Avertissement
: Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec
des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Et puis la deuxième chose qui ne « cadre pas » tourne autour du
4 mars : c’est l’interception d’un message crypté par la station d’écoute
de Chypre annonçant le « retour du couple ».
« Tu mets les deux choses
côte-à-côte, le siège vide sur un vol Heathrow-Moscou dans la nuit du 4 mars
2018, celui-là même qui a été pris par les deux officiers présumés du GRU
filmés à Salisbury et tu te dis qu’il y a quelle que chose qui ne colle pas à
la fois dans la version d’Igor le Russe et des déclarations de toutes les
autorités concernées… »
Qu’est-ce qu’elle va chercher, s’interroge Aurélie !
« DD » l’éclaire presque par inadvertance avec un lien péché sur
un blog – probablement de propagande – qui émet l’hypothèse que ce troisième
homme était en réalité déjà couché à l’hôpital de Salisbury dans le coma à
cause d’un empoisonnement au Novichok…
Alors là, ça devient compliqué à souhait, mais ça reste
« possible ».
L’hypothèse, a priori totalement
absurde serait alors que Sergueï Skripal était un agent-triple qui tentait de
retourner en Russie pour dire au monde la vérité sur un dossier, par exemple sur
celui de Steele qu’il avait aidé à concocter contre le président Tremp,
déclenchant une guerre juridico-politique à Washington.
Pourquoi pas ?
Sa fille aurait pu être l’émissaire d’un message
« d’absolution » définitive des autorités moscovites si Skripal
voulait bien déballer ce qu’il savait autour de cette affaire ubuesque.
Car imaginer qu’entre des « sex-tape » tournés avec des
prostituées en Europe centrale et à Moscou de façon à faire chanter le futur
élu présidentiel, alors même qu’il n’a jamais réussi à bâtir sa tour à Moscou,
bien que les négociations aient pu durer tout du long de la campagne des
primaires américaines, reste « ubuesque » : ça n’est pas
logique…
En revanche, un agent-triple, c’est une « taupe envoyée » lors
d’un échange d’espion, un moyen classique d’infiltrer l’ennemi pendant la
guerre froide. Skripal a le profil parfait : déjà retourné une fois, il purge
une peine légère et il est échangé.
Mais pour quel retour ?
À moins qu’il soit devenu un agent triple quand il a réalisé combien ce
dossier Steele était important et combien les Russes le payeraient cher pour
revenir et le démolir…
Parmi les indices figure son appel téléphonique en 2012 à son vieil ami
d’école, Vladimir Timoshkov, dont le récit, trois semaines après
l’empoisonnement, a été largement couvert par les médias britanniques – ce qu’a
retrouvé « DD » – et suggère qu’il pourrait être dès le départ un
traître purement mercenaire.
Désabusé par l’effondrement de l’URSS en un État capitaliste gangster
dirigé par les copains mafieux d’Eltsine, il décide qu’il peut en profiter pour
vendre au plus offrant le corps de ce qui avait été son pays.
Les Russes ne semblent officiellement pas le considérer plus qu’un simple
criminel, ce qui lui a valu une peine modérée de 13 ans, au lieu de la peine de
mort qu’il aurait reçue aux États-Unis pour avoir trahi 300 agents, sans cela
ils ne l’auraient pas laissé survivre six ans en prison.
Et quand ils l’ont transféré lors de cet échange d’espions, ils lui ont
fait un clin d’œil et lui ont dit : « Puisque
tu n’es qu’une pute avide d’argent, si tu veux revenir avec des trucs
intéressants appris au MI6, dis-le-nous et nous en discuterons le prix. »
Or, il est probable qu’il a vite appris ces choses intéressantes lorsqu’il
a été envoyé à Salisbury, la ville natale de son recruteur et contact au MI6,
Pablo Miller.
Miller l’avait recruté en Espagne en 1995 et l’avait ensuite pris en
charge depuis l’Estonie, où il a été affecté comme diplomate. Et il est vrai
que c’est un peu trop gros pour croire que le déménagement de Skripal à
Salisbury n’est qu’une pure coïncidence…
Les deux hommes sont redevenus amis, se rencontraient régulièrement au
pub, et il y a tout lieu de penser que Miller a repris son rôle de contact.
Et comme Miller travaille à ce moment-là pour Christopher Steele, son ancien
patron au MI6, dans sa société de renseignements privée Orbis Business
Intelligence basée à Mayfair, la relation est facile à faire.
Orbis Business Intelligence est l’un des services de renseignement privés
dirigés par d’anciens espions du genre de ceux pour lesquels Litvinenko
travaillait, un des concurrents de Charlotte : tout le monde se connaît
dans ce milieu-là.
Or, on peut supposer que tout comme Litvinenko qui a fait en sorte que
Lougovoï, son assassin présumé, l’aide avec des rapports de vérification
préalable sur les hommes d’affaires russes en raison de ses informations plus
récentes, Miller aurait utilisé Skripal de la même manière.
Ça tient la route d’un point de vue logique, même si ce n’est pas assez étayé,
en juge Charlotte.
Et puis son aide serait devenue vitale lorsque Steele a reçu la demande du
Parti démocrate de déterrer la merde russe sur Donald Tremp, et ils ont dû
inventer un montage de type « GRU » du Donald avec des prostituées dans un hôtel
du vieux continent. Miller, l’ancienne main russe, aurait fait une bonne partie
du travail sur ce dossier et aurait eu besoin de tous les détails authentiques
que son agent russe aurait pu lui fournir.
C’est peut-être Skripal qui a imaginé le scénario de Tremp demandant aux
prostituées d’uriner sur le lit où les Obama avaient dormi à Moscou, ce que des
caméras cachées ont filmé. Il a dû au moins lui donner l’apparence d’un
stratagème de chantage typique du GRU permettant de transformer quelqu’un en un
atout.
Et cette fiction obscène, au cœur du dossier Steele, sera devenue par la
suite la base de la légende néoconservatrice selon laquelle Tremp était un
agent russe, le fondement de toute la folle enquête du procureur Mueller sur la
« collusion russe ».
Quand Sergueï le « mercenaire » se rend compte de la grande
importance que ce dossier Steele avait prise, que c’était devenu parole
d’évangile pour tout le parti de la guerre anti-Tremp et anti-Russie à
Washington, il a commencé à voir combien cela pouvait valoir pour le
gouvernement russe que de le faire exploser en plein vol…
S’il décrivait dans un talk-show russe aux heures de grande écoute comment
il a inventé ces détails obscènes autour d’une bière avec Miller et Steele dans
un pub, toute la Russie ne serait pas seulement encore en train de se rouler de
rire par terre !
Des têtes tomberaient à Washington. Le parti de la guerre conservateur
deviendrait la risée de monde entier.
Et Steele pourrait faire face à des accusations de parjure par le FBI, la
CIA pourrait voir son budget réduit. Tremp pourrait reparler à Poutine. Et les
bénéfices pour Sergueï servant de « courroie de transmission »
pourraient être considérables : non seulement revoir sa mère de 90 ans,
mais peut-être même avoir une villa chic avec une vue sur la mer en Crimée ou à
Sotchi au lieu de cette sombre et minable maison dans un lotissement de la
morose Salisbury…
Dans cette hypothèse, Sergueï aurait abordé ce sujet avec Ioulia lors
d’une de ses visites en Grande-Bretagne, à moins qu’elle ait été recrutée par
le GRU pour le lui présenter…
Charlotte parierait bien pour c’est cette dernière, car après
l’empoisonnement, la cousine Viktoria a affirmé que le nouveau petit ami
d’Ioulia et sa mère travaillaient tous deux pour les services secrets russes avant
de disparaître de la circulation, ce qui serait parfaitement logique.
Voilà aussi qui éclairerait une partie des hésitations et embarras du
Capitaine Igor qu’elle avait pu détecter lors de leur récente entrevue.
Avec toutes les communications de Sergueï surveillées par le MI6, la seule
façon pour lui de parler au GRU était à travers sa fille, vivant encore en
Russie mais pouvant se rendre en Grande-Bretagne.
Grâce à elle, il aurait pu réussir en toute discrétion à négocier un
accord pour son retour.
Et d’une manière ou d’une autre, le MI6 en aurait eu vent et peut-être aussi,
qu’Ioulia, qui n’est pas une espionne formée, était un peu naïve ou négligente
à propos des dispositifs d’écoute.
Alors Steele aurait été convaincu qu’ils avaient élaboré un plan d’évasion
pour Sergueï, qui devait être mis en œuvre lors de sa prochaine visite à
Salisbury.
Ce qui prouverait qu’il s’agit d’un crime britannique et non d’un crime
russe, c’est le fait qu’Ioulia était une cible de choix. Les Russes n’avaient
aucun mobile pour l’éliminer, mais s’ils l’avaient fait, ils auraient pu le
faire en Russie avec un simple accident de la route sans soulever de questions.
Seuls les Britanniques devaient le faire en Grande-Bretagne, car ils n’avaient
pas les ressources nécessaires pour le faire en Russie.
À moins qu’il s’agisse un dommage collatéral pour atteindre une cible de
choix, mais alors pourquoi Sergueï n’a-t-il pas été attaqué quand il était seul
?
Pourquoi attendre qu’elle lui rende visite ?
Le fait qu’ils aient tous les deux été pris pour cible le lendemain de son
arrivée en Grande-Bretagne met la signature du MI6 partout dessus… Elle aurait représenté
un danger pour le MI6 parce qu’elle était au courant du plan de Sergueï de
retourner en Russie. Les anglais voulaient détruire le dossier Steele pour le
compte du Président Tremp parce qu’il fallait empêcher de révéler au monde en
les tuant.
La faire taire en même temps était aussi important pour le MI6 que de faire
taire son père.
Logique…
D’autant qu’imaginer que Poutine ait ordonné l’assassinat d’un vieil agent
double qu’il avait détenu pendant six ans en prison (avec de nombreuses possibilités
d’organiser son élimination), puis pardonné et transféré lors d’un échange
d’espions (une partie des règles du jeu d’espionnage sur lequel sa propre vie
avait été basée), une semaine avant les élections russes et trois mois avant la
Coupe du monde de football, qui devait conduire au retour de la Russie dans la
communauté internationale, reste insensé.
Cela ne comportait que des risques énormes pour un bénéfice négligeable,
et Poutine ne prend pas de risques inutiles, comme l’a montré sa prudence
constante en Syrie, même lorsque ses soldats ont été attaqués et ses avions
abattus par les Turcs.
« Comparez les gains énormes
que ce crime a apporté à la Grande-Bretagne : cet assassinat (comme il
devait l’être) a donné au MI6 l’occasion
parfaite de piéger les Russes et de provoquer une nouvelle hystérie anti-Russie
pour saboter leur Coupe du monde de football comparée, par le ministre
britannique des Affaires étrangères, aux Jeux olympiques d’Hitler. »
Et ils ont guetté l’arrivée des Russes du GRU qui n’auront pas pris de précaution
particulière quant à leur arrivée sur le territoire britannique, parce qu’ils
ne se sentaient pas menacés, leur démarche étant purement « amicale »,
le MI6 aurait piégé tout le monde en organisant un piège qui compromettait tout
le monde à la fois !
Hypothèse parfaitement plausible.
D’autant que sur le plan politique, c’est parfaitement opportun, car cela confirmait
à l’égard de l’UE la valeur de la Grande-Bretagne en tant que meneuse
anti-Poutine, rassemblant l’Europe et la Grande-Bretagne dans une semaine de
haine anti-Russie pour détourner leur attention de leur querelle concernant le
Brexit, unissant un parlement peu enthousiaste derrière une dirigeante en
déliquescence.
Avec un peu de chance, cela pourrait même faire dérailler le gazoduc Nord
Stream 2, une cible prioritaire pour le plan néo-con américain visant à ruiner
l’économie russe, en vue de renverser le régime et démanteler le pays, des objectifs
que le MI6 partage pleinement, comme leur aile propagandiste, l’Integrity
Initiative, l’a depuis clairement démontré.
En fait, les plans du MI6 pour travailler à l’isolement total et à la
ruine économique de la Russie, y compris les interdictions sportives et la fin
des échanges culturels, datent de 2015 et ont été récemment divulgués par les
Anonymous.
L’énorme prépondérance de la motivation du côté britannique, ainsi que le
faible risque de commettre un tel crime sur son propre territoire avec une presse
aux ordres, un public au cerveau bien lavé et une police disciplinée, désignent
finalement assez clairement le MI6 comme auteur, dans cette conjecture-là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire