Une vaste escroquerie ?
Pour ne prendre que le régime général « CNAV », avez-vous déjà
calculé combien vous aura coûté en cotisations la maigre pension de vieillesse
que l’on voudra bien accorder à 64 ans ?
Pour la démonstration, restons, par hypothèse (naturellement fausse),
toute une vie au « plafond SS », dit tranche 1 (ou A) :
Taux de cotisation 2019 à l’assurance vieillesse plafonnée : 14,55 %,
part salariale et patronale ;
Taux CEG de la tranche 1 : 2,15 %, part salariale et patronale ;
Taux CET : 0,35 %, part salariale et patronale ;
Taux de l’assurance vieillesse (déplafonnée), part patronale et
salariale : 2,3 %.
Total : 19,35 %, soit 2 mois, 9 jours, 15 heures et 50 minutes, tous
les ans… depuis parfois plus de 45 ans !
Je caricature, car ces taux de cotisation n’ont pas toujours été aussi
élevés.
Et pour persister dans la caricature, disons qu’un nouveau-né normal va
être pris en charge par ses parents et l’impôt qui vont lui offrir une
éducation pendant 20 ans.
Le môme va trimer ensuite pendant 45 ans à cotiser à tout ça pour arriver
à l’âge de 65 ans épuisé par le labeur, âge où il va « ouvrir » ses
droits.
Soyons généreux, il va vivre encore 20 ans (s’il y arrive…) grâce aux
soins qu’il va recevoir de l’assurance-maladie… pour mourir autour de 85 ans.
Autrement dit, « on » lui pique 45 ans x 19,35 % (= 104,49 mois)
de son salaire « vrai » (avec cotisations patronales) tout au long de
sa carrière pour lui verser, et au mieux, une pension de 50 % de sa base de
cotisation d’une vie sur seulement 20 ans !
20 ans x 50 % = 120 mois…
Comment voulez-vous que le régime « général » soit
équilibré ?
Ça pouvait le faire quand l’espérance de vie n’était que de 75 ans et d’ailleurs
pendant de nombreuses années, le régime « vieillesse » dégageait des
excédents qui étaient siphonnés par l’assurance-maladie en déficit de façon
récurrente.
Ce n’est plus le cas…
Et je ne vous compte pas les régimes complémentaires où l’escroquerie est
plus ou moins inversée avec des « taux d’appel » de 127 %, dont les 27%
n’ouvrent à aucun droit, ou pire encore, les régimes « spéciaux » qui
sont franchement dirimants.
En fait, les uns et les autres le sont à quelques ajustements près :
Le régime général parce que tout le monde ne tient heureusement pas la
chandelle jusqu’à 85 ans, que le taux de 50 % est théorique calculé sur les 25
meilleures années « revalorisées », proratisé au nombre de trimestres
de cotisation (pas les mois, ni les heures ou les salaires reçus) et qu’il est
rare de dépasser 45 % pour une carrière « complète ».
Même si en théorie, en théorie seulement, c’est possible…
Les régimes complémentaires, par point, ajuste la valeur de la rente au
point et des appels de cotisations des actifs pour « équilibrer » et
les caisses déficitaires se sont regroupées peu ou prou avec d’autres
excédentaires sous l’égide du frère de « Bling-bling ».
En revanche, les régimes spéciaux font appel à la « solidarité
nationale », via l’impôt ou des « absorptions » par le régime
général et fume ma petite (celui d’EDF l’a été du temps de « Bling-bling »
moyennant avec une soulte ridicule, compensé par une contribution que vous
retrouvez sur chaque facture de l’électricien…), le service des pensions reste
assuré vaille que vaille, quitte à faire exceptionnellement appel à l’emprunt
pour faire les soudures.
Sauf que ça ne règle pas le problème fondamental : Dans ce
système-là, en réalité la loi a construit un « système de Ponzi » où
les cotisants payent les inactifs (souvenez-vous de Madoff… et de quelques
autres.).
Autrement dit, le « rentrant » paye le « sortant ».
C’est interdit pour le commun des mortels (c’est même un délit durement
réprimé, même si j’en ai monté quelques-uns pour en réduire la voilure à partir
du moment où l’équilibre n’était plus assuré afin d’éviter la cessation des
paiements et la case « prison »), mais c’est parfaitement légal pour
les régimes de retraite.
En fait, après-guerre, on ne pouvait pas faire autrement que le système de
Ponzi et même vos banques (surtout les centrales) le font tous les jours
(crédits révolving, refinancements de créances ou rachats de titres dans le
cadre des QE) encore actuellement : Pas possible de faire autrement, sauf
à risquer l’effondrement généralisé type 2008…
Un système de Ponzi, c’est en principe immortel : Les naissances
remplacent les décès, et la machine persiste à tourner.
Sauf que, justement, la démographie n’est pas aussi linéaire que les
« moyennes » veulent bien le montrer.
Pour les retraites, pas de soucis tant que les classes d’âge du
« Baby-boom » ont pu payer les retraites des « classes
creuses » précédentes.
Le problème d’aujourd’hui, c’est que face au « Papy-boom », les
jeunes générations ne sont pas assez nombreuses à cotiser (allongement des
études, précarité, chômage massif…)
Et les soixante-huitards veulent leurs pensions…
(Moi aussi d’ailleurs…).
Et la productivité n’a pas augmenté suffisamment pour faire face dans
notre « vieille Europe », là où d’autres continents font beaucoup
mieux.
Et comme on entre peu ou prou dans une vaste époque de « stagflation »
généralisée, ça ne va pas s’améliorer.
Il faut donc (enfin) réformer. « Michou-Roro-Card » ne disait
pas autre chose du temps du PSU et de son livre-blanc sur les retraites dans
les années « Mythe-errant » (les années 80/90).
« Jupiter » s’y attèle enfin en prévenant tout de suite que les
retraités actuels ne sont pas concernés par cette réforme, de même que les
actifs à moins de 5 ans de la retraite au moment de l’adoption de la loi :
Une façon comme une autre de les rendre neutres.
J’en suis…
Et la réforme sera présenté ce 18 juillet par le Haut-commissaire en
charge du dossier, « J’y-Pet-De-La-voile ».
Ces propositions serviront de base au projet de loi qui devrait être
présenté en conseil des ministres en décembre prochain. De nombreux points
restent à trancher mais les grandes lignes de ce rapport sont déjà connues.
1 – Un régime universel par points
Ce sera le cœur de la future réforme. La mise en place d’un régime
universel par points viendra remplacer les 42 régimes de retraites actuels, où
les pensions sont calculées en fonction du nombre de trimestres cotisés. Dans
le futur système universel, chacun accumulera des points tout au long de sa
carrière et « un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous ». Finie la règle
des 25 meilleures années pour les salariés du privé et des 6 derniers mois pour
les fonctionnaires. Le régime à points se veut plus « contributif ».
Dans ce futur système « public et par répartition », tout le monde
cotisera au pot commun jusqu’à 10.000 euros brut de revenus mensuels, primes
des fonctionnaires comprises. Au-delà de 10.000 euros brut par mois, les très
hauts revenus devront s’acquitter d’une « cotisation déplafonnée non créatrice
de droits ».
Une minorité cotisera pour la gloire… au moins dans un premier temps.
Mais si l’inflation vient grignoter la valeur d’un salaire, en fin de
carrière, ce sera la ruine des pensionnés : On s’en fout, « Jupiter »
sera mort et enterré !
2 – Un âge d’équilibre pour tous
Comme l’a plusieurs fois répété Jean-Paul Delevoye, il n’y aura pas de
changement de l’âge légal de départ à la retraite qui restera fixé à 62 ans.
Toutefois, l’instauration d’un « âge d’équilibre » devrait être mis en place
afin de consolider le système. Ça existe déjà dans les faits…
Il devrait être fixé à 64 ans. Un bonus-malus devrait être instauré autour
de cette nouvelle borne d’âge : Les futurs retraités verraient leur pension
amputée en cas de départ avant 64 ans, et majorée dans le cas contraire. Ce
mécanisme, censé les inciter à travailler davantage (s’ils ne sont pas au
chômage), provoque la colère des syndicats. « Aujourd’hui, on va vers
l’équilibre du système. Il n’y a aucune raison de travailler davantage »,
fait savoir le secrétaire général de la CFDT.
Ce qui est vrai : Les « papys-boomer » vont disparaître
avec le temps…
L’inquiétude est d’autant plus vive que le gouvernement prépare en
parallèle une autre réforme qui serait intégrée au budget de la Sécurité
sociale en octobre et qui devrait permettre de réaliser des économies dès 2020 :
Il s’agit d’un allongement de la durée de cotisation ou d’un renforcement de la
décote. « S’il s’agit de rendre le fonctionnement plus juste et plus
lisible, la CFDT participera à la concertation. Mais si l’annonce est doublée
d’une mesure applicable dès 2020, par exemple l’augmentation de la durée de
cotisation, la discussion sera terminée pour la CFDT », prévient-on.
Selon eux, « il ne serait pas difficile d’enclencher une mobilisation
sur ce sujet ». La CGT appelle déjà à mener plusieurs journées d’action à
la rentrée.
3 – Les pensions de réversion
C’est l’un des points les plus sensibles de la réforme. Les pensions de
réversion, versées aux veuves et veufs après le décès du conjoint pour garantir
leur niveau de vie, avaient fait l’objet des rumeurs les plus folles l’été
dernier, obligeant « Jupiter » à réagir pour désamorcer la bombe.
Le rapport doit donc annoncer leur maintien dans la future réforme.
L’enjeu est de taille (et pas seulement pour « Jupiter » qui
compte bien cumuler cet avantage après le décès de « Bibi ») : Les
pensions de réversion pèsent environ 36 milliards d’euros, soit 12 % des
dépenses totales de retraite. Elles s’élèvent en moyenne à 304 euros mensuels
pour les hommes et 642 euros pour les femmes. Pour ces dernières, cela
représente presque la moitié du montant de la retraite moyenne !
Difficile, donc, d’y toucher.
Néanmoins, le dispositif devrait évoluer. En cas de divorce, le
haut-commissaire privilégie la piste d’un « solde de tout compte » pour
répartir les droits entre les anciennes épouses de prédécédés…
4 – La majoration pour les enfants
Le rapport doit acter une nouveauté : La majoration des pensions dès le
premier enfant et non plus à partir du troisième, via « une bonification
proportionnelle », c’est-à-dire un pourcentage plutôt qu’un nombre de points
forfaitaire par enfant. 120 points seront-ils suffisants ?
Autrement dit, une amélioration.
Sauf que ça reste contradictoire avec le principe énoncé du « même
pension pour chaque euro cotisé »…
5 – Les régimes spéciaux
Le système universel à points doit en théorie mettre fin aux régimes
spéciaux. Toutefois, et de nouveau un coup de couteau aux grands principes
énoncés jusque-là, des traitements de faveur subsisteront.
Parmi les fonctionnaires, les métiers régaliens (policiers, douaniers,
pompiers, surveillants pénitentiaires) garderont leurs spécificités de départ
anticipé à 57 ans, voire 52 ans. En revanche, les aides-soignantes des hôpitaux
publics devront se plier aux mêmes règles que leurs consœurs du privé, avec
l’accès au « compte pénibilité » pour partir au mieux à 60 ans.
Par ailleurs, les indépendants, qui cotisent moins que les salariés,
bénéficieront d’un régime « adapté » pour leur éviter un alignement brutal.
Mais pour bénéficier à 100 % des outils de solidarité, comme le minimum de
pension, les agriculteurs, artisans et autres libéraux devront tout de même
accepter les mêmes prélèvements jusqu’à environ 40.000 euros brut de revenus
annuels.
Ce sont les grandes lignes qui devraient être confirmées après débat ou…
amendées : On verra bien.
Car je note pour ma part que finalement, ça reste encore du « bricolage ».
Une carrière sur « un demi-siècle », ce sont des dents de scie
en permanence, je peux en témoigner à titre personnel.
Si la généralisation du point peut aplanir les difficultés, il n’en reste
pas moins que les « pics de haut revenus » ne compensent pas les « creux
d’activité » puisque les uns sont plafonnés (et surtaxés) alors que les
autres ne sont pas « compensés »…
Ce qui me fait dire qu’il manquera encore un « troisième étage ».
Depuis l’abrogation de la Loi Thomas (mort-née) par « Tonton Yoyo »,
personne ne s’est attaché à mettre en place ce « troisième étage »,
notamment par voie de « capitalisation » (l’horreur pour un « soce »).
Pas plus « Jupiter »…
Alors, il s’agit de se démerder seul, après voir été racketté par les
Urssaf et le fisc, quand il vous en reste, vous épargnerez. Et lourdement quand
vous le pouvez à voir le succès phénoménal des systèmes d’assurance-vie (en cas
de vie voire de mort) et les encours des livrets-épargne : C’est d’ailleurs
comme ça que longtemps la dette publique du pays pouvait être placée sans
problème (mais on n’en a plus besoin) ou vont au financement des HLM…
Sauf pour quelques privilégiés qui ont accès au PREFON et quelques autres
régimes « spéciaux » dont il n’est rien dit quant à leur avenir.
Initialement prévu pour les hauts-fonctionnaires touchant des primes (qui
désormais seront incluses dans le champ de la cotisation à point), ces régimes
collectaient justement cette épargne « mutualiste ».
Comme la source va se tarir, il y a tout lieu de penser que ces régimes vont
disparaître faisant cocus tous ceux qui y ont placé leur « hauts-revenus »
par le passé…
Un projet « soce », une fois de plus.
Heureusement, on dispose encore pour un temps d’autres outils qui ont le
mérite d’être défiscalisés : Tu prends un support financier à haut
rendement en début de carrière, moins risqué par la suite, de préférence
défiscalisé à la sortie (et tant qu’à faire défiscalisé à l’entrée, type participation,
intéressement, PEE, etc.) que tu transformes en rentes exonérées à la sortie (c’est
possible avec les PEA et autres).
Ma « nichée », en quelques paire d’années de boulot (bas de
gamme) a ainsi accumulé plus de 6 mois de salaires…
Intelligent, surtout quand on commence tôt.
Faites le calcul : Pas d’impôt ni de charge à l’entrée, pas d’impôt
ni de charge à la sortie, vous doublez mathématiquement vos revenus futurs sans
passer par la case « régime obligatoire » !
C’est là l’avenir radieux des retraites du futur, moyennant quelques
sacrifices du train-de-vie du quotidien…
Mais il n’en est même pas question dans ce que j’ai pu en lire de ce qui a
« fuité » du le rapport qui va être dévoilé ce 18 juillet.
Enfin, crois-je savoir…
Pensez donc « cas particulier », le vôtre : Se nourrir d’abord,
se soigner ensuite, se loger impérativement. Puis ne comptez pas trop sur les
régimes « imposés » par la puissance publique pour le reste.
Faites ce que les « baby-boomers » n’ont pas fait : Des
gamins !
Car la démographie de demain (et donc les régimes de retraite ultérieurs) conditionne
la pérennité d’un « système de Ponzi » : Là seulement, il
devient « éternel ».
Et tant pis pour la planète, n’est-ce pas : Vous d’abord !
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