40 – Interception.
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de
neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Des questions ? »
On l’arrête comment ce drone nucléaire ?
« En coupant son filoguidage ! Vous allez voir. C’est un énorme engin mais qui obéit au sous-marin lanceur jusqu’à attendre de lui l’ordre de se mettre en mode « supercavitation ». S’il ne reçoit plus d’indication de cap et de profondeur, il va se mettre en mode « pose » tout seul en attendant des instructions qu’il ne recevra pas, voilà tout. Vous allez le voir ! » répète-t-il.
Pas d’autre question sur le moment, tout paraît limpide dans les explications de Paul. Pourtant, Alexis imagine bien qu’il y en a plein qui se forment entre les oreilles et derrière les yeux des participants à ce conseil de guerre improvisé sous la surface de l’océan.
Notamment comment on attrape une fibre optique fine comme un fil électrique dans une vaste étendue comme l’océan…
Alexis, la « civile » de l’équipe hormis
Paul lui-même, demande pourquoi une torpille est filoguidée ?
« Elles le sont toutes pour prendre leur cap sur leur cible une fois sortie de leur tube de lancement. Au moins sur une centaine de mètres. On ajuste sa trajectoire ensuite parce qu’on ne peut pas toujours être de face quand on est en plongée, ni quand on s’attaque à un autre sous-marin qui ne navigue pas nécessairement à la même profondeur.
Et un braquage définitif des gouvernes
peut devenir dangereux pour le sous-marin lanceur : si la torpille ne va
pas droit, elle fait un cercle et revient d’où elle est partie.
Mais notez que les meilleures torpilles possèdent des détecteurs acoustiques, parfois même leur propre sonar pour leur permettre de poursuivre un navire qui ferait des manœuvres d’évitement.
Ce qui est probablement le cas de la Poséidon qui est aussi créditée d’un système de positionnement GPS qui fonctionne seulement à proximité de la surface en renfort de sa centrale de navigation inertielle.
Ce qui la rend autonome et c’est ainsi que la perte du contact avec le Belgorod pourrait ne pas trop inquiéter le commandant de bord, au moins dans un premier temps.
Après chaque tir, les sous-marins rembobinent le câble de commande pour préparer la torpille suivante. Ce qui peut être long.
Mais là, avec la fibre optique qui est plus légère et moins encombrante, on peut faire plusieurs dizaines de kilomètre. »
Et ça ne casse pas en chemin ?
« C’est conçu pour résister… »
« D’autres questions ? Non, alors chacun à son poste ! »
Quel poste, pour les « observateurs » ?
La question finit par sortir : comment attrape-t-on une fibre optique ?
« Vous allez voir ça aussi : on cherche
la trajectoire de la torpille, on se cale sous sa profondeur, on coupe son
sillage et on fait rapidement surface en chassant au ballast. Le kiosque est
alors censé croiser la fibre et la remonter avec nous.
En plus, là, nous disposons, depuis
l’arrière, d’un câble qui tracte une bouée de surface : si on est assez
profond, forcément on récupérera la fibre sur notre passage.
Si en revanche, la fibre passe sous notre quille, il faudra fissa faire demi-tour en plongeant brutalement ! »
Et comment sait-on qu’on l’a crochée, cette
fibre ?
« Ça fait du bruit et il y a des capteurs que j’ai fait installer sur le pont et le kiosque qui la détecteront. »
Paul a réponse tout alors que les « spécialistes » opinent du chef, l’air de dire que ce plan de bataille n’est pas trop mal conçu…
Mais en fait, à leur mine, Alexis note qu’ils n’en mènent pas très large… si la menace se concrétise, parce que pour l’heure, tout cela reste très hypothétique et l’incrédulité a encore l’air de dominer les esprits : personne ne semble croire à l’imminence d’un « moment historique ».
Pensez, une attaque russe contre la baie de San Francisco avec une munition nucléaire… ce n’est pas tous les jours !
En tout cas leur conviction oscille entre une incertitude profonde et l’idée de louper une opportunité qui pourrait être payée très chère s’ils la laissent passer.
Le commandant du bord, le seul qui arbore une
casquette crasseuse et déformée vissée sur son crâne avec quatre galons dorés
qui la ceinture, manœuvre selon les indications de Paul et pendant trois bons quarts-d’heure
il coupe et recoupe la ligne théorique tracée par Paul, tout en descendant à
faible allure dans les profondeurs de l’océan.
D’après les cartes, il y a encore de l’eau sous la quille et il s’abstient d’envoyer un coup de sonde bien trop sonore, toujours pour rester discret.
De toute façon, le yacht des Harrison lance de temps en temps un « ping » à la recherche de gros poisson et il suffit de faire un petit calcul de l’écho sur le fond croisé avec la sonde de profondeur pour se rendre compte que « Le Loup » a encore un peu de marge de manœuvre dans cette troisième dimension-là…
Probablement aussi que l’écho du « Loup » se prolonge ainsi vers le large.
Les quatre filles se mettent à l’écart pour papoter
un peu, en chuchotant et grignotant des biscuits secs à tremper dans ce qui
ressemble à du café.
C’est qu’elle découvre qu’elles sont toutes les quatre là pour le même bonhomme.
Il y a l’épouse, la première à avoir fait craquer Paul jusque devant un pasteur à Las Vegas, il y a bien longtemps.
Depuis Paul ne s’est jamais remarié et il aura fait des enfants à une autre. Mais elle aime à faire savoir au trois autres qu’elle reste la seule à lui avoir passé l’anneau au doigt.
Il y a la maîtresse, Shirley, qui raconte que Paul lui doit la vie et comment elle aura vécu une magnifique croisière en Méditerranée[1], il y a 13 ans de ça.
Elle était raide-dingue de ce gaillard qui la regardait comme d’une gourmandise dont il aura apprécié tous les contours avec sensualité…
Son grand-amour de jeunesse.
Depuis, elle s’est mariée et élève les deux gamins dans banlieue de Londres que lui a fait un officier des SIS.
Julie et Alexis sont toutes ouïes. À tenter de démêler le vrai de la légende. Alexis se faisant parfois traduire par Julie quand les deux anglo-saxonnes échangent en anglais…
Et elles ne font qu’expliquer seulement leur rôle en quelques phrases, buvant les paroles du reste de l’aparté quand l’une des deux anglo-saxonnes les questionne.
Pas d’aventure avec Paul… que les autres en restent coites de surprise !
Il faut dire qu’Alexis et Julie ne correspondent pas vraiment aux archétypes de femmes qu’elles représentent, capables de séduire « Charlotte » en quelques clins d’œil…
Paul en dira plus tard : « Tout le monde a pris de la bouteille depuis… » comprenne qui pourra !
Plusieurs alertes mobilisent ensuite le personnel du
bord qui écoute les « bruits de la mer ». Un chant de baleine, des
dauphins qui chassent, un navire de plus qui passe au large, un banc de poisson
qui se frotterait contre la coque du sous-marin.
Alexis, Shirley, Emily et Julie croisent leur regard et s’interrompent… n’est-ce pas plutôt le bruit que ferait un monstre marin inconnu venu des abysses qui les enveloppe subrepticement ?
Et puis plein de bruits d’hélice que les ordinateurs identifient grâce à leur signature acoustique en les comparant à la bibliothèque numérique embarquée.
On n’ose plus trop faire le moindre bruit à bord tout en grignotant toujours les quelques biscuits de survie laissés en libre-service et en lapant parfois des boissons froides. Parfois aussi on tape le carton pour tromper l’attente.
Au fil de l’attente, les murmures se tarissent et à part les deux officiers de l’US Navy qui échangent, en aparté leurs impressions dans un coin, il n’y a finalement que les ronronnements des ventilateurs des appareils électroniques qui meublent le silence des profondeurs océaniques.
On essaye surtout de dissiper le doute… et si la frappe partait de plus loin au Nord, ou au Sud de la droite que Paul avait tracé sur la carte ?
Sera-t-on trop loin pour être utile ?
Est-ce le bon jour ? Est-ce bien le plan des russes ?
Ou seulement le produit de l’imagination d’une IA hypothétique qui se serait prise à « fantasmer » ?
Et puis d’un coup tout s’enchaîne à vive allure. L’ordinateur
qui analyse les échos de l’océan en temps réel clignote trop longtemps à
identifier ce qui reste un « murmure », même très amplifié.
Le pacha du bord trace des petites croix sur sa carte : les azimuts. L’opérateur aux écoutes note la profondeur estimée. Paul revient avec sa règle Cras et trace rapidement au crayon une ligne droite à partir de trois points bien alignés venus du large qu’il prolonge jusque sur la côte.
Pas de doute, un « objet » se dirige tout droit à faible allure vers l’entrée de la baie à une profondeur estimée à 20/25 mètres sous la surface des flots, à l’abri de la houle !
Coup d’œil entre le commandant du bord, qui faisait faire des zigzags à son navire, et Paul qui sur un signe de tête déclenche la manœuvre d’approche.
La « torpille » va passer dans quelques minutes au droit du sous-marin et le dépasser. Celui-ci descend encore un peu à faire craquer sinistrement ses membrures, accélère ensuite un peu et change de cap.
Quelques minutes plus tard, le temps que tous les « invités » se regroupent silencieusement dans le poste de commandement, un nœud dans l’estomac, pendant que Paul trace ses petites croix qui s’alignent sur la carte sur les indications de l’analyste en « guerre acoustique » du bord, jouant le rôle de « l’oreille d’or », ses écouteurs vissés sur le crâne, le chrono dans une main, l’autre sur le gros bouton d’orientation de ses micros.
Quand la trajectoire du « Loup » coupe le
sillage supposé de la torpille, le commandant de bord ordonne de chasser au
ballast. Le sous-marin remonte rapidement dans un vacarme de jets d’eau pulsé
par l’air comprimé envoyé dans les ballasts. À un moment, on entend
distinctement comme une élingue qui racle la coque : « La pêche
est bonne. Hameçonné ! » lance Paul qui se précipite vers le
massif central des périscopes et commence à grimper sur l’échelle qui monte
jusqu’au kiosque du sous-marin.
Le raclement disparaît faisant monter la tension à bord, puis réapparait plus régulièrement.
Une fois en surface, Paul ouvre l’écoutille qui laisse tomber une cataracte d’eau dans le poste des périscopes éclaboussant tout, tout autour. Il est suivi d’un membre de l’équipage qui se tenait prêt.
Dans le même mouvement, le commandant fait virer son
embarcation pour filer vers San Francisco et passe en avance lente au moteur
diesel. On a même de l’air frais dans l’embarcation qui chasse lentement la
puanteur à laquelle tout le monde s’était habitué !
Pendant ce temps-là, Paul mouline déjà la fibre optique capturée, passée à la va-vite dans un chaumard, puis autour du winch de pont qui sert normalement aux manœuvres d’amarrage, sorti de son logement, et étarque le fil sur un taquet en faisant des « huit » en quelques tours de poignet pour la bloquer.
Il file ensuite vers la poupe en la tenant à la main, la passe dans un autre chaumard situé à l’arrière du navire avant de le l’enrouler sur un autre winch, celui de poupe, tire dessus et fini par faire un double huit sur un taquet.
Gustave sort à son tour, suivi de son ami vice-amiral de l’US Navy et des autres « invités » du bord et d’un second membre d’équipage.
« Beau temps ! Avez-vous une pince coupante ? »
Euh… non justement…
C’est finalement à l’américain, encore incrédule, de
sectionner le cordon ombilical de la Poséidon en s’y reprenant à plusieurs
fois, avec un gros coupe-boulon qu’on lui apporte : on est à dans les eaux
territoriales de la Californie, à lui l’honneur de sauver sa patrie !
La manœuvre suivante consistera à naviguer de telle sorte que la torpille continue sur sa trajectoire, à peu près à la même allure de 5 nœuds. Mais elle semble ralentir et s’arrêter en douceur.
Au bout de 5 minutes, le bout qui se déroule toujours depuis le Belgorod resté invisible est largué et le sous-marin accélère sa course, poursuivi par le yacht des Harrison afin de se rapprocher de la torpille qui avance sur son aire, tranquillement et toujours en ligne droite vers l’embouchure du golf désormais plus proche.
Des marins moulinent le winch pour remonter la fibre, sans trop la brusquer, on embarque ainsi plusieurs kilomètres de câble fin et au bout du compte, le monstre est amené juste devant l’étrave du sous-marin en remontant vers la surface.
L’équipage du yacht des Harrison qui s’est rapproché
la crochète par les ailerons et gouvernes de queue et finit par hisser hors de
l’eau sa partie arrière qui porte la double hélice de propulsion devenue
immobile, jusque sur la plage arrière pour la sortir de l’eau…
L’hélice de l’engin de mort ne réagit pas, la queue à l’air libre et le yacht prend une assiette inquiétante, soulevant son étrave tel qu’il doit ralentir et renoncer à sortir la tête de la Poséidon hors de l’eau.
Paul fait rassembler leurs affaires à ses « invités » écartelés entre la joie d’avoir réussi une manœuvre « impossible », de celles qui n’existent même pas dans les manuels de guerre, la terreur d’avoir côtoyé et vu un engin de mort atomique qui aurait pu rayer de la carte, ou en tout cas d’obliger à la refaire, une bonne partie de la Californie et d’avoir fait face avec succès à un procédé qui n’était absolument même pas admissible par les meilleurs spécialistes et experts militaires du moment.
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
[1] Cf. épisode « Au nom du père – tome I », dans la série des « Enquêtes de Charlotte », à paraître aux éditions I3
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
On l’arrête comment ce drone nucléaire ?
« En coupant son filoguidage ! Vous allez voir. C’est un énorme engin mais qui obéit au sous-marin lanceur jusqu’à attendre de lui l’ordre de se mettre en mode « supercavitation ». S’il ne reçoit plus d’indication de cap et de profondeur, il va se mettre en mode « pose » tout seul en attendant des instructions qu’il ne recevra pas, voilà tout. Vous allez le voir ! » répète-t-il.
Pas d’autre question sur le moment, tout paraît limpide dans les explications de Paul. Pourtant, Alexis imagine bien qu’il y en a plein qui se forment entre les oreilles et derrière les yeux des participants à ce conseil de guerre improvisé sous la surface de l’océan.
Notamment comment on attrape une fibre optique fine comme un fil électrique dans une vaste étendue comme l’océan…
« Elles le sont toutes pour prendre leur cap sur leur cible une fois sortie de leur tube de lancement. Au moins sur une centaine de mètres. On ajuste sa trajectoire ensuite parce qu’on ne peut pas toujours être de face quand on est en plongée, ni quand on s’attaque à un autre sous-marin qui ne navigue pas nécessairement à la même profondeur.
Mais notez que les meilleures torpilles possèdent des détecteurs acoustiques, parfois même leur propre sonar pour leur permettre de poursuivre un navire qui ferait des manœuvres d’évitement.
Ce qui est probablement le cas de la Poséidon qui est aussi créditée d’un système de positionnement GPS qui fonctionne seulement à proximité de la surface en renfort de sa centrale de navigation inertielle.
Ce qui la rend autonome et c’est ainsi que la perte du contact avec le Belgorod pourrait ne pas trop inquiéter le commandant de bord, au moins dans un premier temps.
Après chaque tir, les sous-marins rembobinent le câble de commande pour préparer la torpille suivante. Ce qui peut être long.
Mais là, avec la fibre optique qui est plus légère et moins encombrante, on peut faire plusieurs dizaines de kilomètre. »
« C’est conçu pour résister… »
« D’autres questions ? Non, alors chacun à son poste ! »
Quel poste, pour les « observateurs » ?
La question finit par sortir : comment attrape-t-on une fibre optique ?
Si en revanche, la fibre passe sous notre quille, il faudra fissa faire demi-tour en plongeant brutalement ! »
« Ça fait du bruit et il y a des capteurs que j’ai fait installer sur le pont et le kiosque qui la détecteront. »
Paul a réponse tout alors que les « spécialistes » opinent du chef, l’air de dire que ce plan de bataille n’est pas trop mal conçu…
Mais en fait, à leur mine, Alexis note qu’ils n’en mènent pas très large… si la menace se concrétise, parce que pour l’heure, tout cela reste très hypothétique et l’incrédulité a encore l’air de dominer les esprits : personne ne semble croire à l’imminence d’un « moment historique ».
Pensez, une attaque russe contre la baie de San Francisco avec une munition nucléaire… ce n’est pas tous les jours !
En tout cas leur conviction oscille entre une incertitude profonde et l’idée de louper une opportunité qui pourrait être payée très chère s’ils la laissent passer.
D’après les cartes, il y a encore de l’eau sous la quille et il s’abstient d’envoyer un coup de sonde bien trop sonore, toujours pour rester discret.
De toute façon, le yacht des Harrison lance de temps en temps un « ping » à la recherche de gros poisson et il suffit de faire un petit calcul de l’écho sur le fond croisé avec la sonde de profondeur pour se rendre compte que « Le Loup » a encore un peu de marge de manœuvre dans cette troisième dimension-là…
Probablement aussi que l’écho du « Loup » se prolonge ainsi vers le large.
C’est qu’elle découvre qu’elles sont toutes les quatre là pour le même bonhomme.
Il y a l’épouse, la première à avoir fait craquer Paul jusque devant un pasteur à Las Vegas, il y a bien longtemps.
Depuis Paul ne s’est jamais remarié et il aura fait des enfants à une autre. Mais elle aime à faire savoir au trois autres qu’elle reste la seule à lui avoir passé l’anneau au doigt.
Il y a la maîtresse, Shirley, qui raconte que Paul lui doit la vie et comment elle aura vécu une magnifique croisière en Méditerranée[1], il y a 13 ans de ça.
Elle était raide-dingue de ce gaillard qui la regardait comme d’une gourmandise dont il aura apprécié tous les contours avec sensualité…
Son grand-amour de jeunesse.
Depuis, elle s’est mariée et élève les deux gamins dans banlieue de Londres que lui a fait un officier des SIS.
Julie et Alexis sont toutes ouïes. À tenter de démêler le vrai de la légende. Alexis se faisant parfois traduire par Julie quand les deux anglo-saxonnes échangent en anglais…
Et elles ne font qu’expliquer seulement leur rôle en quelques phrases, buvant les paroles du reste de l’aparté quand l’une des deux anglo-saxonnes les questionne.
Pas d’aventure avec Paul… que les autres en restent coites de surprise !
Il faut dire qu’Alexis et Julie ne correspondent pas vraiment aux archétypes de femmes qu’elles représentent, capables de séduire « Charlotte » en quelques clins d’œil…
Paul en dira plus tard : « Tout le monde a pris de la bouteille depuis… » comprenne qui pourra !
Alexis, Shirley, Emily et Julie croisent leur regard et s’interrompent… n’est-ce pas plutôt le bruit que ferait un monstre marin inconnu venu des abysses qui les enveloppe subrepticement ?
Et puis plein de bruits d’hélice que les ordinateurs identifient grâce à leur signature acoustique en les comparant à la bibliothèque numérique embarquée.
On n’ose plus trop faire le moindre bruit à bord tout en grignotant toujours les quelques biscuits de survie laissés en libre-service et en lapant parfois des boissons froides. Parfois aussi on tape le carton pour tromper l’attente.
Au fil de l’attente, les murmures se tarissent et à part les deux officiers de l’US Navy qui échangent, en aparté leurs impressions dans un coin, il n’y a finalement que les ronronnements des ventilateurs des appareils électroniques qui meublent le silence des profondeurs océaniques.
On essaye surtout de dissiper le doute… et si la frappe partait de plus loin au Nord, ou au Sud de la droite que Paul avait tracé sur la carte ?
Sera-t-on trop loin pour être utile ?
Est-ce le bon jour ? Est-ce bien le plan des russes ?
Ou seulement le produit de l’imagination d’une IA hypothétique qui se serait prise à « fantasmer » ?
Le pacha du bord trace des petites croix sur sa carte : les azimuts. L’opérateur aux écoutes note la profondeur estimée. Paul revient avec sa règle Cras et trace rapidement au crayon une ligne droite à partir de trois points bien alignés venus du large qu’il prolonge jusque sur la côte.
Pas de doute, un « objet » se dirige tout droit à faible allure vers l’entrée de la baie à une profondeur estimée à 20/25 mètres sous la surface des flots, à l’abri de la houle !
Coup d’œil entre le commandant du bord, qui faisait faire des zigzags à son navire, et Paul qui sur un signe de tête déclenche la manœuvre d’approche.
La « torpille » va passer dans quelques minutes au droit du sous-marin et le dépasser. Celui-ci descend encore un peu à faire craquer sinistrement ses membrures, accélère ensuite un peu et change de cap.
Quelques minutes plus tard, le temps que tous les « invités » se regroupent silencieusement dans le poste de commandement, un nœud dans l’estomac, pendant que Paul trace ses petites croix qui s’alignent sur la carte sur les indications de l’analyste en « guerre acoustique » du bord, jouant le rôle de « l’oreille d’or », ses écouteurs vissés sur le crâne, le chrono dans une main, l’autre sur le gros bouton d’orientation de ses micros.
Le raclement disparaît faisant monter la tension à bord, puis réapparait plus régulièrement.
Une fois en surface, Paul ouvre l’écoutille qui laisse tomber une cataracte d’eau dans le poste des périscopes éclaboussant tout, tout autour. Il est suivi d’un membre de l’équipage qui se tenait prêt.
Pendant ce temps-là, Paul mouline déjà la fibre optique capturée, passée à la va-vite dans un chaumard, puis autour du winch de pont qui sert normalement aux manœuvres d’amarrage, sorti de son logement, et étarque le fil sur un taquet en faisant des « huit » en quelques tours de poignet pour la bloquer.
Il file ensuite vers la poupe en la tenant à la main, la passe dans un autre chaumard situé à l’arrière du navire avant de le l’enrouler sur un autre winch, celui de poupe, tire dessus et fini par faire un double huit sur un taquet.
Gustave sort à son tour, suivi de son ami vice-amiral de l’US Navy et des autres « invités » du bord et d’un second membre d’équipage.
« Beau temps ! Avez-vous une pince coupante ? »
Euh… non justement…
La manœuvre suivante consistera à naviguer de telle sorte que la torpille continue sur sa trajectoire, à peu près à la même allure de 5 nœuds. Mais elle semble ralentir et s’arrêter en douceur.
Au bout de 5 minutes, le bout qui se déroule toujours depuis le Belgorod resté invisible est largué et le sous-marin accélère sa course, poursuivi par le yacht des Harrison afin de se rapprocher de la torpille qui avance sur son aire, tranquillement et toujours en ligne droite vers l’embouchure du golf désormais plus proche.
Des marins moulinent le winch pour remonter la fibre, sans trop la brusquer, on embarque ainsi plusieurs kilomètres de câble fin et au bout du compte, le monstre est amené juste devant l’étrave du sous-marin en remontant vers la surface.
L’hélice de l’engin de mort ne réagit pas, la queue à l’air libre et le yacht prend une assiette inquiétante, soulevant son étrave tel qu’il doit ralentir et renoncer à sortir la tête de la Poséidon hors de l’eau.
Paul fait rassembler leurs affaires à ses « invités » écartelés entre la joie d’avoir réussi une manœuvre « impossible », de celles qui n’existent même pas dans les manuels de guerre, la terreur d’avoir côtoyé et vu un engin de mort atomique qui aurait pu rayer de la carte, ou en tout cas d’obliger à la refaire, une bonne partie de la Californie et d’avoir fait face avec succès à un procédé qui n’était absolument même pas admissible par les meilleurs spécialistes et experts militaires du moment.
Éditions I3
[1] Cf. épisode « Au nom du père – tome I », dans la série des « Enquêtes de Charlotte », à paraître aux éditions I3
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