Je suis arrivé à Londres,
Un peu de façon improvisée à l’issue de mes
vacances-marines pour le moins perturbées, juste au moment où Big-Ben devenait
aphone : Le Royaume-Uni va mal si même la fameuse cloche présente jusque
dans l’inconscient de l’univers britannique connu et inconnu s’arrête pour un
vaste carénage centennal.
C’est un peu comme si on démontait la Tour-Eiffel
parigote pour poncer et ravauder tous ses rivets…
Depuis, je « planque » dans des bureaux
cachés au fond du quartier St-Paul, écoutant (comme je peux), regardant ce qui
se passe quant aux bouillonnements que provoque le « Brexit »,
directement sur place, et recrute de futurs clients pour « mon boss à
moi ».
C’est que ça commence à bouger depuis mon
dernier post sur le sujet.
D’abord surpris, puis incrédules, désormais s’énervant
de l’incapacité du gouvernement de « Théière-Mais » à avancer en bon
ordre vers une sortie « honorable », ils vont finir par perdre leur
flegme légendaire, en tout cas dans le milieu « des affaires ».
Le « milieu financier », lui il a déjà
globalement mis en place ses stratégies : Il n’y aura pas de perdants,
mais pas mal de cocus.
La City va rester la place mondiale des « paradis-fiscaux ».
Ce sont des champions du monde toutes catégories confondues et même « mon
boss-à-moi » avec son « petit-empire » monégasque, il fait
figure de nain, juste là pour amuser la galerie.
Si vous n’avez pas bien lus, les « Paradise-Pampers »
n’ont même pas ébranlé la sérénité de ces gars-là.
Pas plus que les « Panama-Pampers » en leur
époque… C’est dire !
Dans le tas, les américains installés à Londres et qui
« travaillent l’euro », ils vont se casser de là. Plusieurs milliers
de salariés vont déménager en Allemagne, laissant vacants leurs logements, avec
toute la petite-famille et leur fabuleux pouvoir d’achat de « broker ».
D’autres, notamment dans la high-tech vont filer à
Dublin quand ce n’est déjà pas le cas depuis l’origine : Question de
langue, de fiscalité et de culture anglo-saxonne.
En revanche, les industriels se demandent encore
comment ils vont pouvoir exporter sur le continent…
Les cocus de l’affaire.
Les « impatriés », y compris
« Gauloisiens » (dont je suis, mais j’ai aussi un passeport italien
et un autre monégasque), vont pouvoir rester : De toute façon, ils ne
peuvent pas s’en passer.
Juste, les contrôles aux frontières seront un peu plus
renforcés, à Folkestone, Dover, Saint-Pancras.
Notez qu’ils le sont déjà à … Calais, Boulogne, Gare
du nord, Brussels et encore ailleurs…
C’est justement là que se pose la question des
« borders », les frontières. Globalement, il y en a deux séries
: Celles avec l’Irlande et celle qu’on oublie toujours, avec l’Espagne (à
Gibraltar).
Cette dernière est bien réelle, en revanche, la
première n’existe que sur le papier et les panneaux indicateurs routiers :
D’un côté, on compte en miles, de l’autre en kilomètres…
Des drôles.
Un peu comme quand vous passez de
« Gauloisie-routière » en Wallonie : Les autoroutes sont
éclairées « a giorno » en
pleine nuit, et pas seulement les « entrées/sorties » !
On en est à seize mois après son arrivée au pouvoir, et
en fait, « Théière-Mais » est au tapis. L’extrême difficulté du « Brexit »,
la malchance, ses propres erreurs, les ambitions sournoises de ses ministres
ont transformé son mandat en calvaire.
Elle sort de scène comme groggy, titubant presque au
bras de son mari, Philip, qui a cru bien faire en venant la réconforter
dernièrement… mais démontre du même coup combien elle a désormais besoin d’aide.
Affaiblie comme jamais, par exemple le 4 octobre, du
hall de Manchester Central, l’ancienne gare reconvertie en centre des congrès
qui accueillait là la grand-messe des conservateurs britanniques : Elle
comptait y reprendre la main face à un parti dont les membres contestent son
autorité et des ministres qui défient son leadership. Résultat, tout est allé
de travers !
Prise de quintes de toux à répétition, la Première
Ministre perd son auditoire. Pendant plusieurs dizaines de minutes, elle
luttera pour retrouver sa voix, mais même le bonbon au miel tendu depuis le
premier rang par son ministre des Finances, Philip Hammond n’y a rien fait.
Et le coup de grâce est venu des lettres adhésives du
slogan des « Tories » qui, en se détachant du mur devant lequel elle parlait,
ont offert le triste spectacle d’un
monde qui s’écroule. Pitoyable.
Le week-end suivant, une trentaine de députés
conservateurs complotaient encore pour la renverser. En vain pour l’heure.
Le 23 juin 2016, le « Leave » vient de l'emporter au
référendum. Le Premier ministre « tory » « Camé-Rhône » démissionne.
Elle, elle veut rassembler, rassurer aussi, en promettant que la volonté du
peuple sera traduite en actes : « Brexit
means Brexit ». On la croit alors que, ministre de l'Intérieur pendant six
ans, elle a défendu le « Remain » au
nom de la discipline gouvernementale dans campagne référendaire où elle est
restée très discrète.
Et là, tout dérape : La nouvelle locataire du « number ten » adopte très vite une ligne « dure »
sur le « Brexit ».
Son diagnostic : La victoire du « Leave » est une
réaction des Britanniques à l’immigration venue des pays de l’est de l’Union et
à l’incapacité du gouvernement à la limiter.
Pour reprendre le contrôle des flux migratoires, il
n’y a donc pas d’alternative : Il faut à la fois sortir du marché unique et de
l’union douanière. Et pour que le pays retrouve sa souveraineté, la Cour de
justice de l’UE n’aura plus voix au chapitre, ajoute-t-elle.
Des choix lourds de conséquences. « À ce moment-là, elle aurait pu interpréter
différemment le résultat du référendum, et renvoyer dans leurs buts les ‘‘hard
Brexiteers’’ qui, dans son parti, prônent une sortie radicale de l’UE. Mais
elle a au contraire choisi de les ménager. Ensuite, ce sera trop tard. »
Pour les relations avec Bruxelles, ensuite : « Ses choix initiaux ont considérablement compliqué
la négociation avec l’UE et réduit les chances d’un soutien des autres partis
politiques britanniques. Avec un résultat encore aujourd’hui incertain. »
C’est le moins qu’on puisse dire : « À trop vouloir un ‘‘hard Brexit’’, elle
risque d’aboutir à un ‘‘no deal’’ » (une sortie sans accord de
remplacement, qui donnerait au Royaume-Uni un statut de pays tiers-lambda, tout
juste membre de l’OMC).
Ce qui pourrait bien arriver, finalement…
Autre péché originel, les Britanniques l’ont fait
savoir quand, voulant conforter sa majorité parlementaire pour mieux négocier
le « Brexit », elle a commis « the
big mistake » : Convoquer des élections législatives anticipées !
Elle aurait dû consulter « Juppette »,
l’heureux « sortant » des élections de 1997.
Sur le coup, personne ne trouva à y redire. Tout le
monde jugeait le coup finement joué. Mais là encore, rien n’ira comme prévu. La
campagne se passa mal, elle sous-estime son adversaire archéo-travailliste, « Jérem’-Corps-bine »,
qui séduit les jeunes par son charisme et ses diatribes contre les inégalités.
Elle laissera ses proches conseillers rédiger, sans
mener aucune consultation du parti, le programme des « Tories ». Les militants,
furieux, devront défendre sur le terrain des propositions aussi impopulaires
qu’une réforme de la protection sociale à vrai dire confiscatoire pour les
personnes âgées qui donne à l’État le droit de payer les soins qu’elles
reçoivent à domicile en se remboursant post-mortem
sur la vente de leur maison, ou aussi polémiques que la ré-autorisation de la
chasse aux renards…
Bref : « C’est
de sa faute. Elle n’aurait jamais dû laisser faire cela et elle aurait dû
vérifier ce qu’il y avait dans le manifeste ».
À l'arrivée, l’impensable se produit. Le 8 juin 2017,
onze mois donc après son arrivée à Downing Street, le Parti conservateur perd
sa majorité à la Chambre des communes. Elle en est réduite à former une
coalition bancale avec les unionistes irlandais du DUP. Elle ne réussira plus
ensuite à retrouver la maîtrise de l’agenda.
Le 21 septembre, le discours qu’elle prononce à
Florence a suffisamment de souffle pour réchauffer le climat entre Londres et
Bruxelles et débloquer les négociations sur le « Brexit ». Mais les
commentateurs, qui attendaient un texte (re)fondateur restent sur leur faim.
Lorsqu’elle annonce des mesures « sociales », comme à Manchester son projet d’encadrer
les loyers et de plafonner les tarifs de l’énergie, les éditorialistes
soulignent les incohérences avec la vision libérale défendue quelques phrases
plus loin.
Quand elle donne des gages aux « hard Brexiteers », le
CBI – le Medef britannique – lui rappelle aussitôt l’épée de Damoclès qui pèse
sur l’économie domestique. Lorsqu’elle demande aux leaders européens de l’aider
à sortir par le haut des négociations, on l’accuse de mendier une aumône à
Bruxelles.
Elle aggrave encore son cas face au drame de l’incendie
de la Grenfell Tower (80 morts dont 18 enfants, mi-juin) : Lorsqu’elle se rend
sur le lieu du sinistre, c’est son manque d’humanité qui saute aux yeux du
public. Invoquant « des raisons de
sécurité », elle ne rencontre aucune famille de victime… Pendant que
« Corps-Bine » distribue avec empathie accolades et poignées de main
compatissantes.
Pire encore, au cours des derniers mois, l’action du
gouvernement est occultée par les rivalités, coups bas et phrases assassines
qui focalisent l’attention des médias. Chaque matin, des articles bien informés
exposent les divisions au sein du cabinet et rendent compte des ambitions de
ses quatre ou cinq poids lourds. Un jour, on distille les révélations d’un
livre selon lequel elle a pleuré une semaine entière après les législatives de
juin…
Un autre, on s’interroge sur sa capacité à résister
physiquement et nerveusement.
On s’interroge sur ses cernes, que ne parvient pas à
masquer un maquillage pourtant appuyé.
On se demande qui, de son mari ou de ses docteurs, lui
demandera de prendre du champ, alors qu’elle est atteinte d’un lourd diabète.
Les coups les plus rudes ne viennent pas du Labour, mais
de son propre secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Par deux fois, il fait
entendre dans la presse une voix discordante sur le « Brexit »,
défiant ainsi ouvertement la Première ministre.
Le 15 septembre, soit une semaine seulement avant le
discours de Florence, « Boris-Gordon-Flash-John-sonne » donne dans
une première tribune, publiée par le Daily Telegraph, sa vision « pour un Royaume-Uni ambitieux et prospère
grâce au Brexit ». Le 30 septembre, rebelote : Dans une interview au Sun,
il fixe les « lignes rouges » qu’il
veut imposer à la Première ministre dans ses négociations avec Bruxelles. « Dans n’importe quel autre gouvernement, un
ministre s’exprimant de la sorte aurait été immédiatement viré ».
Mais elle laisse faire : Se débarrasser de son
ministre, ce serait lui offrir un boulevard pour mieux la critiquer et un jour
lui succéder. Depuis, elle avale couleuvres sur couleuvres.
Sur le « Brexit » soi-même, elle est
contrainte à une communication de flou artistique et à une politique de petits
pas, sans pouvoir trop promettre à Bruxelles de peur de froisser ses « hard
Brexiteers », tout en cherchant un accord dont elle pourra à terme être
créditée. Le « no deal », pour elle, n’est pas une option. Mais quel que soit l’accord
qu’elle pourrait conclure avec l’UE, il risque d’essuyer, à Londres, une volée
de bois vert. « À la fin, elle ne pourra
éviter de décevoir une partie de son propre camp : Les pro-européens ou les
défenseurs d'un « Brexit » dur. À moins que ce ne soit les
deux… »
Et puis l’affaire Weinstein a provoqué par ricochet de
nombreux scandales au Royaume-Uni et révélé l’attitude problématique de nombreux
membres du Parlement à l’égard des femmes à Westminster. Le ministre de la
Défense a démissionné, le 1er novembre, après avoir reconnu des
attouchements inconvenants.
La secrétaire d’État britannique au Développement
international et fervente partisane du « Brexit », « Priti-t’es-Pas-belle »,
a démissionné l’autre mercredi. Il a ainsi été révélé qu’elle avait rencontré
des personnalités politiques israéliennes sans en informer son gouvernement…
Exit !
La classe politique menace également de faire tomber
un autre proche de « Théière-Mais », le vice-Premier ministre Damian
Green, ainsi que le secrétaire d'État au Commerce international Mark Garnier.
Finalement, si elle reste au pouvoir, c’est surtout
faute de meilleure solution.
Que ce soit pour les « hard Brexiteers » de son parti,
dont elle fait malgré tout avancer les idées, le DUP qu’elle contribue à faire
exister, ou Bruxelles, qui ne veut pas négocier avec plus radical qu’elle :
« Tout le monde veut qu’elle reste, mais
pour des raisons négatives ».
La rue l’a affublée d’un surnom terrible : « Theresa Won't ».
Absolument extraordinaire.
Seize mois après son arrivée au pouvoir, elle est donc
au tapis au moment même où il faudrait sortir les griffes et les crocs.
Depuis, il n’y a plus aucun suspense, c’est désormais
officiel. Le gouvernement britannique a annoncé jeudi dernier que le « Brexit »
aurait lieu le 29 mars 2019 à 23 heures : « « Nous avons procédé à cette précision pour supprimer toute confusion ou
inquiétude sur la signification de l’expression Exit day », a déclaré le
ministre en charge du « Brexit », « David coupe-Davis »,
rappelant que la date et l'heure de sortie seraient inscrites au projet de loi
britannique de retrait de l’UE.
L’heure a été choisie par le gouvernement britannique
: Tout le monde s’attendait à ce que le « Brexit » survienne à minuit
heure de Londres. Il surviendra finalement à minuit heure de Bruxelles, 23
heures au Royaume-Uni…
Curieux cet « alignement-là ».
Pour moi, c’est une surprise : Il interviendra
probablement bien avant, à la hache et par surprise.
Les britanniques se sont donnés le temps de se mettre
en ordre de bataille pour finaliser des négociations d’une
« sortie-propre ».
Depuis ils pataugent grave.
Qu’ils sortent le dernier vendredi de mars 2019, à 23
heures, à minuit, ou un an avant, ça ne changera pas grand-chose.
D’autant que ce sont les européens qui demandent
depuis le début une accélération du processus de sortie.
Et, au pied du mur, petit-à-petit l’UK cède. « Théière-Mais »
est désormais prête à payer les 60 Mds€ que lui réclame l’UE pour le divorce. C’était
l'exigence n° 1 de Bruxelles pour envisager un deal avec les Anglais.
On annonce également que la plupart des 3 millions
d’Européens vivant en UK seront autorisés à rester post « Brexit ». C’était
l’exigence n° 2 de l’UE.
Reste la 3ème et dernière exigence : La
question de la frontière Irlande/Irlande du Nord, délicate, certes, mais sur
laquelle personne ne veut raviver les tensions.
On y arrive.
Ensuite, ensuite seulement, les européens seront
ouverts à des négociations sur les futurs partenariats commerciaux, le
libre-échange, les droit de douane, etc., comme indiqué ci-avant.
Et comme je viens de le dire, ils ne sont pas
tellement nombreux à y croire encore, d’autant que la puissance américaine –
les cousins d’outre-Atlantique – semble les laisser tomber.
Le porte-avions américains va se désarrimer des
institutions européennes qu’il avait savamment contrarié au fil des décennies
dans son développement vers une harmonisation plus complète…
Alors seulement va apparaître le problème de l’Irlande
du Nord, puisque la majorité des habitants a voté pour rester dans l’Europe : à
56 %.
Idem en Écosse. Mais eux resteront attachés à la
couronne des anglais : Remettre une « border » effective dans
les Highlands leur semble hérétique.
Même si la population est divisée. Les autorités aussi,
au moins en Irlande. À un tel point que depuis les dernières élections il y a
sept mois, les élus catholiques et protestants nord-irlandais, qui sont censés
se partager le pouvoir, n’ont pas réussi à former un gouvernement. Leurs
visions sur le « Brexit » sont bien trop éloignées.
34 % des exportations nord-irlandaises partent en
direction de l’Irlande.
Les échanges internationaux britanniques, c’est 510
milliards US$ d’exportations dont plus
de la moitié vers l’UE et pour 690 milliards US$ d’importations provenant pour
plus d’un tiers de l’UE, avec actuellement des flux déjà à la baisse.
L’économie britannique, c’est une vaste usine de
recyclage des productions européennes vers l’Asie et le continent américain.
Il pourrait tomber en panne, faute d’accord.
Tout va dépendre également du soutien de la BoE :
Soit elle soutient la Livre sur le marché des changes et un Soros va se faire
des fortunes à spéculer sur la chute de la monnaie locale. Soit elle laisse
filer – ce qui reste le plus probable et le moins coûteux – et l’inflation
pourrait remonter à terme jusqu’à 2 chiffres « épurant » ainsi à bon
compte une dette de plus de 85 % du PIB et l’épargne des « middle classes ».
Alors ce sera le moment de réinvestir en UK, pas avant,
alors que les européens crieront au scandale du « dumping ».
En bref, le « Brexit », un échec des
« maîtres du monde », qui n’ont pas du tout anticipé les « forces
centrifuges » ni même vu à temps les financements occultes des « forces
obscure », eux les maîtres de l’ombre : Un paradoxe qui s’est
renouvelé en novembre aux USA.
Un comble !
Mais ils vont le retourner en leur faveur et donner
une « bonne leçon » aux britanniques. Probablement au profit du
continent européen qui y trouvera peut-être une aubaine.
Ce qui me fait conclure que finalement personne n’a
vraiment intérêt à ce que les négociations progressent vers une
« normalisation » des rapports avec le continent.
Mais je me trompe peut-être…
Enfin, espérons-le au moins un peu, même si pour
l’heure, j’informe les quelques-uns de l’existence de fonds à caractère de
protection des plus riches, quand ils ne savent pas déjà les avantages de
l’expatriation de leurs biens…
Ignoble, finalement : Ce qui me va assez
bien !
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