Réveil nauséeux
« Bref, tu comprends pourquoi,
j’espère, j’ai une affection toute particulière pour l’auteur de mes jours, dès
le moment où j’ai compris tout l’intérêt de la nature de ses travaux et des
compétences et techniques réunies dans sa fondation ! »
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction,
une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de
son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des
situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres
galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et
parfaitement fortuite !
Priscilla entre dans le réduit où est solidement ligoté Paul, laissé à la
vigilance de deux bonshommes stoïquement immobiles.
Il vient de se réveiller, un solide mal au crâne sous les cheveux.
« Un proverbe russe dit qu’un homme
ne doit pas mourir sans savoir pourquoi ! » commence-t-elle, une fois la
porte refermée, les gardes sortis. «
Alors, puisque tu vas mourir, je vais te dire pourquoi ! »
Paul teste doucement ses liens depuis un moment et poursuit pendant
qu’elle parle de sa mort à lui : il n’a aucune raison de la satisfaire dans ses
projets et ne désespère pas encore de son destin.
« J’avoue que je ne sais pas encore
comment tu vas mourir ! Dans de grandes souffrances infligées par la blessure
qu’on va te faire ? En te laissant te vider de ton sang ? Est-ce qu’on te
rendra inconscient avant par anesthésie générale par pure charité chrétienne ou
bien va-t-on te faire seulement une anesthésie locale pour te laisser prendre
conscience de ce qui va t’arriver et compter le nombre de minutes pendant
lesquels tu vas survivre ? À moins qu’on te tire une balle dans la nuque avant
de t’opérer, je ne sais pas encore ! »
« J’ai un peu mal au crâne et j’ai
envie de faire pipi, tu sais. Le reste, pour le moment, ça m’est un peu égal !
» fait-il comme pour se moquer d’elle.
« Fais sur toi ! Tant que nous
sommes seuls, je ne prends pas le risque de te perdre bêtement. On a eu
suffisamment de mal pour t’amener jusqu’ici. Quant à ton mal au crâne, tu le
gardes et il passera forcément : pas question de te coller la moindre drogue
dans le sang. Car tu as une grande importance pour moi. Et je vais t’expliquer
pourquoi, selon le principe énoncé ci-avant. »
Elle approche une chaise et s’assied. « D’abord, tu fais chier. Rien que ça, ça m’exaspère. Réussir à
neutraliser une opération montée depuis tant de mois, franchement, c’est
indécent ! Je ne sais pas comment tu t’y es pris, mais je sais que c’est toi !
»
De quoi parle-t-elle ?
« Heureusement, j’ai de la ressource
et ce n’est qu’une suspension provisoire. Et puis ce n’est pas si difficile à
redémarrer. »
« Parce que c’est donc toi qui
dirige la boutique ? »
Diriger est un bien grand mot : elle procure le financement des activités
en qualité de Directrice Générale de la fondation.
Elle se rapproche de Paul et commence à lui caresser le visage avec ses
doigts.
« Je vais t’expliquer. La fondation
a besoin d’organes pour ses membres. En fonction du patient qui paye ce qu’il
faut pour les obtenir. Alors, j’ai des équipes qui se servent, c’est tout. La
première a été constituée il y a très longtemps. Elle a été dissoute par la
suite et vient semble-t-il d’être repérée par les poulets français, je ne sais
pas comment, puis remplacée à peu près quand je suis née, par celles du colonel
Frank que tu as croisé à la clinique.
Papa passait en mode « international »
et avait un besoin urgent d’organes pour sa patientèle. D’après ce que je sais
de ce qu’il a bien voulu me raconter, c’étaient des spécialistes du kidnapping,
puis par la suite de l’accident sur la voie publique.
Et je crois pouvoir te dire que ton
père à toi en a été victime. »
Ça, il sait déjà. Mais il n’a pas besoin de le lui faire savoir…
De ses « tueurs », procurant des organes vivants au réseau de la fondation
dont il vient de visiter les installations et dont il est censé devenir bientôt
un des administrateurs !
Le chauffeur et « l’exécuteur » sont désormais des vieillards qui
croupissent dans leurs maisons de retraite. Quant à « l’ami de la famille »
sans lequel rien n’aurait été possible, c’est désormais un retraité paisible
qui se « suicidera » dès que Paul sera sorti d’affaire. Il ne laissera pas
Jacques s’atteler à cette tâche-là, s’est-il juré.
« Pourtant, mon père n’a pas été «
prélevé » à ce que je me souvienne ? »
« Ta mère s’y serait refusée
m’a-t-on dit, et la législation de l’époque ne permettait pas de passer outre.
Sous la pression du lobbying de Papa, ça s’est arrangé depuis. Mais il n’est
pas mort pour ses organes : il fouinait seulement d’un peu trop près dans la
banque d’organes sur pieds que constituait la centrale pénitentiaire voisine.
Et comme le chef de ton père, le Procureur local n’avait rien à refuser à Papa
contre la promesse d’un organe pour son fils, après l’avoir un peu « bloquer »
dans son enquête, il l’avait été averti qu’il persistait en douce. Il fallait
donc l’éliminer, m’a dit Papa. »
Ce proc’-là, c’est nouveau : il s’en occupera aussi. Il ne perd rien pour
attendre.
« Et le sénateur Lacuistre ? »
ose-t-il, se disant que tant qu’on y est, autant qu’elle se lâche…
Sa main épouse désormais ses abdominaux et se dirige vers sa ceinture.
Un type qui porte bien son nom. « La-fesse,
ça lui aurait été tout aussi bien. C’est notre « politique », comme aurait pu
l’être ton frère si tu ne nous l’avais pas perdu en Adriatique. C’est
d’ailleurs lui qui aurait dû être à ta place, aujourd’hui. Je vais t’expliquer.
Lacuistre a toujours eu un penchant un
peu vicelard pour les femmes : tout lui est bon depuis très jeune. Il
organisait donc des soirées un peu « spéciales » avec ses pensionnaires, qu’il
« dressait » dans ses locaux avant de les fournir en pâture à la bourgeoisie du
pays.
Et puis il y a eu des accidents… Papa
s’est donc occupé de se fournir en organe, ni vu ni connu et sans être
inquiété, vu tout l’aéropage plus ou moins au courant dans ces soirées un peu «
spéciales »… »
Mais qu’elle lui prépare aussi un « avenir radieux », déjà bien mis sur
les rails [1].
« Sauf qu’on a eu quelques problèmes
dans son exécution, tel qu’on suspend pour l’instant, même si nous y
reviendrons en novembre prochain. »
« Tu sais le plus drôle, j’imagine.
Si tu ne le sais pas, je vais te le dire. Mon Papa à moi, c’est un génie de la
transplantation d’organe. La médecine sait presque tout faire depuis l’exploit
du Professeur Barnard et sa première greffe de cœur.
Elle est capable de te coller n’importe
quelle prothèse pour tes membres abîmés, mains, bras, pieds, jambes. On peut te
refaire même un nez, des seins, des lèvres, des fesses, te ressouder un col du
fémur, te mettre une prothèse du genou, de la hanche, de l’épaule, si ça te
chante. C’est de la chirurgie du « dur » et annexe, puisque qu’on peut même
t’implanter une vessie artificielle ou un trou du cul. Voire un pénis comme le
tien ! » qu’elle dégage de son
écrin de tissu pour mieux le caresser sans entrave et à l’air libre.
« Je ne sais pas ce que je vais
faire du tien. Il me plait bien, tu sais ! »
Paul qui commence à se sentir bander rétorque : « Ce qui compte c’est surtout la façon de s’en servir. Et là, entraver
comme je le suis, je ne suis pas sûr qu’il te serve correctement. »
Elle sait et reprend : « En
revanche, dans le « mou », à part la greffe, ce n’est pas facile de te remplacer
un organe défaillant. Les reins, le cœur, les poumons, la trachée, le pancréas,
la rate, l’intestin, l’estomac, qui n’est pas très usuel, la cornée de l’œil et
le foie, la moelle et même la langue ou un visage, là, à part la réussite de
nos travaux et nos techniques sur la culture des tissus issus des
cellules-souches que nous finalisons dans les laboratoires que tu as vus, en
phase de validation finale et devant déboucher sur des autogreffes, il n’y a
rien à faire : il faut un greffon histocompatible et exogène.
Comme nous possédons la plus grande
banque mondiale d’histocompatibilité tissulaire depuis des années grâce à des
analyses ADN et des « crossmatch lymphocytaire » pratiqués sur plusieurs
dizaines de millions de personnes, à leur insu et à l’occasion de millions
analyses médicales diverses à travers le monde, toute activité que la fondation
finance – c’est son objet social initial – il n’est pas trop difficile de
trouver un donneur compatible quand un receveur qui en a les moyens est capable
de financer l’opération.
Ceux-là, depuis trente ans, ils sont
plusieurs milliers à avoir payé. D’autres en ont bénéficié sans le savoir, mais
parce qu’ils avaient déjà eu un parcours « utile » aux objectifs de la
fondation.
Bref, demain, à partir des cellules
souches, on sera même capable de cultiver des fibres longues, nerfs et muscles.
Et grâce à Papa, je suis la première à
pouvoir en bénéficier le moment venu : il a eu l’intelligence d’avoir conservé
mon cordon ombilical et de l’avoir nourri consciencieusement depuis plus de
trente-et-un ans. Une vraie banque de cellules souches même pas différenciées,
rien que pour moi ! Je suis une immortelle en puissance ! » s’exclame-t-elle.
« Tu parles » pense Paul pour lui-même : « une balle de 9mm dans ta belle
petite-gueule d’ange et elle pourra dire adieu à son immortalité, celle-là ! »
« Arrête de jouer avec ma bite, s’il
te plaît : j’ai pipi. »
Déjà bien dure, elle hésite, puis y penche son visage et en lèche le gland
sorti de son écrin de peau depuis quelques temps, ainsi que la verge,
langoureusement. Puis elle se redresse : « Je
ne vais pas te l’abîmer. Te la couper ou en faire un moulage ? Pourquoi pas ?
»
Il a compris, oui.
Mais ceci n’explique pas cela.
« Pour le moment, tu m’as montré que
vous saviez faire, mais sur les animaux. Pas encore passé au stade clinique sur
les humains, m’as-tu dit ! »
Juste une question de temps, de peu de temps, pour mettre en place le bon
protocole d’intervention.
« J’ai besoin que Papa vive pour
finaliser ces travaux. Et lui est atteint d’une dégénérescence du foie, une
cirrhose provoquée par sa chimiothérapie. Pour ne rien gâcher, nous n’avons pas
pu mettre en culture suffisamment de cellules souches de son foie atteint qui
ne soient pas cancéreuses elles-mêmes pour espérer le sauver.
Et c’est là que le hasard a bien fait
les choses. Le hasard ou le destin et ses nécessités, va savoir !
Nous avions l’histogramme de ton père
en archive. Il nous a été un peu plus compliqué d’’obtenir celui de ta mère. Et
nous ne l’avons recherché que sur le tard. Il me suffisait d’identifier ton
frère sur lequel j’ai personnellement fait un prélèvement de sperme. Notre
premier rapport sexuel, dis donc ! Tu te souviens de notre soirée d’hier… À
toi, j’ai fait une culture de tes cellules prélevées dans un de nos quelques
préservatifs de la nuit !
Et cet imbécile, il en quitte sa femme
pour m’épouser, ce qui était parfait : comme ça, je l’avais sous la main en cas
de besoin, le moment venu ! »
« Tu es abominablement monstrueuse !
»
Elle le doit à son père, qui l’est encore bien plus qu’elle, fait-elle
savoir à son interlocuteur !
« Tu en as tué combien comme ça,
juste pour de la chair fraîche ? »
Elle ? Aucun. « Mais je ferais une
exception, ma première d’ailleurs, rien que pour toi, mon chéri ! »
dit-elle tout en continuant de masser le sexe tendu de Paul.
Elle fait faire… par ses « fameuses équipes » de « tueurs » patentés.
« J’ai au moins trois raisons de te
faire trépasser : depuis que tu as tué ton frère, tu possèdes le seul greffon à
peu près compatible d’avec mon père. Désolé, mais il faut bien payer ses crimes
et ses fautes, n’est-ce pas ? C’est donc toi qui va assumer la survie de
l’auteur de mes jours. »
« Parce que toi, tu n’es pas
compatible, par hasard ? »
Non, elle ne l’est pas, question de groupe sanguin et il lui faut un foie
entier, pas un petit bout, sans ça elle aurait utilisé ses cellules-souches
ombilicales. Paul sait que c’était un peu compliqué : il ne suffit pas de
posséder le même ADN, ou même un assez proche. Rien que le groupe sanguin fait
souvent la différence, en effet.
« Et puis j’ai eu l’occasion de
vérifier ta propre compatibilité, cette nuit, même si tu as été plus rétif que
ton frère. »
À la seconde rencontre ? Pas si rétif que ça. Mais il avait ses raisons.
« Juste à noter que tu as
certainement un foie en bien meilleur état que le sien : lui buvait plus que de
raison. Pas toi : tu es plus raisonnable sur ce plan. Bref, on ne perd pas au
change et il aurait eu tout à gagner si nous avions su assez tôt qu’il avait eu
un frère vivant.
Seconde raison, tu te mêles, je ne sais
pas trop pourquoi, d’un peu trop près de nos activités à en être capable de les
faire s’auto-neutraliser par précaution, et ainsi de mettre en stand-by mes « petites
équipes » de pourvoyeurs d’organe. Je ne sais pas comment, ni si c’est à toi
que je le dois, ni comment tu comptais y parvenir, mais je suis sûre que tu es
un danger pour la fondation et nos projets !
On t’a même promis de te mettre à son
Conseil d’Administration pour t’appâter et te calmer.
Surtout, pour mieux te contrôler en te
gardant sous la main. Et puis non, tu es fouineur, comme ton père, avant toi,
je l’ai bien senti…
Tu te rends compte, qu’on en est jusque
dans l’obligation de suspendre nos interventions de transplantations à cause
d’un simple détail d’intendance ! Et depuis, Nous avons eu sept patients qui
sont décédés, la faute à n’avoir pas reçu les greffons qu’ils attendaient !
Probablement par ta faute, directement
ou indirectement et celle des flics français, tes complices, puisque je sais
que tu es de connivence avec la juge chargée de nos « petites-affaires » pour
t’avoir fait surveiller. »
Car Paul apprend qu’avec un donneur « complet », c’est quatre à cinq
greffes qu’on peut faire à autant de receveurs.
« Manque à gagner ? Deux millions de
dollars juste pour la période récente !
Beaucoup, non, pour un quidam de rien ? »
« Quidam de rien », il aimerait bien lui dire le contraire, puisqu’il va
participer bien involontairement à la survie de son géniteur à elle !
Pourrait-elle avoir un peu de respect, quand même… Son sexe a repris une
allure normale et l’envie d’uriner reprend le dessus.
« Pis que ça, notre « Grand projet »
qui doit nous permettre de poursuivre nos activités sur l’embryon et le cordon
ombilical, réglant d’un coup tous les problèmes de greffes d’organes, est
presque compromis au point qu’il faille que nous envisagions d’accélérer notre
projet de coup d’État ! »
Rien que ça : un coup d’État ! Voilà qui aurait pu être très intéressant.
Troisième raison : « Maintenant
tu en sais trop. Notamment au sujet de ton père. Ce n’est pas bien dangereux en
soit, puisqu’il y a prescription. Mais je comprends bien que ton amour filial
puisse te pousser à demander réparation, d’une façon ou d’une autre. Jacques
était lui-même très affecté, par cette mort qu’il ressassait en douce et en
permanence encore trente ans plus tard : je sais, j’ai vécu à ses côtés.
Alors, je te le promets, nous allons
prélever ton foie pour Papa. Et dès que tu seras mort encéphaliquement, on
maintiendra en vie tout le reste de ton corps sur lequel nous prélèverons tout
ce dont Papa aura besoin au fil du temps. Je me garde juste l’usage personnel
de ta bestiole si douce.
Tu as vu, nous savons faire en la
matière !
Mais ce qu’il y a dans ta tête va
disparaître à jamais. Et ainsi, tout rentrera dans l’ordre, puisque toute la
famille de Bréveuil aura finalement servi les desseins de Papa sans le savoir,
même toi !
Tu devrais me bénir : tu vas sauver
plein de vies par ton sacrifice, mon chéri ! »
Complètement cinglée pense Paul qui ne se fait toujours pas à l’idée de
finir comme « chair à saucisse » au profit d’Edmond Risle.
« On en finit quand ? Parce que ton
délire, là franchement, il ne m’amuse pas du tout et j’ai toujours envie de
faire pipi ! »
Son père arrive dans moins d’une heure en « salle d’ops » et sera «
préparé » pour l’opération prévue rapidement : « L’équipe est déjà en place. »
Paul n’a donc plus que peu de temps à vivre… S’il se laisse faire !
« Je t’envoie « ton » escorte pour
aller te soulager », fait-elle en rangeant le sexe de Paul. « N’espère rien : ce lieu est archi-protégé et
totalement isolé. Et que tu sois mort tout de suite ou plus tard, ça ne
changera rien à ton avenir immédiat ni à l’opération de transplantation.
J’aurai juste la contrariété de ne pas ouvrir ton ventre au scalpel alors que
tu me regarderas consciencieusement faire ! »
Timbrée ! Complètement folle à lier !
« Tu as fait quoi de mon équipière ?
»
Priscilla éclate de rire ! « Laquelle
? Ta nymphomane anglaise ? Pour le moment, on lui cherche des receveurs
compatibles ! » Puis elle repart dans un éclat de rires. « Franchement, je vais te regretter. Tu vas
mourir en pièces détachées avant que le soleil ne se couche et tu t’inquiètes
d’une fille qui est trop jeune pour toi et que tu n’as même pas baisée ! Tu es
incroyable, toi ! »
« Je vais te faire un aveu, ma
chérie. Je ne sais pas encore comment, mais je te réserve deux balles. Une parce
que tu es une salope anthropophage et l’autre parce que tu es une criminelle
véritablement monstrueuse. » Sur le coup elle blêmit.
« Quant à ton père, une seule balle
suffira. Il ne la vaut même pas. Et celle-là, au nom de mon Père qu’il a fait
tuer ! Tu peux comprendre ça, toi qui te dis animée d’un amour filiale
incommensurable, « au nom de ton père » pour en devenir une criminelle ? Tu lui
diras dès qu’il arrive ! Je compte sur toi ! »
« Je vais te regretter : tu es
meilleur baiseur que ton frangin ! Et en plus, tu as le sens de l’humour ! »
Et elle repart dans un éclat de rires en sortant de la pièce, vite
remplacée par les deux « body-gardes » affectés à la surveillance de Paul.
L’un d’eux vérifie les liens qu’il resserre à l’occasion : une demi-heure
de travail pour rien !
« Pas la peine de les resserrer. Je
ne peux de toute façon pas bouger et il va falloir que j’aille faire pipi.
»
Pour ça, ils attendent le renfort d’une autre équipe, armée celle-là.
À l’occasion de leurs allées et venues, Paul hume des senteurs d’iode
marin. On ne doit pas être très loin de la mer.
Ce qui n’était pas le cas de la clinique qu’ils visitaient…
Toutes ces théories fumeuses, ce fric dépensé en recherche si pointue sur
les « petites cellules » et leur vie intime, pour finir en entreprise mafieuse
et criminelle… Invraisemblable, finalement !
Il serait surtout temps qu’il songe à s’échapper avant qu’il ne soit trop
tard, s‘il veut pouvoir raconter tout ça un jour et stopper l’opération « coup
d’État » à venir.
Faudra aussi penser à retrouver « Shirley la tâche de rousseur », qu’elle
ne finisse pas aussi en chair à saucisse.
Il ne sait pas combien il a eu raison de la mettre en garde quand ils se
sont retrouvés au pied de l’hôtel.
L’urgence, c’est déjà de vider la vessie des drogues hydrosolubles qui
l’ont maintenu en léthargie anesthésique, jusque-là…
En faisant de la place dans la vessie, les reins les recyclerons plus
facilement et ce sera toujours autant de moins à venir lui pourrir le crâne.
En revanche, ce qu’il ne sait pas,
c’est que leur disparition inopinée à tous les deux a tout suite été notée par
les satellites de surveillance qui suivent le déplacement de la puce implantée
dans le gras de « Shirley » : elle est en mer, loin, au large de Terre-neuve,
pas tout-à-fait là où elle est censée « ne pas perdre de vue » l’officier de la
navale française.
Une escapade impromptue « à deux » ? Ce n’était pas au programme. D’autant
qu’on a perdu De Bréveuil dans le hall de l’hôtel.
Westonsmith est mobilisé pour partir aux nouvelles…
Et en fin de matinée au Canada, en début de soirée à Londres, tout le
monde est d’accord pour estimer qu’il se passe quelque chose d’anormal à la
fondation : le Conseil de l’après-midi a été ajourné. La fille de Risle a été
obligée de s’absenter compte tenu de l’aggravation soudaine de l’état de santé
de son père.
Les travaux dudit Conseil sont reportés au dimanche après-midi local et
chacun de s’inquiéter du sort du fondateur.
La cellule de crise est rapidement réunie à Vauxhall dans le bâtiment des
services secrets britanniques. La Navy a plusieurs bâtiments à la mer dans les
parages.
On peut y en envoyer un sur place en vigie, pas loin de l’endroit GPS
marqué par la balise de « Shirley ».
Sous moins de quelques heures.
[1] Voir « Au nom du père », tome II à paraître aux éditions « I-Cube ».
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