Celles-là, elles ont été vécues…
Il faut s’imaginer le « cousin-Dumé » qui
débarque à Londres avec son accent Corsu et son « English-des-montagnes »…
Corses.
Parler aux ânes, aux chèvres, aux mouflons et aux
dames, il sait faire.
Causer aux flics-continentaux, un peu moins : La
dernière fois qu’il s’est fait arrêter pour « conduite dangereuse » à
doubler dans des virages sans visibilité, les condés lui ont demandé de
présenter son permis de conduire.
« Ayo !
Mon permis ? Mais c’est vous qui l’avez… il est en dépôt à la gendarmerie ! »
Me sachant londonien encore quelques-temps, il a
rassemblé son troupeau de brebis après avoir emballé ses vendanges et s’est
pointé au cœur de la cité post-impériale avec son sourire, son accent, et une
bouteille qui a passé les douanes, je ne sais pas comment : Un engin
explosif, que si vous le secouez trop fort, il en raye de la carte une ville
comme Londres et… les montagnes qui l’entourent.
Lui-même en dit : « Ayo. Celle-là, je ne sais pas combien elle titre… (en degré d’alcool).
L’éthylomètre, il en a fait grève. En revanche,
pour le reste, je sais à-peu-près, Infree : C’est du bon ! »
On peut lui faire confiance…
On avale un « pie » à la viande en sauce et
il veut aller voir « Piccadilly-Circus », histoire de se dévergonder
un peu en l’absence de sa « Germaine-à-lui » (en fait ma « cousine-Vanina »,
celle qui est belle comme un Botero revu par Picasso).
Pas déçu des bières locales, le pékin.
« Ayo,
Infree ! Tu sais comment on dit « tu veux baiser avec moi ce soir ? »
en langage de sauvage ? Je crois que
j’ai une touche. »
Il veut dire « local », l’anglais, quoi.
La « touche », c’est une sorte de laideron
comme seuls les britanniques savent en générer, avec les dents en avant, le
teint pâle, le nez en trompette expansive, des taches de rousseur tout-partout,
un kul comme une amphore outrageusement potelée, courte sur patte, et rousse
comme une carotte.
Gentiment je traduis : « Will you fuck with
me tonight ? »
Et je lui fais répéter la prononciation plusieurs fois
pour qu’il parvienne à se faire comprendre.
La carcasse se lève, se développe, chaloupe et trace
son chemin vers sa cible dans la cohue du pub. Et il revient, l’air ravi.
N’y croyant pas, je questionne : « Alors ? »
« À neuf
heures ! »
Où ça ?
Il a oublié de demander, comme si c’était naturel. « Tu dis « where ». Ça va aller ? »
« Ou-werre ?
Je saurai faire ! »
Et là, il se prend une baffe retentissante !
Penaud, il revient à notre table et je lui demande :
« Bé alors ?
T’as merdé quoi au juste, là ? »
Il ne sait pas…
« Mais elle
t’a dit quoi la première fois ? »
« Comme je
te l’ai dit, Infree : Never ! »
Il m’en a fait une autre très drôle à London-Airport
Heathrow international alors que je le ramenais à son avion de retour, via
Nice, deux jours plus tard, et qu’il commençait à baragouiner le Shakespearien mieux
que moi.
Vu tout ce qu’on a bu, probablement aussi tout ce qu’on
a mangé de pas très catholique pour être anglican-natif alors que son estomac à
lui n’est pas du tout accoutumé, il est pris d’une « galopante »
insoutenable.
Là, les chiottes-locales sont bien balisées, mais je
le vois ressortir en rouspétant et se diriger vers une hôtesse d’accueil au « desk »
du bar le plus proche pour être voisin.
Je tends l’oreille et l’entends dire à la gamine de
service :
« – I need some
pepper please !
–
What kind of pepper do you need ? Black pepper ? White pepper ? Hot pepper ?
– Toilet pepper, please ! »
Gros éclat de rire devant la mine déconfite de la rouquine (une de plus) !
Pour les béotiens (et autres germanophones), on peut traduire le dialogue
de sourds par :
« – J’ai besoin de poivre, s’il
vous plait.
– De quel genre de poivre
avez-vous besoin ? Poivre noir ? Poivre blanc ? Piment ?
– Poivre de toilette, s’il
vous plaît-il ! »
Hein, il n’est pas magnifique, mon « cousin Dumé » ?
Et à propos de « cagade-galopante », il m’en
a rapporté une « revenue », revue, corrigée et enrichie.
Le gérant d’une grosse entreprise bastiaise se cherche
un homme de ménage.
Après avoir passé plusieurs entrevues, 4 candidats retiennent
son attention de par leurs expériences de travail ainsi que leurs bonnes
références.
Voyant qu’il était assez difficile de choisir parmi
ces 4 candidats super-doués, il les réunit afin de leur faire subir un dernier
test.
Alors, à la date prévue, les 4 candidats arrivent
exactement à l’heure.
Le gérant leur pose alors la question :
« Quelle
est la chose la plus rapide que vous connaissez ? »
Le premier répond :
« La pensée
! Elle te vient à l’esprit sans avertissement qu’elle s’en vient, elle est
juste là. Oui, la pensée est la chose la plus rapide que je connaisse. »
Le gérant est très satisfait de sa réponse et se
tourne vers le deuxième homme pour connaître sa réponse.
Celui-ci répond :
« Hmmmmm,
ah oui ! Ce qui est le plus rapide, c’est le clin d’œil. Ça vient et ça s’en va
sans que tu t’en aperçoives. Oui, le clin d’œil, c’est ce que je connais de
plus rapide. »
Le gérant de plus en plus content, se tourne vers le
troisième homme, s’attendant à une réponse toujours meilleure.
L’homme répond sans hésitation :
« La chose
la plus rapide, c’est la lumière, tout le monde le sait. Tu peux avoir un très
grand bâtiment, aussitôt que tu allumes, peu importe la distance, la lumière
s’allume avant que tu aies le temps de t’en rendre compte. La lumière est ce
qu’il y a de plus rapide au monde. »
Le gérant, très impressionné, a très hâte d’entendre la
réponse du dernier candidat.
Celui-ci, un corsu-natif, ne se presse pas de répondre
mais fini par dire :
« Vous avez
tous tort, messieurs ! Ce qui est plus rapide au monde, c’est la diarrhée. Je
parle par expérience. L’autre jour, je l’ai attrapée et laissez-moi vous dire
que je n’ai pas eu le temps de penser, de faire un clin d’œil ou d’allumer la
lumière, que j’avais déjà chié dans mes pompes ! »
Et puis une autre également arrivée dans les bagages
du « cousin Dumé » :
Là, il s’agit de Mohamed.
Pourquoi Mohamed, je ne sais pas : Les Corsi ne
sont pas racistes pour un sou, d’autant que ce sont les maghrébins locaux qui
viennent faire le boulot des jeunes-chômeurs-autochtones, et tant que ça dure
comme ça, tout le monde est content.
Je veux dire, les uns ne se fatiguent pas trop, et les
autres ont de quoi payer leur loyer (et accessoirement manger : Se
soigner, c’est assuré par la « sek-soc » des pinzunti).
Mohamed Ben-Baskulante se présente, pour un emploi de
vendeur dans le « Grand Bazar » d’Ajacciu où l’on vend de tout.
Le patron, le « cousin Ange-Pasquale » lui demande
s’il a de l’expérience.
« – Si j’ai de
l’expérience ?
– Dans
la vente ?
–
Aaiaiaiaiaille, ti me demande ça à moi, patron, moi Mohamed Ben-Baskulante ? Mais j’y suis « le » Roi de la
vente, moi ! Mon cousin il avait une boutique, j’ai tout vendu. Maintenant il
est parti au souleil, tellement j’l’ai rendu riche… sir la tête de ma mère, y’a
pas meilleur vendeur que moi ! »
Ange-Pasquale, le patron, amusé par la situation
décide d’essayer le jeune homme pour la journée.
Le soir, après la sieste, il revient pour voir ce
qu’il a bien pu vendre.
« – Alors,
combien de ventes as-tu fait aujourd’hui ?
– Une
seule, sur ma tête Patron, il est v’nu qu’un seul client. »
Ce n’est pas très brillant ça…
« – Et une
vente de combien ?
– Seulement
100.000 Euros, patron. Disolé !
– Quoi
? 100.000 ? Tout rond ? Mais… comment ça ? »
Et Mohamed raconte :
« Y a un
type qu’est vi’ni et j’li ai vendu un hameçon. Pis, j’li propose la petite
canne à pêche au lancer et une série de mouches. Et comme j’li dit qu’il peut
pas pêcher sans être bien équipé, j’li vends aussi la grande canne avec la
ligne et les bouchons et un moulinet.
Sir la
tète de ma mère, t’en as jamais vi un comme ça, que j’li dis. « Ti peux
r’monter MobyDick avec ça. »
Après,
pour pas qu’il ait honte devant les autres pêcheurs, j’li ai vendu
l’équipement, les bottes, le ciré et le bob. Parce qu’avec sa canne toute
neuve, s’il a pas l’équipement, y va passer pour un plouc, hein patron ? Et les
clients di « Grand Bazar », ils peuvent avoir l’air con mais pas
l’air plouc.
Pis,
j’li demande où il va aller pêcher. I’mm dit « sur la côte ». Alors,
j’li dis qu’il ferait bien d’acheter un bateau pour pêcher au large, et j’li
vends le hors-bord de 12 mètres avec li deux moteurs.
Et j’li
demande comment y va emmener son bateau sur la côte.
Y
savait pas. Alors, j’li ai vendu la nouvelle Mercedes et une remorque pour
tracter le bateau. Et pis on a fait les comptes. Ça fisait 101.124,94 Euros.
Alors
j’li dis : « Comme t’es un bon client, j’ti fais un prix : 100.000 tout rond,
mais ti paies cash. Il a dit « j’y-passe à la banque et j’arrive ».
Et 1/2
heure après, il est rev’nu avec l’argent et il a tout pris, patron.
Les
sous sont là dans la caisse. »
Ange-Pasquale est scié, complètement ahuri, assis
par terre.
Il n’en croit pas ses oreilles, il regarde l’argent
dans la caisse et dit :
« – T’as
vendu une Mercedes et le hors-bord à un gars qui venait pour acheter un hameçon
?
– Heu… bin
non, pas vraiment, patron… L’client, y v’nait pour ach’ter une boite de TAMPAX
pour sa femme, alors j’li ai dit : Puisque ton week-end il est foutu, pourquoi
t’irais pas à la pêche. »
(Dans l’originale, d’abord c’était sur la côte d’azur
et ensuite la chute s’arrêtait à la vente du bateau, de la remorque et de la
voiture.
Comme quoi, en franchissant la « mare-nostrum »,
les corsi démontrent leur supériorité incontestable en matière de « macagnana »)
Quant aux anglais, Dumé, qui reste très éclectique, m’aura
rapporté les conclusions récentes d’études épidémiologiques qui viennent d’être
révélées par la revue médicale « The Psychoscientist ».
A) Les Japonais mangent très peu de matières grasses
et ont moins de crises cardiaques que les Anglais et les Américains.
B) Par contre, les Français mangent beaucoup de
matières grasses et sont moins sujets aux crises cardiaques que les Anglais et
les Américains.
C) Les Japonais boivent peu de vin rouge et sont moins
sujets aux crises cardiaques que les Anglais et les Américains.
D) Les Français boivent énormément de vin rouge et
sont aussi moins sujets aux crises cardiaques que les Anglais et les
Américains.
La seule conclusion qui s’impose :
Buvez et mangez ce que vous voulez.
C’est parler anglais qui tue.
Bon week-end à tous et à toutes : C’était une
visite sympathique !
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