Communiqué
de presse du 17 Septembre 2015 de la FED
« Les
informations recueillies depuis la réunion du Comité de juillet suggèrent que
l’activité économique se développe à un rythme modéré. Les dépenses des ménages
et l’investissement des entreprises ont augmenté modérément et les résultats du
secteur du logement sont en progrès. »
Bref, confirmation que tout ne va pas pour le mieux dans
le meilleur des mondes, finalement, tellement c'est « modéré »…
« Toutefois,
les exportations nettes stagnent. Le marché du travail a continué à progresser
enregistrant des chiffres de création d’emploi solides et une baisse du
chômage. Dans l’ensemble, les indicateurs du marché du travail montrent
que la sous-utilisation des ressources de main-d’œuvre a diminué depuis le
début de cette année. »
Comme cela est joliment dit…
Mais : « L’inflation
n’a toujours pas atteint l’objectif à long terme du Comité, ce qui est dû en
partie à la baisse des prix de l’énergie et au prix des importations hors
secteur de l’énergie. Les compensations de l’inflation fondées sur le marché
ont été mesurées à la baisse ; l’enquête sur les anticipations d’inflation à
plus long terme a donné des résultats stables. »
On est encore loin d’une « surchauffe »…
« Conformément
à son mandat statutaire, le Comité cherche à favoriser l’emploi et la stabilité
des prix. Les développements économiques et financiers mondiaux récents
risquent de limiter l’activité économique et sont susceptibles de générer de la
déflation à court terme. »
Reste à voir… si on n’est pas en plein dedans, oui !
D’ailleurs : « Néanmoins, pour peu que l’accompagnement politique soit approprié, le
Comité s’attend à ce que l’activité économique croisse à un rythme modéré, avec
des indicateurs du marché du travail continuant à évoluer vers des niveaux
fixés par le double mandat du Comité. »
Traduction, c'est pas moi, c'est l'autre et si l’orientation est bonne, molle mais bonne, tout seul, je n’y arriverai pas…
Or, l’économie s’est globalisée…
« Le Comité
observe que les grands équilibres des perspectives de l’activité économique et
du marché du travail sont préservés mais suit attentivement l’évolution de
l’étranger. »
… Car le danger pourrait effectivement venir
d’ailleurs, des « émergents » et de la Chine surtout, en prise avec ses
difficultés propres.
« L’inflation
devrait rester proche de son récent creux à court terme mais le Comité prévoit
qu’elle augmente progressivement pour atteindre 2 % à moyen terme à mesure que
le marché du travail s’améliorera et que se dissiperont les effets temporaires
de la baisse des prix de l’énergie et des importations. »
Vivement la hausse du pétrole !
Mais si !
Dire qu’il y en a d’autres qui n’y voient que
« du pain béni » !
« Le Comité
continue de surveiller de près l’évolution de l’inflation. »
Y’en a pas, mais je surveille, je surveille.
D’habitude, on ne parle pas des absents : Ils ont
toujours tort !
« Pour
soutenir les progrès continus de l’emploi et garantir la stabilité des prix, le
Comité a confirmé aujourd’hui son point de vue que la fourchette de 0 à 0,25
pour le taux des fonds fédéraux reste appropriée. »
Déception générale : Tout le monde attendait au
moins une petite hausse, même
moi qui avais succombé avec des réserves à « l’ambiance »,
au moins histoire de pouvoir payer les échéances des retraités, eh bien vous
repasserez : C’est statu quo-ante !
Un bail, pourtant…
Alors quid de la suite ?
« Pour
déterminer combien de temps il sera nécessaire de conserver cette fourchette
des taux directeurs, le Comité évaluera les progrès – à la fois réalisés et
prévus – vers ses objectifs d’emploi et les 2 % d’inflation. Cette évaluation
permettra de prendre en compte un large éventail d’informations, comprenant la
mesure des conditions du marché du travail, les indicateurs de pressions
inflationnistes et des anticipations d’inflation, et l’interprétation des
développements financiers à l’échelle internationale. Le Comité juge qu’il sera
opportun d’augmenter la fourchette pour le taux des fonds fédéraux quand
l’amélioration du marché du travail sera confirmée et que l’inflation aura
atteint l’objectif de 2 % à moyen terme. »
Autrement dit, sortir durablement des risques de
déflation qui menacent…
Quid des « risques de déflation » ?
Ne plus pouvoir payer ses dettes en vrai monnaie et
pas en « monnaie de singe » comme prévu !
C’est dire l’insolvabilité généralisée sous-jacente…
Faudrait que j’aille faire un tour aux USA leur
expliquer que le capitalisme-triomphant, c’est servir ses clients, son marché,
toujours plus fort, toujours plus haut et toujours mieux, à meilleure qualité et à des
coûts de production toujours inférieurs, avec le moins possible de capitaux à
investir.
Et pas l’inverse.
Conclusion provisoire : « Le Comité maintient sa politique existante
de rachat de la dette des agences fédérales, des titres adossés aux hypothèques
(mortgage backed securities) de ces mêmes agences, et de rachat aux enchères de
bons du trésor arrivés à maturité. Cette politique, en permettant de garder les
portefeuilles de titres à long terme du Comité à des niveaux considérables,
devrait aider à maintenir des conditions financières accommodantes. »
En bref, rien de nouveau : Un aveu d'impuissance, finalement.
Mais attention : « Le Comité ne pourra décider de commencer à réduire cette politique
accommodante que lorsqu’il aura atteint ses objectifs sur l’emploi maximum et
un taux d’inflation à 2 % ».
Parti comme c’est, ça correspond presque aux
calendes-grecs.
D’autant que : « Même si ces objectifs sont atteints, le Comité se réserve le droit de
garder en l’état les taux en fonction de l’environnement économique.
Ont
voté pour ces mesures de politique monétaire du FOMC : Janet L. Yellen,
présidente; William C. Dudley, vice-président; Lael Brainard; Charles L. Evans;
Stanley Fischer; Dennis P. Lockhart; Jerome H. Powell; Daniel K. Tarullo; et
John C. Williams. Monsieur Jeffrey M. Lacker, a voté contre, en proposant
d’augmenter la fourchette pour les taux des fonds fédéraux de 0,25 points de
base. »
Analyse des plus fins analystes : « La FED maintient les taux à zéro encore
quelques temps compte tenu de la faiblesse de l’inflation sous-jacente (revue à
+ 0,4 % en 2015 contre + 0,7 % précédemment), du niveau élevé du dollar, du
ralentissement de la croissance chinoise… Elle nous explique que le réglage de
l’élasticité du plongeoir n’est pas encore optimal, alors que le véritable
problème, c’est qu’il n’y a plus d’eau dans la piscine ! »
La réaction saine, c’est celle de considérer que la
BCE va prolonger, voire, augmenter, ses injections de liquidités, tandis que la
Bank of Japan (la Banque centrale du Japon) devrait doper son QE au mois
d’octobre : Les banques centrales vont accroître leurs « QE » pour contrer
l’effet de la non-hausse des taux de la FED !
Encore un peu, et la FED ne va pas tarder à évoquer
un « QE-4/infinity » !
Réaction des marchés ? Le plongeon malsain.
C’était d’ailleurs assez curieux : Les places
asiatiques grimpaient vendredi alors que toutes les autres plongeaient à la
clôture.
Et puis lundi, c’était l’inverse : Des
corrections ?
Pas seulement.
Il fallait suivre aussi les indices des changes,
monnaie contre monnaie, pour comprendre le mouvement de vases communicants,
puisque c’est le niveau du dollar dans la monnaie locale qui faisait la bourse,
la baisse des indices ne faisant qu’accompagner, sinon refléter mécaniquement,
la hausse de l’EUR/USD vers les 1,1450 et qui plombe les valeurs exportatrices
et les cycliques, et inversement lundi vers les 1,1250, et même moins à la clôture (1,1192).
Ce sont les titres évalués en dollar qui entrainent le
CAC 40 et le SBF 120 vers le fond ou les sommets.
Les plus malins auront quand même relevé que la
décision de la FED, contraire à ce qu'elle laissait supposer au printemps
dernier, reste liée aux incertitudes sur la croissance mondiale et au contexte
financier. Mais aussi à la situation de l'économie américaine plus incertaine
qu'on ne le dit.
Une confirmation de plus…
C’est le monde entier qui ne sort pas de l’ornière dans
laquelle la monnaie-de-singe émise durant des mois et des mois par plusieurs
banques centrales, pour soutenir l’économie mondiale, l’a plongé dans un coma
artificiel dont plus personne ne voit l’issue.
Sortir l’arme des taux et ça pourrait devenir l’arme
fatale du crime imparable pour bien des pays poussant tout le monde vers le défaut.
Ne rien faire et c’est persister à ne pas admettre
avoir eu tort.
Dilemme cornélien.
Donc les taux resteront à leur niveau proche de zéro,
en vigueur depuis décembre 2008, signalant l'impact des « récents développements de l'économie
mondiale et financière ». En clair, la Fed prend bien en compte le
resserrement des conditions financières sur les marchés et le fort
ralentissement chinois.
Les autorités monétaires américaines (et mondiales)
sont coincées, prises à leur propre piège.
Ce qui pose d’autres problèmes…
Car incidemment, cette décision surprend : Alors
que la plupart des commentateurs diffusaient encore il y a peu un discours des
plus optimistes sur l'économie américaine, comment justifier des taux d'intérêt
proches de zéro, destinés théoriquement à soutenir le crédit et la croissance,
alors que le PIB de la première économie mondiale a soi-disant progressé au
rythme annuel de 3,7 % au deuxième trimestre ?
Alors que le taux de chômage est paraît-il au plus
bas, à 5,1 % ?
En situation de plein emploi, il n'est évidemment pas
nécessaire de doper l'activité par une politique monétaire accommodante.
Le problème, c'est que la réalité de l'économie
américaine est beaucoup plus nuancée. Cela peut paraître étonnant vu d'Europe,
mais cela fait cinq ans qu’on nous dit que cette économie est sortie de la
crise. En théorie, au vu des sorties de récession par le passé, elle devrait
être effectivement au plein emploi, les salaires être en forte hausse,
l'inflation sur une pente inquiétante, justifiant une intervention des
autorités monétaires, afin de calmer le jeu.
Mais ce n'est pas du tout le profil que présente la
première économie mondiale.
Que voit-on, d'abord ? Une hausse des prix étonnamment
faible, pour une croissance économique dépassant les 3 %. Selon les prévisions
de Morgan Stanley, la hausse des prix, qui a atteint 1,2 % en 2014, serait de
0,3 % en 2015…
Autant dire qu'il n'y a pas d'inflation.
Certes, il y a là un « effet pétrole », la
chute des cours de l'or-noir pesant sur l'indice des prix. Mais même en ne
considérant que l'inflation sous-jacente, hors prix volatils, l'augmentation
serait de 1,4 % en 2015 comme en 2014, on est loin de la surchauffe !
Comment l'expliquer, alors que les indicateurs
semblent être au beau fixe ?
Certains d'entre eux sont à relativiser. Ainsi le taux
de chômage, très faible, traduit-il a
priori une économie en plein emploi. En réalité, nombre de chômeurs ne
trouvant pas de job ont été découragés, ils ne cherchent plus d'emploi et ne
figurent donc plus dans les statistiques.
La proportion des Américains au travail ne se redresse
que très lentement, beaucoup plus lentement que lors des précédentes reprises.
Les optimistes répondent à cela qu'il existe un effet
vieillissement de la population, et, s'agissant des jeunes, une tendance à
poursuivre les études.
Pour éliminer ces deux biais, il suffit de considérer
la classe d'âge toujours au travail – ou sensée l'être –, c’est celle des 25-54
ans. Or, que voit-on, à considérer ce cœur de la population active ?
La proportion des 25-54 ans ayant un emploi, reste
basse. Elle était de 77 % en août, ce qui est faible après cinq ans de reprise.
Avant la crise, elle dépassait les 80 %.
Moins de la moitié de la chute du taux d'emploi depuis
2008-2009 a donc été rattrapée.
Inhabituel, après cinq ans de croissance.
En conséquence, contrairement à ce que pourraient
laisser croire les statistiques du chômage, le marché du travail n'est pas sous
tension, les entreprises n'ont aucune peine à recruter. Les employeurs n'ont
donc que peu de pression pour augmenter les salaires. De fait, ceux-ci sont
étonnamment flat. Même les statistiques le prouvent.
Alors que les autorités monétaires américaines visent
une croissance nominale des salaires – avant inflation – proche de 4 %, chiffre
attendu en phase de reprise, la hausse des rémunérations est moitié moindre !
Elle tourne autour de 2 % depuis cinq ans, la petite accélération enregistrée
fin 2014 / début 2015 ayant fait long feu, et même moins pour les non-cadres.
Quant à la croissance, l'affichage du chiffre de 3,7 %
correspondant au deuxième trimestre ne reflète pas la réalité de l'ensemble de
l'année 2015. Les économistes de Morgan Stanley tablent sur 2,4 % pour cette
année, ce qui paraît élevé au regard des performances européennes, mais reste
très faible pour une reprise américaine.
Ils visent encore moins pour 2016 (+ 1,9 %). La Fed a
relevé sa prévision à 2,1 % de croissance pour 2015, mais elle l'a abaissé de
2,5 % à 2,3 % pour 2016. Et elle table sur 2,2 % pour 2017. Loin des chiffres
habituels d'une reprise américaine.
Les économistes prennent surtout en compte la
faiblesse de l'investissement des entreprises : « Quand elles ont de l'argent, elles préfèrent racheter leurs actions, ce
que le marché aime beaucoup, qu'investir dans des capacités de production »
résume, la cheffe économiste de Morgan Stanley.
Il en résulte des gains de productivité très faibles,
et donc une croissance potentielle (croissance sans accélération de
l'inflation) réduite, aux environs de 1,5 %.
Les difficultés chinoises sont par ailleurs prises en
compte.
Bien évidemment, les difficultés des pays émergents,
et notamment de la Chine, qui pèsent sur le commerce mondial, contribuent à la
faiblesse relative de la croissance américaine. Fin 2015, les exportations
seraient quasiment stagnantes, en hausse de 1,1 % sur un an, selon Morgan
Stanley.
Pourquoi augmenter les taux, dans ce contexte ? La Fed
pourrait tout de même se décider en décembre en disent certains, les taux à
zéro ne pouvant être éternels.
Pour ma part, je pense que les mêmes causes produisant
les mêmes effets, il n’y a rien à attendre avant le second trimestre 2016.
Après, on entre en campagne électorale majeure pour un final en
novembre 2016.
Et là, tout peut redevenir possible…
À suivre, jeunes-gens !
Mais où est le piège? Une inflation à zéro % est un bon objectif. Un remboursement-apurement graduel de la dette doit être l'objectif. En attendant, il faut que les banquiers centraux continuent à racheter la dette publique car il est préférable que ces titres soient entre des mains expertes en principe non tentées de se livrer à une spéculation toujours honteuse.
RépondreSupprimerVous n'avez rien compris !
SupprimerOn a déversé des quantités monstrueuses d'argent "qui n'existe pas" sur les marchés, d'abord pour leur éviter l'embolie, puis relancer la croissance et réduire le chômage.
Pour payer les dettes, il faudrait de l'inflation, ce qu'aurait dû entrainer les montagne de monnaies de singe mis en circulation et la croissance.
Plus de croissance, égale plus de recettes fiscales, naturellement, qui permet de rembourser lentement les dettes émises (y'a qu'à voir les bilans des banques centrales...)
Or, et c'est le piège, ça ne fonctionne manifestement pas.
Donc pas de remboursement, pas d'inflation, pas de réduction du chômage, pas de croissance : Une vraie catastrophe !
Piégé pour devoir être obligé de continuer sur la même trajectoire désastreuse.
Vous saisissez un peu au moins, là ?
Parce que y'en a pour des années et des années comme ça !
Sauf miracle ... qui ne vient pas !