Oui, d’après « Vlad-Poux-Tine »
À la veille de l’ouverture du G20 à Osaka il aura déroulé,
dans une longue interview au quotidien Financial Times, sa vision pour le moins
cynique d’un ordre mondial où les valeurs libérales seraient « dépassées
».
Obsolètes.
Pour le chef du Kremlin, « la pensée libérale est
devenue obsolète » car « elle est entrée en conflit avec les intérêts de
l’écrasante majorité de la population » des pays occidentaux.
Je m’insurge, imaginez-vous bien !
D’autant qu’il ne propose aucune alternative.
Il se contente d’appuyer sa démonstration sur le thème
des migrants, « qui peuvent tuer, piller et violer en toute impunité parce
que leurs droits doivent être protégés » et qualifie d’« erreur
monumentale » la décision prise en 2015 par la chancelière Teutonne
d’accueillir un million de réfugiés du Moyen-Orient, en majorité des Syriens.
Une déclaration parfaitement conforme au récit des
médias russes pilotés depuis le Kremlin qui ont, dès 2016, consacré une large
couverture à la « crise migratoire » en Europe, à grand renfort de
reportages virulents sur les exactions, viols et agressions qu’auraient commis
les nouveaux arrivants.
Alors, un discours à usage « interne » ?
« Jupiter » a fait état de son « désaccord
irréductible » avec le chef de l’État russe sur les « valeurs »
libérales et il a raison (pour une fois…) lors d'une conférence de presse à
l'issue du sommet du G20, à Osaka, au Japon.
« Les démocraties libérales ont encore beaucoup à
apporter » !
Probablement.
« Les démocraties illibérales ou les régimes
illibéraux peuvent donner le sentiment d’être plus efficaces que les
démocraties libérales à certains moments, ils peuvent l’être parce qu’ils ont
beaucoup plus de marge de manœuvre », estime-t-il.
« Parce que quand on n’a pas un Parlement, une
opinion publique, des médias libres, c’est sûr, on est libre de ses mouvements
mais avec quelle finalité et quel juge ? »
« Dans ce monde qui est plein d’incertitudes, les
démocraties libérales ont encore beaucoup à faire et beaucoup à apporter. (…)
Dans le dialogue entre les démocraties libérales et celles qui peuvent
revendiquer de l’être moins, on peut construire beaucoup (…) Moi,
je ne sais pas de plus grand juge que le peuple, je ne sais pas d’autre
finalité que l’intérêt général parce que nous servons la souveraineté du
peuple, c’est ça une démocratie libérale (…) Nous l’avons expérimenté (l’inverse)
avant la démocratie, ça l’est rarement (un succès) sur la durée »
ajoute-t-il en direction du leader russe, qui s’est contenté d’un sourire pour
toute réponse…
Derrière des mots différents, sont-ils complices ?
Pour « Vlad », l’Occident et par extension,
le libéralisme, ne peut plus dicter « quoi que ce soit à quiconque ».
Ou a-t-il vu que nous vivions le « plein
libéralisme » dans nos démocraties, au juste, quotidiennement « empêchés »
par tout un fatras de règles incompréhensibles ?
Et pourquoi donc « dicter » ?
Exactement, les libéraux « ne peuvent simplement
plus dicter quoi que ce soit à qui que ce soit, comme ils ont pu tenter de le
faire au cours des dernières décennies ».
Cet une ode aux « populismes », à n’en pas
douter… puisque : « Les valeurs traditionnelles sont plus stables et
importantes pour des millions de gens que cette pensée libérale qui, à mon
avis, est en train de disparaître ».
Traduire « l’Occident, avec sa pensée libérale,
est en déclin ; la Russie, défenseuse des valeurs, construit l’avenir » !
Quel avenir ? Je demande à voir…
Un discours contre lequel le président encore en
exercice du Conseil européen « McDonald Tustusk » n’a pas tardé à se
dresser : « Quiconque affirme que la démocratie progressiste est obsolète
dit par là-même que les libertés sont obsolètes, que l’État de droit est
obsolète et que les droits de l’homme sont obsolètes » en ajoutant que les
Européens « défendent ici avec fermeté et sans équivoque la démocratie
», et ses valeurs « vivaces et essentielles ».
Il a parfaitement raison (peut-être pas pour la
vivacité, mais pour le reste) : Pas de liberté, sinon celle de se soumettre (à
des diktats, des sectes, des croyances, religieuses ou non, des
idéologies-liberticides ou « écololo-bobos » peu importe…), pas de
démocratie, pas d’évolution du corps social, pas de création, pas d’innovation
puisqu’alors tout ce qui n’est pas permis est de facto interdit !
Régression civilisationnelle en perspective : Le
terreau fertile sur lequel pousse avec une telle facilité tous les conflits de
par le monde.
« Ce que je trouve vraiment obsolète, c’est l’autoritarisme,
le culte des personnalités et le règne des oligarques ».
Je préfère…
Mais notez que les uns et les autres disent la même
chose : Le règne des oligarques en Russie a son exacte réplique avec celui
des eurocrates déconnectés et tous les « sachants » du monde…
Alors que la Russie est régulièrement accusée d’user
d'influence dans le monde afin de faire monter les populismes, « Vlad-Poux-Tine »
a une nouvelle fois rejeté en bloc les accusations du procureur spécial Robert
Mueller (dont on attend avec impatience l’audition devant le Congrès) sur une
éventuelle ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016.
Mais il se dit en revanche préoccupé par la menace d’une
nouvelle course aux armements nucléaires entre les États-Unis et la Russie (ça
ruinerait son économie) : « La guerre froide était une mauvaise chose…
Mais il y avait au moins certaines règles que tous les participants ont plus ou
moins respectées ou ont essayé de suivre. Maintenant, il semble qu'il n'y ait
pas de règles du tout ».
Un amateur des rapports de force et d’un retour
aux anciennes pratiques de ladite guerre-froide ?
Interrogé sur la guerre commerciale entre les
Etats-Unis et la Chine, et les tensions avec l’Iran, il déclare que le problème
découle de l’unilatéralisme américain, et toujours de cette absence de règles
dans l’ordre mondial.
Ce qui est loin d’être faux…
Ils se réunissaient au Japon justement pour améliorer
les choses.
Et « Trompe » en a profité pour jouer au « cabot »
sur la DMZ coréenne…
Ce qui frappe, c’est que « ses idées ne sont pas
nouvelles. Mais l’assurance avec laquelle, pour la première fois, il les
présente de manière aussi ouverte et franche à un média de l’Ouest envoie un
message clair. Un avertissement aux Occidentaux… » confie Andreï Kortounov,
directeur du Russian Council, un think tank moscovite. Il ne se contente pas de
juger obsolètes en général les valeurs libérales. Il donne des exemples – et
des leçons – aux Occidentaux.
Le président russe se moque ainsi du système politique
britannique, qui permet de choisir un premier ministre sans élection : Une
allusion à l’actuel duel entre « Bojo » et « Jérém’-le-chasseur »
pour devenir le leader du Parti conservateur et, du coup, le nouveau chef du
gouvernement : « Nous, nous sommes une démocratie », lance celui
qui est au pouvoir depuis dix-neuf ans…
Beau pied-de-nez !
Autre cible dans cette interview au vitriol : La
chancelière Teutonne, qui a commis une « erreur » en laissant entrer en
Allemagne ses réfugiés.
Elle a été emportée, l’hérétique huguenote, par sa
compassion très chrétienne qui fait envie jusqu’en « Corsica-Bella-Tchi-Tchi »
très « papiste », envers les mêmes chassés de leur pays par les
combats qu’entretient justement « Poux-Tine » en Syrie avec la
complicité objective de « Air-Do-Ganne ».
De qui se moque-t-il ?
D’autant que c’est un excellent programme économique
pour la « Teutonnie » dont la population vieillit à vitesse « grand
V » : Il faut trouver des bras pour faire tourner les équipements et ne
pas disparaître, n’est-ce pas !
Et puis il revient par ailleurs sur l’un des thèmes
préférés de la télévision publique russe, la supposée décadence des sociétés
européennes : « Je n’ai pas de problème avec les homosexuels, mais
certaines choses nous semblent excessives », s’indigne-t-il. Il critique ainsi
la volonté occidentale d’admettre l’homosexualité et la fluidité des genres et c’est
à qu’il défend « les valeurs familiales traditionnelles de millions de gens
composant le cœur de la population ».
Cette assurance à l’international contraste avec une
fragilité accrue en Russie même. Donneur de leçons face aux Occidentaux, celui
dont la cote de popularité s’est érodée mais reste au-delà des 60 %, a peiné
ainsi la semaine dépassée à rassurer les Russes lors de sa « ligne directe
», un entretien télévisé annuel avec le pays. Pendant plus de quatre heures, il
a été rattrapé par la vague de doléances sociales : Bas salaires, érosion du
niveau de vie, manque de médecins, fermeture d’écoles, dégâts écologiques,
administrations inefficaces…
Il a promis d’intervenir, mais imperturbable, il est
cependant apparu déconnecté, lui aussi…
On apprend également quant à la décision d’intervenir
en Syrie, en automne 2015, elle aurait été prise à Moscou après analyse
minutieuse des risques et des éventuelles retombées bénéfiques, la Russie ne
pouvant rester passive pendant qu’une organisation terroriste internationale
(État islamique) se développait dans son voisinage : « Nous avons
accompli bien plus que ce à quoi je m’attendais, » a-t-il reconnu.
Très cynique, il a indiqué que plusieurs milliers de
miliciens de l’ancienne Union soviétique qui avaient rejoint l’EI (ses
Tchéchènes), ont été ‘‘éliminés’’ en Syrie. Cela a amélioré la sécurité
intérieure de la Russie et contribué à stabiliser le Moyen-Orient.
La Russie a aussi établi « de très bonnes relations
dans le domaine des affaires, du partenariat et en grande partie des alliances,
» avec d’autres puissances régionales, comme entre autres, l’Iran et la Turquie,
aura-t-il ajouté.
Et probablement le plus important et le plus cynique :
« L’armée russe a reçu une expérience pratique qu’elle n’aurait pu
acquérir autrement. »
« En premier lieu… nous avons réussi à
préserver l’État syrien, peu importe comment (facile de tirer un trait sur
bien des « débordements »), et nous avons épargné là-bas le genre
de chaos qui règne en Libye. »
Celui-là n’est que provisoire…
La Russie, a-t-il précisé, préfère « étudier les
problèmes de manière approfondie, sous tous les angles possibles, sans se
presser. »
Il reconnaît aussi qu’il y a des spécialistes et des
instructeurs russes au Venezuela.
Des barbouzes…
« Ils sont là-bas aux termes d’un contrat de
défense signé il y a des années, mais il n’y a pas de troupes russes sur place
et, en dépit des accusations, Moscou ne « soutient pas » le président
Nicolas Maduro.
« Nous ne nous mêlons pas des affaires des
autres ; ça ne nous regarde pas… Ce problème devrait être réglé par les
Vénézuéliens eux-mêmes. C’est tout. »
Même pas un petit coup de pouce pour entraver les
barbouzes de la CIA, par hasard ?
Évoquant la tentative de prise de pouvoir de Juan
Guaido, chef de l’opposition, à Caracas, il a demandé : « Depuis quand
quelqu’un peut-il aller sur une place, lever les yeux au ciel et se proclamer
président ? Et si on faisait ça au Japon, aux États-Unis ou en Allemagne.
Qu’est-ce qui arriverait ? Comprenez-vous que ça provoquera le chaos dans le
monde entier ? »
« Elle-Tsine » l’avait bien fait à Moscou…
Pour lui, les armes nucléaires sont tout de même une
menace pour la paix et la sécurité internationales, mais la crise nord-coréenne
a ses racines dans les « tragédies de la Libye et de l’Irak, » qui ont «
poussé de nombreux pays à assurer leur sécurité à tout prix. »
La vraie question n’est pas de savoir comment désarmer
Pyongyang, mais « comment faire en sorte que tout pays, dont la Corée du
Nord, se sente en sécurité et protégé par le strict respect du droit
international de tous les membres de la communauté internationale, » a
expliqué le président russe.
Si la communauté internationale respecte la Corée du
Nord et assure sa sécurité, « la situation pourrait prendre une tournure que
personne ne peut imaginer aujourd’hui, » a-t-il ajouté.
Par ailleurs, en affirmant que « McDonald-Trompe »
est président des États-Unis parce qu’il s’est rendu compte que la classe
moyenne ne profitait pas de la mondialisation, « Poux-Tine » a ajouté
que ça explique sa politique économique et ses relations avec ses partenaires
et alliés.
Le problème évident est le fossé qu’il y a entre les
intérêts des apparatchiks et l’immense majorité de la population : « Au
cours de la dernière décennie, aux États-Unis, la répartition des ressources et
des avantages de la mondialisation a été injuste ». À vrai dire, a-t-il
affirmé, « l’un des problèmes majeurs aux États-Unis, mais aussi en
Europe, est que « les apparatchiks au pouvoir se sont détachés de la
population. » »
Que l’on soit ou non d’accord avec l’idée du Président
US d’édifier un mur le long de la frontière avec le Mexique, « il cherche au
moins des solutions », alors que les défenseurs des fameuses valeurs
libérales « ne font rien » et assurent que tout va bien, alors qu’un
nombre sans précédent de migrants arrivent en franchissant leurs frontières.
Et de finalement conclure que tout cela ne signifie
pas que les idées libérales – ou toute autre – devraient être proscrites ou
censurées. Même la philosophie libérale ratée, a-t-il reconnu, « a le droit
d’exister et devrait même être soutenue dans certains cas. Mais vous ne devriez
pas penser qu’elle a le droit d’être le facteur dominant absolu. C’est le
problème. »
« Diverses philosophies et opinions devraient avoir
la chance d’exister et de se manifester » tout en gardant à l’esprit les
intérêts du grand public.
« Ensuite, me semble-t-il, nous pourrions éviter
les bouleversements politiques majeurs. »
En bref, un véritable pamphlet mélangeant intox et
infox.
Aura-t-il voulu signer son grand retour sur la scène
internationale et voler la vedette à l’Américain ?
Ou seulement rassurer sa propre opinion publique ?
À mon sens on peut également y voir un message
subliminal à l’intention des « maîtres du monde », affirmant qu’il n’est
dupe de rien (cf. le sourire en coin à « Jupiter » quand il aura dit
son opposition à « ses idées »).
Eux également ont déjà dépassé le stade de la « démocratie »,
puisqu’ils ont les instruments pour la faire ployer à leurs desseins en
manipulant l’opinion publique par médias interposés.
Du grand art : « Poux-Tine » joue dans « la
même catégorie », mais sur un chemin parallèle, pas en opposition, qui
converge vers le même désir de soumission des masses.
Quand donc « les masses » s’en
rendront-elles compte et balaieront tous ces « fats » imbus d’eux-mêmes,
sûrs de détenir des vérités sempiternelles ?
Parfois, je me pose la question…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire