Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux,
des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Un dénommé Denis Vyacheslavovich Sergeyevovich, né le
17 septembre 1973 dans une ville militaire située dans l’actuel Kazakhstan.
Il a servi dans l’armée du sud de la Russie avant d’étudier
à l'académie de diplomatie militaire de Moscou, le « conservatoire du GRU », qui
forme chaque année quelques 100 officiers pour le GRU.
Préparé pour une carrière militaire dès son enfance,
même le FSB a un dossier incomplet sur son sujet : les autorités
militaires russes semblent avoir déjà tenté à plusieurs reprises d’éliminer le
nom de ce Sergueïevovich des informations accessibles : par conséquent, c’est
une « forte pointure ».
Toutefois, il est enregistré dans la base de données à
l’adresse du conservatoire GRU.
Une femme portant le même nom de famille née en 1971,
probablement l’épouse de Sergueïevovich, a immatriculé une voiture Lada à la
base militaire à la même adresse. Lui-même a immatriculé une Volkswagen Passat
en 2010, l’année même où il est entré au service d’infiltration.
Plus de 300 agents présumés ont ainsi bêtement enregistré
des véhicules à l’adresse d’une base du GRU…
C’est dire l’amateurisme des militaires !
Car il est marié et père d’une fille adulte. Sergueïevovich
a effectivement étudié à l’académie militaire Suvorov d’Ekaterinbourg, fondée
lors de la Seconde Guerre mondiale, préparant les garçons au service militaire
à partir de la cinquième classe. En
1990, l’année où il a été diplômé, il a été nommé à la meilleure des académies
Suvorov de l’Union soviétique.
Sergueïevovich aurait étudié les langues étrangères
dès son plus jeune âge : le site de l’académie indique qu’un des aspects uniques
de son programme est que chaque étudiant apprend l’anglais et l’allemand avec
une troisième langue optionnelle.
L’école se concentre également sur le sport et une « éducation
patriotique militaire ».
Igor sait aussi que douze de ces diplômés de l’académie
d’Ekaterinbourg ont été déclarés héros de l’Union soviétique ou de la
Fédération de Russie, le plus grand honneur du pays.
Il ressort des archives qu’en 2010, Sergueïevovich a déjà
reçu son faux passeport au nom de « Fedorotov » et en fait un premier
usage en Bulgarie. Arrivé dans la station balnéaire de Burgas le 24 avril
2015, il détenait alors un vol retour depuis Sofia, la capitale, le 30 avril,
qu’il n’a jamais pris. À la place, il a embarqué pour Moscou via Istanbul le 28
avril au soir.
Concomitamment Emilian Gebrev, patron de l’usine
d’armement bulgare Emco, qui a fourni du matériel aux Ukrainiens, avait été
hospitalisé en urgence après un mystérieux malaise.
Tombé dans le coma, alors qu’il dîne dans un
restaurant de Burgas, il s’effondre brutalement.
Son fils, ainsi qu’un collaborateur, sont également
contaminés mais plus légèrement.
Monsieur Gebrev avait été traité pendant plusieurs
semaines pour empoisonnement à l’hôpital militaire de Sofia.
Après des analyses, le parquet bulgare avait d’abord
affirmé que cet empoisonnement provenait « selon
toute probabilité » d’un insecticide, et avait refermé le dossier en 2016,
faute de pouvoir en identifier l’origine.
Des dates officiellement confirmées par le parquet
bulgare.
Mais l’enquête des services de contre-espionnage de
Bulgarie, le VGOU, ont persisté à le remettre en haut des piles « en attente »,
sans le classer définitivement…
D’autant que Sergueï Fedorotov aurait de nouveau été
présent en Bulgarie fin mai 2015 quand Gebrev est sorti de l’hôpital
brièvement, avant d’y être réadmis en raison d’une réapparition des symptômes.
Cette fois-ci, l’agent aurait quitté la Bulgarie en
voiture avant de prendre un avion pour Moscou via Belgrade, en Serbie.
L’espion a pu ainsi voyager en Europe sans problème sous
cette identité. En général, il s’enregistre avec ses bagages lors du vol de
retour pour la Russie mais il saute fréquemment les vols retour et rentre chez
lui en empruntant des itinéraires alternatifs détournés, tentant apparemment
d’échapper à toute détection : déjà à Barcelone sous couverture lors du
référendum sur l’indépendance de 2017, ou à Paris en novembre 2014…
Il est venu à Londres au moins cinq fois, notamment avant
le référendum sur le « Brexit ».
Rappelons aussi que le GRU reste « en
pointe » sur le renseignement militaire : les Pays-Bas ont extradé
quatre agents du GRU pour avoir tenté de pirater le réseau du siège de l’organisation
chargée de tester de contrôler les armes chimiques.
Et le GRU a déjà été associé à des opérations très
médiatisées à l’étranger, notamment le piratage électoral américain et l’annexion
de la Crimée.
Un service qui, décidément, « fait beaucoup trop de
l’ombre » au SVR…
À peine quelques jours après son dernier rapport, le
« feu vert » moscovite arrive au service : manifestement le haut
du Kremlin laisse le SVR donner une « petite-leçon » de savoir-faire
aux collègues de l’armée.
La « Tcheka » est de retour 16 mois après
avoir été saisie !
Le temps de l’élaboration, de la préparation de
l’opération « Novichok » et d’avoir les autorisations…
Igor « bouge » ses « illégaux ».
Il lui faut deux échantillons d’une molécule proche du « Novichok » à
prélever sur les stocks du service. Dissimulés dans des vaporisateurs de grande
marque de parfum avec leur emballage cadeau.
Et il se précipite le soir même avec son faible bagage
d’homme d’affaires occidental dans un avion en partance pour Saint-Pétersbourg,
puis de là à Helsinki, afin de rejoindre Schiphol puis Londres, le tout avec
des billets aller-retour pour ne pas éveiller les soupçons immédiatement.
Des détours pour mieux brouiller les pistes, d’autant
qu’il dispose de plusieurs jeux de papiers d’identité, les uns avec une
moustache, les autres sans.
À Heathrow, il loue une voiture et file à Salisbury
par la route.
Son contact, « un illégal », est rapidement
briefé. Elle, puisqu’il s’agit d’une aide-soignante de l’hôpital de la ville, doit
remettre une des deux fioles de « Novichok » à un agent russe qui va
se présenter dans les jours qui viennent et garder l’autre pour un usage
ultérieur.
Elle sera prévenue 24 heures avant par SMS.
C’est un agent « sûr » : d’origine
Tamoul et veuve d’un militaire du comté mort en opération, élevant seule ses deux
garçons. Elle estime n’avoir pas été traitée correctement par les autorités et
n’a jamais assez d’argent pour faire ses fins de mois.
Elle passe ses soirées comme serveuse dans une
pizzeria de la ville pour mettre du beurre dans ses épinards et offrir des
vacances à ses gamins, et elle ne refuse pas de « rendre service » à
qui la paye.
C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a été recrutée par
un agent du consulat. Moyennant une « petite-rente » mensuelle payée
en liquide, elle tient pour le service une petite revue des potins de la ville,
les opérations de police, les transferts de militaires, l’activité de
l’hôpital, l’ouverture de nouveaux commerces, les mariages, baptêmes et
enterrements, etc.
Moyennant une rallonge, elle se dit prête à rencontrer
Igor. Le rendez-vous est arrangé depuis une des officines « discrètes »
de l’ambassade qu’elle loue en ville.
La rencontre se passe dans un pub situé à proximité de
la Cathédrale Sainte-Marie qui est vraiment superbe.
Il n’a aucun mal à la reconnaître avec son uniforme d’aide-soignante
de l’hôpital voisin.
La fille est plutôt mignonne et verrait bien de passer
un bout de la nuit dans la chambre d’hôtel d’Igor, histoire de gagner quelques
billets supplémentaires.
Il n’en a pas prise : il repart aussitôt après.
Ce n’était pas au programme.
Il lui remet son enveloppe et ses deux flacons de
« parfum » et lui explique qu’elle va rencontrer successivement deux
« correspondants » dans les semaines, peut-être seulement les jours
qui viennent à qui elle remettra à chacun un des flacons avant de reprendre ses
activités habituelles.
Pas bien compliqué ni rien de très risqué.
Pas d’échange : juste un nom de code,
« Ninja ». Deux phases : la première par texto, elle devra aller
prier dans la cathédrale vers 18 heures le lendemain. La seconde, elle remet un
des deux paquets à un homme (ou une femme) qui s’approchera d’elle et
prononcera le mot « Ninja ».
Et de devoir probablement recommencer sous deux ou
trois mois pour l’autre paquet selon le même procédé.
Sitôt séparés, Igor file rendre sa voiture de
location, prend le métro, se perd un peu dans les correspondances et
s’engouffre dans le TGV à Saint-Pancrace pour se retrouver à Bruxelles dans la
nuit.
De là, avec ses billets aller-retour, il file à
Varsovie en avion, de Varsovie à Helsinki et boucle tout naturellement son
retour sur Saint-Pétersbourg avec ses vols retenus, avant de rentrer à Moscou.
Pas le moindre problème aux différents points de
contrôle.
L’opération « Novichok » peut démarrer.
Le lendemain soir, Igor restitue ses faux papiers et
fait son rapport à son colonel.
« Parfait.
Il ne reste plus qu’à faire sortir de leur trou les militaires. »
Et comment va-t-il s’y prendre ?
« Oh, là, mais
c’est très simple : demain matin je fais savoir « en haut lieu »
qu’un de nos « illégaux » codé « Ninja », sis à Salisbury,
est en possession d’un échantillon du dernier gaz britannique sorti des
laboratoires de Porton Down et que je demande l’autorisation d’organiser une
opération de récupération… On attend que ça remonte de ministère en ministère
et les militaires feront des pieds et des mains pour le faire eux-mêmes. »
Oui, mais il faut que « Ninja » soit au
rendez-vous et pour cela il faut leur indiquer comment la convoquer.
« Ne vous
en faites pas, mon petit Igor, ils vont bien se démerder pour trouver la
solution ! »
Et s’ils ramènent l’échantillon sans en faire l’usage
escompté ?
« Mais
dites donc, capitaine, c’est vous qui avez eu l’idée de faire parvenir sur
place non pas un mais deux échantillons, non ? Un autre de nos illégaux
sur place fera le travail à leur place s’ils rentrent benoîtement… Vous aviez déjà
pensé à tout ! »
Effectivement : il faut tout prévoir avec ces
militaires au cerveau creux…
Et l’homme du service est « opérationnel » à
tout moment, sous 24 heures dans la région. Mais à condition qu’il ne se montre
pas avec les agents du GRU.
L’opération est attribuée au GRU qui se démène pour
devancer les agents du FSB sur cette opération improvisée.
Par sécurité, ils décident d’envoyer trois agents,
dont deux officiers chargés de certifier de la nocivité et l’authenticité du produit
à leur remettre et un chargé de leur protection « avancée » : on
ne sait jamais avec ces diables de britanniques.
Dubitatifs sur leur possibilité de faire un diagnostic
sur place, le troisième agent pourrait être chargé de « tester » le
produit sur une cible « inoffensive ».
Or, justement, le ministère bassine l’état-major avec
les transfuges issus de leurs rangs qui vivent une paix royale, en toute
quiétude, en Angleterre, notamment à Salisbury où devrait être livré
l’échantillon, d’après les renseignements recueillis par ailleurs.
L’un d’eux vit scandaleusement dans cette ville de
province, alors même que sa fille va le rencontrer dans les jours qui
viennent : elle a reçu un visa et prépare déjà son voyage, ce qui a permis
de le localiser de façon certaine.
C’est la cible parfaite.
Et l’envol de sa fille donne le « top
départ » pour que la capitaine Igor envoie son texto à
« Ninja »…
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