Début de
l’enquête de Charlotte
Avertissement : Vous
l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction
intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le lendemain matin, il est à poste au siège parisien de la MAPEA. Isabelle
Nivelle est en ligne pour se rassurer de n’avoir pas perdu son « dégé préféré »
et la secrétaire, toujours écarlate, introduit le commissaire Scorff [1]
accompagné d’un de ses lieutenants.
« Entrez donc Monsieur le Directeur
! » Paul avait été tenu au courant de la progression professionnelle dans
la hiérarchie policière du bonhomme. « Ravi
de vous revoir ! » fait-il comme d’un gros mensonge.
L’autre a sa mine des mauvais jours et rétorque sur un ton qui se veut
glacial : « Vous êtes décidément un drôle
de client, Monsieur de Bréveuil ! »
Ils viennent l’interroger à propos de la disparition de Jacques.
Pour ceux qui ne savent pas, Christophe Scorff était le commissaire chargé
de l’enquête sur le vol des bijoux de la Guilde des orfèvres, là où Paul et le
trio formé d’avec Charlotte et Aurélie avait damé le pion de tous les experts
en la matière [2].
Et Scorff en garde un assez mauvais souvenir… Ayant même accusé les futurs
associés de « CAP Investigation » de complicité et de meurtre.
Il faut dire que l’affaire était un peu compliquée. Et sans les photos
d’Aurélie et la force de déduction logique de Charlotte, Paul n’aurait jamais
eu les clés de l’énigme.
Il aurait sûrement tâté de la prison plus longtemps que sa période de
garde-à-vue, pour en plus n’être pas un élément « en cour » dans les
hautes-sphères de l’état-major de l’époque qui « coinçait » encore sur sa
démission… Et sa « médaille du Congrès » américain.
Ça s’était arrangé depuis.
Notamment avec l’affaire du juge Féyard [3]. Là encore, s’il n’y avait pas
eu la juge Hélène Trois-Dom venue à la rescousse, après une première période de
suspicion, le fait d’avoir fréquenté « l’infernal couple » auteur des crimes,
mais sans le savoir durant toute l’enquête, avait failli lui coûter quelques
journées de liberté.
À l’époque, il patronnait déjà la MAPEA, ce qui avait facilité un peu les
choses…
Faut dire aussi que Paul avait joué sur le registre de la « guerre des
polices », entre gendarmes et policiers…
Pas du goût de Scorff, non plus.
Depuis, les choses avaient changé, notamment depuis l’affaire des
détournements de l’ère du premier Président socialiste de la Vème République,
à peine close [4].
Paul répond aux questions des deux hommes, se montrant quand même
attristé, pas assez toutefois pour ne pas éviter la question clé : « Vous n’avez pas l’air très marqué par la
disparition de votre frère. Est-ce naturel ? »
Et Paul de devoir expliquer qu’ils ne se voyaient pas très souvent. « Par ailleurs, nous avons eu dans un passé
lointain quelques différends familiaux. Rien de grave et rassurez-vous, aucune
source pour un mobile plausible de meurtre. Mais c’est pour vous expliquer que
nous ne sommes vus qu’une demi-dizaine de fois durant 20 ans. Je n’étais même
pas invité à ses deux mariages et on se voyait uniquement aux enterrements
familiaux. »
Ce qui n’a pas empêché Jacques de recourir aux services de Paul le
week-end dernier.
« Si j’avais su que je le conduisais
à sa mort, soyez sûrs que je ne lui aurais même pas ouvert ma porte. Mais bon,
on n’était pas assez fâché pour que je me conduise comme un goujat à son égard.
C’était mon frère, après tout. Et je n’en avais qu’un seul. »
Pourquoi cette rencontre ?
« Vous êtes sûrs qu’il faut que je
vous le dise ? Vous n’allez pas me le reprocher après, une fois de plus ? »
répond Paul faisant allusion à leurs « conflits » passés…
« Il était persuadé de faire partie
de la « liste des mille ». Un truc qui ne le laissait pas indifférent,
manifestement. Et je devais l’amener discrètement chez mon ami Desmondrios à
Límnos en Grèce, pour qu’il s’y cache prudemment à l’abri de ses menaçants. Au
moins un temps. Le temps que j’en apprenne un peu plus sur ces menaces. Il n’y
sera jamais arrivé, finalement… »
Là, il se passe une chose inattendue. Normalement, le Directeur de la
sécurité aurait dû demander ce qu’était la « liste des mille ».
Mais non ! Comme si il est déjà au courant.
La sonnerie du téléphone les interrompt. « Excusez-moi ! »
Quand on parle du loup… C’est justement Desmondrios qui vient aux
nouvelles, pour se rassurer. Et Paul d’expliquer en quelques mots en anglais
l’aventure du week-end, rendant sa liberté à son ami d’antan.
« Monsieur le Directeur, vous en
savez plus que moi sur cette affaire de liste, me semble-t-il ! »
attaque-t-il dès après avoir raccroché le téléphone.
Si l’autre reste silencieux, son collègue devient un peu plus disert.
« C’est une menace diffuse d’un
groupuscule terroriste anonyme. On ne sait pas encore d’où ça vient, ni quelles
sont leurs motivations, mais elle existe et la semaine dernière, la dernière
personne sur la liste est décédée dans des circonstances bizarres à Nice… »
Un geste de Scorff et l’autre redevient silencieux.
« Vous pouvez au moins me dire si
Jacques, mon frère, y a son nom, non ? »
C’est justement une des raisons pour laquelle ils sont là tous les deux,
dont une « huile » en la personne du Directeur du service chargé de cette
enquête, Paul faisant pour le moment un parfait suspect : il peut avoir un
mobile, d’ordre familial à découvrir encore. Il est la dernière personne à
avoir vu Jacques de Bréveuil …
« Où étiez-vous jeudi 27 vers midi
moins le quart ? » Paul a failli répondre de demander à sa secrétaire. Et
puis il se souvient qu’il était à Aubenas. Jusqu’au lendemain matin.
« Vous pourrez vérifier, puisque je
suis revenu en avion depuis l’aéroport du coin. » Bien sûr qu’ils
vérifieront. « Je ne suis pas sorti de
l’usine que je dirige. Qui est protégée. Vous pourrez vérifier aussi les
entrées-sorties puisqu’il s’agit d’un site sous protection du ministère de la
défense. Mais il vous faudra une accréditation pour y entrer enquêter. Désolé,
ce sont les consignes très strictes. Tout ce que je peux faire, c’est de vous
formuler une recommandation pour faciliter les choses. »
Ils n’en ont pas besoin.
« Savez-vous qui instruit la plainte
pour menaces de mort de votre frère ? »
Il lui avait dit qu’il l’avait fait, mais n’a pas dit qui instruisait.
« La substitut du procureur Hélène
Trois-Dom. Vous connaissez, je suppose ? » faisant allusion à l’affaire du
juge Féyard [5].
« J’ai pu apprécier ses immenses
talents par le passé, en effet ».
Voilà qui ne va pas simplifier les choses. Ou bien au contraire les
faciliter.
Et de poursuivre : « J’imagine que
vous êtes venus avec à l’esprit que je suis un parfait suspect. Je suppose donc
que je vous reverrai pour que vous me teniez au courant de la progression de
votre enquête. J’avoue que je me sens responsable de la disparition tragique de
mon frère. Et que j’aimerai bien coller la main sur celui qui lui a joué ce
sale tour, comme d’une revanche à prendre sur le destin. Soyez sûrs que je ne
vais pas rester inactif. Mais suis-je libre de mes mouvements, au moins ? »
Pas vraiment : pas de sortie du territoire et les services doivent savoir
où il se trouve jusqu’à nouvelle instruction.
« Je vais vous dire ce que j’ai
encore à faire pour mon frère : passer à Strasbourg ramasser ses affaires
personnelles au Parlement Européen. À son bureau parisien pour avertir ses
collègues. Et sans doute à ses domiciles pour avertir sa veuve. Enfin, ses
veuves. Mais pourriez-vous me rendre service et avertir de votre côté le
Conseil Général où il siégeait et le secrétaire général de la commune où il
était maire ? Je passerai, naturellement, mais pas tout de suite. »
Ses veuves ?
« Il était remarié à la fille du
Professeur Risle et me laisse un neveu et une nièce orphelins de père d’un
premier mariage, du côté de Toulouse. Je pense y faire un saut rapidement après
que vous m’ayez laissé le temps de leur téléphoner. C’est la moindre des
choses, n’est-ce pas ? »
Risle ?
À ce nom, les deux policiers se raidissent insensiblement.
Paul ne manque pas de leur remettre la dernière lettre de menace, celle
qui avait fait prendre peur son frère.
« Il y a sans doute ses empreintes
et les miennes, au moins sur un coin. Mais si vous en trouvez d’autres, ça
pourra éventuellement vous donner quelques précisions utiles, je ne sais pas.
Je vous la confie ! »
Sitôt ceux-ci ayant pris congé, Paul téléphone à l’agence « CAP
investigation ».
« Charlotte ? Tu ouvres une enquête
sur ton « doigt de Dieu » et mes deniers personnels. Je veux en savoir plus !
»
« Ah ! Tu y viens toi aussi, alors !
» Et Paul de lui expliquer que son frère était sur la liste pour finir par lui
raconter son crash de samedi dernier, dans sa version « J’ai essayé de le mettre à l’abri ».
« Tu vérifies que je n’y suis pas
moi-même et que c’est bien lui qui y était. Je ne sais pas comment, mais
démerdes-toi ! »
« DD » a déjà avancé entre-temps.
« Deux choses. Les flics sortent
d’ici. Tu ne devineras pas qui ? »
Question idiote. En la lui posant, Paul se rend compte qu’il vient
incidemment de lui donner la piste. Et avec son esprit déductif intense et
habituel, elle va sortir la bonne réponse dans la seconde.
« Scorff ? Et pourquoi pas la juge
Trois-Dom, aussi ? » Pile dans le mille, la fille. Une rapide.
« Il faut que tu explores aussi deux
pistes. D’abord Edmond Risle. Je te raconterai mais je veux tout savoir sur ce
gars-là, ses activités, ses comptes en banque, sa fille et ses associés.
L’autre piste, c’est une mort étrange à rattacher à ta « liste des mille », à
Nice, jeudi dernier vers midi moins le quart. Ce serait la première victime
officielle de la liste. »
En est-il si sûr, à ce point de précision-là ?
« C’est notre pote qui vient de me
donner l’indice : je suis de nouveau un parfait suspect ! »
« Tiens, voilà qui change ! »
fait-elle en réponse, sur un ton narquois. Faut dire qu’elle ne tient pas
vraiment Scorff pour une lumière… Elle n’a jamais compris comment ce type-là
peut encore faire carrière chez les flics avec son QI qu’elle juge être du
niveau du pétoncle ramolli à peine évolué et de toute façon trop cuit…
Faut dire qu’avec elle, en comparaison du sien putatif de QI, pas grand
monde ne lui arrive à la cheville.
Pendant que Paul file d’abord au cabinet parisien de feu leur Grand-père,
Charlotte met au courant « DD » qui pianote aussitôt des requêtes sur Internet.
Somptueux bureaux de la rue du Faubourg Saint-honoré. L’équipe n’est pas
au complet mais la secrétaire lui ouvre la porte du bureau de Jacques et réunit
les associés présents.
Dans l’intervalle, Paul en profite pour ouvrir le coffre de son frère,
caché dans un meuble de bureau.
Rien que des dossiers juridiques et quelques pièces « à mettre à l’abri ».
Puis les tiroirs du bureau, qu’il referme quand il entend toquer à la porte
ourlée de moulure du meilleur effet.
« Paul de Bréveuil. Frère de
Jacques. Mesdames, Messieurs, je viens vous informer que mon frère a disparu en
mer adriatique, à bord de mon avion et à l’occasion d’un amerrissage en
catastrophe qui a fait suite à une panne d’électricité à bord. »
La police locale recherche l’épave et le corps de Jacques.
Gueules attristées.
« Je suis venu vous remettre les
clés de son bureau et de son coffre qu’il m’avait confiées préalablement. »
Et d’expliquer que la veille, se sentant menacé, il était venu chercher
refuge chez lui et qu’ils avaient décidé de le mettre à l’abri, incognito, chez
un ami en Grèce.
« Vous verrez sans doute les agents
de la brigade de la sûreté enquêter jusqu’ici, puisque Jacques s’était
constitué partie civile pour des menaces de mort. Sauf que je n’en suis pas
l’auteur, même si je suis suspect pour être la cause directe de la disparition
de mon frère et avoir été le dernier à l’avoir vu vivant. Vous connaissez
peut-être les flics et leurs réflexes professionnels. »
Il leur confie ses dossiers. « Faites
le tri de ce qui doit rester confidentiel dans votre métier. Et appliquez-vous
à les aider dans leur enquête. De mon côté, je vais tenter de joindre son
épouse, si vous me donnez un numéro de téléphone. Je crois qu’elle est aux USA,
en ce moment. »
De toute façon, ils doivent se revoir : « Jacques m’a indiqué avoir laissé des instructions en cas de
disparition, mais manifestement, ce n’est pas ici que je les trouverai. Je vous
tiens au courant dès que j’aurai remis la main dessus. »
Effectivement, la secrétaire a le numéro de portable de Priscilla de
Bréveuil.
Paul répond aux quelques questions que le « jard » local pose. Et rajoute
: « Si vous voyez revenir notre Oncle,
François-Henri de Bréveuil, veillez à le remettre à sa place d’ex-associé et à
me prévenir. À lui aussi, il faut que je cause pour lui expliquer que son
éviction passée tient toujours au sein du cabinet. »
Puis il se saisit d’un téléphone et compose le numéro de sa belle-sœur. Il
fait encore nuit à « L.A. » et il tombe sur le répondeur du portable où il se
présente et laisse un message à son adresse.
En fin de matinée et après un parcours rapide sur sa moto, il est
accueilli par Marie-Louise, la vieille nounou de ses vacances estivales qui
garde la maison du Grand-père, dont Jacques est devenu l’héritier.
Pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Et la faire fondre en larme.
Comme prévu, il tombe sur la liste de Papa. Deux feuillets
dactylographiés, 21 noms, 21 prénoms exclusivement de femme, 42 dates, qu’il
envoie par MMS sur le portable de « DD ». Manifestement une date de naissance
et une date de décès par personne et toutes datées de 1979 à début 1981.
Curieux.
Paul en fait une copie sur place et remet l’ensemble où il l’a trouvé. Que
Jacques puisse retrouver tout ça à son retour.
Puis il va réconforter Marie-Louise qui se lamente sur « le grand malheur
» en se faisant un sandwich qu’il ingurgite rapidement avant de repartir dans
le Beauvaisis par la route nationale.
Détour par la maison de Jacques dans le Vexin, une gentilhommière de province,
désertée, dans laquelle il fait un tour sans rien chercher de précis. Dans le
coffre, des actes d’acquisition, les prêts, les hypothèques et quelques
vieilles paperasseries qu’il juge sans intérêt, mais c’est surtout l’occasion
de passer par son bureau de Maire du village où on lui ouvre la porte.
Il visite également les tiroirs et le contenu du coffre sous les yeux
ébahis du secrétaire général avant de lui remettre les clés. « J’imagine que vous savez quoi faire ? »
Et de lui faire constater qu’il n’a rien pris.
« Vous cherchiez quoi, Monsieur,
s’il vous plait ? »
Des documents qui pourraient expliquer la provenance de menaces de mort. «
Les flics vont sans doute en faire
autant. Mais je voulais être le premier. Merci de votre accueil, Monsieur le
secrétaire général. »
Et l’autre, très civil, de lui présenter ses condoléances très attristées
avant de se séparer.
L’autoroute n’est pas trop loin, mais fait faire un détour par Amiens à
Paul pour rejoindre Strasbourg où il arrive en début de soirée.
Pour constater que l’adresse du deux-pièces dans un immeuble chic et
typique du vieux quartier, laisse passer de la lumière sous la porte d’entrée
de l’étage…
Il sonne.
Une jeune femme ouvre. « Bonsoir.
Paul de Bréveuil. Excusez-moi, j’ai dû me tromper, je cherche l’appartement de
mon frère Jacques. Je pensais que… »
Mais c’est ici. « Francine Agly,
étudiante en droit. Je suis la colocataire de Jacques. Vous êtes de la famille
? »
Son frère, vient-il de dire…
Jacques avait pourtant dit qu’il était sage comme une image et on retrouve
une « petite blonde-canon » aux fesses rebondies et en tenue « légère » dans
ses meubles !
De quoi être un peu surpris…
« Ça peut vous paraître étrange que
je loge ici. Mais rassurez-vous, il n’y a rien de personnel entre votre frère
et moi : je suis juste sa colocataire le temps de mes études. J’habite en fait
chez mes parents à Colmar et votre frère m’a offert de partager son appartement
qu’il loue pour pouvoir être plus proche du Parlement à l’occasion des sessions
et travaux auxquels il participe. »
Pas sûr que si Priscilla savait ce détail, elle apprécierait.
D’autant que la fille est plutôt très… « attractive ». Montée sur de
longues jambes, « 95 C-60- 90 » à vue de nez, pourquoi Jacques ne l’a pas
prévenu de « ce détail » ?
« Je comptais passer la nuit ici.
Car mon frère est mort et je me chargeais de ranger un peu ses affaires
personnelles avant que les flics ne débarquent en faire autant ! »
Jacques mort ? Mais qui va payer le loyer, alors ?
C’est toute la réaction qu’elle a de prime abord. Ce n’est qu’ensuite
qu’elle réalise ce que veut dire un décès…
Pas amants, pour sûr ! Ou alors, elle est vraiment très vénale, la gamine.
Paul se fait guider par Francine vers la chambre-bureau de Jacques. Où il
commence à rechercher les clés USB dont son frère lui a parlé.
Ouvrant l’ordinateur portable, il parcoure les fichiers de son frère. Puis
se décide de faire deux CD-Rom vierge de sauvegarde de 700 méga-octets chacun.
Il lira tout ça plus tard.
Au moment de prendre congé, Francine lui demande de rester. « Je dors habituellement sur le canapé. Mais
ce soir, j’aimerai ne pas rester seule, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
»
Pourquoi ne pas rester plutôt que de rechercher un motel à cette heure
avancée de la soirée ?
« Vous êtes un peu chez vous,
finalement, même si cet appartement est loué par le Parlement européen. »
Rôôô ! Jacques se faire de l’argent de poche en touchant les loyers d’une
sous-location ?
« Je pense que vous devriez plutôt
envisager de déménager rapidement. Au moins avant que les flics ne se présente
demain. Sans ça, ça risque de vous attirer quelques ennuis. »
Ah bon ? Et pourquoi ?
« Jacques vivait sous la menace de
mort. Ils cherchent qui dans sa vie aurait pu faire ça. Et si vous apparaissez,
vous serez suspectée de choses pas très honorables. »
Ce n’est évidemment pas ce qu’elle recherche.
« Je vous offre une semaine d’hôtel,
ce qui vous laisse le temps de rechercher un nouveau logement, si vous ramassez
vos affaires sans laisser le moindre indice de votre présence en ses lieux.
»
Facile : son baluchon tient dans deux gros sacs qu’elle commence à remplir
à la va-vite pendant que Paul efface les empreintes avec un linge partout où il
pense en trouver.
Jusqu’à même jouer de l’aspirateur dans la salle de bain, les WC, tous les
tapis et les draps du canapé-lit.
C’est sans doute inutile si la police scientifique passe le local au
peigne-fin, mais on échappera peut-être un début de scandale si finalement son
aspect général n’est pas trop suspect.
« Pourquoi vous faites le ménage ?
La femme de ménage passe tous les jours dans la matinée ! »
Très bien ça… Au moins, l’absence de trace ne sera pas suspecte.
Et ils filent tous les deux sur la moto vers un hôtel proche de la faculté
de droit et suffisamment cossu, un deux étoiles, fac qui est elle-même posée en
sortie de la ville endormie.
(Aparté n° 7)
Juste après les aurores et son jogging matinal, Paul se présente à l’une
des entrées du bâtiment du Parlement européen.
Il lui faut palabrer un long moment avec le responsable d’une équipe de la
sécurité pour qu’on le laisse entrer et être guidé jusqu’au bureau de Jacques.
Bureau qu’il partage avec un collègue italien qui ne comprend pas très
bien pourquoi Paul fait les tiroirs et ouvre les coffre et ordinateur de son
collègue dont il vient d’apprendre le décès, sous les yeux de l’équipe de
sécurité qui laisse faire.
Pas bien grave. Le temps qu’ils se remettent de leurs émotions, Paul
embarque les DVD du tiroir du haut et quelques dossiers contenus dans le coffre
avant de remettre les clés de l’ensemble.
« Vous me signez une décharge ?
» fait-il ingénument…
Le directeur de la sécurité ne pense même pas à lui en demander une en
échange…
Il peut filer sur Paris par l’A4.
Il aura eu le temps de faire le ménage et l’aura pour faire tri dans ce
qui peut être rendu et ce qui doit rester retenu.
Il est de retour dans les locaux de « CAP Investigation » après le
déjeuner, pour remettre l’ensemble de sa pêche à « DD » et Charlotte. Et en
profiter pour informer Sandrine, sa première belle-sœur, de la disparition du
père de ses enfants.
Et elle, à peine surprise d’avoir à annoncer le décès de leur père à ses
gosses, d’indiquer qu’elle compte bien passer rapidement dès avant l’ouverture
de la succession…
Garce et vénale, elle aussi, « la roussette » du poil ?
« Vous en êtes où, sur les
renseignements que je vous ai demandés hier ? »
Des rapides, les filles, quand elles s’auto-motivent toutes seules !
Quoiqu’hier, elles ont été perturbées par l’arrivée impromptue de «
Shirley la tâche de rousseur ».
« Hein ? Une brunette anglaise ?
»
Tout-à-fait.
Comment a-t-elle pu arriver jusque-là ? Paul avait demandé à Mylène de la
renvoyer en Angleterre !
« Et vous en avez fait quoi ? »
« En principe, elle est chez toi, au
siège. »
[1] Voir les épisodes : « Le Feu » et « Le juge Féyard », à
paraître aux éditions « I-Cube ».
[2] Voir l’épisode : « Le Feu » à paraître aux éditions «
I-Cube ».
[3] Voir l’épisode : « Le juge Féyard » à paraître aux
éditions « I-Cube ».
[4] Voir l’épisode : « Opération Juliette-Siéra », publiée
aux éditions « I-Cube ».
[5] Voir l’épisode : « Le juge Féyard » à paraître aux
éditions « I-Cube ».
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