Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute
ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant
existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y
compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement
fortuite !
Sergeï Fedorotov arrive à Londres 36 heures plus tard,
en même temps qu’un lieutenant-colonel et un officier-médecin du GRU
spécialement détachés, sous fausses identités eux qui eux arrivent directement
de Moscou, mandatés tous les deux pour vérifier l’authenticité de l’échantillon
qui doit leur être remis par « Ninja ».
Vraiment des amateurs : tous les deux dans le
même avion direct…
Des coups à se faire repérer inutilement !
Lui au moins est arrivé depuis Bruxelles et avait
prévu un billet retour de Londres deux jours plus tard, mais il ne s’est pas,
comme à son habitude, présenté à l’embarquement et a préféré prendre un vol
retour pour Rome après avoir rendu sa voiture.
Un modus
operandi qu’il a systématiquement employé lors de ses escapades bulgares,
trois ans plus tôt.
C’est Sergeï qui fait le RDV avec « Ninja »,
qui ne fait aucune difficulté, discrète et efficace, selon les instructions
reçues du haut-commandement.
Puis il va se promener autour de la Cathédrale son
paquet en poche à la rencontre des deux officiers russes arrivés de leur côté et
leur remet le vaporisateur de parfum.
« On rentre
à l’hôtel à Londres faire nos analyses. »
Lui doit rester sur place et loue une chambre dans
l’attente de nouvelles instructions : façon comme une autre de passer
inaperçu en jouant au touriste extasié.
Le « toubib » de l’équipe s’affairera dans
la salle de bain de son hôtel de banlieue londonienne à extraire une toute
petite goutte microscopique du liquide en veillant bien à se protéger, avec de
multiples précautions et quelques réactifs remis par un agent du consulat..
Et fait ses tests.
« Mon
colonel, ça ressemble bien à du A-234, mais j’ai un doute… »
Comment ça Yevgenïevich ?
« Je pense
que c’est une formule très diluée. Il n’y a plus qu’à le vérifier en retournant
voir Sergeï comme prévu pour une phase deux. »
Décision qui appartient au colonel…
« Da !
On y va. »
Fedorotov devait rester discret et en profiter pour aller
faire une dernière reconnaissance sur la dernière adresse connue de Skripal.
Il doit repasser devant la cathédral le lendemain pour
attendre un signal de ses « correspondants » : dans tous les
cas, on lui remet le paquet et, soit il rentre à Moscou pour des analyses
complémentaires, soit le colonel qui supervise l’opération lui fait savoir
d’aller en asperger la poignée de porte de Skripal avant de s’évaporer lui-même.
Ce même 4 mars 2018, un épais brouillard couvre le sud
de l’Angleterre. Sergei Viktorovich Skripal, espion russe pour le compte du MI6
britannique, et sa fille Yulia font une promenade dans Salisbury. Ils s’arrêtent
dans un pub puis vont déjeuner au restaurant d’à côté. Ensuite, au terme d’une ballade
dans un parc, ils s’assoient sur un banc où on les retrouvera plus tard,
inertes tous les deux.
La police reçoit un appel à 16 h 15 signalant deux
personnes en détresse. Les secours se rendent immédiatement sur place. Les
Skripal sont transportés d’urgence à l’hôpital de la ville.
Selon un témoin la femme semblait évanouie, l’homme
faisait d’étranges mouvements de mains et regardait vers le ciel. « On aurait dit que les deux personnes avaient
pris quelque chose de très fort ». Youlia Skripal avait l’écume à la
bouche et les yeux grands ouverts mais complètement blancs. Le même témoin dit
qu’à un certain moment, Skripal devint raide comme s’il était mort.
Pour un autre témoin, les Skripal paraissent avoir des
hallucinations et être sous l’effet de l’héroïne. Un médecin rapporte qu’elle
vomissait et avait perdu le contrôle de ses fonctions naturelles, mais n’a rien
remarqué sur son visage ou son corps qui indiquât un empoisonnement par agent
chimique.
La police locale ouvre une enquête et la presse se met
aussitôt en ébullition.
Cette affaire a tout l’air d’une tentative de meurtre,
mais la police a appelé à la réserve, arguant qu’il faudrait probablement
plusieurs mois avant que l’on puisse déterminer ce qui s’est exactement passé
et l’identité d’éventuels responsables.
Et l’affaire prend alors un tour spectaculaire somme
toute assez prévisible : l’aile conservatrice du gouvernement décide qu’il
n’est pas utile d’attendre les conclusions de l’enquête. « Les Russes » avaient déjà participé à l’époque à une tentative
d’assassinat d’un ancien agent secret au service du MI6, une affaire menée en
second rideau par le SVR, qui aura échoué sciemment pour couvrir l’équipe du
GRU.
De plus, chacun sait que Skripal est allé en prison
mais a été relâché quatre ans après lors d’un échange d’agents avec les
États-Unis.
Selon le Tory (parti conservateur), les Russes ont procédé
à un règlement de compte.
Les effets de la pensée « simpliste » des politiciens
anglo-saxons embourbés dans leur « Brexit »…
Moins de 24 heures après l’incident de Salisbury, le
ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a suggéré que le gouvernement
russe était le principal suspect de ce qui avait tout l’air d’être une
tentative d’assassinat de Serguei Skripal qui aurait échoué.
Entre-temps, le « commando » du GRU est
rentré sans difficulté. Un message crypté le confirme « au siège ».
Mais l’inquiétude enfle : d’une part l’opération de l’élimination de
Skripal semble avoir échoué. Normalement l’A-234 est instantanément mortel.
Ce qui n’est manifestement pas le cas.
De plus, une fois le flacon entre les mains des
spécialistes de l’armée russe, il est identifié comme ayant été fabriqué en
Russie, mais aurait été largement dilué…
Incompréhensible : tous les stocks ont été
détruits sous contrôle international en septembre 2017 !
« Ça sent
l’embrouille ! » s’exclame un général, furieux.
Ça veut dire que d’une part des détournements ont pu
être faits à l’occasion de manipulations précédentes, avant la destruction des
stocks.
Forcément un coup de ces salopards de
tchékistes !
Et que d’autre part, là où les deux officiers
supérieurs auraient dû récupérer un échantillon britannique de première
qualité, ils se sont faits refiler, forcément par les britanniques un flacon
éventé !
« Il n’y a
qu’eux pour se permettre ce genre de chose… »
En interne, ça veut surtout dire que les services
techniques ou les laboratoires ont été infiltrés il y a probablement très
longtemps de ça et qu’il sera impossible d’enquêter sur le sujet.
« On se
calme, général ! Si vous avez raison, qu’on les laisse avec leurs merdes.
À nous d’assumer les nôtres ! »
Une fois de plus : pas la peine d’en rajouter…
De toute façon, on n’y peut plus rien : ils se
sont faits piéger avec cette histoire de Novichok soi-disant mis au point par
les britanniques !
Alors que ce n’est absolument pas le cas : tout
indique que les « tchékistes » leur ont tendu un piège effroyable qui
pourrait avoir de lourdes conséquences dont ils seront rendus
responsables : pas possible qu’ils aient agit sans ordre clairs du
Kremlin, ce président ex-espion du KGB qui ne les aime vraiment pas !
D’autant que sur le plan diplomatique, l’affaire prend
une ampleur tout-à-fait inattendue.
Le 12 mars, le ministre britannique Johnson interpelle
l’ambassadeur russe afin de l’informer qu’un agent neurotoxique (A-234) a été
utilisé contre les Skripal. Il somme le gouvernement russe de lui révéler son modus operandi.
Le ministre des Affaires étrangères britannique a
donné à l’ambassadeur russe 24 heures pour apporter une réponse à cette
question.
En réalité, le gouvernement russe fait savoir qu’il n’a
aucun stock d’armes chimiques ou de substances neurotoxiques disponible pour
cette « opération », les ayant intégralement détruites depuis
septembre 2017.
C’est ce qu’ils affirment par voie de communiqué…
Plus tard dans la journée, le Premier ministre
britannique, Theresa May, a déclaré à la Chambre des Communes que les Skripal,
prétendument dans le coma à ce moment précis, auraient été empoisonnés par un
agent neurotoxique d’usage militaire fabriqué par la Russie appelé « Novichok
», un mot russe qui possèdent différentes traductions (débutant, néophyte,
nouveau venu,…).
Madame May prétend que dans la mesure où l’on sait que
l’Union soviétique a fabriqué cette arme chimique, agent neurotoxique, il est
fort probable que le gouvernement russe soit coupable du coup porté aux
Skripal.
« Soit c’est un
acte directement perpétré par l’État russe à l’encontre de notre pays ; soit le
gouvernement russe a perdu le contrôle de cet agent neurotoxique
particulièrement dangereux qui aura pu tomber entre des mains mal
intentionnées. »
Là, elle effleure du doigt une quasi-réalité…
Le 13 mars, l’ambassade russe informe le bureau des
Affaires étrangères que la Fédération de Russie n’a rien à voir avec l’incident
de Salisbury. « Nous ne répondrons à
aucun ultimatum » a fermement répondu Moscou. L’éloquente porte-parole du
ministre des Affaires étrangères, Maria Zakharova, compare alors la démarche
britannique à un « spectacle de cirque
».
Dans les faits, le représentant du bureau des Affaires
étrangères a dû informer Boris Johnson que la Russie ne répondrait pas à un tel
ultimatum dans la mesure où celui-ci est une tentative délibérée des
Britanniques de pousser les Russes à la faute.
C’est la teneur du rapport du GRU sur cette opération
« foireuse ».
Les autorités russes jouent leur partition à la
perfection en pense le capitaine Igor qui suit les détours de l’opération.
Et elles poursuivent.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï
Lavrov, déclare qu’officiellement « aussitôt
les premières rumeurs, alimentées par les dirigeants britanniques, à propos de
l’empoisonnement de Skripal, apparues, nous avons immédiatement demandé la
permission pour nos experts de pouvoir analyser cette substance toxique, en accord
avec la convention sur l’interdiction des armes chimiques ».
Les britanniques ne l’ont pas.
Seulement quelques traces évanescentes.
Ce qui est largement insuffisant pour être
probant : il y a comme une contradiction qui peut prendre plusieurs
significations.
Après que l’ambassadeur britannique ait rendu visite
au ministre des Affaires étrangères, le 13 mars, dans le but de s’enquérir de
la réponse officielle russe à l’ultimatum, le ministre des Affaires étrangères
a publié à Moscou un communiqué de presse : « … l’incident (de Salisbury)
ressemble à une nouvelle tentative peu orthodoxe, de la part des autorités
britanniques, de discréditation de la Russie. Toute menace de mesures «
punitives » à l’encontre de la Russie ne sera pas laissée sans réponse. Que les
Britanniques se le tiennent pour dit. »
Le gouvernement russe a en fait proposé que le
prétendu empoisonnement des Skripal soit examiné par l’Organisation pour
l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, dans le respect des
procédures auxquelles la Grande-Bretagne, elle-même, a donné son accord lors de
sa création en 1997.
Le 14 mars, le gouvernement britannique expulse 23
diplomates russes. Côté russe, quelques jours plus tard, on renvoie 23
diplomates britanniques et on ferme tous les bureaux du British Council
implantés en Russie.
Dans le même temps, les Britanniques demandent à leurs
alliés et à l’Union européenne, par solidarité, d’expulser leurs diplomates
russes.
28 pays ont agi dans ce sens, même si pour la plupart
cela s’est limité à une ou deux expulsions.
Actes purement formels destinés à ne pas se fâcher
avec les Britanniques, fait-on savoir dans les chancelleries.
D’autres pays comme l’Autriche, la Bulgarie, la Grèce
et le Portugal auront refusé de suivre le mouvement. Excessifs, les États-Unis
ont « remercié » 60 diplomates et fermé le consulat russe à Seattle.
Les Russes rendent alors la monnaie de la pièce en
procédant à 60 expulsions et à la fermeture du consulat US à Saint-Pétersbourg.
Cette escalade semble alors prendre le chemin d’un conflit généralisé : le
Premier ministre britannique a même fait allusion à la possibilité d’une action
militaire !
Mais l’état de Skripal n’est plus considéré comme
critique depuis le 29 mars.
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