Les américains confirment…
On en disait, il y a
tout juste un peu plus d’un mois, qu’ils avaient enfin trouvé le
remède contre l’extrême pauvreté !
Et qu’il était en phase d’expérimentation à Los
Angeles…
La méthode a désormais sa déclinaison dans la lutte
contre le chômage.
Je ne vous fais pas le lien avec la vidéo tournée par
un passant qui passait ce jour-là.
Mais globalement, ça se présente comme ça :
Tu fais un contrôle routier dans un bled huppé.
Un mek roule en Mercédès suspecte.
S’il est black, tu n’hésites pas l’intercepter et à
lui faire la peur de sa vie.
Le gars prend la fuite : C’est bien qu’il a
quelque chose à se reprocher.
Sûrement un type qui ne paye pas ses cotisations
sociales, fait des trafics prohibés, vit des subsides d’État et évite de payer
ses impôts et ses contraventions, voire, roule sans permis dans un véhicule
forcément volé…
Et pourquoi pas encore bien pire, n’est-ce pas, puisqu’il
est black ?
Il fuit : Normal, c’est qu’il est coupable !
Et si la flicaille ne sait pas de quoi, il faut l’appréhender
quand même, justement pour savoir.
Comme le gars qui traîne un peu la patte coure trop
vite pour la bedaine grassouillette du pandore, il n’y a pas d’autres façons de
faire que de lui coller 8 balles dans le buffet.
De dos, bien sûr, afin qu’il ne puisse pas tenter d’esquiver !
Ça arrête sa course et sa fuite dans le même élan,
forcément.
Le quotidien des forces de sécurité du pays qui a reçu
en cadeau de mon pays à moi (celui qui …) la statue de la Liberté…
Démarche parfaitement logique : Un « salaud
de pôvre » en moins, c’est aussi un emploi qui se libère.
Et tant pis si ses
organes ne serviront à rien…
De toute façon, ce sont des détritus de black,
sûrement contaminés de plein de saloperies virales et microbiennes :
Personne n’en voudrait !
Personnellement, j’en reste tellement écœuré que j’ai même
du mal à en être cynique !
Parce que oui, l’emploi, au moins chez nous, c’est devenu
la grande thématique de ce début avril : Tous les spécialistes sont surpris par
les chiffres publiés aux États-Unis vendredi (– 60 % de créations de jobs en
moins à l’issue d’un mois plus long de 3 jours que février, un record absolu !)
et c’est une excellente nouvelle pour Wall Street !
Je vais vous expliquer…
En notant que le grand écart entre l’Allemagne et son
taux de chômage plancher de 6,4 % et celui, Gaulois, de 10,4 %, en agrégeant la
totalité des catégories A, B, C, D et E et les DOM, soit quand même 6 millions
d’inscrits, ce n’est pas que du kaka.
Tu nous prends 27 millions de paires de bras
potentiellement « laborieuses ».
Tu retires 5 à 6 millions de fonctionnaires et
assimilés.
1 à 2 millions de « maladifs » ou « inadaptés-handicapés »,
en formation ou autre chose de subventionné.
Avec les 6 millions « en recherche d’emploi »,
ça ne fait plus que 13 à 15 millions qui payent le train de vie de plus de 60
millions de consommateurs par leur labeur…
Et vous voulez que ça aille mieux avec un pareil
fardeau ?
Je m’explique : Si les gouvernants communiquent
beaucoup sur le stock net des 6 millions de chômeurs, reste aussi à affiner un
jour ou l’autre l’analyse des flux qui en sont la conséquence et sont publiés
par la Dares.
Où on est tout d’abord surpris par le flux extrêmement
important d’entrées et de sorties dans les différentes catégories de demandeurs
d’emplois.
Ainsi si l’on regroupe les demandeurs d’emplois des
catégories A, B, et C, on constate qu’il y en a chaque mois 530.000 qui
s’inscrivent à Pôle Emploi, tandis que 500.000 en sortent également chaque mois.
On constate ensuite que, contrairement à ce que l’on
pourrait croire, la part des licenciements est très faible, soit environ 50.000
demandeurs d’emplois rentrant.
Si on ajoute les ruptures conventionnelles, on arrive
à 80.000 par mois en moyenne.
Le premier poste des entrées est en réalité celui des
personnes arrivant en fin de mission de CDD ou d’intérim, à hauteur d’environ
150.000 par mois.
Quand on sait que désormais, la durée moyenne d’un CDD
est de 26 jours, le premier pas vers l’extrême-pauvreté, ce chiffre n’est pas
étonnant…
On a d’un côté 87 % de travailleurs en CDI, très peu
flexibles pour s’adapter aux besoins des entreprises, et de l’autre côté 13 %
de salariés obligés d’être ultra-flexibles, surcompensant la rigidité du
contrat en CDI censé être la norme. En cause la fameuse « cause réelle et
sérieuse » dont les tribunaux se sont arrogé le droit de juger, à la place de
l’employeur, si tel était le cas ou non, en cas de licenciement d’une personne
en CDI.
On en parlait déjà la
semaine dernière…
Un « truc » à tuer le contrat de travail, à
l’œuvre depuis des décennies que le bidule a été inventé avec la « rupture
pour motif économique »…
Ainsi, on peut se réjouir d’avoir entre 13 et 15
millions de salariés du privé en CDI, qui payent tous les autres « inutiles »
à des degrés divers, mais c’est au prix de 2 millions de personnes en CDD ou
intérim, auxquels il faut ajouter 3 millions de chômeurs officiels et environ 2
millions de chômeurs découragés, soit au total 7 millions de personnes qui
peinent à vivre de leur travail.
Conclusion, toutes les politiques de protection du salarié,
notamment à travers une jurisprudence de plus en plus dure, ont fini par
produire l’inverse des effets recherchés, à savoir un chômage et une inactivité
persistants malgré « la reprise » flamboyante, et un grand nombre de
travailleurs précaires.
Et les chiffres de « Lyne-Sait » tout
attestent, par ailleurs, que la situation ne cesse de se dégrader. En 2011, les
CDD ou les missions d’intérim représentaient 9 embauches sur 10. Par
comparaison, en 1982, c’était 1 embauche sur 3 !
Où l’on ne distingue toujours pas les « insider »
des « outsider »…
Oui mais bon, pourquoi le marché du travail
apparaît-il si contrasté de part et l’autre du Rhin ?
Ah bien parce qu’en Allemagne, et depuis fin 2004, le
chômeur n’est plus indemnisé que durant 6 mois contre toujours 2 ans chez nous.
De plus l’Allemagne impose aux chômeurs d’accepter un mini job à 3 €/heure en
secteur privé − avec un complément de revenu versé par l’État Fédéral qui
permet le maintien du pouvoir d’achat.
Double bénéfice : Le « salarié » (à 3 €/H) reste au
contact de l’entreprise… mais surtout, il cesse d’être comptabilisé comme
chômeur !
Splendide !
Même genre d’artifice mais en bien plus hypocrite et
antisocial au Royaume Uni − qui se vante également de flirter avec le plein
emploi − : Il s’agit des contrats « 0 heure » permettant au « salarié » de ne
travailler qu’une seule heure par mois, quand il y a du boulot, ce qui ne lui
paye même pas son transport pour aller bosser, mais se trouve également exclu
des statistiques du chômage tout en lui interdisant de se procurer une activité
plus lucrative par ailleurs !
Ceux-là, ils sont vraiment fabuleux…
Si en « Gauloisie-prospère » le gouvernement
appliquait un mix du système allemand et de la magouille britannique, le taux
chômage pourrait chuter de 4 points et revenir mécaniquement à 6,4 % !
L’Allemagne et l’Angleterre ont supprimé les chômeurs
« statistiquement », mais ni le chômage… ni encore moins la précarité.
Alors pensez donc, aux USA, qui connaissent les mêmes
difficultés et les mêmes solutions (eux ne comptent que les créations,
nouvelles ou non), quand le chômage est en hausse plus que prévu, c’est une excellente
surprise pour Wall-Street qui crève ses plafonds !
Bé oui, l’effondrement des créations d’emploi aux
États-Unis en mars, − à 126.000 emplois créés au lieu des 250.000 attendus et
après les 295.000 de février, selon l’estimation initiale du BLS (Board of
Labor Survey) − constitue certainement la meilleure nouvelle pour les marchés
depuis l’annonce début janvier d’un QE de la BCE de 60 Md€ par mois au lieu des
50 Md€ anticipés.
Pensez bien qu’une chute de – 60 % par rapport à février (–
169.000) constitue la plus grosse « erreur » d’estimation depuis un écart de
110.000 en 2011.
Mais c’est aussi la meilleure excuse qu’ait jamais eue
la FED depuis 4 ans pour justifier une prolongation de sa politique de taux
zéro pour les 9 ou 12 mois à venir, d’où l’euphorie des marchés européens et le
nouveau record historique du CAC 40 qui flirte avec les 5.200 points (contre 12.100
pour le DAX30) et affiche plus de + 20 % depuis le début de l’année !
Elle n’est pas belle la vie ?
Seulement voilà, le programme de lutte contre la
pauvreté mis en place, comme on l’a vu en introduction de ce billet, s’il était
étendu et « accéléré », s’il réussissait, pourrait donc venir gâcher
la fête des boursicoteurs mondiaux…
La question du week-end qui vient de s’achever :
Est-ce que justement ce programme d’élimination des « pôvres &
inutiles » (parce que sans pouvoir d’achat solvable et sans production
marchande) montera en puissance ou non ?
Je vous fiche mon ticket que « oui ».
La FED (et par contre-choc, la BCE, la BoE, la BoJ)
pourrait décider que d’émettre de la monnaie de singe sans même en toucher les
dividendes devient suicidaire et il n’y a que le niveau du chômage qui la
retient encore : Faudrait en venir à toucher les dividendes (l’intérêt
contractuel) de cette politique d’argent facile, tôt ou tard.
Et pas faire comme les suisses qui bradent leur pognon
à des taux d’intérêt négatifs même sur des échéances de 10 ans, alors que les
autres banques centrales veulent s’en mettent plein les fouilles à des taux qu’elles
veulent délirant… mais qui pourraient plomber la « croâssance » et
donc faire s’envoler le nombre de chômeurs…
Non mais !
Donc, donc, on devrait continuer à abattre des « pôvres-chômeurs-maladifs-black »
pour faire régresser pour de bon les statistiques (même si elles ne veulent
plus rien dire à comparer des choux et des carottes d’un pays à l’autre).
Parce que de tout temps, il vaut quand même mieux être
« riche-actif-bien-portant-et-blanc »…
Même et surtout aux USA, c’est bien connu.
Bon début de semaine, les jeunes : Merci d’être
passé !
Parce que, et sans jeu de mot, moi « je broie du
noir » depuis la fin de semaine dernière, tellement l’actualité reste
fameuse…
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