Je ne bois pas d’eau…
Je m’en sers seulement pour me savonner et nettoyer
mes dents. Éventuellement pour faire disparaître mes étrons et diluer mes
urines… mais pas toujours. Ou faire du béton quand c’est nécessaire.
Parfois je m’en sers également sous forme de cubes solidifiés pour rafraîchir les godets d’alcool que j’ingère et qui ne sortent pas du congélateur… mais ça a l’affreux inconvénient de diluer le goût : Donc ne pas abuser du procédé !
Toutefois, en « Corsica-Bella-Tchi-tchi », quand on cause d’autre chose que de nos cépages originaux, le Sciaccarellu, le Niellucciu et le Vermentinu, on vante parfois deux sources d’eau : La Zilia (zéro nitrate) puisée à 800 mètres de profondeur en Balagne, et de l’Orezza, dont la source est située en Castagniccia (de l’autre côté du versant du « village » de mes ancêtres…).
C’est une institution : Connue depuis
l’antiquité, cette eau minérale naturelle était déjà très appréciée des
Romains, pour ses qualités exceptionnelles. Et l’histoire de cette eau minérale
naturelle se poursuit jusqu’à une époque récente : Les écrits disent que Pascal
Paoli, personnage ô combien emblématique de l’histoire de la « Corsica-Bella-Tchi-tchi »,
père de la Nation Corse, venait régulièrement à Orezza, à une journée de marche
au pas de l’âne de Corti (mais il venait à cheval) pour profiter des bienfaits
de ses eaux.
L’exploitation de la source est autorisée par décret ministériel sous Napoléon III, le 25 avril 1856. 10 ans plus tard, le 7 février 1866, elle est reconnue d’intérêt public par décret impérial.
Plus tard, au XIXème siècle, les établissements d’Orezza, avec avant tout leur fontaine d’eau ferrugineuse, leurs salles de bains et de douches, étaient très prisés des curistes : Cette précieuse eau thermale soignait les cas d’anémie, et parait-il le paludisme, les troubles du système nerveux, les affections du foie et des reins, mieux qu’à Vichy.
On se mit alors à croire en la puissance thérapeutique miraculeuse de l’eau minérale naturelle d’Orezza.
Cette eau ferrugineuse et naturellement gazéifiée a
été également mise en bouteille, distribués et exportées pendant la seconde
moitié du XIXème siècle et durant la première moitié du XXème
siècle.
Lors de la deuxième guerre mondiale, elle fut envoyée sur le front pour apporter force et vitalité aux combattants anémiés.
Dès 1866, le docteur Zuccarelli dans son « Étude sur l’eau minérale naturelle d’Orezza » confirme son efficacité dans le traitement des cas d’anémie.
Mais en 1995, c’est l’arrêt de l’exploitation de la source et la disparition des bouteilles d’eau d’Orezza.
La reprise de l’exploitation de la Source Sorgente Sottana par F.X. Mora en 1998 s’accompagne du début des travaux de modernisation du site et en 2000 : L’eau minérale naturelle d’Orezza fait son retour sur les tables (même la mienne, mais seulement pour mes invités) !
En 2006, l’exploitant lance sa gamme des eaux aromatisées : Cédrat, Pamplemousse rosé et Menthe et en 2013, c’est le lancement de l’eau minérale naturelle plate à l’occasion des Monte-Carlo Rolex Masters.
En 2016, on complète la gamme avec le lancement des arômes clémentine & mûre et l’année suivante ces bouteilles arrivent jusque sur le marché asiatique.
En 20 ans, l’investissement réalisé aura été d’environ 14 millions d’euros.
Mais ce n’est pas rentable : La boutique est exsangue et est à reprendre !
Depuis, un nouveau pas a été franchi avec l’adoption,
vendredi dernier, par l’Assemblée territoriale de Corsica-Bella-Tchi-tchi de la
création d’une société d’intérêt collectif (SCIC) assurant une gouvernance
coopérative, incluant salariés, territoires concernés et Collectivité de Corse
dans l’exploitation de la source.
Un truc pas simple pour mettre la main sur le pactole sans avoir l’air d’y toucher…
Et même l’opposition politique n’a pas exprimé de désaccords de fond, mais seulement des frustrations, des réserves et des inquiétudes diverses sur la viabilité de la future stratégie industrielle.
Mais que foutent donc les « politiques » dans une « aventure industrielle » de si faible envergure (à peine plus que le million de CA) ?
Après maintes péripéties, un nouveau chapitre vient de
s’ouvrir dans la gestion des Eaux d’Orezza, clôturant définitivement 26 ans de
concession privée à la société Mora qui avait relancé avec succès
l’exploitation en 1998. C’est enfin une avancée notable dans la nouvelle
gouvernance que l’Exécutif nationaliste veut mettre en place pour gérer ce bien
patrimonial dont la Collectivité de Corse (CDC) a récupéré la propriété après
sa fusion avec les départements en 2018.
À partir de 2019, l’actionnaire, la SNEEMO, communément appelée société Mora du nom de son fondateur, est en proie à un conflit social (avec les syndicats de « travailleurs corsi », l’oxymore aux mains des mafias politiques autonomistes du pays…). Une discussion, qui vire au bras de fer, s’engage alors entre Mme Mora et le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, comme par hasard.
Celui-ci affiche un triple objectif : « La maîtrise
publique des actifs stratégiques de la Corse, un projet de développement
économique durable et de préservation des ressources fondé sur le déploiement
d’outils de production et de valorisation des richesses naturelles de l’île.
Enfin, la volonté de renforcer l’ancrage territorial de l’exploitation de la
source d’Orezza, tant au plan des emplois que des retombées économiques et
sociales ».
À cet effet, Gillou installe, en juillet 2022, un Comité de pilotage (COPIL) pour étudier deux pistes : Un appel à candidature pour un nouveau gérant ou la création d’une Société d’intérêt collectif (SCIC) pour l’exploitation des Eaux d’Orezza.
Cette deuxième option est choisie sans surprise au COPIL du 6 novembre (les candidats à se faire arnaquer se sont tous désister dès les premiers contacts « amicaux »), mais elle n’est pas au goût de tous les groupes politiques de l’Assemblée de Corse, notamment de la droâte qui milite pour un repreneur privé et de la Comcom de Castagniccia Casinca qui a son propre projet.
Pas plus que de Mme Mora, qui contre-attaque en proposant un projet de contrat exclusif de distribution sur 10 ans et aussi d’exploitation de la marque OREZZA.
Mais à ce jeu-là de « nationalisation » dans un pays paraît-il ultralibéral outrecuidant et capitaliste-infernal, le lambda n’a que ses yeux pour pleurer face aux mafias qui s’emparent par la démocratie élective « forcée »sinon truquée des leviers du pouvoir local :
On a les mêmes en Russie avec les oligarques des pays slaves…
Bref, pour l’Exécutif corse, le choix d’une SCIC
s’impose comme étant le modèle économique répondant le mieux aux objectifs
politiques fixés : « Avant d’être une coopérative et d’avoir un intérêt
collectif, la SCIC est une société commerciale, ce n’est pas une entreprise
publique, on est dans l’entrepreneuriat. C’est important » se fout-on
de votre tronche.
« Tu crois que demain ils tiendront le même discours avec les casinos à machine-à-sous clandestins ? » peut-on se demander…
Tant qu’on ne touche pas trop aux trafics de « farines ferrugineuses » qui transitent dans le coin… tout est possible en « Corsica-Bella-Tchi-tchi ».
« Son originalité, c’est le projet commun avec
une logique de performance économique, les dividendes n’ont pas vocation à
augmenter les revenus de l’exploitant, mais à bénéficier au projet de
développement. Sa particularité est qu’elle n’est pas vendable, on n’est pas
dans une attitude spéculative. On est dans le sociétariat, composé de la CDC,
des communes, de la Comcom de Castagniccia-Casinca et des salariés, tous
associés dans l’instance de gouvernance aux choix stratégiques » explique
le président de l’Office d’équipement hydraulique de Corse (OEHC) en charge du
dossier.
« Tito » et l’autogestion Yougoslave n’est pas loin : Merci « Roro-card ».
Les dividendes non partagés abonderont une réserve
impartageable qui servira au financement des investissements. La SCIC aura le
statut juridique d’une Société par actions simplifiées (SAS). Cette forme,
assez souple dans son fonctionnement, permettra à la CDC d’assurer, dans un
premier temps, la présidence. « Il y aura une gouvernance à deux niveaux :
stratégique et opérationnelle. La première est organisée sur le principe des
coopératives – un homme, une voix, – pondéré par la possibilité de s’organiser
au sein des collèges avec des droits de vote plus ou moins importants pour
préserver la maitrise publique ».
Le collège de la CDC détiendra 50 % des droits de vote, le collège des salariés 20 %, celui des Comcom et 14 communes orezzinca, des associations du territoire et des partenaires financiers avec la CADEC, chacun 10 %.
Une soviétisation qui ne dit pas son nom.
Pas de partenariat privé pour l’instant (pour l’instant
seulement) : « Nous avons fait le choix d’une évolution progressive en
privilégiant d’abord les acteurs initiaux. Il faudra proposer, à un moment
donné, la participation de sociétés privées, mais ce sera le choix de la SCIC,
pas de la CDC »
La privatisation et la cession ultérieure, ça sera pour plus tard et quelques oligarques seulement…
Une des faiblesses des SCIC, avoue-t-on, « c’est que dans le collège de la CDC ne siège que la personne morale, soit le président ou son représentant, pas la diversité des groupes. On propose de créer une instance qui pourra débattre de l’avis qui sera porté par la CDC, elle devra être souple et efficace pour garantir une rapidité de décision ». Et de vous rassurer : « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Le président élu ne va pas venir s’occuper du quotidien ou des ressources humaines ».
L’important est ailleurs, puisque justement le capital social de la SAS s’élèvera à 390.000 €, fournis pour 40 % par la CDC, soit 156.000 €, et 10 % par les Comcom et communes, l’ensemble des collectivités ne pouvant détenir plus de 50 %.
Les salariés apporteront 20 %, soit 2.880 € par salarié : Une première en « Corsica-Bella-Thgi-tchi » : Payer pour pouvoir travailler, c’est vraiment une innovation exceptionnelle !
À noter…
Les associations ne donneront que 3 % soit 1.300 €
chacune.
Les 27 % restants seront engagés par la CADEC, soit 105.300 €.
« Il a été très difficile d’obtenir de la SNEEMO les chiffres de 2023. Nous n’avons que les chiffres 2022 et ceux donnés par les salariés. L’export représente 20 % des ventes, ce n’est pas négligeable. La première année, nous avons estimé le chiffre d’affaires à 1,6 million € avec une augmentation progressive pour atteindre en 2027 les 9 millions € réalisés aujourd’hui.
Cela nous permettra d’avoir une politique de
redistribution forte vers le territoire sous forme de mécénat (géré par qui
et comment ?), une politique sociale d’intéressement, d’emploi local et
de rémunération, enfin de cofinancer le développement de l’entreprise. Un
investissement de 300.000 € sera nécessaire pour des travaux de mise aux
normes.
Les machines sont vieillissantes, mais elles
fonctionnent.
Il n’y a pas d’inquiétude pour les 3 ou 4 prochaines années.
S’ajoute un besoin de 1,57 million € pour financer l’activité avant d’engranger des recettes ».
Comment le financer ? « Nous sommes accompagnés par
la Fédération des SCIC et SCOT à hauteur de 600.000 €. Corse Active a la
volonté de s’engager jusqu’à 400.000 €. La Banque des territoires, la CADEC et
les réseaux bancaires traditionnels seront là aussi. Donc, pas de soucis ! Cela
veut dire : la confiance ».
À la mi-janvier, un nouveau COPIL présentera le projet abouti qui reviendra devant l’Assemblée de Corse pour le vote des statuts.
La SCIC devrait prendre effet au 1er février 2025.
Et le tour sera joué : On aura de l’Orezza jusque dans les épiceries de luxe de la capital-olympique (qui ne sera plus olympique à ce moment-là, mais simplement ruinée…)
Cela dit, c’est d’abord sa frustration que le groupe
PNC-Avanzemu exprime, estimant que : « Le comité de pilotage est resté une
coquille vide en ce qui concerne les élus territoriaux » et dénonçant des «
réunions en parallèle avec certaines mairies et les représentants des
salariés. Je regrette que sur un dossier aussi sensible et symbolique, nous
n’ayons pu apporter une contribution plus importante ».
Même si la patronne du groupe peut entendre le choix de la SCIC : « C’est certainement la forme la plus satisfaisante. Attention à ne pas perdre l’esprit d’entreprise ! Nous pensons qu’à court terme, la société ne pourra pas faire l’économie de se tourner vers des partenaires privés qui ont l’expertise, la connaissance du marché et aussi les réseaux nécessaires ». Vanina (sa représentante) a tout compris…
Mais aussi inquiétudes sur la capacité de la SAS à être opérationnelle immédiatement, mais aussi sur la situation actuelle de l’entreprise sur le marché de l’eau. En cause : « Le prix exorbitant de l’eau d’Orezza » en concurrence avec des eaux à moitié prix dans un contexte de crise économique.
Bé oui, ça restera une eau de luxe… pour épiceries de luxe !
Des inquiétudes sur le projet d’entreprise également relayées par Josepha, l’élue de Corsica Libera, qui appelle à clarifier certains points.
Des inquiétudes mais aussi des frustrations du groupe de droâte U Soffiu Novu qui insiste sur « un timing très contraint ». Taclant au passage « la tendance de cette collectivité à tout vouloir contrôler et ramener à de la gestion publique alors qu’aujourd’hui vous n’en avez plus les moyens ». Mais reconnaissant « qu’il n’est pas absurde pour la CDC, propriétaire du site, de vouloir entrer dans le capital. »
Le groupe demande à être associé aux décisions qui seront prises en amont.
Quant à Cathy, la vice-présidente de la Comcom Centre Corse, elle salue : « Une réponse attendue pour un territoire (…) On ne peut que souhaiter un avenir prospère pour cette entreprise qui fera rayonner la Corse et qui est vraiment ce que l’on peut attendre dans les territoires ruraux ».
Quant au président du groupe Core in Fronte,
Paul-Félix, il ne cache pas sa satisfaction : « Nous avions, dès le début,
demandé une mise en régie avec exploitation directe en associant les
personnels. Avec satisfaction, je prends acte que cette option est retenue avec
un dispositif de gouvernance qui associe les collectivités du territoire et la
Collectivité de Corse. »
Ce leader indépendantiste appelle néanmoins à réfléchir à un changement d’option sur l’organe de gouvernance globale. « Vous avez parlé d’associer les élus territoriaux aux décisions à travers une petite chambre basse, informelle, en expliquant qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul représentant moral. Les votes dans les collèges des communes et des salariés sont à la proportionnelle, alors que le vote du collège de la CDC est représenté par un seul homme. Vous avez choisi de faire une SAS, pas une Société anonyme (SA) avec conseil de surveillance ».
Ça lui paraît suspect… et il comprend bien la suite qui va arriver.
« Je ne pense pas que le rôle d’un président de l’Exécutif soit d’être l’ordonnateur d’une société commerciale ! L’ordonnateur doit être un professionnel » mais celui qui fait les plus-values à l’occasion d’une opération de cession : Et les commissions de « courtage », vont en principe à l’homme qui porte la prise de décision…
Et s’il pouvait en croquer, ça lui ira probablement bien…
La concertation ? « Elle a existé à travers le COPIL et avec le territoire ». Mais pourquoi la SAS, pas la SA ? « La SA est plus complexe et plus lourde en fonctionnement. La différence essentielle est la possibilité d’un capital variable de la SAS qui peut accueillir d’autres sociétaires et qui n’est pas figé ». Tiens donc !!!
Les stocks et le démarrage de l’activité ? « Nous avons des contrats. Les salariés préparent déjà la saison 2025 ». Pas d’inquiétude…
La stratégie industrielle ? « Ce n’est pas notre rôle de la définir, notre rôle est de mettre en place la SCIC et de lui donner les moyens de produire. Se substituer à la SCIC serait la première erreur ».
La politique d’export ? « Nous avons vocation à continuer à exporter. Mme Mora a dit hier qu’elle est prête à continuer la discussion. Nous sommes aussi prêts, nous défendrons nos intérêts pour qu’on soit dans des logiques gagnant-gagnant ».
Les prix trop élevés ? « Orezza se vend plus cher que les autres eaux de Corse. C’est la question du projet stratégique, l’objectif est d’être plus compétitif tout en préservant les marges de l’entreprise. C’est la force du sociétariat ».
La politique sociale ? « Les salariés ne sont pas délaissés puisqu’ils sont associés à la gouvernance et qu’ils seront bénéficiaires de sa profitabilité, c’est l’économie sociale et solidaire ».
La réussite du projet ? « On est dans la bonne temporalité. On a un projet clair et une vision claire du développement. On est dans une logique de continuité où la marque Orezza est forte. Il faut faire confiance à l’équipe de direction. (…) Ce projet économique doit être un exemple des possibilités de développement des zones montagnardes ».
Voilà, en quelques mots, comment Mme Mora aura cédé à
la pression « des élus » et reste malgré tout pour un temps encore au
moins à la tête de son entreprise familiale (pour être la seule qualifiée,
malgré ses échecs) tout en étant dépossédée de son « abusus », de son
« usus » et de son « fructus », les trois composantes de la
pleine et entière propriété d’une même chose…
C’est probablement du « capitalisme évincé », je suppose…
La « Corsica-Bella-Tchi-tchi », toujours en avance sur le continent des Pinzuti… moâ, j’adore !
Pour mémoire (n’en
déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE
PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE »,
REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
Parfois je m’en sers également sous forme de cubes solidifiés pour rafraîchir les godets d’alcool que j’ingère et qui ne sortent pas du congélateur… mais ça a l’affreux inconvénient de diluer le goût : Donc ne pas abuser du procédé !
Toutefois, en « Corsica-Bella-Tchi-tchi », quand on cause d’autre chose que de nos cépages originaux, le Sciaccarellu, le Niellucciu et le Vermentinu, on vante parfois deux sources d’eau : La Zilia (zéro nitrate) puisée à 800 mètres de profondeur en Balagne, et de l’Orezza, dont la source est située en Castagniccia (de l’autre côté du versant du « village » de mes ancêtres…).
L’exploitation de la source est autorisée par décret ministériel sous Napoléon III, le 25 avril 1856. 10 ans plus tard, le 7 février 1866, elle est reconnue d’intérêt public par décret impérial.
Plus tard, au XIXème siècle, les établissements d’Orezza, avec avant tout leur fontaine d’eau ferrugineuse, leurs salles de bains et de douches, étaient très prisés des curistes : Cette précieuse eau thermale soignait les cas d’anémie, et parait-il le paludisme, les troubles du système nerveux, les affections du foie et des reins, mieux qu’à Vichy.
On se mit alors à croire en la puissance thérapeutique miraculeuse de l’eau minérale naturelle d’Orezza.
Lors de la deuxième guerre mondiale, elle fut envoyée sur le front pour apporter force et vitalité aux combattants anémiés.
Dès 1866, le docteur Zuccarelli dans son « Étude sur l’eau minérale naturelle d’Orezza » confirme son efficacité dans le traitement des cas d’anémie.
Mais en 1995, c’est l’arrêt de l’exploitation de la source et la disparition des bouteilles d’eau d’Orezza.
La reprise de l’exploitation de la Source Sorgente Sottana par F.X. Mora en 1998 s’accompagne du début des travaux de modernisation du site et en 2000 : L’eau minérale naturelle d’Orezza fait son retour sur les tables (même la mienne, mais seulement pour mes invités) !
En 2006, l’exploitant lance sa gamme des eaux aromatisées : Cédrat, Pamplemousse rosé et Menthe et en 2013, c’est le lancement de l’eau minérale naturelle plate à l’occasion des Monte-Carlo Rolex Masters.
En 2016, on complète la gamme avec le lancement des arômes clémentine & mûre et l’année suivante ces bouteilles arrivent jusque sur le marché asiatique.
En 20 ans, l’investissement réalisé aura été d’environ 14 millions d’euros.
Mais ce n’est pas rentable : La boutique est exsangue et est à reprendre !
Un truc pas simple pour mettre la main sur le pactole sans avoir l’air d’y toucher…
Et même l’opposition politique n’a pas exprimé de désaccords de fond, mais seulement des frustrations, des réserves et des inquiétudes diverses sur la viabilité de la future stratégie industrielle.
Mais que foutent donc les « politiques » dans une « aventure industrielle » de si faible envergure (à peine plus que le million de CA) ?
À partir de 2019, l’actionnaire, la SNEEMO, communément appelée société Mora du nom de son fondateur, est en proie à un conflit social (avec les syndicats de « travailleurs corsi », l’oxymore aux mains des mafias politiques autonomistes du pays…). Une discussion, qui vire au bras de fer, s’engage alors entre Mme Mora et le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, comme par hasard.
À cet effet, Gillou installe, en juillet 2022, un Comité de pilotage (COPIL) pour étudier deux pistes : Un appel à candidature pour un nouveau gérant ou la création d’une Société d’intérêt collectif (SCIC) pour l’exploitation des Eaux d’Orezza.
Cette deuxième option est choisie sans surprise au COPIL du 6 novembre (les candidats à se faire arnaquer se sont tous désister dès les premiers contacts « amicaux »), mais elle n’est pas au goût de tous les groupes politiques de l’Assemblée de Corse, notamment de la droâte qui milite pour un repreneur privé et de la Comcom de Castagniccia Casinca qui a son propre projet.
Pas plus que de Mme Mora, qui contre-attaque en proposant un projet de contrat exclusif de distribution sur 10 ans et aussi d’exploitation de la marque OREZZA.
Mais à ce jeu-là de « nationalisation » dans un pays paraît-il ultralibéral outrecuidant et capitaliste-infernal, le lambda n’a que ses yeux pour pleurer face aux mafias qui s’emparent par la démocratie élective « forcée »
« Tu crois que demain ils tiendront le même discours avec les casinos à machine-à-sous clandestins ? » peut-on se demander…
Tant qu’on ne touche pas trop aux trafics de « farines ferrugineuses » qui transitent dans le coin… tout est possible en « Corsica-Bella-Tchi-tchi ».
« Tito » et l’autogestion Yougoslave n’est pas loin : Merci « Roro-card ».
Le collège de la CDC détiendra 50 % des droits de vote, le collège des salariés 20 %, celui des Comcom et 14 communes orezzinca, des associations du territoire et des partenaires financiers avec la CADEC, chacun 10 %.
Une soviétisation qui ne dit pas son nom.
La privatisation et la cession ultérieure, ça sera pour plus tard et quelques oligarques seulement…
Une des faiblesses des SCIC, avoue-t-on, « c’est que dans le collège de la CDC ne siège que la personne morale, soit le président ou son représentant, pas la diversité des groupes. On propose de créer une instance qui pourra débattre de l’avis qui sera porté par la CDC, elle devra être souple et efficace pour garantir une rapidité de décision ». Et de vous rassurer : « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Le président élu ne va pas venir s’occuper du quotidien ou des ressources humaines ».
L’important est ailleurs, puisque justement le capital social de la SAS s’élèvera à 390.000 €, fournis pour 40 % par la CDC, soit 156.000 €, et 10 % par les Comcom et communes, l’ensemble des collectivités ne pouvant détenir plus de 50 %.
Les salariés apporteront 20 %, soit 2.880 € par salarié : Une première en « Corsica-Bella-Thgi-tchi » : Payer pour pouvoir travailler, c’est vraiment une innovation exceptionnelle !
À noter…
Les 27 % restants seront engagés par la CADEC, soit 105.300 €.
« Il a été très difficile d’obtenir de la SNEEMO les chiffres de 2023. Nous n’avons que les chiffres 2022 et ceux donnés par les salariés. L’export représente 20 % des ventes, ce n’est pas négligeable. La première année, nous avons estimé le chiffre d’affaires à 1,6 million € avec une augmentation progressive pour atteindre en 2027 les 9 millions € réalisés aujourd’hui.
Il n’y a pas d’inquiétude pour les 3 ou 4 prochaines années.
S’ajoute un besoin de 1,57 million € pour financer l’activité avant d’engranger des recettes ».
À la mi-janvier, un nouveau COPIL présentera le projet abouti qui reviendra devant l’Assemblée de Corse pour le vote des statuts.
La SCIC devrait prendre effet au 1er février 2025.
Et le tour sera joué : On aura de l’Orezza jusque dans les épiceries de luxe de la capital-olympique (qui ne sera plus olympique à ce moment-là, mais simplement ruinée…)
Même si la patronne du groupe peut entendre le choix de la SCIC : « C’est certainement la forme la plus satisfaisante. Attention à ne pas perdre l’esprit d’entreprise ! Nous pensons qu’à court terme, la société ne pourra pas faire l’économie de se tourner vers des partenaires privés qui ont l’expertise, la connaissance du marché et aussi les réseaux nécessaires ». Vanina (sa représentante) a tout compris…
Mais aussi inquiétudes sur la capacité de la SAS à être opérationnelle immédiatement, mais aussi sur la situation actuelle de l’entreprise sur le marché de l’eau. En cause : « Le prix exorbitant de l’eau d’Orezza » en concurrence avec des eaux à moitié prix dans un contexte de crise économique.
Bé oui, ça restera une eau de luxe… pour épiceries de luxe !
Des inquiétudes sur le projet d’entreprise également relayées par Josepha, l’élue de Corsica Libera, qui appelle à clarifier certains points.
Des inquiétudes mais aussi des frustrations du groupe de droâte U Soffiu Novu qui insiste sur « un timing très contraint ». Taclant au passage « la tendance de cette collectivité à tout vouloir contrôler et ramener à de la gestion publique alors qu’aujourd’hui vous n’en avez plus les moyens ». Mais reconnaissant « qu’il n’est pas absurde pour la CDC, propriétaire du site, de vouloir entrer dans le capital. »
Le groupe demande à être associé aux décisions qui seront prises en amont.
Quant à Cathy, la vice-présidente de la Comcom Centre Corse, elle salue : « Une réponse attendue pour un territoire (…) On ne peut que souhaiter un avenir prospère pour cette entreprise qui fera rayonner la Corse et qui est vraiment ce que l’on peut attendre dans les territoires ruraux ».
Ce leader indépendantiste appelle néanmoins à réfléchir à un changement d’option sur l’organe de gouvernance globale. « Vous avez parlé d’associer les élus territoriaux aux décisions à travers une petite chambre basse, informelle, en expliquant qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul représentant moral. Les votes dans les collèges des communes et des salariés sont à la proportionnelle, alors que le vote du collège de la CDC est représenté par un seul homme. Vous avez choisi de faire une SAS, pas une Société anonyme (SA) avec conseil de surveillance ».
Ça lui paraît suspect… et il comprend bien la suite qui va arriver.
« Je ne pense pas que le rôle d’un président de l’Exécutif soit d’être l’ordonnateur d’une société commerciale ! L’ordonnateur doit être un professionnel » mais celui qui fait les plus-values à l’occasion d’une opération de cession : Et les commissions de « courtage », vont en principe à l’homme qui porte la prise de décision…
Et s’il pouvait en croquer, ça lui ira probablement bien…
La concertation ? « Elle a existé à travers le COPIL et avec le territoire ». Mais pourquoi la SAS, pas la SA ? « La SA est plus complexe et plus lourde en fonctionnement. La différence essentielle est la possibilité d’un capital variable de la SAS qui peut accueillir d’autres sociétaires et qui n’est pas figé ». Tiens donc !!!
Les stocks et le démarrage de l’activité ? « Nous avons des contrats. Les salariés préparent déjà la saison 2025 ». Pas d’inquiétude…
La stratégie industrielle ? « Ce n’est pas notre rôle de la définir, notre rôle est de mettre en place la SCIC et de lui donner les moyens de produire. Se substituer à la SCIC serait la première erreur ».
La politique d’export ? « Nous avons vocation à continuer à exporter. Mme Mora a dit hier qu’elle est prête à continuer la discussion. Nous sommes aussi prêts, nous défendrons nos intérêts pour qu’on soit dans des logiques gagnant-gagnant ».
Les prix trop élevés ? « Orezza se vend plus cher que les autres eaux de Corse. C’est la question du projet stratégique, l’objectif est d’être plus compétitif tout en préservant les marges de l’entreprise. C’est la force du sociétariat ».
La politique sociale ? « Les salariés ne sont pas délaissés puisqu’ils sont associés à la gouvernance et qu’ils seront bénéficiaires de sa profitabilité, c’est l’économie sociale et solidaire ».
La réussite du projet ? « On est dans la bonne temporalité. On a un projet clair et une vision claire du développement. On est dans une logique de continuité où la marque Orezza est forte. Il faut faire confiance à l’équipe de direction. (…) Ce projet économique doit être un exemple des possibilités de développement des zones montagnardes ».
C’est probablement du « capitalisme évincé », je suppose…
La « Corsica-Bella-Tchi-tchi », toujours en avance sur le continent des Pinzuti… moâ, j’adore !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
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