C’était tellement prévisible…
Confirmant le verdict des scrutins européen, régionaux
et municipaux où le parti conservateur dirigé par Kyriákos Mitsotákis, (littéralement
« Madame Monsieur Blagueur ») a largement devancé le mouvement de
gauche radicale « Sisi-riz-ha » tel que « Tsitsi-passe » ne
povaient pas faire autrement que de convoquer des élections législatives
anticipées est sorti vainqueur de la consultation.
Et ce en dépit des quelques bons résultats de l’économie
grecque.
Les électeurs ont fait payer au sortant son revirement
de 2015 et l’austérité qui s’est ensuivie.
Comportement parfaitement logique, s’il en est…
Le divorce du peuple grec avec le leader charismatique
issu de la gauche radicale ne remonte pas à quelques mois : « La
fracture s'est opérée dès la mi-2016, après son revirement au sujet de la
politique d’austérité ». Souvenez-vous, après le « non » massif des
citoyens au référendum qu’il venait d’organiser sur le programme de rigueur
imposé par les Européens et le FMI en échange d’une nouvelle assistance
financière, « Tsitsi-passe », refusant de couper les ponts avec
Bruxelles, on parlait de « Grexit » et d’éclatement de la zone Euro,
avait toutefois décidé de l’appliquer.
Ce que les Grecs ont appelé sa « kolotumba », sa «
volte-face » a été vécue par ses partisans comme une trahison.
Les trois années de rigueur qui s’en sont suivies ont laissé
des traces et encore creusé le fossé entre le peuple et ses dirigeants.
Le rétablissement progressif du pays ces 18 derniers
mois, avec les premières baisses d’impôts et l’inflexion sociale qui ont été
données à cette politique d’extrême rigueur en relevant le salaire minimum en
janvier et en réservant une partie des impressionnants excédents budgétaires
dégagés aux plus démunis, n’auront pas permis de regagner une confiance mise à
mal depuis trop longtemps. « Syriza a appliqué le mémorandum de la façon la
plus dure pour les Grecs. Il les a assommés d’impôts et il a compromis leur
avenir en ne faisant pas les réformes dont le pays a besoin », s’emportait
encore l’entourage du « Blagueur ».
Retour des conservateurs ?
Pis que ça : Il s’agit du fils de l’ex-Premier
ministre Constantin Mitsotakis, du frère de Dora Bakoyannis, ancienne maire d’Athènes
durant les jeux de 2004, ex-sinistre de la Culture puis des affaires étrangères
et oncle du nouveau maire de la capitale grecque à 41 ans, toute une dynastie
où il va lui falloir se faire un prénom.
Il aura d’ailleurs volontairement snobé les grands
shows électoraux, privilégiant les rencontres plus intimes dans les mairies des
petites villes ou prenant le micro dans un café lors de ses visites de villages
de la Grèce rurale.
Quinqua, courtois et réservé, tout le monde savait qu’il
allait remporter largement les élections législatives de dimanche à la tête du
parti conservateur, mais il a cherché à casser son image « d’héritier »
et de représentant de l’élite qui avait mis à genoux le pays.
Les Grecs ne semblent pas lui en tenir rigueur, pas
plus que de la responsabilité de ses prédécesseurs dans la faillite du pays à
la fin des années 2000 : Les élections
européennes du mois de mai que le Premier ministre sortant avait transformé en
vote de confiance pour son gouvernement, ont propulsé son parti, « Nouvelle
Démocratie », à des niveaux historiques, poussant le chef de l’exécutif à
déclencher des élections législatives anticipées. La performance de la droite s’est
confirmée lors du scrutin de dimanche.
Pour emporter le morceau, il fallait qu’il rassemble
au moins 37 % des voix, le système électoral grec assurant un bonus de 50
sièges au parti arrivé en tête, soit 158 des 300 sièges que compte la Vouli, le
Parlement grec, contre 31,5 % des voix et 86 sièges pour Syriza. Avec près de 39,7
% contre 31,4 % pour la formation « mes-luchiennes-locale », c’est
sans appel.
Pour sa première allocution, le futur Premier ministre
a promis de « relever » la Grèce après une période « douloureuse
» de crise politique, économique et sociale.
Des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient,
naturellement
La stratégie du futur Premier ministre est simple, au
moins sur le papier, et d’inspiration libérale : « Mettre un terme à la
surtaxation » en ramenant les impôts des entreprises de 28 % à 20 % en deux
ans et en réduisant de moitié la taxe sur les dividendes et de 30 % la taxe sur
l’immobilier.
L’objectif est d’attirer les investissements étrangers
et booster la croissance à 3 % ou 4 % contre 2 % l’an dernier.
Il souhaite parallèlement relancer les réformes, celle
de l’État qu’il avait amorcée en 2014 lorsqu’il était ministre de la Réforme
administrative du gouvernement Samaras et celle des retraites qui pèsent
lourdement sur les comptes publics.
Il veut aussi mettre toute son énergie dans la
finalisation du projet de privatisation de l’ancien aéroport d’Athènes
Hellinikon, bloqué par diverses procédures depuis 2014.
Un chantier jugé « emblématique », dont la
relance apporterait la preuve de sa détermination à faire bouger la Grèce. Sans
compter que ce gigantesque chantier touristico-immobilier devrait faire
travailler pas moins de 50.000 ouvriers durant sa construction.
Fort de ces premiers succès anticipés il a aussi l’intention
de réclamer aux créanciers de l’État grec que sont ses partenaires européens,
un assouplissement, dès 2021, des règles draconiennes de rigueur budgétaire qui
continuent de sévir jusqu’en 2023 malgré la sortie de la Grèce de son programme
d’assistance l'été dernier.
Les analystes ne croient guère à ce scénario. « Le
timing est trop court pour que le nouveau gouvernement recueille les premiers
fruits de sa politique. Dans l’intervalle, les comptes publics risquent de se
dégrader à nouveau », et de créer une nouvelle crise avec Bruxelles. « Il
n'y a pas d’espace pour l’instant, pour une politique budgétaire plus généreuse
».
Les Grecs, eux, seraient-il prêts à se laisser bercer
d’illusions, une fois de plus ?
Son ascension aura commencé en janvier 2016 à la
présidence de « Nouvelle Démocratie » (conservateurs), encouragé par
son père « Constantin-Blagueur », le patriarche de la droite grecque,
âgé de 95 ans, fait alors l’effort de le féliciter et l’embrasser bien qu’il ne
tienne plus sur ses jambes. Un adoubement symbolique venant d’un des plus vieux
loups de la politique grecque, élu député à seulement 28 ans en 1946 et Premier
ministre de 1990 à 1993.
Trois ans et demi après, le rêve paternel prend corps
Rappelons qu’aux européennes de la fin mai, « Nouvelle
Démocratie » avait déjà raflé 33 % des voix aux européennes et la première
place du scrutin et qu’aux élections locales, elle a gagné les mairies d’Athènes
et de Thessalonique, les deux premières villes du pays.
Les régionales avaient enfoncé le clou, avec 12
régions conquises sur les 13 de la République hellénique.
Un raz-de-marée dont il est le principal artisan.
Dans ce pays, appartenir au clan Mitsotakis,
Karamanlis ou Papandreou, les trois grandes dynasties de la République hellénique,
reste une voie royale vers le pouvoir dans un pays traditionnellement attaché
aux valeurs familiales.
Mais, de l’avis des observateurs, le vent a tourné :
Aujourd’hui, on se méfie des descendants dont les noms de famille, aux yeux des
Grecs, évoquent aussi gabegie et corruption…
D’ailleurs ce fut la racine de la réussite de « Tsitsi-passe »
qui n’aura fait qu’exception, de celles qui confirment la règle.
Retour « aux affaires »…
Comme « Jupiter », c’est un libéral, sur le
plan tant économique que sociétal. Comme lui, il a laissé tomber la veste et la
cravate durant les derniers jours de campagne électorale pour se montrer en
chemise blanche, les manches retroussées, au moment de haranguer les militants
venus à ses meetings.
Diplômé de Harvard (MBA à la Business School) et de
Stanford (master de relations internationales), il a fait, comme le président « Jupiter »,
ses armes dans le secteur financier : À la Chase Manhattan Bank et comme
consultant chez McKinsey à Londres, puis en Grèce à la banque Alpha dans la
gestion d’actifs, et à la Banque nationale grecque, premier établissement
commercial du pays.
On en dit qu’« il est compétent, possède une bonne
formation académique et a de l’expérience dans le secteur privé et au
gouvernement. Il connaît les marchés et la communauté des investisseurs ».
Et, quand il s’agit d’accompagner les changements de
la société, « Blagueur » ne se montre pas froussard : En
décembre 2015, il vote par exemple en faveur de l’union civile des gays, au
grand dam de la majorité des députés de « Nouvelle Démocratie ».
Sur son profil LinkedIn, il se définit comme un « ardent
défenseur d’un État restreint et efficace, d’une réforme de l’éducation, de la
lutte contre la bureaucratie et les pratiques monopolistiques qui entravent la
croissance et du combat contre le copinage au gouvernement ».
On se rappelle d’ailleurs que quand il était « sinistre
de la Réforme administrative » entre 2012 et 2014, il a appliqué ces
principes à la lettre et licencié 15.000 fonctionnaires.
Aujourd’hui, il profite de la lassitude des Grecs qui
tardent à voir les effets concrets du retour de la croissance (le PIB a
augmenté de 1,9 % en 2018), après s’être tant serré la ceinture à la suite des
plans de rigueur exigés par l’Union européenne, et tout spécialement par « Mère-Quelle ».
L’héritier Mitsotakis marque aussi des points avec ses
promesses de baisse des impôts et de hausse des salaires pour les classes
moyennes.
Fin stratège, il a évité de se faire déborder sur sa
droite en critiquant l’accord de « Prespa » sur la petite république
de Macédoine du Nord, qui pourrait adhérer à l’Otan.
Bref, il a pêché des voix tant sur sa droite que vers
le centre.
« Et maintenant, Premier ministre », avait
prédit son père.
Qu’en ressortira-t-il ?
C’est au pied du mur qu’on voit le maçon.
Pour ma part, je me félicite surtout d’un retour aux
oubliettes de l’Histoire des « populistes » du pays : Merci de montrer la voie.
Un mouvement général qui va prendre de l’ampleur,
espère-je bien !
De « gôche » comme de « droâte »,
là où ils n’avaient apporté que désordre et chaos en surfant sur des idéaux « hors-sol ».
Il faut dire que ceux-là bénéficiaient du
pourrissement généralisé de leurs prédécesseurs (ci-dessus nommés) par
corruption interposée.
Est-ce que le « digne héritier » se laissera
piéger par la facilité des mêmes corruptions propres aux États mafieux ?
On est en Grèce, un des pays du « Club-Med »,
les « PIGGS », où le soleil écrase facilement les esprits.
On va le savoir très vite avec notamment le dossier de
l’aéroport d’Athènes.
À suivre, une fois de plus.
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