Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Puis reprenant son calme : « Excusez-moi.
On m’avait affirmé que vous étiez brillante… »
Non, seulement logique…
« Peu importe. Talentueuse à
n’en pas douter ! Si vous avez les moyens de le prouver, soit l’une soit
l’autre de ces hypothèses, soit encore n’importe laquelle d’autre, y compris
que Dawn Sturgess ou son mari sont des agents à nous, voire que Charlie Rowley
ait seulement trouvé un moyen radical d’éliminer son épouse, nous sommes
preneurs ! »
C’est tout ce qu’il est venu demander.
Et comment va-t-elle faire ça ?
« Ah ça, je ne sais pas sans ça
je le ferai moi-même, chère Madame. Mais on peut vous fournir nos moyens
techniques. Seulement… je ne suis pas sûr que vos autorités voient ça d’un bon
œil. À moins que vous veniez à Moscou pour en disposer… »
Charlotte ne dit pas non…
« À moitié ferrée » en pense pour lui-même le capitaine Igor qui
enchaîne.
Mais il prend garde de ne rien laisser paraître de sa satisfaction :
c’était un point-clé, qu’elle ne rejette pas d’emblée la proposition !
Bien qu’elle fût anticipée : il avait prévu, dès le départ, de
l’inviter à présenter les résultats de son enquête à ses chefs, à Moscou,
moyennant des assurances de retour comme la délivrance d’un sauf-conduit en
règle.
Et puis l’entretien prend un tour qui échappe au capitaine Igor.
« Deux choses au préalable… »
Et quoi donc ?
« Si je découvre que vos
services ou quelques-uns de ses membres sont bien à l’origine de cette
tentative d’empoisonnement des Skripal, on en fait quoi ? »
Vous nous le faites simplement savoir…
« Et ensuite ? Vous
m’abattez ou je peux aussi revendre l’information à qui j’ai envie ? »
L’abattre, il n’en est pas question.
« Mais si je vous paye,
l’information m’appartient. Vous n’en disposez plus, est-ce clair ? Elle
va servir à nos services.
Comprenez, je suis officier et je vous
donne ma parole d’officier que je vais jouer… franc-jeu avec vous : ce
n’est pas tant l’information en elle-même qui nous intéresse, mais bien plus de
comprendre comment les anglais auraient pu avoir ou ne pas avoir les mêmes
informations que vous pourriez découvrir. »
Si elles existent…
« Pour nous, c’est un
mystère : en moins de 24 heures, nous étions désignés coupables des pires
crimes, alors que nous n’avions aucun intérêt à les commettre, pas l’ombre d’un
mobile. De plus il y avait des élections chez nous et ce n’est pas forcément le
meilleur moment pour mener ce genre d’actions illégales. »
Effectivement : argument recevable, même si on venait d’affirmer
l’exact inverse juste auparavant.
« Ok, mais si je peux vous
éclairer sur le sujet, j’en doute pour l’heure, qu’elles sont les
conséquences ? Vous cherchez une taupe ? Je devrais me rendre complice
d’une dénonciation, voire d’une purge ? »
Non, pas du tout.
« Nous n’allons pas jusqu’à
vouloir vous obliger à vous compromettre. Il y a des taupes anglo-saxonnes
jusque dans nos services. Nous les connaissons et nous les utilisons, comme
dans tous les services d’espionnage et de contre-espionnage du monde, pour
« intoxiquer » nos adversaires. »
Des « fakes-news » : les russes en sont des spécialistes !
« Si c’est le cas, vous ne nous
dites rien. Vous encaissez vos honoraires et le remboursement de vos frais et
vous nous livrez un rapport bidon. Ça vous va ? »
Ah… ?
« Deuxième chose : mon ami
Paul de Bréveuil m’a averti, il y a quelques temps déjà que l’un d’entre vous
essayerait de me soudoyer. »
Et alors ?
« Très clairement, il m’a
indiqué de ne pas faire d’affaires avec vous… Que je risque de passer de très
mauvais moments ! »
Et la dame fait toujours ce qu’on lui dit de faire ?
Une réplique qui désarçonne Charlotte…
« Je fais toujours comme bon il
me semble, n’en doutez pas. »
Parfait : « Alors parlons
de vos honoraires ! »
Elle avait définitivement mordu à l’hameçon !
Igor c’était bien rattrapé aux branches au moment opportun avec sa
réplique improvisée.
Et le reste de l’entretien a pu tourner autour des moyens, conventions, visas,
mandats et garanties plus le paiement d’un acompte à cinq chiffres
« d’avance sur frais », avant que le capitaine Igor, venu de Berlin,
ne reparte à Moscou via Milan…
Charlotte n’en revient pas : elle a de quoi payer les salaires
jusqu’à la fin de l’année !
Et même de se verser quelques primes qui vont faire plaisir à Aurélie
qu’elle va pouvoir ainsi gâter.
Que le FSB en vienne à utiliser ses services, ceux de sa « CIA »
à elle, la rend dingue, les chevilles définitivement enflées !
Incroyable : quelle promotion !
Quelle félicité à venir…
Et elle se met tout de suite à chercher des informations sur cette
affaire, au moins pour évaluer la difficulté de cette mission-promotion
tellement inattendue.
Mobilisant au passage « DD » la boule de suif, experte en
recherche d’informations ouvertes avec son ordinateur !
Le soir venu c’est la fête à la maison.
« J’en parle ou pas à Paul, à
ton avis ? » demandera-t-elle à Aurélie
« Surtout pas ! Il serait
capable de te fermer l’accès à sa data-base. Tu le payes assez cher comme ça
pour pouvoir l’utiliser dis-donc ! »
Elle a raison : il ne faut pas alerter la CISA et procéder par
petites touches successives.
Déjà, tester son logiciel sur l’Angleterre.
Normalement il n’y a pas de difficulté technique.
La base de données s’incrémente toute seule grâce aux travaux des
« robots-butineurs » du hollandais et de Dimitri.
Et elle couvre depuis quelques semaines toute l’Europe depuis le cap
Finistère jusqu’à l’Oural, plus une partie du Maghreb.
Le développement actuel traverse même l’Atlantique et a su faire « un
pont » jusqu’en Extrême-Orient, hors la Chine et la Corée du Nord pour
l’heure.
En revanche, question données vidéos, seule une partie de l’Europe de
l’Ouest fonctionne. Il y a encore beaucoup de lacunes sur l’Angleterre,
justement et à cause de son énorme maillage de vidéo-surveillance, et en Europe
orientale… en raison de sa cruelle absence !
Dimitri concède qu’il n’a pas encore reçu l’autorisation de « craquer »
le Royaume-Uni.
Alors, il n’a pas fait…
La « sphère de sécurité » est borgne à Londres…
Et puis une poignée de jours plus tard, le 25 juillet 2018, on apprend qu’Oksana
Chatchko, cofondatrice et ex-membre du groupe féministe des Femen, s’est
suicidée à l’âge de 31 ans. « Oksana a
été retrouvée hier à Paris dans son appartement. Elle s’est suicidée », a
précisé Inna Chevtchenko, leader de l’organisation.
Dans la matinée, Anna Goutsol, autre co-fondatrice du mouvement a
également confirmé son décès sur sa page Facebook, restant toutefois prudente
sur les causes de sa mort : « La
plus courageuse (…) Oksana Chatchko
nous a quittés. Avec ses proches et sa famille, nous sommes en deuil et nous
attendons la version officielle de la police. Pour le moment, ce que nous
savons, c’est que (…) le corps
d’Oksana a été retrouvé dans son appartement à Paris. Selon ses amis, elle a
laissé une lettre de suicide. »
Avec trois autres militantes, Oksana Chatchko avait fondé le mouvement
féministe, qui s’est fait connaître pour ses actions seins nus en avril 2008 à
Kiev, en Ukraine.
Exilée en France depuis 2013, la jeune femme avait quitté l’organisation
et continuait son travail d’artiste peintre.
Une connaissance d’Aurélie, l’associée de Charlotte dans la
« CIA ».
Y’a-t-il un lien avec son visiteur, le capitaine Igor du SVR russe, ce qui
changerait tout du deal noué ?
Mais les dates ne collaient pas : il faudra vérifier les aller-venues
de ce capitaine Igor en France pour en être certain.
Or, le logiciel BBR de la CISA retrace assez facilement les déplacements
de ce dernier. Il aura juste fait un aller et retour un peu alambiqué en 36
heures de vol à travers l’Europe. Escale à l’aller à Berlin, puis à Rome au
retour où il a dormi dans une salle d’attente : les vidéos en témoignent.
Sans aucun contact même furtif apparent ou suspect, hors son rendez-vous
avec Charlotte.
L’enquête sur le décès de la Femen ne révèlera rien de suspect non plus…
Tout le monde a plutôt les yeux tournés vers Ben-balla qui alimente les
colonnes de la presse.
« DD » bosse fort de son côté et réunit une documentation plus que
conséquente sur la Novichok et les affaires d’empoisonnement.
En plus de ce qui aura été dit, elle retrouve une analyse récente de Leonid
Rink, un type condamné en 1995 pour l’empoisonnement du banquier Russe Ivan Kivilidi
avec un agent neurotoxique Novichok, qui forge l’opinion de Charlotte.
Selon Leonid Rink, si Sergueï et Ioulia Skripal ont survécu à un
empoisonnement au Novichok alors « cela
signifie que soit ce n’était pas le système Novichok du tout, soit il était
préparé négligemment. Ou bien juste après l’empoisonnement, les Anglais ont
utilisé un antidote. »
Et le plus important : « Puisque
toutes les personnes impliquées sont en vie, il est difficile de supposer que
des Russes puissent être impliqués » et « aucun saboteur russe n’aurait recours à un produit d’origine russe avec
un nom russe ».
C’est effectivement assez logique…
Par ailleurs un autre, un ancien officier du KGB et du FSB, Boris
Karpichkov, qui a travaillé en Lettonie dans les années 1990 avant de fuir vers
le Royaume-Uni en 1998, indique sur « Good Morning Britain » que, le
12 février 2018, le jour de son anniversaire et trois semaines avant l’attaque
de Salisbury, il a reçu un message sur un téléphone mobile jetable d’une « source très fiable » travaillant au FSB,
disant : « quelque chose de mauvais va se
produire, pour toi et sept autres personnes, y compris M.Skripal ».
Karpichkov a ignoré le message : il en avait reçu beaucoup d’autres comme
celui-ci auparavant.
Selon Karpichkov, la liste de ces 8 personnes inclut Oleg Gordievsky et
William Browder. De son côté, le colonel à la retraite du KGB Mikhaïl Lioubimov
affirme en mars 2018 que l’empoisonnement est une opération des services
secrets occidentaux visant à affaiblir Vladimir Poutine alors qu’il cherche à
être réélu au poste de président.
Piste déjà écartée pour Charlotte.
Mais tout de même, tout indique qu’il y avait bien une opération « en
cours » côté russe.
Ce que ne pouvait ignorer le contre-espionnage britannique.
Ou alors…
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