Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une
fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de
l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux,
des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le capitaine Igor se concentre exclusivement sur
l’Angleterre comme il l’avait déjà préparé. Car d’une pierre deux coups, l’Angleterre
a signé comme beaucoup d’autres nations la convention internationale
d’interdiction d’armes chimiques et biologiques.
Mais comme beaucoup, elle persiste à en fabriquer
voire même à les exporter, notamment jusqu’en Syrie pour le VX.
La principale installation se trouve effectivement à proximité
de Salisbury, située en bordure du terrain d’exercice militaire contigu, le
long de la voie ferrée, lui-même posé sur le plateau de Porton Down qui
dominent la petite ville célèbre pour sa cathédrale du XIVème
(Sainte Marie…) dotée de la flèche d’église la plus haute du Royaume-Uni (123
mètres ou 404 pieds) et du cloître le plus vaste d’Angleterre, une des quatre
copies originales restantes de la « Grande Charte ».
Mais l’intérêt n’est pas là pour le service : il
y dispose de plusieurs agents « dormants », des
« illégaux » sur place, et d’une poignée « d’honorables
correspondants » qui font souvent la navette avec le consulat local et Londres,
distante d’environ 140 km par l’autoroute M3.
Deux heures de voiture, même quand il y a des
embouteillages…
Et qui y’a-t-il dans les environs comme « cibles
potentielles » d’attentat à exécuter ?
Pas grand monde, à part quelques seconds-couteaux qui
y coulent des « jours heureux », mais en revanche plein de
scientifiques de hauts-niveaux qui ont l’inconvénient d’être britanniques.
Et comme la plupart sont déjà « noyautés »,
ce serait contre-productif que de mettre la pagaille dans ce landerneau-là…
Il faut autre chose.
« Se montrer intelligent » en avait dit le
chef du Kremlin.
Jusqu’à ce qu’enfin, à force de recherche, le
capitaine Igor retrouve la trace d’un dénommé Sergueï Viktorovitch Skripal…
L’agent double par excellence et depuis le milieu
des années 1990 !
Recruté par les Espagnols, il a vendu des informations
au MI6, le service de renseignement britannique : en décembre 2004, il est
arrêté par le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) et
en 2006, il est jugé, reconnu coupable de haute trahison et emprisonné dans un camp
de prisonniers en Mordovie à quelques 300 km au sud-est de Moscou.
Le 9 janvier 2010, il est gracié par le président
Medvedev et échangé contre des espions russes arrêtés en Occident dans le cadre
du « Programme des illégaux ».
Et il débarque en Grande-Bretagne où il sera récupéré
par les Britanniques et mis sous protection.
Selon un article du « Telegraph », il y est également
proche d’un consultant de sécurité (« security consultant ») employé par
Christopher Steele. Or, Christopher Steele, c’est le directeur de « Orbis
Business Intelligence », celui qui a constitué un dossier concernant une
alléguée compromission du président Tremp avec la Russie : un
« nocif ».
La cible parfaite qui pourrait offrir même un
message subliminal de menace à l’adresse de ce dernier !
Au pire, des journalistes feront bien le rapprochement
et comme ils imputeront son assassinat au Kremlin, ils se perdront sur les
mobiles cachant « le nœud » de l’opération d’un épais brouillard
propre aux Îles-britanniques.
Vraiment parfait…
Né le 23 juin 1951 à Kaliningrad, marié en 1972 à Lyudmila,
décédée en octobre 2012, ils auront eu une fille, Yulia.
Il a été formé à l’Institut militaire des forces
armées et en est sorti comme officier affecté au GRU, le service de
renseignement de l’armée.
Parfait, parfait puisqu’une des suggestions de son
propre patron était de justement impliquer de près ou de loin ce service
concurrent…
Une façon de plus d’impliquer ces brutes de
militaires !
Réputé être amusant, heureux en compagnie d’autres
hommes, Skripal vivait dans un bloc de logements minables dans un champ de
blocs de logements identiquement minables, conduisait une Nivlet de chez Rotlet
et racontait d’innombrables histoires de l’époque de ses stages de parachutisme.
Envoyé à Madrid, il noue un partenariat commercial
avec un agent des services de renseignement espagnols, qui l’a « retourné » avant
de devenir un recruteur des services de renseignements britanniques. Il
rencontrait en fait son agent-traitant en secret depuis 1996, lui transmettant
des secrets en échange d’un total de 100.000 dollars.
Ce n’était pas un gros montant, environ 12.500 $ par
an, mais déjà assez pour une « petite-pointure ».
Les procureurs russes ont demandé une peine de 15 ans,
soit cinq de moins que le maximum, et le juge a réduit sa peine à 13 ans, car
M. Skripal avait coopéré.
Un tout « petit poisson » condamné pour haute
trahison en 2006.
Problème : le GRU n’est pas le meilleur
« allié » du FSB qui ne s’interdit pas d’aller dénicher des « agents-doubles »
jusque dans ses rangs…
Et le capitaine Igor ne sait pas comment les
impliquer.
Il en réfère alors à sa hiérarchie en temps utile,
mais c’est là qu’il a une surprise de taille.
« Ça prend
forme, votre projet ! »
Ce n’est pas une question, mais une affirmation de son
colonel.
Comment ça ? Igor n’avait pas beaucoup avancé
depuis leur dernier entretien.
« Place
Loubianka, sous le sceau du secret le plus absolu, je peux vous dire qu’on
verrait d’un très bon œil de mouiller les « collègues » du GRU dans
cette affaire. »
Igor ne comprend plus très bien, sur le coup, même
s’il l’avait déjà intégré et anticipé…
« C’est
pourtant simple. Ce… Skripal est un de leurs agents-pourris. Une petite leçon
pourrait s’imposer comme d’une couverture de votre opération. Ce qui va pouvoir
en faire réfléchir quelques-uns à titre préventif.
Qu’en
dites-vous, capitaine ? »
Que ce n’est pas beaucoup plus clair dans son esprit…
« Vous avez
raison, soyons plus précis. »
Ça ne serait pas plus mal.
« Vous avez pour mission de faire sortir
« Charlotte » de son trou. Objectif B, d’y placer des « oreilles
et des yeux » dans son entourage direct en remplacement de notre agent
Dichnikov. Avec pour principal objectif, le « A », de pouvoir le
compromettre à plus ou moins long terme. Mais sans lui forcer la main et surtout
sans toucher à sa famille. Qu’il a réduite.
Le tout en
laissant bien à l’écart notre service.
Bien.
Vous nous
dégotez une autre « Charlotte » qui pourrait bien jouer le rôle du
« poisson-pilote » auprès de notre cible.
Parfait.
Vous nous
imaginez un plan assez tarabiscoté pour appâter cette dernière moyennant
quelques fonds pas trop dispendieux pour nos budgets réduits en l’invitant à
utiliser un logiciel dont personne ne sait rien mais qui pourrait s’avérer plus
qu’utile pour le pays. »
Très bien et pourquoi pas ?
« Et ce plan
passe par l’exécution d’un traître parmi nos collègues du GRU qui ne tiennent
décidément par leurs troupes depuis au moins l’attentat contre le MH 17
au-dessus de l’Ukraine.
Que ça a
diablement fâché le patron du Kremlin, vous le savez bien.
Que diriez-vous
de l’idée de laisser le GRU faire le ménage dans ses propres rangs ? »
Là, Igor ne comprend vraiment plus rien : Skripal
a été condamné, emprisonné et déporté, à ce qu’il sache.
Sa dette a été payée.
Et doublement puisqu’il aussi servi de monnaie
d’échange efficace contre quelques-uns des « illégaux » du SVR arrêtés
en Occident.
« Oui, ce
n’est qu’un pion sans valeur. Imaginez que ce ne soit pas nous, mais le GRU
lui-même qui attente à la vie de leur traître-là jusqu’à Salisbury… »
Igor voit venir de loin les complications, d’autant
qu’il avait déjà approché cette solution pour la rejeter…
« Vous n’y
pensez pas, mon colonel… Ce sont des amateurs ! »
Justement !
« Ils foireront
probablement la mission et ça leur retombera dessus. Mais notre opération à
nous est de toute façon lancée sans que personne ne puisse s’en douter, même
pas eux. Pensez-y sérieusement et préparez-moi un petit scénario comme on sait
les faire et mettre en musique ici ! »
L’idée n’est certes pas mauvaise en soi, mais comment
faire se bouger les gars du GRU ?
« Oh alors
là… c’est assez simple. Vous leur « fuitez » l’information que les
britanniques ont mis au point un nouveau gaz plus puissant que les nôtres et
ils se feront un malin plaisir de faire « leur devoir » pour le bien
de la patrie et pour se faire bien voir au ministère en allant sur place. »
Et là, on les piège ?
« Exactement !
On a assez d’agents sur place pour rendre crédible cette histoire-là ! »
Effectivement, pas idiot du tout, en pense Igor sur le
moment, juste avant de se remettre au travail car c’est dans « ses
cordes ».
D’autant mieux que le seul nom de « Novichok »
aurait tendance à agir comme d’une décharge électrique à haut-voltage dans les
cerveaux-militaires, parce qu’eux n’en disposent plus depuis 2017 pour avoir
détruit tous leurs stocks…
Une munition létale de plus qu’ils n’ont plus dans
leur arsenal, ça serait parfait de s’en procurer un petit échantillon pour mettre
en difficulté les laboratoires et autorités britanniques…
L’idéal serait de « sortir » un échantillon
à leur procurer. Comme ils se croient futés, ils enverront quelques-uns de
leurs agents pour « tester » ledit échantillon et d’autres pour le
ramener ou s’en servir contre Skripal. Et si eux ne le font pas, le SVR le
fera.
Qu’ils le ramènent ou non, de toute façon on les piège
avec une équipe du SVR qui se sera procuré un second échantillon et ira
empoisonner leur ex-agent sur place.
Le plastron parfait : le GRU et ses hommes se
retrouvent en première ligne et on leur fournit en même temps le motif pour
« encadrer » la française Charlotte, du plan B, à la mettre sur leur
piste, dédouanant non pas la Russie, mais le FSB avec des éléments
incontrôlables.
Par effet de domino, le président Poutine lancera ses
chiens pour soutenir les militaires, comme il a toujours fait, mais ne manquera
pas de demander des comptes aux responsables du GRU.
Et l’opération « Novichok » pourra se
poursuivre tranquillement derrière tous ces écrans de fumée…
Pas mal réfléchi…
Igor ne le sait pas à ce moment-là, mais en plus ils ont
déjà « leur homme » pour ce genre d’affaire.
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