L’effet
noria en cours…
Je reste très étonné des bouleversements qui ressortent des scrutins de 2016/2017 en Europe. Surpris d’autant plus que s’ils apparaissent évidents à qui prend un peu de recul, on n’en trouve aucune trace dans les débats d’idées rapportés par la « presse aux ordres ». Quand même étonnant, comme si ce qui se met en place n’a même pas à être discuté ni encore moins consenti.
2016 : Le Brexit. Depuis, on recommence à causer des « nationalismes » écossais, Nord-Irlandais, Catalan, Lombard, Vénitien et demain de la « Corsica-Bella-Tchi-Tchi ».
2017 : L’envoi du missile « Mak-Rond-Jupiter » et – on
en parlait encore récemment – « sa vision » de l’avenir des
institutions, le référendum Catalan, les prochaines élections territoriales Corses,
les suivantes « ritaliennes » et « En-Gèle-Là-Mère-Quelle »
à qui tout le monde refuse qu’elle ne gouverne pas l’Allemagne, évitant surtout
et ainsi de devoir retourner devant les urnes : Les peuples, quand on leur
donne l’occasion de causer, ils ne décident vraiment que de konneries !
C’est à en rire, finalement : La seule solution, c’est le « despotisme-plus-ou-moins-éclairé »
d’une petite-élite autoproclamée qu’on nous impose sans coups-férir.
Qu’on y songe : Le leader catalan en fuite à Bruxelles en vient à qualifier l’Union européenne de “club de pays décadents” et n’hésite pas à évoquer un “Catexit”, rompant ainsi avec la tradition européiste du nationalisme de mes « potes » catalane en se rapprochant des europhobes, comme le signale la presse espagnole.
« Un club de pays décadents,
obsolètes, gouverné par une petite poignée de personnes et, qui plus est, très
liés à des intérêts économiques de plus en plus contestables ». Des
déclarations faites à la télévision israélienne Canal 1 Kan… élevé au rang de dernier
refuge des « libres penseurs » démocratiques…
Ambigu, « Car-laisse-Puich-de-mont » se déclare partisan de
l’UE, tout en assurant qu’il va « travailler
à la changer ».
Il aurait dû retrouver les discours de nos « Monte-et-Bourre-la »,
« Âme-Mont », « Fifi-le-souteneur », « Mes-Luches »
et quelques autres qui ont depuis leur avenir derrière eux…
Entre les lignes il reproche à l’UE l’absence de soutien au processus séparatiste
de la région, on savait.
« El País » compare ses déclarations « à celle des europhobes comme [le leader de l’Ukip britannique] Nigel Farage et [la présidente du
F.Haine gauloisien] ».
Et déjà, le parti de l’ex-président est donné comme le grand perdant des
élections anticipées prévues le 21 décembre.
Qui plus est Artur Mas (son prédécesseur) fait des déclarations reprises
par le quotidien « El Confidencial » : « Nous nous sommes lancés dans un projet d’une immense complexité avec
des délais qui se sont révélés parfois impossibles à tenir. » Qu’il en
cause en connaissance de la situation de « Théière-Mais ».
Dont acte : Jeu, set et match… et « dix-de-der » !
Effectivement il convient de constater que les grands pays européens sont aujourd’hui pris en étau entre l’internationalisme forcené imposé par l’Union Européenne et les forces centrifuges qui en résultent partiellement. En effet, avant l’apparition de l’UE, même si une région était plus riche que les autres au sein d’un grand État, elle récupérait d’énormes bénéfices indirects grâce à l’accès à un plus grand marché intérieur pour ses entreprises, d’économies d’échelle sur l’administration, ou encore d’une plus puissante défense nationale. Avec l’UE en revanche, le marché unique et la pax europeana signifient que tous ces bénéfices indirects découlent désormais directement de l’appartenance à l’Union (comme les Britanniques sont en train de l’apprendre à leurs dépens).
Reste alors le déséquilibre budgétaire entre contributions à l’État central et prestations reçues en retour, que les gouvernants des régions riches ne se privent pas de calculer tels des apothicaires. Des apothicaires dont l’ego les prête à se rêver un destin où ils mènent eux-mêmes leur territoire à l’indépendance en alimentant la frustration créée par ce déséquilibre. Et le caractère tragicomique de cette situation n’a d’égal que l’extraordinaire incompétence desdits dirigeants sécessionnistes. Cette perception cynique, purement comptable, est d’autant plus renforcée par le fait que les fonds européens structurels vont directement aux régions en court-circuitant les États…
Quelle cécité.
Et les États se trouvent alors vidés tant de leur substance que de leur
raison d’être.
Du coup, force est également de constater que, dans la mesure où l’État central reste l’échelon principal de représentation politique, la responsabilité politique se trouve déconnectée de la capacité d’agir. D’où les promesses systématiquement trahies et la perte de confiance dans l’action politique qui en résulte. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que le seul échelon de représentation politique auquel on peut encore accorder un peu de confiance est l’échelon local, les maires.
Mais à eux, on
va leur couper les ailes…
Pour autant, le déficit d’action et de responsabilité au niveau de la
politique nationale n’a pas été compensé par une légitimité accrue de la gouvernance
démocratique au niveau européen. La preuve, en plus des « non » répétés à plus
d’intégration européenne, le boycott des élections européennes est de plus en
plus flagrant, prenant acte du fait que la Commission demeure seulement un
organe purement technocratique tout-puissant (cf. et par exemple, tout récemment, l’affaire du
Glycophaste).
Ainsi, nous assistons à la dépolitisation des questions économiques (et
même sanitaires), sur lesquelles le pouvoir décisionnaire est retiré aux
gouvernants nationaux pour être confié à la Banque Centrale Européenne et à la
Commission.
Le vieux rêve d’une Europe des régions – en contrepoids puisque les municipalités auront moins de moyens et de libertés dans les années à venir – impensable il y a quelques décennies, redevient ainsi non seulement envisageable mais surtout réalisable. Pourtant, seul le « Comité des régions », assemblée consultative et non décisionnaire des représentants locaux et régionaux de l’UE institué en 1994, est aujourd’hui la seule courroie de transmission des revendications des autonomistes et des séparatistes auprès de l’UE afin que : « l’Europe (…) puisse pleinement tirer profit de la diversité territoriale, culturelle et linguistique qui fait sa force et sa richesse et qui est gage d’identité pour ses citoyens ».
Ce ne sont toujours que des constats.
Suivant cette logique de construction identitaire à l’échelon local, le sentiment d’appartenance à une nation pour les citoyens devient moins prégnant. Or, qui oserait en effet s’identifier à une nation qui « livrait ses protégés à ses bourreaux » durant la seconde guerre mondiale, selon les mots du « Chi » ?
Qui souhaiterait se réclamer d’un peuple dont les ancêtres commettaient un
crime contre l’humanité lors de la traite négrière ?
Qui enfin pourrait être fier d’appartenir à une nation qui se retrouve
accusée aujourd’hui d’avoir semé les graines des plus grandes horreurs du XXème
siècle lors des guerres de conquête coloniale (également qualifiées de crime
contre l’humanité par « Jupiter ») ?
En assimilant les agissements de certaines élites ou les crimes d’État à
ceux du peuple tout entier, politiques et intellectuels contribuent à faire
porter la responsabilité de ces crimes sur la nation toute entière et, manifestement,
afin de mieux la discréditer.
Rappelons que pendant la Seconde guerre mondiale, une partie importante des mouvements breton et flamand ont fait le choix d’une Europe nazie. Catalans, Basques ou Corsi ont de leur côté été durement réprimés par les régimes fascistes et ont ainsi pu affirmer leur identité dans un processus d’altérité faisant sens au regard de leur Histoire. Chez les « cousins Corsi », s’est d’ailleurs développé le mythe d’une libération héroïque de l’île due à la seule bravoure du parti communiste insulaire et de figures romanesques comme Dominique Lucchini.
Ce qui est vrai et faux : Il aura aussi fallu l’aide des alliés qui y
voyait un « porte-avions » commode et quelques troupes venues du
Maroc. Puis l’effondrement du régime du Duce a jeté les ordres-nazis hors du
port de Bastia.
Dont je n’oublie pas qu’il a été bombardé le surlendemain par les
américains…
Ceci est d’autant plus vrai que celui qui préside aux destinées de notre pays depuis plus de six mois affirmait au début de l’année 2017 qu’« il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse ». Un discours contraire à notre histoire et à l’idéal républicain et qui porte en lui les germes du communautarisme, légitimant en filigrane l’idée que la culture Gauloisienne ne serait qu’un agrégat de sous-cultures. À travers cette déclaration, « Jupiter » s’inscrit ainsi dans la lignée de ceux qui nient non seulement les subtils et puissants apports de l’Histoire qui ont fondé la culture Gauloisienne dans sa singularité et surtout l’édification du roman national. Comme le rappelait « Le Ché » : « dire qu’il faut transmettre les valeurs de la République, c’est trop faible : il faut transmettre l’amour de la France. Le réapprendre ».
Peut-être une réappropriation de la culture et de l’Histoire devra-t-elle passer par une réflexion sur les effets de la mondialisation et sur les fractures sociales, culturelles et géographiques qu’elle engendre, et qui vont à l’encontre de notre modèle égalitaire et républicain traditionnel heurté ainsi de plein-fouet.
Une bonne illustration en est le mouvement des Bonnets rouges bretons dont
les revendications sociales et économiques abondèrent également vers des
revendications identitaires, illustrant ainsi la crise culturelle qui frappe la
périphérie du pays.
Idem pour la « Corsica-Bella-Tchi-Tchi » où les vives réactions
consécutives à l’affaire de Siscu
témoignent de la persistance d’un discours identitaire puissant et de la
volonté des « cousins Corsi » d’affirmer leur différence d’avec les « pinzuti »
jugés trop tolérants vis-à-vis des revendications religieuses communautaristes.
En bref, le mouvement de vortex est bien « en marche ! ».
On le détecte par l’éjection plutôt brutale des personnels « politiques »
du « monde d’avant » au moins en « Gauloisie-électorale »,
pour avoir été remplacé quasiment que par des « petits-nouveaux »
venant de « nulle-part », les autres ne devant leur survie qu’en
léchant le kul des leaders du « monde d’après ». Et on est très en
avance en Gauloisie, là où ça piétine en « Groβ-Britannie », en « Teutonnie »,
en « Ibérie », en « Ritalie » et encore ailleurs.
On le retrouve dans le fait qu’en voulant tuer les nationalismes, les euro-fédéralistes
n’ont donc fait que conduire à la naissance de nationalismes régionaux plus
revendicatifs alors qu’on pouvait imaginer un modèle plus en harmonie.
En effet, l’identité est un besoin fondamental de tout être humain. Ainsi,
même quand les internationalistes arrivent à blesser les identités nationales,
d’autres identités surgissent inévitablement pour remplir le vide laissé.
Tout comme pour « le personnel-politique » nouveau.
Les forces « centrifuges » qui font le vide aux entournures génèrent des effets « centripètes » qui remplissent le vide central ainsi créé.
C’est la méthode de « Jupiter » qu’on voit à l’œuvre, un « vieux-truc »
qui consiste à éliminer tout foyer de rébellion à venir en lui coupant les
vivres pour les remplacer par « des hommes-sûrs » tout en profitant
de la dynamique qui le pousse tous les jours.
Et c’est si facile, finalement…
Il n’en aurait presqu’aucun mérite. Sauf celui de le faire justement et,
pour ne rien gâter, personne ne le voit et encore moins s’y oppose.
Fabuleux.
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