enveloppe de la torpille, le peroxyde d’hydrogène se met à bouillir puis
explose. Les mémos de sécurité des arsenaux de la marine donnent un délai
maximum de deux minutes d’exposition au feu avant explosion de la
torpille !
C’est dire s’il faut rester vigilant !
Néanmoins, selon une autre thèse, le peroxyde
d’hydrogène ne serait plus utilisé depuis des années en raison des risques
qu’il présente, en revanche, le Koursk devait également lancer la dernière
version d’un autre type de torpille à « supercavitaion », la fameuse
« Chkval », qui se caractérise par une propulsion à la vitesse
exceptionnelle de 500 km/h au lieu de 70 km/h pour les torpilles classiques.
La Chine en ayant déjà acheté, la présence de deux
officiels chinois accrédite l’hypothèse que ces manœuvres étaient l’occasion de
faire une démonstration de la nouvelle version.
Or, deux explosions font sombrer le Koursk à
approximativement 135 km de la ville de Severomorsk.
Il s’immobilise sur une zone peu profonde de la mer
de Barents, à 108 m de profondeur, une profondeur si faible que si l’on avait
fait basculer le Koursk verticalement, les 50 m de l’arrière, car il mesure 154
m de long, auraient été hors de l’eau et les marins qui s’y étaient réfugiés
auraient pu en sortir vivants.
À 11 h 28 heure locale, peu avant le lancement des
torpilles, une première explosion d’une puissance équivalente à 100 kg de TNT
provoque une onde de choc mesurée d’une magnitude sismique de 1,5 sur l’échelle
de Richter, qui se produit dans le compartiment avant du sous-marin. Selon la
version officielle, ce serait une fuite de peroxyde d’hydrogène employé pour
amorcer la propulsion des torpilles, qui aurait réagi avec le cuivre et le
laiton des compartiments torpille, conduisant à une réaction en chaîne…
La cloison étanche qui sépare la salle des torpilles
du reste du bâtiment étant ouverte, peut-être pour éviter une surcompression
d’air lors du lancement des torpilles mais selon toute vraisemblance plutôt à
cause d’une erreur humaine, l’onde de choc se propage aux deux premiers
compartiments avant, tuant probablement sur le coup les sept marins du premier
et blessant grièvement les trente-six autres présents dans le second, où se
trouve le poste de commandement.
Au cours des deux minutes qui suivent, le commandant
du navire, qui officie dans le troisième compartiment, ne lance pas de signal
de détresse. Aucune balise de détresse n’est larguée, alors qu’un dispositif
automatique réagit normalement à tout feu ou explosion dans le sous-marin.
Un incident survenu l’été précédent en Méditerranée,
lors duquel un lancement de balise mal évalué avait risqué de dévoiler la
position du sous-marin à la flotte américaine qui croisait à proximité, avait
probablement amené l’équipage à désarmer ce dispositif.
Le moteur du Koursk est alors lancé à pleine
puissance, sans que l’on connaisse l’intention du commandant, surface ou fuite.
Deux minutes et quinze secondes après le premier
choc, une explosion bien plus importante ébranle le Koursk. Les stations de
mesure sismique d’Europe du Nord montrent que cette explosion intervient au
niveau du fond marin, ce qui tendrait à prouver que le sous-marin a alors
heurté le fond. Ce choc additionné à la hausse de température engendrée par la
première explosion a déclenché l’explosion d’autres torpilles.
Cette seconde explosion développe une puissance
équivalente à 3 à 7 tonnes de TNT, soit l’équivalent d’une demi-douzaine de
têtes de torpilles : les mesures montrent une magnitude sismique de 3,5
sur l’échelle de Richter.
La coque, prévue pour résister à des pressions
externes de 1.000 m de profondeur, est éventrée sur une surface de 2 m².
L’explosion ouvre également des voies d’eau vers les troisième et quatrième
compartiments. L’eau s’y engouffre alors à raison de 90.000 litres par seconde,
tuant tous les occupants de ces compartiments, dont cinq officiers.
Le cinquième compartiment contient les deux réacteurs
nucléaires du sous-marin et il est protégé par une paroi de 13 cm d’alliage de
titane et ses cloisons résistent.
Les barres commandant les réacteurs restent donc en
place.
C’est ce que vont affronter Paul et l’équipage de son
sous-marin.
Paul décrit alors devant son aéropage la manœuvre qui
va conduire à la capture de la torpille Poséidon russe.
Une prise qui va faire saliver bien des experts
occidentaux.
« On va plonger en immersion périscopique de
façon à rester en vue du yacht des Harrison convoqué sur place pour nous servir
de plastron et qui va suivre la bouée de signalement trainée dans notre sillage
au fil de notre avancement.
Officiellement c’est un yacht de loisir
qui va faire un peu de bruit et, quand il recevra notre signal, il va faire
beaucoup plus de boucan, comme s’il était en train de pêcher un squale ou un
espadon : il est équipé pour ça.
Nous, en revanche, après
« dilution », on mettra le cap au Nord pour rejoindre le travers de
Berkeley au droit de l’entrée de la baie. À pas plus de trois nœuds pour rester
discret et surtout à l’écoute des bruits du fond de l’océan. »
« Parce que vous comptez détecter ainsi
l’approche du sous-marin nucléaire russe de dernière génération ? »
questionne Gustave.
Sûrement pas ! « Il navigue en mode
furtif depuis un long moment. Probablement en immersion profonde et à petite
allure. Indétectable même au sonar !
Or, on ne va pas lui révéler notre
présence en faisant fonctionner le nôtre. Il faut qu’il ne se doute de rien.
En revanche, à un moment on va entendre
sa torpille naviguer vers la côte.
Là encore, en mode furtif. Probablement
en-deçà de 5 nœuds pour faire le moins de bruit possible.
Notre rôle sera de croiser sa route
dans son sillage en descendant sous les 50 mètres. »
Et alors ?
« Une minute, je croyais que cette torpille
était capable de tracer à plusieurs centaines de kilomètres par heure… »
intervient le vice-amiral américain dans un français approximatif pour être
certain que tout le monde comprenne son scepticisme soudain.
« En mode « supercavitation », bien
sûr. Mais ça c’est pour la phase finale de son lancement, les 10 derniers
kilomètres, une fois à proximité de l’entrée de la baie.
Parce que ça fait un tapage
épouvantable ! »
« Euh, commandant de Bréveuil, là où nous
sommes, elle arrivera sous le « golden Brigde » bien avant nous,
surtout si elle accélère. Il nous sera impossible de l’intercepter, vous
signale-je, mon petit-vieux ! » intervient Gustave.
Évidemment !
« Nous le ferons avant qu’elle n’y parvienne. »
Et comment ?
En tirant dessus ? Et avec quoi ?
« Mais on ne la détruit pas ! »
s’insurge Paul. « Ce serait dommage de priver les experts d’une étude
détaillée de ses organes et mécanismes. »
Regards interrogatifs autour de la table à carte,
située au milieu du poste de commandement du « Loup » et où Paul
pointe du doigt depuis le début les indications géographiques illustrant son
propos.
« La torpille n’est autonome que sur la fin
de son parcours. Elle file tout droit, mais encore faut-il la faire pointer de
façon précise vers son objectif, une fois qu’elle aura passé l’entrée de la
baie, entre les piliers du Golden Gate Bridge. Et ça c’est le rôle du
sous-marin lanceur. »
Ce qui veut dire ?
« Qu’elle est filoguidée ! »
comme la plupart de ses congénères modernes.
« On chope la fibre optique qui la guide, on
remonte en surface et on l’enroule sur le winch d’amarrage du pont avant.
Ensuite, on coupe la fibre et la
torpille devient inerte faute d’instruction. Il n’y aura plus qu’à rembobiner
la fibre pour la capturer… »
« Osé ! » sifflent ensemble
l’amiral américain et le « candide » du bord.
« Vous voyez un autre moyen d’éviter une
troisième guerre mondiale meurtrière, vous ? »
On n’y est pas encore, loin de là !
« Sorry, mais le Belgorod ne se doutera-t-il
pas que son drone a été intercepté quand il perdra le contact avec ce… cette
torpille ? » intervient le lieutenant de vaisseau de la Navy.
Bien sûr que si : « Il le saura
immédiatement ! »
Mais avant qu’il ne comprenne ce qui se passe,
« on aura piqué un sprint jusqu’à se mettre sous la protection des
garde-côtes, aidé par le tintamarre que fera le yacht des Harrison à ce
moment-là. »
« Ils pourraient tirer une seconde torpille… »
Ils n’en ont qu’une… « Et la première étant
défaillante, la mission ayant échoué, le commandant de bord préférera prendre
le large pour rendre compte de l’état défectueux du matériel qu’on lui a confié
sans avoir pu faire des essais à la mer, attendre les ordres et faire procéder
à une enquête.
C’est qu’en ce moment même, la
délégation russe arrive à Bali pour participer au G 20. La position de son pays
deviendrait extrêmement délicate : une attaque surprise et unique, suivie
d’un « Big One » qui ravagerait la région, les diplomates du Kremlin
peuvent encore nier toute implication avec ferveur et conviction dans le
désordre qui va suivre comme ils savent si bien le faire depuis des mois, mais
deux projectiles, ce n’est plus une surprise, c’est un acte de guerre
délibéré !
Ce qui change tout.
Ce n’est plus de la compétence du
commandant du Belgorod… »
Et nous ? « On ne risque pas une
attaque ? », s’inquiète Emily pas très courageuse face à
cette perspective…
« Mais non ! Je ne vous aurai pas tous
embarqués dans cette galère si nous y risquerions notre matricule.
Comment veux-tu que le Belgorod sache
ce qui se passe en surface avec son matériel expérimental alors qu’il est en
plongée profonde en-deçà du plateau continental qui forme un écran entre
lui, sa torpille et nous ?
Il nous entend, ça c’est certain, il
peut suivre son engin tant qu’il est relié à lui grâce à sa fibre optique qui
le renseigne, mais une fois coupée, il ne sait plus ce qui se passe sur le
plateau continental. Il va juste attendre et espérer que sa torpille suive sa
trajectoire programmée et arrive à destination.
Ce n’est que quand il ne détectera
aucune explosion qu’il comprendra que son assaut aura échoué ! »
Oui, mais… « s’il perd le contact avec sa
Poséidon, il va savoir que celle-ci rencontre un problème. »
Bien sûr ! « Mais lequel ?
Ce n’est que quand il ne l’entendra
plus qu’il en déduira qu’elle n’avance pas selon la trajectoire prévue.
D’ailleurs, là où il est, il ne l’entend peut-être déjà plus alors qu’elle
navigue au-dessus du rebord du plateau continental, en mode furtif.
Lui peut naviguer entre 500 à 1.000
mètres en dessous, et tout est normal tant que la fibre de guidage continue de
se dérouler. Or, nous allons amarrer le brin sur la poupée de winch à l’arrière
pour qu’elle continue de se dérouler en tractant l’avant pour choper l’engin en
appuyant un peu au moteur, couvert par les bruits du yacht des Harrison.
En réalité, il perd le contrôle de la
Poséidon, mais ne sait plus rien de ce qui se passe clairement en approche de
l’entrée de la baie tant qu’il ne refera pas surface pour un coup de radar ou de
périscope.
Or, il ne le fera pas pour éviter de se
signaler au destroyer qui descend en ce moment du port d’Anchorage, en Alaska
où il était en patrouille, alors qu’il navigue vers San Diego. »
« Des questions ? »
On l’arrête comment ce drone nucléaire ?
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
Éditions I3
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