Recoupements
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Celui-là, on l’a chopé en haut de
sa rue. Il était en voiture et comme on savait que c’était un gars sur ses
gardes, on a utilisé son pote architecte en couverture. Une belle salope,
celui-là… »
Le cœur des deux « écoutants » s’emballent !
« Je vais vous dire » continue
l’autre. « Alain Parepoux, je me
souviens, c’était le « meilleur ami » du juge, depuis le lycée. Mais aussi
celui qui le faisait cocu. On avait des photos assez compromettantes sur lui
pour qu’il accepte de nous accompagner sur le lieu d’interception.
Il a arrêté la voiture du juge en haut
de la rue, un tournant assez serré. Pour lui causer.
Ils n’en ont pas eu le temps. Pasqual
était déjà dans le véhicule, entré par la porte du passager. Un atemi sur la
pomme d’Adam, un autre à la nuque pour un coup du lapin bien senti et la
voiture a été poussée dans la descente.
Les flics n’ont rien vu tellement la
bagnole était amochée contre le parapet, en bas.
Quant à Parepoux, on pensait qu’il
aurait été inquiété après qu’on l’ait ramené chez lui à Villers-sur-Mer. Mais
même pas ! »
Qu’est-ce qu’il est devenu ?
Il n’en sait rien.
Et pourquoi ce juge ? Comment ont-ils fait pour convaincre l’autre de
participer et puis de se taire ?
« Pour se taire, ça, il pouvait. Il
devait même ! On lui a bien fait comprendre que s’il bavait, non seulement on
diffusait les photos, mais qu’en plus il serait le premier inquiété pour avoir
fait les beaux jours de l’épouse dans l’arrière-boutique de sa pharmacie. »
C’est quoi ces photos ?
« Ah là-là, ma petite dame. Vous
êtes bien ignorante ! Qu’est-ce que j’ai en échange de ce renseignement ?
Inspecteur, vous avez toujours votre fiasque de Calvados, sur vous ? Un petit
gorgeon, ça ne se refuse pas à un agonisant ! »
Scorff regarde sa juge, complètement atterré. Et puis il sort finalement
de son étui à pistolet réglementaire le flacon qui remplace habituellement et sauf exception, son arme de service…
Les yeux effarés de Trois-Dom !
« Il est à vous… après ! »
« Décidément… Jamais rien de
gratuit, jamais un seul geste de compassion, dans la police, même si ça la
rendrait plus humaine ! »
Alors ?
« Je vais vous dire : les deux
choses sont liées. À l’époque, on faisait chauffeur de nuit, aussi. Le boulot
consistait à aller chercher quelques pensionnaires de la prison pour femmes du
coin, de les emmener dans une des grandes maisons où se réunissaient des «
messieurs de la haute » pour quelques « parties-fines » et dénudées de jambes
en l’air. Et puis une fois leurs petites affaires terminées, les filles
rincées, on les rhabillait et on les rentrait à leur bercail carcéral.
Bon, il est vrai que de temps-en-temps,
y’en a qui finissaient sur la table de dissection de la clinique. On rapatriait
alors le macchabée le lendemain, une fois recousu.
Ne m’en demandez pas plus, on ne
participait pas, on gardait les abords Pasqual et moi, même si l’envie ne
manquait pas de quelques faveurs de ces dames, bien qu’elles ne soient pas pour
notre usage… »
Et le voilà qui repart à rire de plus belle…
Et puis ?
« Et puis, lesdites photos avaient
manifestement été prises à un ou plusieurs de ces moments-là. Les femmes
étaient masquées, nues, entièrement nues, mais masquées. Beaucoup d’hommes
aussi, mais pas notre crapule qui était à visage découvert, en tout cas sur
celles en notre possession. Manifestement, des photos volées.
Vous imaginez que quand on les lui a
mises sous le nez, il a d’abord prétendu que c’était des photomontages. Et
quand on lui a promis que les négatifs seraient en possession des laboratoires
de polices après un passage par la presse s’il ne nous accompagnait pas, il n’a
pas hésité plus de deux secondes… D’autant qu’on lui avait fait croire que nous
avions juste un « message » à faire passer à son ami d’enfance. »
Pourquoi le juge de Bréveuil ?
« Un « fouille-merde », je vous ai
dit, qui avait déjà commencé en douce une enquête sur nos belles disséquées… Ce
qu’il ne savait pas, c’est que sa hiérarchie faisait partie des « parties-fines
» de ces soirées spéciales. Et qu’ils avaient compris ce qu’il préparait dans
leur dos, jusqu’à lui mettre un espion directement dans son bureau.
Trop gênant, le bonhomme. C’est
d’ailleurs à la suite de cette affaire-là qu’on a commencé à aller chercher du
« donneur volontaire » ailleurs que dans la taule voisine, jusque dans toute la
province, avec nos ambulances ! »
Cette raclure mérite son Calvados…
« Mon royaume pour un plat de lentille… » ?
Scorff lui laisse volontiers : il ne pourrait de toute façon pas partager
ses restes, bus directement au goulot.
« On a mis le doigt dans une chose
qui nous dépasse tous les deux, Madame la juge » fait Scorff en sortant, la
nausée au bord des lèvres. « Est-il utile
d’aller jusqu’à Montpellier ? »
Non, pas vraiment. Il vaut mieux remonter à Paris et vérifier ce qui peut
l’être encore.
« Monsieur le Directeur, je ne sais
pas ce qui me désole le plus. Si c’est de savoir que vous n’êtes pas armé. Moi
qui me croyais en sécurité en votre compagnie… Je suis très déçue.
Ou si c’est de laisser autant
d’individus, prompts au « meurtre par procuration », ayant vraiment si peu de
sens moral, encore en vie sur nos trottoirs ou à encombrer nos lits d’hôpitaux
!
On rentre à Paris.
C’est véritablement un monstre qui va
mourant, ce type-là. »
Vérifier, peut-être, mais il y a plus important pour l’heure : « Maintenant qu’on sait les liens entre
Risle et les Liamone, vous me cuisinez le fils. On se lance aussi sur la piste
de ce « Frank » et de ce Parepoux.
Si l’équipe de Lille, et donc les
autres, sont du fait de ce colonel, le procédé du « meurtre par procuration »
me paraît tout-à-fait d’actualité pour les quelques-uns de la « liste des mille
», vous ne devriez pas avoir trop de mal à l’identifier en faisant parler le fils.
Et il y a urgence ! »
Elle a parfaitement raison.
« Bien raisonné, Madame la juge !
» se contente-t-il de confirmer.
Liamone, le fils, il nie d’abord. Tout et en bloc : il n’explique pas son
empreinte dans une carcasse brûlée. L’explication est peut-être, et au mieux, dans
les livres d’inventaire de sa boutique, mais ils ne sont pas à jour tout le
temps.
En revanche, dès que le Directeur des services se pointe auprès de ces
hommes, le ton change.
« Je vais te dire, mon bonhomme, si
dans un quart d’heure je ne sais pas ce que je veux savoir, je te refile à la
sécurité militaire. Parce que eux, ils ont les moyens de faire parler même les
cadavres. Tu verras. »
Qu’est-ce que c’est que cette embrouille ?
« C’est très simple… Toi, tu fournis
des véhicules à des gens peu recommandables. C’est ton métier… »
« Je proteste ! Mon commerce est
régulier, vérifié par les keufs et je collabore régulièrement avec les
gendarmes, vous n’avez pas le droit… »
« Ne te fatigue pas : je sais. Tu
fournis le colonel Frank. Or, celui-ci est impliqué dans une affaire qui n’est
plus de mon ressort, mais celui d’un complot contre la République. Je te refile
aux services secrets de l’armée… »
À l’énoncé du nom de « Frank », le quinqua se raidit et se tait, tétanisé.
« Je compte jusqu’à trois ! »
Un.
Deux.
Trois.
« Vous autres, dégagez-moi cette
ordure de ma vue. Direction la piscine ! »
Pas inquiets, les collaborateurs du Directeur : manifestement il est de
mauvaise humeur, ou en manque de sa dose de gnôle.
Mais ils s’exécutent, sans poser de question sur l’endroit supposé de la
piscine : normalement, ça désigne leurs propres locaux…
« Non laissez-moi ! Vous n’avez pas
le droit ! »
« Je m’en fous ! Trop tard : tu ne
réfléchis pas assez vite et je n’ai pas le temps à perdre à négocier avec toi !
Complice d’une entreprise terroriste contre l’État, on n’est pas près de te
revoir ! »
« Je connais peut-être un Frank.
Mais je ne sais pas si c’est un colonel », fait-il pour se dédouaner
d’avoir gardé le silence…
Au bout de 10 minutes, effectivement, il avoue fournir depuis des années
des voitures maquillées aux équipes d’un « Frank », mais il ne sait pas
ce qu’ils en font. Il n’a jamais pu établir un quelconque lien avec des faits
divers qui jonchent l’actualité.
« Un type réglo, qui paye comptant.
»
Il peut le décrire, en faire faire même un portrait-robot, s’ils veulent.
« Bien ! Alors ça redevient du
ressort de droit commun. Celui d’assassinats. Sais-tu ce qu’il en fait de tes
voitures ? Je vais te le dire, moi, si tu me dis que par hasard, qu’il a une
préférence pour les ambulances. »
Non pas : deux voitures et une camionnette, à chaque fois, une à deux fois
par semaine. Sauf dernièrement : pas de camionnette.
Oui, une 607 à défaut d’une Audi ou d’une Mercédès, plus un Range-Rover,
il y a à peine six jours. Depuis, plus rien.
« Bé tu vois quand tu veux… Tu sais
pour qui il travaille ? »
Non. En solo avec sa bande, toujours les trois mêmes. Portrait-robot…
« Risle, ça ne te dit rien ? »
Non.
« Bé si forcément. Ton père et ton
oncle ont travaillé durant des années avec lui. Et tu sais pourquoi on sait ça
? Parce que Frank aussi travaille pour Risle. Alors forcément, ça te dit.
Nécessairement. »
Non, enfin oui… « J’ai entendu ce
nom-là une fois où deux dans leurs conversations. Mais il y a longtemps. Et je
ne savais pas pour mon père ! »
Menteur : « Il t’en a forcément
parlé, au moins au début, quand tu aidais ton père et ton oncle à la casse, dès
les années 80. Je le sais, « on » me l’a affirmé pas plus tard que ce matin !
»
Au soir, Hélène Trois-Dom n’en peut plus.
« Reconnaissez, Scorff, que la
petite Charlotte, pour « une amatrice », elle a le nez fin. Je crois qu’il est
grand temps de mettre au parfum notre homme d’Aubenas. Qu’en pensez-vous ?
»
Le nez fin, il ne sait pas, mais qui bouge quand elle parle, sûrement, se
souvient-il.
Qu’ils viennent dans leurs locaux, « on
verra bien leurs réactions. »
Le lendemain, le Préfet de police, qui a lu les rapports de la matinée,
veut absolument faire une déclaration à la presse.
« Ça soulagera l’Élysée, l’opinion
publique et mettra peut-être un terme à ces massacres à la balle en uranium.
»
Qu’il n’en fasse surtout rien tant qu’on n’a pas identifié ce Frank. « Je comprends bien votre souci de rassurez
les autorités jusqu’au plus haut niveau, Monsieur le Préfet. Mais si vous
désignez du doigt ces gens, ils pourraient s’affoler et passer à un «
niveau-supérieur » quant aux choix des cibles. »
Vous croyez ?
Se sentant proche de l’hallali, c’est parfaitement probable. « Nous n’avons pas la moindre idée de leur
mobile ! »
Les transplantations, non ?
« Il n’y en a pas eu sur toutes les
victimes. Et puis on n’explique pas encore la disparition en mer de l’avocat.
Cette fois-ci, ce ne sont pas ses organes qu’ils cherchaient, mais autre chose
qu’on ignore encore. »
Mais ce professeur Risle, derrière tout ça ?
« Un bonhomme dont on épluche la
liste des clients et le pedigree. Il est possible qu’il ait soigné des
personnages augustes, ou dans leurs entourages. C’est dire s’il peut avoir le
bras long ! »
Sans compter le scandale si cette affaire de trafic d’organes éclate sur
la place publique !
« Pire que ça, Monsieur le Préfet :
il s’agit d’abord de meurtres. On arracherait aux gens encore vivant leurs
organes pour des malades fortunés… Et depuis des années. Vous imaginez l’opprobre
bien naturel de l’opinion publique à notre encontre ? »
La suspicion à l’égard de tout le corps médical, les réactions des ordres
de chirurgiens, des directeurs d’hôpitaux, « de la sécurité sociale qui finance des meurtres ! »
Il ne veut même pas imaginer, en effet.
« Une petite annonce du ministre,
non ? »
Qu’il l’empêche absolument. « Encore
quelques jours. Les gens partent en vacances, la saison va se terminer sans
garden-party au palais présidentiel à cause de la crise. Vous n’allez pas en
plus les inquiéter pour leurs organes sur les routes, Monsieur le Préfet. »
Pas totalement idiot, finalement…
Et ce sénateur, ces histoires abominables de prison ?
« Là encore, je me tairais pour le
moment, Monsieur le Préfet. Vous n’allez quand même pas prendre sous votre
responsabilité d’allumer un incendie jusqu’au Palais Médicis. Il sera toujours
temps… en son temps ! »
Le surlendemain matin, Charlotte, Aurélie et Paul, les trois associés de
de « Cap Investigation » sont dans le bureau de Madame le Juge Trois-Dom,
accompagnée de sa greffière et du Directeur Scorff, qui est le dernier arrivé,
mais pas le dernier à loucher sur la plastique « molle » et sensuelle
d’Aurélie.
« Merci d’être là tous les trois.
Grâce à vous, nous avons beaucoup progressé dans cette enquête de folie. Je
voulais te le dire, Charlotte. Paul nous a expliqué tes déductions et nous
avons failli toucher au but grâce à toi.
Merci. »
Le tutoiement, devant Aurélie, tous ces hauts-personnages, les
remerciements, tout ça fait rougir Charlotte qui va jusqu’à en tressauter de
frémissements de la poitrine, qu’elle a fort volumineuse…
Et ça se voit.
À en étonner Scorff, qui en a pourtant vu d’autres !
« Voilà : nous sommes maintenant
pratiquement sûrs que la « liste des mille » a un rapport direct avec un
certain professeur Risle, comme vous le présumiez audacieusement.
Il s’agit d’un commando qui travaille
pour la fondation du même nom que dirige votre belle-sœur, comme vous nous
l’aviez indiqué.
Les basses-œuvres semblent être le fait
d’un certain Frank. Voici sa fiche. Ancien sergent de la Légion étrangère,
d’origine serbe, recyclé dans le meurtre « à vocation humanitaire », puisque
c’est lui qui organise, au moins en France, la collecte d’organes à
transplanter pour le réseau de la fondation.
Je vous ai mis dans ce dossier, sa
photo et la liste des instituts liés à la fondation de Risle à l’étranger,
ainsi que les noms des administrateurs et dirigeants de cette organisation
internationale. Réputée être une OGN, pour être précise… »
Elle poursuit : « Pour être claire,
nous ne détenons qu'une seule personne et je n’ai émis aucun autre mandat d’arrêt concernant ces personnages-là… pour l’instant.
J’ai besoin d’idées pour recueillir quelques preuves de qualité pénale pour
mettre fin à leurs agissements. C’est aussi pourquoi vous êtes là, pour une
fois que la collaboration de « privés » fonctionne assez bien pour la recherche
de la Vérité, dont se nourrit la Justice… »
Trop drôle, le laïus pas tout-à-fait conforme à son vécu, pense Charlotte
pour elle-même.
Pensée partagée par Paul, alors qu’Aurélie a l’air de débarquer d’une
autre planète.
« Pour être complète, je précise que
nous connaissons désormais un peu mieux les circonstances de la disparition de
votre père, Monsieur De Bréveuil. Mieux que celles de votre frère, d’ailleurs.
J’ose espérer que nous y reviendrons en temps utiles. »
Le vouvoiement à l’adresse de son amant sonne plus juste que le tutoiement
à son ex-maîtresse…
Un appel du pied appuyé à l’adresse de Charlotte ?
« De quoi s’agit-il dont je ne suis
pas au courant ? »
Vérifications faites, son père enquêtait effectivement et déjà sur des «
morts suspectes » ayant eu lieu dans la centrale pour femme du ressort de la
Cour d’Appel de Normandie.
Il y a tout lieu de croire qu’il a été exécuté par les frères Liamone, sur
ordre du professeur Risle, mais nous n’en avons pas encore la preuve formelle.
Juste des aveux d’un des deux frères, qui n’ont pas de valeur juridique.
« Des aveux sans valeur juridique ?
Le jeu de la prescription, je suppose ! », s’étonne Paul.
Exactement. Il est agonisant. Il parle facilement. Comme d’une revanche
sur son sort actuel.
« Vous pouvez être fier de votre
père : il œuvrait déjà dans l’ombre pour le bien de son institution. J’espère
avoir d’autres confirmations sous peu, par le biais de témoin de l’époque…
»
Le Sénateur Lacuistre ?
« Il est intouchable, pour les mêmes
raisons de prescription, d’abord. Ensuite, la décision, forcément politique, de
« gratter » sur son passé n’est pas encore acquise au ministère. Vous
comprenez, j’espère : dans une affaire « sensible », on arme les airbags et les
parachutes-automatiques. Mais on travaille déjà à rassembler assez d’éléments
pour contraindre cette personne aux aveux, elle aussi. »
Il comprend.
Et la « liste des mille » alors ?
« Il nous manque la clé de voûte :
le mobile qui à mon sens participe d’un plan finement élaboré. Mais on en
ignore les objectifs. »
C’est assez simple pourtant. Charlotte explique : « En fait, je me suis posée la question de savoir pourquoi on retrouvait
autant de délires sur le site officiel de ce sénateur-là. En fait, tout revient
à la loi « Bioéthique » où il a franchement un discours parfaitement en
contradiction avec ses convictions affichées. C’est là qu’est le « nœud » ! »
Qu’elle explique !
« Comment être à la fois pour un
retour aux valeurs de la France éternelle, catho pur-jus, ancien régime et tout
et tout, retour à la peine de mort, retour au franc-Pinay, retour de la
majorité à 21 ans, retour de l’interdiction de l’avortement, du divorce,
dissolution du planning-familiale, interdiction de la pilule, des OGM,
homophobie, etc. etc. et être en même temps pour le progrès, la recherche sur
les cellules-souches, pour les travaux sur l’embryon et le génotype humain ?
Si ce n’est pas un grand-écart, qu’est-ce
donc sinon un « retour d’ascenseur » à l’adresse de Risle ?
Et pourquoi donc ?
Eh bien tout simplement parce qu’il n’a
pas oublié qui l’a fait roi et pour qui il roule lui aussi.
Lacuistre, c’est le « politique » de
Risle, tout simplement. »
Un peu « rustre » et simplet mais pas totalement idiot.
« Pas l’ombre d’une preuve ! »
réplique Scorff resté silencieux jusque-là, louchant entre la poitrine
frémissante du nez-qui-bouge de Charlotte et la lascive et géante Aurélie, qui
le toisait d’au moins deux têtes, rendue « toute molle » et avachie par la
présence de « Trois-Dom ».
« On sait qu’ils se connaissaient
depuis leur voisinage en Normandie. Mais depuis, on n’a pas la moindre trace
d’autres contacts. Encore moins d’une complicité. »
Charlotte veut réagir. Elle en est empêchée par Paul qui l’arrête en lui
tenant le bras.
« De toute façon, ma religion est
faite. Je pars pour Montréal rencontrer ce fameux professeur Risle. Je suis
censé devenir un des administrateurs de sa fondation le week-end prochain :
J’en ai accepté le principe, pour voir. De l’intérieur j’en apprendrais plus
qu’ici. »
Les deux femmes se coupent presque la parole : « Tu/Vous, ne vas/n’allez pas, faire ça ! »
Si !
« Qu’est-ce que j’ai à perdre ?
Rencontrer les responsables de la mort de mon père, de la disparition de mon
frère, et si par hasard je croise ce Frank, vous pensez bien que je ne vais pas
rater cette occasion de leur mettre le nez dans leur caca ! »
Au mieux, il les estourbit lui-même « J’ai
déjà effacé des cibles ! ». Au pire il secoue l’arbre « et vous n’aurez plus qu’à récolter les
fruits qui en seront tombés. »
C’est décidé et c’est ce qu’il y a de plus efficace et de plus rapide.
« Méfiez-vous : au Canada, vous
n’êtes plus sous ma juridiction. On ne vous sera d’aucune utilité ! » fait
le Directeur Scorff…
« Je comprends, Monsieur De
Bréveuil, » fait la juge Trois-dom. « Mais
c’est un peu se jeter dans la gueule du loup, ne trouvez-vous pas ? »
Et alors ? Il en a vu d’autres. « Je
rappelle que c’est mon frère qui était sur la liste. Pas moi. Je ne crains donc
rien pour le moment, d’autant que s’ils avaient voulu m’éliminer, ils en ont eu
l’occasion des dizaines de fois. Non, je crois que c’est la seule bonne idée, au
contraire ! »
Alors, si sa décision est irrévocable, deux questions avant de se séparer.
« Alain Parepoux, ça vous dit
quelque-chose ? »
Oui ! Un ami assidu de ses parents, de l’époque de Trouville-sur-Mer. « On le voyait souvent à la maison. Même un
peu après la mort de mon père. Et puis, du jour au lendemain, plus rien. Je
crois qu’il est parti pour la Réunion. Pourquoi cette question ? »
« Parce que nous supposons qu’il a
participé à l’attentat contre votre père. »
Comment ça ?
Et la juge de raconter le détail des aveux de Liamone, en le citant, mais
en omettant de rapporter la supposée infidélité de sa mère.
« Deuxième et dernière question :
votre frère, vous l’avez mis à l’abri où ? »
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