C’est
obligatoire du CP à la terminale !
Et pas vraiment grand-chose de plus.
Sauf à être un sujet d’inutiles polémiques qui stressent, une fois de
plus, les enseignants…
C’est d’ailleurs présenté comme la grande nouveauté de la dernière rentrée
scolaire : l’EMC et dispensé dès ce mois de septembre à tous les élèves, tous.
Une réponse à la grande mobilisation de l’école – et de quelques autres – pour
les valeurs de la République après les attentats de janvier.
Mais plus prosaïquement, c’est quoi en définitive ?
Des cours d’instruction civique comme on en avait dans les années 70 ?
En fait, pas vraiment : Les « CIC » étaient accolés aux
programmes d’Histoire-géo et tentaient de nous définir les « valeurs de la
République », issues justement de l’Histoire du pays, et de nous faire
découvrir les « institutions », leurs mécanismes et pourquoi ils
étaient comme ça et pas autrement.
Pour ma part, si je me souviens bien, c’était plutôt du bourrage de crâne
d’enseignants « post-soixante-huitards », proto-marxistes pour la
plupart, qui oscillait entre la critique de la « réforme Edgar Faure »
l’un ministre des ministres de l’ékole-pue-blique » de l’époque (puis
celle de Fontanet et ensuite celle de Haby et ses 10 % libres) et les bombardements américains au
Vietnam…
C’est sans doute à cette occasion que j’ai découvert le phénomène des
« boat-people » vietnamiens (l’année du bac, si je me souviens bien)
de tous ces gens (des centaines de milliers) qui fuyaient (déjà !), par
tous les moyens le « paradis-marxiste-maoïste » promis par les
vainqueurs locaux et le corps-enseignant Gaulois dans sa quasi-unanimité.
De quoi être définitivement vacciné contre toute forme de
« socialisme » à venir et contemporain : Non seulement on
m’avait menti, avec de l’impôt payé généreusement par mes parents – tout ce que
je ne retrouvais pas dans mon assiette –, mais en plus, déjà rebelle, je
n’étais pas autorisé à redoubler en cas d’échec au bac.
Double trahison de « mes maîtres »…
Pour les faire caguer, j’ai réussi à choper une mention et la deuxième
meilleure note des copies de philosophie de l’année, l’une n’allant pas sans
l’autre.
Et puis j’ai couru m’inscrire en philo et en histoire à la Sorbonne, et en
droit à Assas-Panthéon, la fac de droit des fachos, pour l’aspect «
alimentaire » de mon avenir professionnel.
Plus tard, j’ai trouvé assez intelligent de faire expertise-comptable et
fiscalité, la synthèse, quoi…
Ce qui m’a permis de croiser notamment SAS « Moraline de Conac’ »
avec ses seins à l’époque tout frétillants, entourée d’une nuée de fans et
prétendants à « l’hideuse particule », découvrant alors
« l’immense fatuité » de ces soi-disant « z’élites », pour
aller finalement « faire rebelle » à Assas : J’y tenais, par
épisodes, le bureau de l’UNEF-ID, réputée « coco », pour les beaux
yeux d’une belle-rousse et l’accès au téléphone qui n’avait rien de coco (même
s’il était peint en rouge) et comptait trois ou quatre « votants ».
Sportif, puisque j’ai abandonné la rousse quand elle s’est faite taper à
s’en démolir la tronche par les « fafs » du GUD, le service d’ordre
de « Giskar-A-la-barre », où j’ai retrouvé des « potes de
bahut » qui me foutaient la paix…
Bref, depuis j’attends avec impatience la renaissance de
« l’instruction-civique » dans les bahuts, me mobilisant même parfois
à aller soutenir bénévolement un établissement « difficile » en zone
(n’y aller que par les transports en commun…) en matière de
« civisme ».
Et que découvre-je (de loin) ?
Que grâce à « Nagea-Va-l’Eau-Belle-qu’a-sème » et aux « Charlie » sanguinolents, désormais les
élèves du primaire auront une heure d’EMC par semaine, les collégiens et les
lycéens une heure tous les quinze jours.
Ce qui représentera 300 heures sur l’ensemble d’une scolarité.
Au collège et au lycée, cet enseignement sera le plus souvent dispensé par
les profs d’histoire-géo, mais pourra aussi l’être par leurs collègues d’autres
matières.
Laïcité, lutte contre les discriminations, fonctionnement de la
République, État de droit, pluralisme des opinions, valeurs de la République…
Voilà quelques-uns des thèmes du programme.
Et dire que les jeudis j’avais le droit d’aller à la corvée du catéchisme…
« L’idée est que l’esprit critique
des élèves soit aiguisé », a résumé la ministre de l’Éducation sur Trans-Inter.
Je te demande un peu…
Pour mieux vivre ensemble, les élèves seront poussés à réfléchir aux
règles qui régissent l’école et la société.
« Au début de l’année, je compte
leur faire analyser le règlement du lycée et débattre de son bien-fondé. On
étudiera ensuite la différence entre un règlement et une loi », indiquait
une enseignante d’histoire-géo dans un lycée de Seine-Saint-Denis.
Bien ! Mais sait-elle ce que c’est exactement, juridiquement, veux-je
dire ?
Les élèves seront poussés à se poser des questions, à argumenter et à respecter
le point de vue des autres.
Un livre ou un film pourra servir de support à la discussion : Ne
sommes-nous pas trop loin des principes de « laïcité et fonctionnement de la République », là, même en lisant du
Simenon ou du Bretécher ?
« Les élèves seront amenés à réagir
sur des dilemmes moraux, en répondant par exemple à la question "est-ce
que l’on peut se faire justice soi-même" », explique la directrice
générale de l’enseignement scolaire.
Euh, c’est quoi « la Justice » au juste ?
Pilier les ressources d’un pays au nom de l’impérialisme et du « progrès »,
par exemple ?
« En primaire, on peut par exemple,
les faire travailler sur La chèvre de monsieur Seguin et leur demander s’il
vaut mieux vivre prisonnier, mais en sécurité ou libre, mais en prenant des
risques », suggère une conseillère technique au SE-Unsa.
Une usine à fonctionnaires alors ?
Pour aborder certaines notions, comme l’État de droit, les enseignants
pourront utiliser les jeux de rôle. « On
peut partir de cas précis, comme celui des faucheurs de champs OGM pour
expliquer la différence entre légitimité et légalité. Certains élèves
incarneront des faucheurs, d’autres un juge ou un avocat », explique une
autre.
Vaste débat : La loi est-elle toujours légitime ?
Ou encore la légitimité doit-elle toujours être légale ?
Principe/Portée, svp !
« En primaire, l’enseignant pourra
partir d’un conflit entre élèves pour aborder la communication non-violente et
le respect d’autrui », explique la secrétaire nationale du Se-Unsa.
L’EMC peut aussi être l’occasion de mettre en place un système de
médiation entre pairs pour résoudre les conflits entre élèves.
Euh, pas en « Corsica-Bella-Tchi-tchi » : On évitera ces « opportunités-là »
si on ne veut pas que ça dégénère en guerre civile pendant les récréations et
même au-delà, svp !
C’est une manière d’inciter les élèves à s’engager.
De futurs militants « soces » ?
« Lors de ces conseils d’élèves, ils
seront invités à réfléchir par exemple, à l’organisation de la classe ou au
thème du prochain carnaval », explique une autre.
Un moyen de leur faire prendre conscience de ce qu’est un vote et de la
légitimité d’une décision prise par la majorité.
Là encore, en « Corsica-Bella-Tchi-tchi », territoire
« champion du monde » des « votes arrangés », on évitera,
svp !
« Pour leur faire comprendre le
fonctionnement de la démocratie, rien de telle qu’une visite du Sénat ou de
l’Assemblée nationale », d’après une professeure d’histoire-géo dans un
lycée de Laon (Aisne).
La visite de lieux de mémoire s’inscrit aussi dans le cadre des EMC.
En « Corsica-Bella-Tchi-tchi », on évitera aussi : Trop
loin, trop cher.
Chaque établissement devra développer sa radio, son blog ou son journal
pour mieux comprendre les enjeux de la fiabilité de l’information.
J’avais fait le « Laïus » avec quelques potes et la ronéo-typeuse
de la salle des profs, en première. Je tenais la rubrique « pour &
contre », en signant de deux pseudos différents, sur les controverses du
moment…
C’était saignant, je vous dis !
Quelle rigolade…
« Je vais aussi apprendre à mes
élèves des techniques de recherches sur Internet afin de leur expliquer comment
distinguer les différentes sources d’information (blogs, forum, article sur un
site d’informations…) », en dit l’une d’elle.
Tout cela dégouline de bonnes intentions, assez loin des apprentissages de
« la règle ».
C’est un peu comme si les élèves devaient débattre du bien-fondé des
règles de grammaire… et voter leurs changements !
Ou des traductions de l’anglais, par exemple…
D’ailleurs, à peine née, une « réformette » déjà contestée.
L’EMC a ses détracteurs !
Le ministère de l’Éducation a eu la bonne idée de publier il y a quelques
jours des ressources pédagogiques sur le site Eduscol, afin d’aider les
enseignants à mettre en œuvre ce nouvel enseignement.
Mais certaines de ces fiches font déjà polémique.
Les suggestions du ministère sur le travail des stéréotypes sexistes en 3ème
par exemple font notamment débat. Les élèves sont invités à identifier les
caractéristiques « masculines » et « féminines » de personnages comme Billy
Elliott ou des femmes au pouvoir comme (Angela Merkel, Laurence Parisot)…
« Une aberration » pour le vice-président
du Snalc (syndicat d’enseignants secondaire) : « Je crois surtout que cet exercice va conforter les stéréotypes sexistes
», déclare-t-il.
Même si cette fiche n’est qu’une proposition d’exercice que les
enseignants sont libres de reproduire ou pas, le syndicaliste estime qu’elle
est loin d’être anodine : « C’est un
document officiel présenté comme un modèle venant en aide aux enseignants qui
découvrent ce nouvel enseignement. Or, c’est tout sauf un soutien ».
Un avis que conteste le secrétaire général du SE-Unsa : « Cette polémique n’a pas lieu d’être. Ce
document est un appui pédagogique que les enseignants sont libres de prendre ou
pas. D’autre part, il est important que les élèves expriment les stéréotypes de
genre afin qu’ils puissent les analyser ensuite ».
Z’ont cas faire ça en « sciences de la vie » et étudier les
bestioles…
Le ministère de l’Éducation évoque quant à lui « une polémique stérile ».
« L’unique objectif de cet exercice
est de prendre conscience des stéréotypes que nous pouvons avoir afin de les
nuancer et de les questionner », précise-t-on.
Mais ce n’est pas le seul point qui fâche avec l’EMC. Toujours le
programme 3ème prévoit aussi une séance sur la thématique « Se doper est-il tricher ? », qui
décontenance certains enseignants.
« Celle-ci est censée durer 4 heures
et se dérouler sous forme de débat. Je ne vois pas ce que ça va apporter aux
élèves en termes de contenu. C’est pédagogiquement nul ».
Ce que conteste un autre : « Il
s’agit d’une vraie question éthique. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le nombre
de lycéens qui prennent des cachets au moment du bac. ».
Les kons : Faires des antisèches est bien plus performant, puisque tu
es obligé d’apprendre ton cours en les faisant…
Autre critique adressée à l’EMC par certains enseignants : Il est censé
faire la part belle aux débats et aux jeux de rôle.
Des modalités pédagogiques qui ne convainquent pas tous les enseignants :
« On craint que l’EMC ne soit pas perçu
comme un vrai enseignement par les élèves, mais plutôt comme un moment de
discussion de type café du commerce » ou une pièce de théâtre.
Ou a contrario, on estime que « l’EMC est l’occasion d’enseigner autrement.
Ce n’est plus le prof qui assène son cours, mais c’est un échange. Et
d’ailleurs, l’enquête Pisa de l’OCDE indique bien que nos élèves ne savent pas
s’exprimer. C’est l’occasion de les y aider ».
Faut dire qu’on ne leur apprend plus le vocabulaire, hors le
langage-texto.
La grammaire-basique pas plus : Pas de quoi s’étonner.
Quant à maîtriser le « calcul-mental » au-delà de l’addition,
voire de la soustraction, on n’oblige déjà plus personne à apprendre par cœur
ses tables de multiplication, alors hein …
Notez qu'on nous a expliqué la semaine dernière que ça va changer : Une dictée par jour, des exercices de calcul et une lecture à haute voix dès le CP !
Géant, non ? Qu'on croirait même que le ministère a lu ce billet avant même sa publication, juste après sa mise en ligne, dites donc … et une fois de plus !
J'en suis tout-chose…
Notez qu'on nous a expliqué la semaine dernière que ça va changer : Une dictée par jour, des exercices de calcul et une lecture à haute voix dès le CP !
Géant, non ? Qu'on croirait même que le ministère a lu ce billet avant même sa publication, juste après sa mise en ligne, dites donc … et une fois de plus !
J'en suis tout-chose…
Bon mais alors, est-ce qu’en sortant de ces cours, les
« chères-têtes-blondes » seront au moins un peu plus savantes sur les
règles-citoyennes du « bien-vivre-ensemble », au moins ?
Pas bien sûr.
Est-ce qu’au moins, le principe républicain de « l’égalité » des
plus jeunes sera respecté quant à ces contenus jusque dans les régions et les
sous-communes ?
Là non plus, pas bien sûr.
Ah oui, question-clé : Est-ce qu’après « 300 heures sur
l’ensemble de la scolarité », des « petits-gaulois »
intégrés-total, n’iront plus massacrer de l’insultant à sa religion, ou du feuj
« bien de chez nous » ?
Réponse dans 20 ans, mais là encore, je ne suis pas bien sûr du résultat…
Que c’est beau le « paradis-soce » des bonnes intentions,
finalement !
Inefficace mais si beau : Tout un art…
Je me demandais si vous alliez faire un petit billet sur ce thème, voilà qui répond à ma question !
RépondreSupprimerPour répondre aux interrogations que vous nous soumettez à la fin (" Bon mais alors, est-ce qu’en sortant de ces cours, les « chères-têtes-blondes » seront au moins un peu plus savantes sur les règles-citoyennes du « bien-vivre-ensemble », au moins ? Est-ce qu’au moins, le principe républicain de « l’égalité » des plus jeunes sera respecté quant à ces contenus jusque dans les régions et les sous-communes ? "), comme vous je n'en suis pas bien sûr voir même pas du tout malheureusement !
Voir ce petit billet qui met en lumière plusieurs facettes (média/terrorisme/démocratie etc) de "cet outil de potentielle propagande" : http://www.les-crises.fr/les-nouveaux-programmes-denseignement-morale-et-civique/
M'enfin, on verra bien...
Bonne journée à vous !
Ah vous aussi, ça vous a interpelé ?
RépondreSupprimerIntéressant, effectivement, votre propre billet : J'en découvre des choses en le lisant.
Il se pourrait bien que j'y revienne tôt ou tard.
Merci d'être passé !
I-Cube