Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Effectivement, n’importe quoi
ou rien du tout. Tout dépend du dernier lieu, de ce qu’il y a à proximité et de
l’heure !
Ça peut être une partie de chasse ou de
poker, un symposium de cadres en goguette, une partouze ou tout simplement des
types et des femmes qui vont pioncer au même moment.
C’est très courant et c’est pour
ça qu’il doit y avoir un contrôle « humain » au bout de la chaîne.
Une obligation légale, d’ailleurs.
Chez nous, quand ce n’est pas
« Gusgusse » qui s’en occupe, c’est sa fille… »
Sa fille ?
« Nathalie la rouquine… »
Ah… Alexis ne savait pas.
« Mais bon, les flics ont leurs
propres méthodes actives : ils sont plus pointus que nous sur ces affaires-là.
D’autant qu’ils ont plus de monde à mettre à la manœuvre pour un suivi 24
heures sur 24.
À la limite, on ne fait que confirmer
ou leur donner des précisions, exonératoires ou au contraire accusatrices. »
Ça arrive deux/trois fois par semaine, « parce que sur le territoire européen, on a l’historique des mouvements
et trafics et que ça ne demande pas plus de quelques minutes pour se faire une
idée de la « qualité » de la menace… »
Mais, « ce bidule peut être
utilisé pour combattre les crimes et les délits ? » questionne
Alexis.
« Bien sûr ! Seulement
voilà, en France, hors les attentats, on ne fait pas de prévention. Ce n’est
pas prévu par le code pénal.
Contre les crimes et les délits visant
tel ou tel individu, ce n’est pas possible non plus : seule la
« sphère de sécurité » permet de prévoir, mais autour de
« cible » prédéterminée.
Vous comprenez ? On ne va pas
« cibler » tout le monde, ça serait kafkaïen ! »
Oui, ça y est, elle a compris l’intérêt de cette machine-là !
« Et il serait difficile de
l’étendre à toute la population. En revanche, les flics ne se gênent pas pour
fouiller les archives des données pour alimenter leurs enquêtes, c’est clair. »
Elle voit…
« Ce qui est clair aussi, c’est
que si tu veux qu’on démarre pour Fox-Amphou, c’est quand tu veux Alex. Tu
pourras revenir plus tard… »
Juste une question : « C’est
qui qui a pensé à tout ça ? »
« Le patron-fondateur de la
CISA. Un type génial. Mais il a été aidé par son copain de polytechnique, le
batave Huyck, mon boss personnel… »
Lui, Dimitri, n’est que centralien, arrivé ici en stage-ouvrier. « Mais cette machine est géniale et ici, c’est
magnifiquement bien payé, donc… »
Il ne le dit pas, mais il y a des débouchés : le contrat entre l’État
français et Pamentir expire en 2020 et la concurrence se réveille !
« Ne sois pas idiot, Dimitri.
Nos boss le savent parfaitement et tu verras que c’est nous qui, d’une façon ou
d’une autre, serons aux opérations à un moment ou à un autre… »
« Tu as probablement raison, Noeline.
Ça reste un des débouchés. D’autant qu’on va avoir encore de l’avance d’ici
peu. »
Comment ça ?
« C’est en cours de
développement. Le « batave » a des équipes qui bossent sur le projet
« 2.0 » en Islande et en Hollande. Je coordonne le tout ici. »
Et c’est quoi le « 2.0 » ?
« C’est un truc tout con. Du
« 1.0 » au « 1.41 », on part de tout ce qui est fiché et on
fait des rapprochements d’activité. Et ça fait des pétas de données à traiter
en même temps sur tout l’espace Schengen et environs. Mais pas de problème
quand on a les puissances de calcul qui vont avec : ça reste
« fluide ».
Le « 2.0 » procède à
l’envers : puisque tout le monde n’est pas connecté, on collecte ce qui se
passe à un instant « t » et on repère ce qui n’est pas dans la base
de données. Ce sont nos « zombies », ceux qui n’existent pas chez
nous, ne sont pas tracés mais sont tout de même présents devant une caméra
vidéo, à un péage, dans une boutique à se payer une baguette de pain ou un
croissant. »
Ça peut faire beaucoup de monde, là comme ça…
« Bé non justement ! Trois
fois rien quand on retire tout ce qui est déjà « tracé » par le
« 1.41 ».
Et soit c’est une mise à jour qui n’a
pas été faite, soit c’est une fausse identité nouvelle.
En général les « zombies »
viennent de l’étranger et se font repérer en entrant dans l’union Européenne
aux frontières de l’espace Schengen. Comme on n’a pas toutes les données
mondiales, d’autant que de nombreuses ne sont pas fiables, la machine les rentre
et recoupe les identités après « butinage » des bases de données
étrangères.
Ça peut demander de 24 à 48 heures.
Mais au-delà, c’est une fausse
identité. Si notre « zombie » disparaît en plus de nos radars, tu
peux être sûr que c’est un « vrai clandestin » qu’il faut choper à la
première occasion.
On en retrouve beaucoup autour des
ports d’embarquement pour l’Angleterre et des « vrais disparus », ça
se compte sur les doigts d’une seule main par mois. »
Et ils en font quoi, à la CISA ?
« Dès qu’ils réapparaissent,
ils sont « tracés », même quand ils ne laissent pas de traces
électroniques, grâce à plein d’autres moyens « non électroniques ».
On m’a même affirmé que les américains peuvent faire des recherches par satellites
optiques pour les dénicher jusqu’aux cœurs des montagnes afghanes ou des déserts
saoudiens, mais bon… ce n’est pas très utile sur le territoire français… »
Et on ne les lâche plus pour nous fournir la totalité de leur réseau au
pays quand ils sont accueillis ici. « Ça étend notre base de donnée de
« fichés suspects »… »
Et puis ?
« Bé on surveille en permanence
les allers et venues. Il faut comprendre. Le « big-chief », il a été
victime de trois attentats, de vraies tentatives d’homicide directe. »
Ah oui ?
« Des tueurs à gages envoyés
par un certain William River qui aurait eu un vieux compte à régler avec le
patron… Je ne sais pas lequel. »
William River, Alex ne réagit pas, mais ça lui dit quelle que chose.
Sauf que sur le moment, elle ne se rappelle pas : elle note seulement
sur son cahier.
« Le premier s’est fait
flinguer en Normandie par une équipe de racketeurs venus saccager le restaurant
du patron. Le second s’est fait descendre par le patron lui-même qui l’aura
repéré grâce à la « sphère de sécurité » installée autour de lui-même
et de son bunker normand, là où se situe notre second serveur de sauvegarde.
En revanche, le troisième aura provoqué
un accident sur l’autoroute A 13 qui a fait valser la moto du boss et il ne
s’en est sorti que par miracle. Et c’est justement sur son lit d’hôpital qu’il
en aura conçu les « Z » et ensuite le « 2.0 »[1].
Juste pour se mettre à l’abri. »
Je vois, laisse tomber Alexis.
« Bon, en route pour Fox,
jeune-fille : on est attendu pour le souper. »
Même pas une halte pour changer de vêtements ?
C’est pourtant sur le chemin.
« Ah non. On s’arrête à Vélizy
et on y va en avion jusqu’à Toulon avec un jet loué par la boîte. »
Fox, c’est au bout d’une route « impossible » dans la garrigue,
tout un domaine défendu par de hauts barbelés : un camp militaire interdit
aux intrusions.
Mais pas de trouffion pour accueillir les intrus ou les… visiteurs.
« C’est une fondation
archéologique. Dans le temps, c’était un abreuvoir à dinosaures. Il reste plein
d’osselets à déterrer. »
À cette altitude, pas très élevée, mais tout de même assez loin de la
mer ?
« On se trouve à proximité
d’une vieille faille tectonique. Sa plus spectaculaire trace reste les gorges
du Verdon qui se trouvent à quelques kilomètres de là à l’ouest. »
Le chemin serpente à travers une forêt de pins parasols pour déboucher sur
deux paires de vieilles bâtisses.
Lydia Rémarde les accueille avec un large sourire encadré par ses cheveux
longs et noirs comme de l’anthracite.
« C’est Paul qui vous
envoie ? »
C’est ça.
« Il a été pensionnaire de ce
centre de repos pour « forte tête » de l’armée. Plus tard il a été un
de nos administrateurs et même notre Président de fondation avant d’être
remplacé. Je dois vous avouer que je ne connais pas les talents ni la tête de
l’actuel : il ne vient jamais. »
C’est pourtant assez mignon, cet ensemble perdu dans les collines.
Et complètement dépaysant.
La maison principale est la demeure de maître, de plain-pied, à un seul
niveau avec une toiture typique du pays en tuiles rondes.
Vaste terrasse ombragée, vaste salon, vaste bibliothèque, nombreuses
chambres toutes équipées de salles de bain, parfois sommaire.
Derrière à l’ombre des pins, une piscine.
Devant une vaste plaine bordée de pins, cultivée de diverses espèces.
« Dans le temps on en faisait
plus. De l’agriculture certifiée bio. Ça avait du succès. Désormais, c’est
surtout pour notre consommation personnelle et de quoi acheter quelques
équipements à remplacer, parce qu’on manque de budget. »
Au fond, des champs de fouille à ciel ouvert partiellement abandonnés. Une
activité secondaire qui permet d’avoir quelques visites.
« L’armée, à qui appartient le
domaine, n’envoie plus ces militaires un peu trop perturbés du bulbe après
leurs combats sur les théâtres d’opérations extérieures : elle les garde
dans ses hôpitaux pour psychopathes. »
Ou les réforme.
Sur le côté, cachée par la végétation, une petite salle assez inattendue
de musculation.
Assez poussiéreuse tout de même…
L’autre paire de bâtiments en contre-bas est constitué du logement des
Rémarde, au premier étage, et d’une étable… vide.
« L’hiver, quand il fait vraiment
très froid, on y rentre parfois les moutons et les mules… »
Il y a donc des moutons et des ânes.
« Quelle que part en train de
paître ou de piquer un roupillon, plus haut. »
Plus loin la grange, avec un tracteur et un atelier d’outils et de pièces
détachées.
« On dispose d’un champ de tir
derrière avec quelques armes de guerre. Mais pas beaucoup de munitions. »
Nathalie a apporté un stock dans son bagage : « On fera tout de même quelques cartons :
il faut habituer la demoiselle à un minimum de contact avec ces engins.
Nous ne resterons de toute façon pas
longtemps. »
Et puis Alex voudrait bien aller voir la mer.
« Oh, la mer est à une heure de
voiture par la route de Draguignan, quand ça roule. Vous feriez mieux
d’utiliser la piscine, s’il s’agit de barboter, parce que du côté de Toulon, ce
n’est pas nécessairement propre et il y a plein de touristes qui polluent rien
que par leur présence. »
C’est vrai qu’on est en pleine « saison haute ».
« Elle est peut-être
fraîche ? » s’inquiète Alexis.
« Pas vraiment plus que la
grande bleue : il a même fallu planter quelques arbres pour qu’elle ne se
transforme pas en étuve, l’été… »
De toute façon il est dans les intentions de Nathalie de faire un crochet
jusqu’à Port Cros avant de rentrer.
Ce qu’elles feront durant la semaine avant de rentrer, après qu’Alex ait
pu apprendre quelques principes de self-défense, à mains nues ou armées…
Pas une mauvaise élève, mais pas très souple.
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