Le Drapeau…
« Ils sont
quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.
Quinze
cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tous les pays.
Quinze
cent mille morts, mon Dieu !
Quinze
cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…
Quinze
cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des
enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…
Qu’est-ce
que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?
Quinze
cent mille morts, mon Dieu !
Quinze
cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze
cent mille éventrés, déchiquetés,
Anéantis
dans le fumier d’un champ de bataille,
Quinze
cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,
Que
leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze
cent mille pourris dans quelques cimetières
Sans
planches et sans prières…
Est-ce
que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De
vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?
Ils ne
sont plus que des pourritures…
Pour
cette immonde petite guenille !
Terrible
morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je
te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
Pour le
sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis
Je te
hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille
Je te
hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te
hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui
traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais
en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
Le défi
aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais
tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le
blanc livide de tes remords.
Laisse-moi,
ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
Les
quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
Et
n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
Que tu
es pour moi de la race vile des torche-culs.
1924 –
Jean Zay »
Un texte sorti de la « guerre des tranchées »,
où il a su traduire par les mots ci-dessus l’écœurement que lui a inspiré cet
épisode funeste de première guerre mondiale d’empires qui se consumaient dans
un autodafé épouvantable…
C’était si terrible que même mes grands-parents ne m’ont
jamais parlé de « leur guerre », la « der des der ».
Eux qui se sont battus pour ce fameux drapeau
tricolore.
Jean-Zay, un « Rad-Soce » de l’entre-deux-guerres,
assassiné par trois miliciens en 1944, une victime comme il y en eu des
dizaines de milliers, hélas, durant la Seconde Guerre mondiale et réhabilité
après-guerre, blanchi du crime de collaboration dont quelques ignobles l’accusaient
à tort.
Il a servi comme sous-lieutenant au sein de la IVème
armée « volontaire pour les missions les
plus périlleuses et les plus délicates » en diront ses chefs, sans jamais « qu’à aucun moment il ne s’est soustrait à
l’autorité militaire » en dira le 5 juillet 1945, la Cour d’appel de
Riom qui annule le jugement du 4 octobre 1940 au motif que « les poursuites intentées contre le
sous-lieutenant Jean Zay ne peuvent s’expliquer que par le désir qu’a eu le
gouvernement d’atteindre un parlementaire dont les opinions politiques lui
étaient opposées et qu’il importait de discréditer en raison de la haute
autorité attachée à sa personnalité ».
Elle le réhabilite pleinement à titre posthume.
Je ne sais même pas si le Général De Gaulle, condamné
à mort pour haute-trahison en 1940 a pu être réhabilité…
Depuis, signalons que « l’outrage au drapeau »
est devenu un délit.
L'article 440 du Code de justice militaire dispose que
: « Le fait pour tout militaire ou toute
personne embarquée de commettre un outrage au drapeau ou à l'armée est puni de
cinq ans d'emprisonnement. Si le coupable est officier il encourt, en outre, la
destitution ou la perte de son grade. ».
Et puis ce délit d’opinion s’est déplacé aussi autour
de l’hymne national.
Des polémiques ont pu voir le jour, comme dans les
années 1970 lors de l'interprétation contestée de « La Marseillaise »
par Serge Gainsbourg, mais ce n'est qu'à partir de 2003 que l'outrage au
drapeau ou à l'hymne national est tombé sous le coup de la loi.
Et dire que moi, je pleure dès que j’entends la
première mesure de « La Marseillaise » : Je reste un grand
émotif au patriotisme chevillé à l’âme !
Et tout autant, de joie, quand visitant le bâtiment de
l’ONU à New-York, j’ai vu « mon » drapeau tricolore flotter parmi
tous les autres…
Gorge nouée quand je suis entré dans le hall d’accueil.
En plus, miracle des miracles dans ce territoire anglophone,
les hôtesses d’accueil parlaient toutes un « Francilien-natif » sans
aucun accent et de façon « fluide » : Merveilleux, j’étais chez
moi !
À l’ONU… c’est vous dire mes larmes de joie.
Rappelons qu’en mars 2003, un amendement à la loi pour
la sécurité intérieure présentée par le ministre de l'intérieur pas encore « Bling-bling »,
crée le délit « d'outrage au drapeau
ou à l'hymne national ».
Ce sont les sifflets du public à l’occasion d’un match
amical de football international qui provoque cette réaction législative…
Le drapeau n’y est pour rien…
L'article 133 de cette loi précise : « Le fait, au cours d'une manifestation
organisée ou réglementée par les autorités publiques, d'outrager publiquement
l'hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7.500 euros d'amende.
Lorsqu'il est commis en réunion, cet outrage est puni de six mois d'emprisonnement
et de 7.500 euros d'amende ».
L’auteur (UDF) de l'amendement, commente alors : « J'avais déposé une proposition de loi dès
1999 à la demande des anciens combattants, tombée dans l'oubli (...). Il a fallu les sifflets du match France -
Algérie en 2001 pour que l'on s'en préoccupe. ».
Notez que le Conseil
constitutionnel restreint la portée de la loi en précisant que les
sanctions ne s'appliquent qu'aux « manifestations
publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel », et qu'en sont
exclues les « œuvres de l'esprit » et
« les propos tenus dans un cercle privé
».
Autrement dit, Jean Zay peut insulter mon drapeau sans
même que j’aie rien à en dire, puisqu’il ne s’agit pas d’une « manifestation publique à caractère sportif,
récréatif ou culturel », mais bien d’une « œuvre de l’esprit » : Il est juridiquement parfaitement
conforme à la décision du « Cons-Cons ».
Mais le plus drôle est à l’initiative, en tout cas
sous son égide, du gouvernement de « la gôche-triomphante » du moment,
et aura lieu le 27 mai prochain, à l’occasion des commémorations en cours du
centenaire de la Grande Guerre et du 70ème anniversaire de la
libération de « mon pays à moi » du joug nazi.
Il sera l'une des quatre personnalités qui devraient
être honorées par leur entrée au Panthéon !
Vous savez, le Panthéon dédié « Aux Grands hommes la Patrie reconnaissante »…
Les autres, à la limite, on n’en parle même pas dans
les médias.
Vraiment splendide !
Certaines personnes affirment que sa mort ignoble,
dans des circonstances rocambolesques (ses bourreaux miliciens se sont faits
passer pour des résistants-déguisés afin de l’extraire de sa prison en juin
1944, avant d’aller l’achever dans un bois et de jeter sa dépouille dans une
crevasse naturelle « rebouchée » à coups de grenade…) n’en fait pas l’égal
de ces résistants âgés de 16 à 22 ans, presque l’âge qu’avait Jean Zay quand il
a écrit son poème, qui se sont sacrifiés pour leur pays et son drapeau en
s’écriant : « Je meurs pour ma Patrie
» ou « Vive la France ! ».
Et on se souvient encore de « Bling-bling »
(quand il l’était enfin devenu…) qui voulait nous imposer Guy
Moquet, militant communiste et poète à ses heures, qui nous aura laissé
ces mots-là si émouvants :
« Ma petite
maman chérie,
Mon
tout petit frère adoré,
Mon
petit papa aimé,
Je vais
mourir !
(…) Certes
j'aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon cœur c'est que ma
mort serve à quelque chose.
(…) ma vie a été
courte, je n'ai aucun regret si ce n'est de vous quitter tous.
(…) en vous
embrassant de tout mon cœur d'enfant.
Courage !
(…) Guy »
Rappelons là encore que le 19 octobre 2009, le
directeur général de l'enseignement scolaire indique que la lecture de la
lettre de Guy Môquet reste « obligatoire
»…
J’avoue que dès lors, je ne peux pas résister à
reprendre ce poème, au nom de la liberté d’expression et de la loi reconnue
conforme à la constitution.
Et comme je suis très respectueux des lois de « Mon
pays » (celui que j’aime tant…) et de celles de mes « pays d’accueil »
(même et surtout fiscales…), c’est avec plaisir que je m’exécute moi-même…
Mais avouez qu’on aurait pu espérer des « trisomiques-autistes »
qui nous gouvernent encore pendant 2 ans, qu’ils sachent éviter une polémique
inutile, laissant du temps au temps, en lui laissant faire son œuvre d’apaisement.
Eh bien même pas : Ils ont l’air si pressés de se
faire « mal-aimés », qu’on croirait presqu’ils ne comptent pas s’éterniser
là où ils sont…
J’adore la perspective !
Hurlant de vérité et de désespoir...
RépondreSupprimerJ'ai repris sur mes blogs "Alerte éthique" :
http://www.alerte-ethique.fr/news/le-drapeau/
Pourquoi pas ?
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup hésité à le mettre en ligne.
Il s'agit de la vie d'autrui et je ne me sans pas vraiment compétent pour en juger, finalement.
La mienne devient si difficile...
Bonne journée à vous !
Le drapeau n'est qu'un symbole.
RépondreSupprimerEt dans le cas de la guerre de 14/18 il s'agissait de défendre d'abord le territoire et sa liberté de façon à ne pas être mis en esclavage économique ou éliminés...
Aussi, le texte de Jean ZAY n'est qu'une approche simpliste, réductrice, d'une réalité : il faut parfois y aller pour sauver sa peau, celle de nos proches, sauver notre pays, notre Histoire, notre culture.
D'ailleurs, cela commence à gueuler ferme, notamment à l’Association de soutien à l’armée Française (ASAF) !...
« Jean Zay et son « torche-cul » au Panthéon
En 2015, la France commémore le 70e anniversaire de sa libération pour laquelle des dizaines de milliers de Français acceptèrent de sacrifier leur vie afin que le drapeau tricolore remplace définitivement celui de l’occupant nazi. Pour honorer leur mémoire et faire vivre leur souvenir, est-il acceptable de choisir un ancien ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts qui, à 20 ans, traita, dans un poème, le drapeau français de « torche-cul » ?
Le 7 janvier 2015 est paru, sous le timbre du ministère de la Culture et de la Communication, le décret annonçant l’hommage de la Nation à la mémoire de quatre personnalités et le transfert des cendres de deux d’entre elles, dont Jean Zay, au Panthéon. La cérémonie est prévue le 27 mai.
Le président de la République n’a pas encore donné suite aux arguments exposés dans la lettre qui lui a été adressée par une cinquantaine d’associations représentant des centaines de milliers de citoyens et proposant, en lieu et place de Jean Zay, des jeunes résistants morts pour la France les armes à la main ou fusillés par l’ennemi. Il a maintenu Jean Zay, proposé dans la plus grande discrétion par un petit groupe d’historiens et associé à trois autres personnalités remarquables : Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion.
Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur Jean Zay, lâchement assassiné par des miliciens en 1944. Mais une victime n’est pas un héros, et le Panthéon n’est pas une récompense. C’est une référence nationale.
Notre pays est aujourd’hui en guerre contre le totalitarisme islamiste. Les Français se regroupent naturellement autour des symboles de la République que sont la Marseillaise et le drapeau ; le 11 janvier dernier, ils l’ont fait massivement. Au moment où la cohésion de la Nation est indispensable au succès dans le combat qui s’engage contre ceux qui veulent nous imposer leur loi et nous reprendre notre liberté, ne serait-il pas alors incongru, paradoxal voire dangereux, de présenter en exemple à une jeunesse, qui doute trop souvent de son pays, un homme qui a exprimé le dénigrement et la haine du drapeau ?
Les cinq jeunes résistants ** proposés par l’ASAF étaient, lors de leur mort, âgés de 17 à 22 ans. Ils incarnent le symbole de l’unité nationale. Ils faisaient fi des clivages politiques qui prévalaient alors. Certains, bien que catholiques fervents, ont combattu au sein de réseaux d’obédience communiste parce qu’ils estimaient que c’était là qu’ils défendraient le mieux leur pays. Aucun n’a tremblé devant la mort, prouvant ainsi qu’ils plaçaient l’avenir de leur pays au-dessus de leur propre vie. »
La suite sur :
http://www.asafrance.fr/item/lettre-15-02-jean-zay-et-son-torche-cul-au-pantheon.html
Mais "Ami-râle", je sais tout ça !
SupprimerJe sais tout ce qu'on doit à nos poilus et aux alliés de l'époque, sans qu'on leur demande leur avis.
Je sais tout ce qu'on doit au GI d'il y a 70 ans, déjà embarqués dans une guerre du pacifique impitoyable, et qui sont venus mourir avec les alliés de l'époque sur les plages de Normandie et d'ailleurs.
Pourquoi croyez-vous que je vous dit (et à tous), que je ne me sens pas compétent pour "en juger" ?
J'ai lu également le billet de l'ASAF, mieux placé que moi pour en redire.
Et d'en conclure que décidément, "François III" et sa clique n'a aucun sens de la mesure.
Que je ne vois pas d'autre solution que d'en ironiser...
Parce que des martyrs patriotiques, la terre que vous foulez tous les jours, elle en est pleine : On retrouve encore des vestiges de près d'un siècle en grattant la terre de l'Aisne ou de la Champagne (et d'ailleurs) qui remontent au fil des années jusqu'à la surface.
Il y en a d'autres à découvrir plus tard dans les endroits où nos soldats sont en OPEX.
Et encore ailleurs où ils n'y sont pas.
On peut même en retrouver trace sur nos trottoirs depuis bien avant le 7 janvier dernier.
(Souvenez-vous de Charonne, du mur des fédérés, du Mont-saint-Valérien, etc. etc. !)
Il y a de quoi "broyer du noir" pendant tout le reste de mes jours qui sont comptés (et même au-delà).
Alors il vaut mieux encore en rire des autistes qui tressent, tous les jours sciemment, la corde qui va les pendre : C'est tellement crevant de rire.
Bref, passons : Je n'aime pas les polémiques stériles qui de toute façon ne peuvent pas aboutir.
Même s'il me paraît normal que quelques-uns se lèvent pour dire haut & fort qu'on marche sur la tête.
Finalement, je n'en fais pas plus, pas mieux et sans talent en plus !
Bien à vous !
Le commentaire précédent est de "l'Amir-rale"...
RépondreSupprimerAh oui ?
SupprimerVous vous cachez derrière un nouveau pseudo, alors ?
Magnifique...