… En
« Ritalie » !
Et personne (ou pas beaucoup) ne vous en parle. Alors que le scrutin reste
déterminant. Et l’important, c’est que ce n’est pas que pour la
« Ritalie », non, mais pour toute l’Europe !
Bon, je sais, vous n’êtes pas particulièrement intéressés par l’avenir de
l’Europe, en tout cas son projet « politique » au moment où les
tigres d’Asie et leurs dictatures se réveillent (rapprochement coréen dans la
foulée des JO ; changement de constitution en Chine ; plus proche de
nous la campagne présidentielle en Russie et ses nouveaux avions de
combats en Syrie ; etc.).
Vous n’êtes pas concernés ? Tant mieux pour vous.
Moi je le suis, au cœur du Brexit à venir où personne ne sait comment ils
vont finalement « brexiter »…
La presse « gauloisienne » s’est juste faite l’écho des coûts de
la campagne ritalienne où s’affrontent 4 partis à coup de centaines de millions
d’euros. On en dit 200.
Des konneries : Les meks ne sont pas si riches.
Mais entre le centre-droât, le centre-gôche et les populistes de droâte et
les populistes de gôche, près de la moitié des électeurs (45 % en disent les
sondages) de « ritaliens » restent indécis.
Ils peuvent.
La coalition réunissant droâte et extrême droâte est donnée en tête des
intentions de vote pour ces élections législatives du 4 mars. Une situation
dont Matteo Salvini, le leader du parti xénophobe la Ligue du Nord, pourrait
tirer avantage prétend-on dans son entourage.
Ça me rappelle « des choses », ça…
Cette coalition réunit en effet droâte et extrême droâte (façon « Veau-qui-est »
dans un avenir plus ou moins certain) a pour chef de file un type de 44 ans qui
pourrait en effet se trouver en situation de devenir le prochain président du
Conseil « ritalien ». Car il bénéficie du soutien d’une coalition hétéroclite
de droâte, par exemple celle de « Berlu-la-quéquette-sauvage-en-liberté »,
notamment si les électeurs le choisissaient comme l’élément fort de ce bloc.
Aujourd’hui, l’ensemble est à 37,2 % dans les sondages, largement devant ses
concurrents mais encore loin d’une majorité parlementaire. Et dans le détail,
la Ligue du Nord est créditée de 13,2 % des intentions de vote, Forza Italia
(droâte) de 16,8 % et enfin Fratelli d’Italia (extrême droâte) de 4,7 %.
Membre de la Ligue du Nord depuis ses années universitaires, qu’il termine
sans aucun diplôme à l’Université de Milan, le député européen une première
fois de 2004 à 2006, puis en 2009, est à nouveau réélu en 2014, affinera directement
à la source, au sein des institutions bruxelloises, son argumentaire europhobe
et xénophobe. En 2013, Matteo succède à la tête de la Ligue du Nord à Umberto
Bossi, rajeunissant du même coup l’image du parti.
Il a réussi à transformer la Ligue du Nord en un parti « beaucoup plus national, souverainiste,
anti-immigration, islamophobe, avec une récurrence très forte sur le thème de
l’identité ». De fait, du temps d’Umberto Bossi, la politique de la
Ligue du Nord était uniquement centrée sur le Nord du pays, là où réside
l’essentiel de son électorat. Lui, l’a en quelque sorte « ouvert » pour
que celui-ci parle à plus d’électeurs, et cela a bien marché. Les thèmes qu’il
utilise sont dans la lignée de ce que proposent les autres partis d’extrême
droite européenne : Islam, immigration incontrôlée, contrôle de Bruxelles… Proches
de l’autre parti d’extrême-droâte, Fratelli d’Italia, emmené par sémillante
romaine blonde, Giorgia Meloni, les deux formations politiques cumulent 18 %
des intentions de vote selon les études d’opinion.
La Ligue du Nord cherche aujourd’hui à étendre son influence au reste de
la « ritalie », ayant gagné en visibilité au vu des sondages. Le 15
février dernier, Matteo s’est rendu à Matera dans le Sud du pays que la Ligue
du Nord, anciennement sécessionniste devenue souverainiste, a longtemps accusé
de plomber le Nord, économiquement plus riche. Signe du changement opéré par le
parti, la Ligue du Nord ne placarde plus « Sud profiteur » ou « Rome
la voleuse » mais plutôt « l’invasion migratoire » ou « les
Italiens d’abord ».
Ça ne vous rappelle rien ?
Malgré cet effort, le parti peine à gagner des votes dans le Sud. De fait,
les candidats de Matteo ne sont crédités que de 5 à 6 % des intentions de vote
dans le Sud. Mais le progrès est déjà réel pour la formation d’extrême-droâte,
partie de rien.
Notez que si la poussée du vote nationaliste est observée dans les
sondages, le scrutin reste encore très indécis. Hors de toute coalition, le populiste
Mouvement 5 Etoiles (façon « Mes-Luches ») reste le premier parti
avec 27,8 % des intentions de vote, encore plus loin d’une majorité parlementaire.
La coalition de gôche arrive juste derrière avec 27,4 % des intentions de vote,
dont 22,9 % pour le Parti démocrate (PD, le parti encore au pouvoir).
Dimanche soir, on pourrait une fois de plus se retrouver face à un pays
sans majorité.
Délirant… mais les « Teutons » font bien pareil, alors, hein…
Par ailleurs, les principaux partis candidats aux législatives italiennes
ne font plus dans la demi-mesure surenchérisseuse pour séduire. Pas un jour ou
presque sans une proposition racoleuse. À l’image de « Berlu-la-quéquette-sauvage-en-liberté »
qui a promis l’expulsion de 600.000 réfugiés après la fusillade à caractère
raciste commise début février par un militant d’extrême droâte à Macerata,
petite ville du centre de la péninsule.
Mais le fondateur de Forza Italia et ses alliés d’extrême droâte ne sont
pas les seuls à jouer la carte de la retape électorale à grande échelle. Sur ce
terrain, l’alliance de « centre-droâ » rivalise en effet avec la
plateforme du populiste Mouvement 5 étoiles, emmené par le trentenaire Luigi Di
Maio. « La surenchère démagogique fait
hélas partie du jeu, mais cette fois-ci les candidats se sont vraiment
surpassés », déplore un prof’ de sciences politiques à l’Université de
Bologne.
Ce qui pourrait tout changer…
Imaginez donc un peu que la « Ritalie » cède aux tentations populistes
et bascule sur l’autre versant européen ?
Vous avez des « Austri-chiens » qui s’y préfèrent, des « teutons »
qui ne sont toujours pas gouvernés, des « britishs » qui se cassent
(ils ne savent pas encore comment, mais peu importe, ils ne reviendront pas),
des Gauloisiens qui veulent aller plus vite, plus loin, plus fort et 7 pays de
l’Europe de l’est qui freinent des quatre fers…
Pour peu que les ritaliens les rejoignent, on n’est plus du tout dans la
même configuration que celle de l’Europe des Six…
En effet, sur quinze pays d’Europe de l’Est, sept sont déjà gouvernés par
des populistes. Leur projet de « contre-révolution
culturelle », essentiellement identitaire, vient heurter de front les
valeurs défendues par l’Europe de l'Ouest depuis soixante ans.
Konrad Szymanski, le ministre polonais des Affaires européennes, a menacé
Bruxelles la semaine dernière de « représailles
énormes » si la Commission persistait à vouloir priver de Fonds de cohésion
les pays qui ne respectent pas l’État de
droit. Une procédure a été ouverte en décembre contre la Pologne qui est
accusée par les capitales de l’Ouest de s’en prendre à l’indépendance de la
justice et de la presse. En représailles, la Pologne pourrait bloquer les
discussions sur le vote du budget européen 2021-2028 post-Brexit qui ont
commencé et, plus largement, paralyser toutes les tentatives de « relance
européenne ».
Il faut dire qu’ils font très fort : Les règlements européens,
globalement, ils ne savent pas ce que c’est, même quand ils négocient en English…
Et la Pologne, où gouverne le parti populiste « Droit et justice »
a tout plein d’amis. En « Tchéquie », le président, Milos Zeman,
prorusse, a été réélu fin janvier face au « pro-européen » Jiri Drahos. En
Hongrie, le parti de Viktor Orban devrait remporter haut la main les
législatives du 8 avril. Sur quinze pays d’Europe de l’Est, les populistes
détiennent le pouvoir dans sept, appartiennent à une coalition dirigeante dans
deux de plus et sont la principale force d’opposition dans trois autres…
Le populisme, inexistant il y a deux décennies, triomphe, s’affirme et
compte faire entendre ce que le Hongrois Orban et le Polonais Kaczynski nomment
la « contre-révolution culturelle ». « En
1989, ici, en Europe centrale, nous pensions que l’Europe était notre avenir ;
aujourd’hui, nous avons le sentiment d’être l’avenir de l’Europe », en dit
Orban.
Il rêve, mais bon, on ne peut pas non plus l’en empêcher : Ce serait
plutôt le contraire à en devenir un cauchemar…
Le problème, pour les capitales de l’Ouest, est que cet avenir-là s’écrit
comme l’antithèse de leur projet depuis soixante ans et de leurs valeurs : Une
société fermée plutôt qu’ouverte, le nationalisme plutôt que la « souveraineté européenne » façon « MacRond »,
un « illibéralisme »
économique revendiqué, et une culture traditionnelle de la famille et de l’Église
qui fait dénoncer la permissivité multiculturelle « de gôche », à commencer par
l’immigration.
« MacDonald Trompe » ne s’y est pas trompé, qui, à Varsovie, a
fait l’éloge de la Pologne comme rempart de la civilisation occidentale « combattant pour la famille, la liberté, la
patrie et Dieu ».
Le kon : Dieu, il a naturalisé son fiston « israélien » et
sa fille-aînée est « Gauloisienne », tout le monde sait ça.
Quant au fiston adultérin… (bon, je ne dirai pas, on va encore me taxer
d’islamophobe).
Que peuvent faire Paris, Berlin, Rome devant ce bloc des pays européens de
l’Est, aujourd’hui d’autant plus fermement soudés entre eux que la
Grande-Bretagne n’est plus là ?
Dans une Europe à deux vitesses, parce qu’en réalité portant deux projets,
faut-il les retenir quand même ? Comment les empêcher de se rapprocher de
Moscou avec qui ils ont tant d’aspects « illibéraux » en apparence
communs ?
La priorité immédiate devrait être d’inventer des mécanismes qui leur ôtent
toute capacité de blocage d’une relance comme en menace Varsovie. Ce ne sera
pas simple avec les traités actuels. Mais, ensuite, il faut pouvoir faire d’un
mal un bien. Les pays de l’Ouest ont aussi leurs populistes et pour que ces
derniers ne soient pas « l’avenir » ici aussi, les partisans de l’ouverture
démocratique et libérale feraient bien d’y regarder à deux fois.
Notez qu’il est une différence majeure entre les populistes de l’Est et
ceux de l’Ouest : L’économie.
Le taux de chômage n’est que de 2,9 % en « Tchéquie », de 5 % en
Hongrie, de 4,9 % en Pologne. Les électeurs populistes n’y sont pas les «
perdants » de la mondialisation comme en Italie du Sud ou au nord de la « Gauloisie ».
La Pologne n’est pas non plus une « victime » de Bruxelles, puisqu’elle est la
première bénéficiaire des fonds structurels,
avec 80 milliards d’euros d’aides sur le budget actuel 2014-2020. C’est dire,
sans doute, que le substrat profond du populisme n’est pas dans l’économie
comme chez les « PIGGS » (qui eux en ont souffert, hors encore le « G »
de « Gauloisie » qui reste à devoir boire la coupe jusqu’à la lie, là
où « MacRond » ne vous a fait avaler que les premières gorgées…).
Les partis populistes de l’Ouest qui en font leur ligne de bataille (l’Ukip,
le « F.Haine », les « Insoumis ») ont tout faux et se
trompent lourdement sur ce point.
L’autre différence Est-Ouest tient au passé : Ces pays n’ont que rarement
connu la démocratie et leurs institutions sont fragiles. Ce qui unit les
populistes est leur combat pour l’identité culturelle. La résistance contre les
élites n’est pas économique mais « identitaire », ces élites sont
responsables d’une dilution des valeurs traditionnelles du « peuple », elles
sont au service des étrangers. La nation doit être défendue parce qu’elle est
le lieu de cette identité menacée. La frontière n’est pas tant l’arme de
défense de l’emploi et des intérêts matériels que la barrière « entre eux et
nous ».
Ce besoin identitaire est plus fort à l’Est, parce que ces pays ne se sont
pas constitués par l’État, comme ce fut le cas à l’Ouest, mais justement comme
communautés culturelles, souligne un politologue. Et cette identité s’est
trempée dans l’Histoire : Elle a été capable de résister à soixante-dix ans de
domination soviétique…
Ça crée des liens…
À mon sens, il ne sert à rien de dénoncer le « projet » d’Orban et de
Kaczynski comme raciste, antidémocratique, superficiel et illusoire. Il plaît
parce qu’il a une consistance dans l’opinion publique et l’Histoire. En face, l’ouverture
des frontières et le multiculturalisme ne peuvent pas emporter l’adhésion
contre la société fermée. L’objectif est trop vague, le cadre sans limite, le
but trop imprécis, le tout laisse grande ouverte la porte à toutes les peurs.
En bref, il y a du boulot pour constituer autrement plus solidement le
projet d’une Europe cohérente.
Pour l’heure, l’urgence revient aux « Ritaliens » : Ils
votent à leur tour, après les « Teutons » (qui a vu la même poussée
populiste, probablement pour les même raisons « identitaires », parce
que du point de vue économique…), les « Gauloisiens » (qui idem a vu « Marinella-tchi-tchi »
approcher du sésame), les « Austri-Chiens » et les « Grands-bretons »…
Après les Hellènes pour des raisons… économiques !
Quoiqu’eux, ils se préparent à faire face à des Turcs qui veulent la
guerre en mer Égée et arraisonnent des pêcheurs sans raison…
Peut-être qu’il serait bon de redonner du sens au projet européen avant qu’il
ne se fracasse aux réalités à force d’être hors-sol.
Mais bon, ce n’est pas moâ qui ait été élu en mai dernier à « picoler-la-cave »
comme aime à le faire « MacRond » (d’après son propre propos).
À suivre dimanche prochain…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire