Avertissement
: Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure
construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec
des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Normalement, je ne devrais
pas vous recevoir. Ces locaux sont sous la protection du secret-défense. Mais… »
Secret-défense, un immeuble de bureau anonyme sans grand intérêt et sans
même un planton en arme à l’entrée, la rousse constellée de taches de rousseurs
de façon presqu’indécentes exagère sûrement !
« … l’actionnaire m’a prévenu
hier de votre arrivée et m’a demandé de vous recevoir. »
Il est devin ?
Ou alors ils sont très forts, dans cette boîte aux logiciels prédictifs si
mystérieux…
Si Alexis était décidée depuis l’avant-veille, un contretemps l’avait
empêchée de mettre « son plan » à exécution rapidement : même
elle ne savait pas encore hier matin…
Un « plan » qui consiste à se planter devant la porte d’entrée
et d’appeler la « Nathalie », ce qu’elle n’avait pu faire que le
matin même…
« Suivez-moi : je vous
accompagne ! Ah… Pas d’appareil photo, pas de dispositif d’enregistrement,
ni de téléphone portable dans cette enceinte. Laissez vos matériels ici, vous
les récupérerez à votre sortie. »
Elle va donc ressortir : c’est déjà ça de rassurant, s’amuse-t-elle
!
Nathalie la pilote par l’ascenseur jusqu’au second étage et l’enferme – à
clé – dans une petite pièce. Un plafonnier, une table, une chaise, probablement
un miroir sans-tain sur le mur de gauche, des fils et un clavier, une souris
sans fil, un écran de bonne taille et des mini-caméras qui clignotent aux
quatre coins du plafond, c’est sommaire et finalement inquiétant.
« Ça veut dire quoi, ce
procédé ? »
Pour le moins plutôt en contraste avec la première impression…
« Je vous mets en relation avec
le « Grand patron ». Il veut vous parler. Quand vous en aurez terminé,
vous cognez à la porte et si la voie est libre, je viens vous ouvrir dans la
seconde… »
Nathalie manipule la souris, l’écran s’anime : « Patron ? À vous ! »
« Oui. Merci Nathalie. Bonjour
Alex. »
Quelle familiarité : il l’appelle déjà par son surnom, directement et
sans même se présenter !
Et aucun visage n’apparaît sur l’écran. Seulement l’image d’un lagon sous
la lumière d’un improbable après-midi finissant, probablement en direct.
La liaison n’est pas fameuse, il y a comme un écho, mais ça reste
praticable.
« Désolé de ne pas avoir été là
pour vous accueillir, mais je suis actuellement sur un atoll des Chagos et ses
petits problèmes d’intendance, au beau milieu de l’océan indien. Ne vous en
faites pas, nous nous croiserons rapidement. »
Il ne lui laisse même pas le temps de placer un mot, pas même répondre à
son bonjour et il finit enfin par se présenter : Paul de Bréveuil.
Noté…
« J’ai besoin de vous.
Acceptez-vous de devenir mon biographe officiel ? »
Pardon ? Elle était juste venue chercher des photos de sa mère… au
démarrage !
« Ne réfléchissez pas : j’en
sais beaucoup plus sur vous que vous-même… »
Il veut dire quoi par-là, le « grand patron » ?
« J’ai croisé votre mère il y a
quelques années à Koweït-city. Je peux d’ailleurs vous dire que vous lui
ressemblez. Sauf son handicap facial peu commun… En bien mieux en somme. Je
sais aussi qui était votre père… Je dis « était » car il aura rendu
l’âme à Dieu un peu plus tard. Désolé. »
Mais comment sait-il tout ça, lui derrière son écran situé à l’autre bout
du monde ?
Son logiciel présomptueux ?
« Non. Il n’y est pour rien. Il n’existait pas à
l’époque de votre conception. En revanche, il a été utile pour vous identifier
il y a quelques jours. Mais ce n’est pas ça qui me préoccupe. »
Et quoi donc alors ?
« J’ai un souci avec
« Charlotte ». Elle a disparu et est devenue
« intraçable », invisible sur nos bases de données. En fait pas
tout-à-fait : on surveille, depuis là où vous vous situez, l’endroit où
elle va borner avec son téléphone. Ainsi que celui d’Aurélie, son associée. »
Un peu lacunaire, comme présentation…
« Comment vous expliquer ? Disons
qu’il y a des « nuisibles » qui cherchent la plus mauvaise façon de
m’atteindre. Et pour ça, ils s’en sont pris à Charlotte. Probablement une
mauvaise pioche : il aurait été plus efficace pour eux de s’en prendre à
mes gamins ou à leur mère. Mais comme ceux-là sont étroitement surveillés, ils
n’ont probablement pas osé. Alors c’est ma copine Charlotte qui prend les
coups. »
S’il sait tout, il aurait pu l’avertir, lui faire bénéficier d’une
protection, la mettre à l’abri.
« Oh, mais c’est ce que nous
avons fait, bien entendu. Sauf que Charlotte n’en fait jamais qu’à sa tête, la
bourrique !
Et puis ce qui est écrit est
écrit : on n’y change rien. Mais du coup, j’ai besoin de vous pour aller
remuer un peu la gadoue dans les yeux desdits « nuisibles ». »
Mais ça peut dangereux, ça !
« Oh rien de véritablement
dangereux pour vous, mais votre seule présence dans « le circuit », à
détailler ma bio va les faire bouger.
Ceci dit, si je vous embauche comme
enquêtrice à charge pour vous d’enquêter sur moi afin d’en tirer une
biographie, à 3.000 euros par mois pour un CDI longue-durée, plus les avantages
de la maison, primes, bons d’essence, les fameux tickets-restaurants et une mutuelle.
Vous ne pouvez logiquement pas dire non… »
Trois mille euros par mois, elle n’aura jamais eu autant d’argent à
la fois !
Et si c’est un « CDI-longue durée », elle va pouvoir aussi
rembourser ses crédits plus facilement…
« Et si je dis non ? Qu’est-ce qui va se passer ? »
C’est prévu : « On refile
le bébé à l’une de mes équipes. Mais vous ne direz pas non. Vous avez 48 heures
pour me faire savoir par l’intermédiaire de Nathalie que vous acceptez et je
vous donnerai le nom de votre père à la fin de votre première mission. »
En prime…
Pourquoi pas tout de suite, comme d’un « cadeau de bienvenue » ?
« Parce que… idéalement je voudrais
que vous le découvriez toute seule. Je fais le reste du chemin quand vous aurez
atteint la moitié de votre parcours entre la dizaine de noms potentiels que
vous avez déjà repérés.
Quand il ne vous en restera plus que
deux, je vous dirai.
Mais avant, il faudra que vous mettiez…
en émoi mes « méchants » ce qui va vous obliger à fouiner un peu et
ça tombe bien, puisque votre rôle de biographe c’est justement de fouiner. »
Logique…
« Et je vous signale que Charlotte fait
métier, entre autres, de rechercher dans le passé les personnes disparues. Elle
est assez douée !
Vous en avez eu la preuve, me
semble-t-il. »
Pas très clair, tout ça, surtout présenté comme ça.
Mais d’un côté, un salaire de 3.000 euros, de l’autre un délai de 48 heures
pour apporter sa réponse, et enfin les mystères sur sa filiation qui pourraient
s’éclairer…
Un choix pas vraiment cornélien.
Sauf que ce qu’Alex ne le sait pas encore, c’est que si elle accepte, elle
entre dans une aventure « hors toutes normes » qui va lui faire vivre
des moments… stressant et bouleverser sa vie.
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