Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le « raid » démarre en tenue d’égoutier complète, bottes qui
remontent jusqu’à la taille, ciré, gants, casque et lampe torche sur le front,
à partir d’une plaque d’égout située dans le parking du Palais de l’Alma et se
poursuit dans les égouts qui longent la rue de l’Université, puis rejoint le
collecteur du boulevard Rapp.
De là, il n’aura pas été difficile de pénétrer dans le premier bâtiment,
après avoir reçu le « top » de Dimitri qui met en rade et à distance
les systèmes de sécurité de la partie protégée de l’enceinte, précédemment
« hackés ».
C’est le groupe « HLM » qui assure la sécurité d’Alexis. Un
reste en arrière pendant que les deux autres l’accompagnent dans le dédale des
sous-sols, sauf que très rapidement, ils tombent sur une porte blindée et
verrouillée.
La mini-torche à plasma ne met pas longtemps à en venir à bout.
Et ils débouchent sur une sorte de sas d’où part une échelle à droite et en
face sur une porte épaisse à oculus, verrouillée et se manœuvrant comme celle
d’un navire.
Ce qui est curieux, ce sont les décors de cette petite pièce : plein
de tuyaux de diamètre différents, avec des indications de couleurs différentes
et des caractères cyrilliques, le tout baignant dans une lumière faible de
couleur bleue.
Pas un bruit, hors le léger ronronnement d’un refoulement d’air.
Pas un mot échangé entre les trois comparses.
Ils ouvrent la porte et avancent sur le sol en acier, sans un bruit.
Pour tomber sur un couloir de traverse, à la perpendiculaire, donnant sur
deux portes à roues pour système de fermeture. Mais celles-là sont scellées et
ne bougent pas du tout.
Le long de ce court couloir, deux autres portes qui s’ouvrent facilement,
bloquées par une paire de simple targette de forte dimension.
Derrière la première, rien qu’une étroite cellule baignée de lumière bleue
et fermée par une grille, avec au fond deux bannettes, une table deux tabourets
et probablement un lavabo et une tinette.
Derrière la seconde, la même chose mais aussi une ombre…
Qui se redresse, méconnaissable.
« Alex ! Je cherche
Charlotte… »
Pas de réponse… mais elle bouge pour se lever.
« Qui ? »
« Alexis Dubois, je cherche
Charlotte Maltorne. Vous êtes qui ? »
« Mais vous êtes rentrée
comment ? »
Par la porte, cette idée… et les égouts.
« Dans un sous-marin nucléaire
en plongée ? »
Elle est cinglée, la minette dont les traits ressemblent à ceux d’Aurélie
au fur et à mesure qu’elle s’avance vers la grille.
L’effet de l’ivresse des profondeurs peut-être ?
Pas à cette altitude, tout de même…
« Où est Charlotte ? »
Là, derrière elle, sur sa couchette.
Coup de projecteur qui ne la réveille même pas.
« Mais qu’est-ce que vous faite
dans cette tenue merdique ? »
Si c’est bien le cas, elle peut parler avec sa guenille…
« On est venu vous libérer.
Mais pas de bruit, s’il vous plaît. Ce n’est pas encore gagné ! »
Les garçons se sont attaqués à la grille qui finit par céder et s’ouvrir
largement.
Pas de panique, il faut sortir.
Sauf que Charlotte est totalement amorphe et pèse un âne mort…
Et une fois dans le boyau des égouts, il n’est même plus question de la
porter. La traîner, encore, dans les eaux usées qui stagnent, ça peut se faire.
Heureusement, à force d’être ballotée, elle sort de sa torpeur et se met à
parler.
« Tu vas bien, mon
chaton ? »
Elle ne s’inquiète même pas d’elle-même.
« On est où ? »
Alexis trouve ça très drôle !
« Justement, je me demande. On
a peut-être loupé la sortie. »
Non, ce n’est pas ça qu’elle demande, mais comment ils ont pu s’introduire
dans un sous-marin nucléaire russe en plongée profonde au fond de l’atlantique pour
venir les chercher.
« Oh bé on l’a coulé. On a tué
tout l’équipage, mais là je crois qu’on n’a pas bien colmaté les fuites d’eau
et de merde… » en rigole-t-elle.
« On arrive ! »
dit simplement Henry, le grand black qui supporte Charlotte, un visage rassurant
parce que reconnu.
« Faudra m’expliquer… »
Pour sûr.
Direction le Van et en route pour la Normandie.
Alexis va enfin découvrir « Les collines de Cabourg » et son
fameux restaurant attenant, le « Cuisine de filles ».
La route est longue il faut faire plusieurs relais au volant, des
arrêts-pipi toutes les heures : les « libérées » ont faim, ont soif,
sont rincées et sauf à faire attention aux radars, il ne faut pas traîner.
Ils sont accueillis à la nuit par Alexis, l’homonyme dégarni du crâne
d’Alex, et Dorothée, la concierge rondelette aux « masses molles »
qui dansent à chacun de ses pas, qui leur trouvent à tous des chambres libres
dans cette immense demeure assez curieuse.
Si la façade éclairée reste celle d’un « petit-château » normand
sans tourelle, en fait tout l’arrière s’ouvre sur deux ailes au style nettement
plus moderne, entourant une piscine.
Depuis la route et le portail s’ouvrant sur un chemin qui coupe en deux
une vaste pelouse qui grimpe vers un escalier d’entrée aux dimensions
imposantes, on ne peut pas les voir.
Puisque finalement la route est en contrebas.
« Ce sont des rajouts du
patron ! »
On aurait pu en douter. Mais ce n’est pas de mauvais goût.
Ce sont Marion et Laurent qui lui font faire un tour succinct du
propriétaire avec quelques explications, alors qu’Henry rend compte de leur
arrivée à proximité du « bunker », une zone sous « sphère de
sécurité » permanente pour protéger le serveur de secours de la CISA.
« Je crois qu’au démarrage,
c’est ici que le patron passait ses vacances d’été quand il était jeune.
C’était chez ses grands-parents. Et puis il a hérité de la bicoque qu’il a fait
transformer en hôtel-restaurant sur des plans dessinés par sa femme. »
Il faudra qu’elle la rencontre…
« C’est ici qu’il y a eu une
horrible bagarre entre une équipe de casseurs venue racketter le boss qui s’est
faite hachée-menue par un tueur à gage envoyé par un dénommé River. William
River je crois. »
Ce nom… ce n’est décidément pas la première fois qu’Alexis l’entend.
« Nous, on est rentré au
service de la CISA un peu après. Alors je ne sais pas tout. En revanche, ce que
je sais, c’est que de l’autre côté de la colline, il y a le
« Bunker », là où est stocké le second serveur de la CISA. Et où le
« boss » a neutralisé le deuxième tueur envoyé par River. »
Un vrai roman photo…
« Oh, ce n’est pas tout !
Il y en a eu un troisième, mais sur l’autoroute par lequel nous sommes arrivés.
Et celui-là a failli avoir la peau du « boss ». »
Des détails qu’on lui avait déjà narrés.
« Après, on s’est mis en chasse
de ce River et nos collègues filles ont retrouvé sa trace sur les bords du Lac
Léman grâce au logiciel de la maison. »
Et qu’est-ce qu’il est devenu, ce dangereux phénomène ? En prison
pour longtemps ?
« Non, même pas. Je crois qu’il
avait le cœur fragile, qu’il avait trop bu, ou pris trop de médicaments, ou les
deux en même temps, et il n’a pas survécu à leur rencontre. »
C’est Paul de Bréveuil qui l’a tué ?
Marion rit à gorge déployée : « Le patron ? Il ne ferait pas de mal à une mouche ! »
Et Laurent de se calmer tout de suite après de rajouter : « Mais quand on le cherche, on le
trouve ! »
Marion de reprendre : « Toujours
en légitime défense ! Le dernier qu’il a dessoudé, je crois que c’était à
l’Élysée. Il a sauvé la mise au Président Makarond en juillet d’il y a un an en
tuant un islamiste qui s’était introduit jusque dans ses appartements privés.
Un cuistot ![1] »
Pas possible ?
Si ! Il a organisé avec ses collègues l’extraction de leur patron.
« On n’en a jamais parlé, »
réagit Alexis.
« Et pour cause, c’est
secret-d’État. Mais le chef des armées a démissionné à la suite de cette
affaire-là et depuis, miss la première dame ne veut plus dormir à l’Élysée. »
Incroyable histoire !
« Et comment il a fait pour
pénétrer jusque dans les appartements du Président ? »
L’agresseur était cuistot tout ce qu’il y a de plus loyal, sauf qu’il
s’est radicalisé en douce…
« Non, le
« boss » ? »
« Ah ça… Il fait ce qu’il veut
quand il le veut, où il le veut. Je crois qu’il est passé par les toits en se
faisant parachuter au-dessus de Paris… »
Alors parachutiste, pilote de chasse dans aéronavale, industriel dans
l’océan indien…
« Il n’en manque pas ? »
Oh que si !
« Mais c’est à lui de vous le
dire. Quand il le voudra, où il le voudra bien et comme il le voudra… »
Charmant.
Sur ces entrefaites, le trio retrouve Henry au bar.
« Les meufs ont mangé un peu et
sont couchées. Nous, on a reçu de nouvelles instructions accompagnées des remerciements
de Gusgusse et des félicitations du Boss. Il rapplique pour nous en serrer
cinq. »
Quand ?
Ça, il ne sait pas.
« Nous on se divise. Deux
restent ici jusqu’à ce que nos colis veuillent bien rentrer chez elles. Il
faudra penser à leur faire faire des courses de fringues avec la carte bleue à
Caen ou Deauville à leur choix. Le troisième ramène Madame Alexis à Paris
demain et on vous remet aux bons soins du groupe ADN en attendant de nouvelles
instructions. »
Pour l’heure, ils mangent et vont se coucher.
Alexis sort de sa douche en catastrophe pour cause de téléphone qui sonne.
C’est Paul de Bréveuil.
« Alors intéressant les
russes ? »
Tu parles d’une combine : « Je
vous rappelle que je suis votre biographe, par votre femme de ménage ! »
« Justement je vous emmène à
Londres rencontrer ma « gestionnaire de fortune » qui va vous faire
un topo. »
Et quand donc pourra-t-elle rencontrer Florence, Mylène et tous les
autres ?
« Après. Là, vous repartez à
Paris et vous recevrez des instructions et billets. On se retrouve dans le TGV
qui part de la gare du nord pour Saint-Pancras station. Mais attention, il y a
un piège ! »
Allons bon ! Lequel ?
« Le premier, c’est que je ne
sais pas quand exactement. On attend que le capitaine Igor se manifeste à une
frontière. Le logiciel BBR ne devrait pas le rater, mais ne sait-on jamais. Et le
second, c’est que vous faites le voyage avec lui… »
Quoi ?
Mais elle ne le connaît pas !
« Nous non plus, on ne le
connaît pas et on ne se connaît pas tant que le train n’aura pas démarré. Je
vous fais louer un carré en première classe et je vous rejoins une fois que ça
roule : il ne pourra plus s’enfuir jusqu’à Londres. Simple
précaution : on ne descend pas d’un Eurotunnel en marche et il ne s’arrête
pas avant sa destination à cause des clandestins.
Prenez juste une pièce d’identité et de
quoi vous habiller… pour le retour ! Elle est smart, ma « conseillère
de gestion ». Une vraie Lady ! »
Elle n’est pas mal, celle-là !
Alex n’a pas le temps de raccrocher que Paul avait coupé la conversation.
Mais dans quoi elle s’est embarquée, finalement ?
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