Le grand mirage financier de l’IA
Vous n’étiez probablement pas nés, mais vous souvenez-vous de la bulle
internet des années 90 ?
Une époque de frénésie des investisseurs lors de l’introduction en bourse de Netscape qui a fait monter le cours de l’action de la jeune société de 28 à 75 $ en une journée : À la fin de sa première journée de cotation, la société avait atteint une valorisation de 2 milliards de dollars.
Il y en a qui se sont fait des c…lles en or !
Et pendant environ cinq ans, les gains promis par toutes les sociétés du secteur des NTIC aiguisaient les appétits des investisseurs, grands et petits – parce qu’il fallait en être – ce qui se traduisait par des volumes importants d’émissions d’actions, d’emprunts et de crédits bancaires. Du bon business, je ne te dis pas !
Et les valeurs boursières des entreprises du secteur augmentaient sans lien ni avec leur chiffre d’affaires réel ni avec leurs bénéfices.
La popularisation du réseau Internet en 1994 a fait croire à l’époque à la
veille d’une quatrième révolution industrielle et, partant, d’une période de
croissance économique faramineuse. Durant la deuxième moitié des années 1990,
la majorité des pays de l’OCDE ont adapté leur cadre réglementaire afin d’ouvrir
plus largement leur marché des télécommunications à la concurrence. Les
analystes s’accordaient alors sur une prévision de croissance du marché des
services de près de 10 % par an, tous les ans, ceci malgré la baisse du prix
causée par l’arrivée des concurrents, ce qui attisait l’intérêt de beaucoup d’investisseurs.
Mais en réalité, les revenus sur le segment longue distance n’évoluaient pas comme cela était projeté, notamment parce qu’à l’autre bout de la chaîne, il existait encore des goulots d’étranglement sur les boucles locales, partie des réseaux qui donne accès au client final. Et du coup, il n’y avait pas de marchés réels suffisants permettant de justifier les sommes colossales investies. Kon, ça…
C’est aussi l’époque du concept d’événement « First Tuesday »
qui apparait en Grande-Bretagne à partir de 1998 et se développe dans plusieurs
autres pays : Tous les premiers mardis du mois, une grande « messe »
réunit plusieurs centaines de porteurs de projets et d’investisseurs.
On rapporte ainsi des scènes surréalistes où des créateurs d’entreprise se voient proposer des sommes quatre fois supérieures à ce qu’ils recherchent par des investisseurs surpris par la modestie de leur demande et qui insistent.
Le jackpot avant même de penser excroquer qui que ce soit…
Et puis, parce que beaucoup d’entreprises technologiques réalisaient de
bonnes affaires et que les investisseurs ont largement exagéré l’importance du
« très long terme » dans leurs estimations en négligeant de calculer que
certaines des sociétés consommaient trop vite leur capital pour espérer
atteindre un jour le point d’équilibre,
sous la pression de la remontée des taux d’intérêt à long terme, la
bulle finit par « éclater » à partir de mars 2000, sous forme d’un krach, s’étendant
à l’ensemble des bourses et provoquant une récession économique de ce secteur
et de l’économie en général. Merci les nains du neurone !
Tous les profits réalisés depuis 1995 par les 4.300 sociétés du NASDAQ se sont volatilisés par les pertes gigantesques de 2000-2001 (145 milliards de dollars).
Et de nos jours (bien contemporains de cette fin du premier quart du
premier siècle du IIIème millénaire…) après l’euphorie, le réveil
est dur pour la tech américaine.
Fin octobre, lors des résultats du troisième trimestre, Meta (Facebook, Instagram…) et Microsoft chutent en Bourse d’environ 3 % : Pas grand-chose. Mais « un signal ».
En cause : Le décalage entre les faibles revenus générés par l’intelligence artificielle et les investissements massifs. L’IA est-elle elle aussi une bulle spéculative ?
La ruée vers l’or de l’IA débouchera-t-elle un jour sur un modèle rentable ? « C’est la question à 600 milliards de dollars », s’interrogeait le gérant du fonds Sequoia Capital, dans une note pointant l’écart entre les recettes et les dépenses.
Et puis, il y a la guerre ici et là, des bruits de bottes encore ailleurs, et l’élection de « Trompe-Must » qui envoient d’autres signaux, parfois contradictoires.
Si les capitalisations boursières se sont envolées ces derniers mois –
celle de Nvidia, (le « vendeur de pioches », les puces avec lesquelles tout
cela fonctionne), a franchi le cap des 3.000 milliards de dollars – les
investisseurs commencent à déchanter : Le Nasdaq composite, qui représente une
majorité d’entreprises tech, a dévissé de 2,76 % début octobre et est depuis
surveillé comme le lait sur le feu. « Trop d’optimisme et de hype peuvent
être dangereux. Les vrais changements ne surviendront pas avant dix ans au
moins », estime le Prix Nobel 2024, dans une note de la banque d’affaires
Goldman Sachs intitulée : « Trop de dépenses, pas assez de bénéfices ? »
Justement, pour le responsable de la Global Equity Research chez Goldman Sachs, l’IA n’est pas capable de résoudre un problème à 1.000 milliards de dollars.
« Elle vise à construire de la capacité avant que nous n’en ayons besoin, plutôt que trop tard », a tranché le PDG de Meta, « Montagne-de-sucre », lors d’un point téléphonique avec les investisseurs.
« L’IA sort de toute rationalité », décrypte l’ex-CEO de la plateforme Malt : Pour la seule année 2024, Meta vient d’annoncer une hausse de ses investissements de 38 à 40 milliards de dollars.
Microsoft et « Gogol » n’hésiteront pas non plus à sortir le chéquier.
Ce dernier prévoit d’ailleurs 12 milliards ou plus chaque trimestre…
Tous font le pari d’investir massivement pour ne pas être devancés.
Le PDG d’Alphabet, société mère de « Gogol », résumait ainsi les raisons de la frénésie : « Le risque de sous-investir dans l’IA est terriblement supérieur à celui de trop investir. » Et tous croient presque religieusement à l’avènement d’une intelligence artificielle générale, sorte de super-humain qui pourrait remplacer les hommes dans des tâches cognitives d’ici dix ans.
Que j’en rigole encore, figurez-vous !
Pour cela, il faudrait inventer une activité nouvelle, comme le modulateur/démodulateur aura ouvert l’usage d’échange de données aux lignes de cuivres téléphoniques jusqu’à aboutir à l’Internet 5 G qui portait jusque-là des voix.
Mais laquelle dont on ne sait pas encore qu’elle nous sera indispensable ?
Chez D.A. Davidson on met en garde : « Les investisseurs d’entreprises
cotées attendent des résultats beaucoup plus vite, il faudra montrer des signes
de progrès. ».
Avec l’argent de quel client pour quelle valeur ajoutée ?
OpenAI, qui se taille la part du lion, avec 3,4 milliards de dollars générés cette année vient de réaliser une levée de fonds de 6,6 milliards la valorisant à 157 milliards.
Son avance lui a permis de mettre en place un abonnement à 20 euros par mois pour l’usage d’un ChatGPT premium. Et vous en faites quoi au juste ?
Des recherches améliorées que faisait déjà « gogol ». Mais ça va plus vite, c’est plus cohérent et on peut espérer ne pas passer à côté de son sujet.
Et les modèles des autres start-ups, ses concurrents, sont, eux, beaucoup plus
obscurs. Celui de Mistral AI, la société fondée par trois « Gauloisiens-olympiques »
qui rêvent de rivaliser avec OpenAI, « n’est pas clair », fait remarquer
le fondateur de la société d’investissement Elaia : « Nous ne voyons pas
encore quelle place ils vont trouver entre logiciels fermés et open source, ni
comment ils vont monétiser leurs investissements. » Dur, le mur qui
approche, là…
Valorisée à 5,8 milliards d’euros, Mistral ne communique pas sur son chiffre d’affaires. Et semble traverser des temps agités.
En « Teutonnie » Aleph Alpha, l’espoir outre-rhin de l’IA, a décroché, faute d’avoir trouvé un modèle et surtout des clients.
La pépite britannique Stability AI, qui génère des images, était au bord du gouffre cet été. En juin, elle a levé 80 millions de dollars in extremis, s’est dotée d’un nouveau PDG et a licencié une vingtaine de salariés.
Aux États-Unis, certains s’interrogent sur le modèle d’Anthropic, dans laquelle Amazon a investi 4 milliards de dollars. La rivale d’OpenAI dépense environ 2 milliards de dollars par an et ne produit que 150 millions de chiffre d’affaires…
La bonne affaire du siècle, quoi !
Rien d’étonnant, tempère un des cofondateurs du fonds d’investissement
Daphni : « L’échec fait partie de notre métier. Toutes les disruptions
suivent le même cycle. D’abord on crée les usages, ensuite on fait payer. »
Il y en a qui ont trop lu Kondratiev et ses « destructions créatrices » pour finir par ne plus rien y comprendre…
Le président du fonds Ventech, anticipe pour sa part que les start-ups d’IA spécialisées dans des usages concrets tireront leur épingle du jeu : « Un ou deux fournisseurs d’IA devraient rafler une mise énorme et une myriade de fournisseurs d’applications gagneront très bien leur vie. »
À voir… mais pas impossible.
Les fondamentaux pourraient néanmoins rester solides. Si le développement
pourrait être ralenti, on veut croire qu’il ne sera pas stoppé.
Les « Cinq Magnifiques » (Nvidia, Microsoft, Amazon, Alphabet, Apple) abandonnaient ainsi entre 15 % et 19 % de leur valeur sur les marchés financiers.
La course à l’armement pour se constituer un portefeuille d’actifs stratégiques, modèles fondamentaux, infrastructures de calcul et de stockage, et même désormais des centrales nucléaires pour alimenter les data centers, requiert des investissements colossaux. Cette année, ce sont plus de 200 milliards de dollars qui auront été investis par les seuls GAFAM dans l’IA, et déjà se murmure un potentiel investissement de Nvidia dans xAI qui valoriserait à 75 milliards de dollars la firme « d’Élan-Must » spécialisée dans l’IA.
C’est une accélération de plus de 45 % par rapport à 2023, qui était déjà une année record.
Pourtant, premier motif d’inquiétude : La hausse de productivité promise n’est
pas au rendez-vous. On anticipait des gains de productivité de 9,2 % et une
contribution de 6,1 points à la croissance « ricaine » pour la
prochaine décennie ! Or, ces prévisions ont été récemment contestées par le
très écouté économiste du MIT spécialiste de l’innovation, dont les derniers
travaux de modélisation font état d’un potentiel de gains de productivité de
0,56 % et d’une contribution à la croissance limitée à 1 point…
Heureusement, lui aussi peut encore se tromper.
Il estime que pour la prochaine décennie, seulement 19,9 % des tâches en entreprise sont exposées à l’IA, dont seulement 4,6 % sont automatisables de façon rentable.
Ce qui là, n’est probablement pas faux…
Car pour l’heure, la démonstration indubitable des gains de productivité pour les entreprises, hors tâches bien définies, se fait encore attendre.
Du coup, il prophétise que 99 % des entreprises de l’IA sont vouées à la disparition.
Deuxième motif d’inquiétude : L’effondrement des modèles d’IA, et plus
particulièrement, des larges modèles de langage sur lesquels s’appuient les IA
génératives. Plusieurs travaux récents estiment que les IA arrivent à un point
d’inflexion au-delà duquel elles auront du mal à progresser.
La raison ? Les outils existants auraient fini de tirer tout le suc des données existantes dont la production annuelle est elle aussi limitée !
Pas de chance…
Effectivement, les IA génératives ont besoin de nouvelles données pour progresser. Pour certains chercheurs, les IA pourraient d’elles-mêmes créer des données dites « synthétiques » par la combinaison originale d’anciennes données, et utiliseraient ces données synthétiques comme autant de nouveaux intrants pour poursuivre leur entraînement. À l’opposé, des chercheurs critiquent cette méthodologie qui rendra le résultat des IA encore moins maîtrisable, car reposant sur un pool de données parfois de mauvaise qualité, recombinées sans intervention humaine, pour des résultats parfois très éloignés de ceux escomptés.
Pour le dire autrement, les IA ingurgiteraient un poison qu’elles auraient elles-mêmes créé… tout va bien.
On mesure à quel point il pourrait définir une limite à l’idée d’une croissance irrésistible des IA génératives…
D’autant que génératives ou pas, une autre limite à la croissance
exponentielle des IA se présente : La limite énergétique et matérielle. Certaines
grandes entreprises de la tech en sont déjà à envisager d’investir dans des
unités de production d’énergie nucléaire privées et dédiées !
Le numérique repose en effet sur des infrastructures bien physiques (réseaux, data centers, terminaux) qui sont gourmandes en énergie, en métaux et même en eau (0,5 litre pour seulement 50 requêtes GPT-3 selon cette étude) !
Et la capacité des fournisseurs à suivre le rythme, tant sur le plan des volumes que de la puissance, interroge.
Le troisième motif d’inquiétude naît d’un contexte où les autorités de la
concurrence et de la régulation haussent le ton face aux géants du numérique. Par
exemple, il est demandé aux entreprises de l’IA d’adopter une démarche « d’éthique
by design », et d’éclairer les autorités sur la façon dont les algorithmes
sont pensés, entraînés et opèrent concrètement.
Si l’objectif est incontestablement louable, il est peu réaliste à l’heure où le patron d’Open AI (à l’origine de ChatGPT) admet lui-même qu’il ne sait pas précisément comment ChatGPT transforme de l’info brute en info nouvelle…
Ce problème vient s’ajouter à ceux déjà identifiés de violation potentielle de droits d’auteur ou de désinformation pouvant être à l’origine de poursuites juridiques lourdes pour diffamation.
Dès lors, ce risque juridique entourant les spécialistes de l’IA peut apparaître comme élevé si on émet l’hypothèse que les autorités feront appliquer les textes tels qu’ils sont écrits aujourd’hui.
Ce risque juridique se trouve renforcé alors que les autorités de
concurrence s’inquiètent déjà de la concentration de pouvoir de marché entre
les mains d’un nombre resserré d’acteurs déjà bien identifiés. Or, la prise de
conscience des positions concurrentielles déjà bien assises de ces acteurs sur
les nœuds de valeur de l’IA pourrait détourner les investisseurs des petites
entreprises et autres challengers de l’IA, jugés moins intéressants à moyen
terme…
Ces différents motifs d’inquiétude accréditent le scénario d’un reflux de l’investissement dans l’IA.
Cela étant, il convient de nuancer les conséquences d’une telle menace :
Tout d’abord, ce scénario concerne essentiellement les entreprises engagées
dans la course au gigantisme et aux modèles propriétaires. Or, d’une part, les
initiatives en open-source se multiplient, prennent des parts de marché et, ce
faisant, érodent le potentiel de rentabilité des grands modèles propriétaires.
D’autre part, rien n’interdit de penser que pour certains marchés applicatifs, l’avenir ne soit pas aux « plus gros », mais à des modèles plus spécialisés, plus frugaux, et finalement moins voraces en données et en énergie : Là, il y a de valeur ajoutée à créer, un peu comme dans la fripe. Un même patron de prêt-à-porter de robe ou de costume qu’il s’agit d’adapter facilement aux besoins du prospect.
Et justement, il convient aussi de souligner que si l’IA générative pouvait montrer quelques signes d’essoufflement, il n’en est rien pour les valeurs spécialisées dans les domaines applicatifs à fort potentiel : Santé, cybersécurité, conduite autonome, industrie 4.0…
Autre avantage, les entreprises de ces secteurs auront peut-être moins de difficultés à justifier leur empreinte environnementale au regard des solutions pratiques qu’elles apporteront.
En conséquence de quoi, la bulle financière autour de l’IA va peut-être se
dégonfler, mais pas éclater : Ce serait le comble que l’IA ne trouve pas
la parade à sa propre décadence financière annoncée !
Les « investisseurs » peuvent donc avoir transitoirement intérêt à alléger le poids de l’IA en portefeuille pour réaliser leurs plus-values.
Mais il faut se rappeler que l’IA est un château de cartes qui pourrait atteindre une valeur de 1.000 milliards de dollars en 2027, demain, en disent certains (dopés aux amphétamines de guerre ?).
« Too big to fail ? » Un tel montant lie solidairement l’ensemble des investisseurs dans une « communauté de destin », notamment les plus importants qui font office de « price makers ».
Et ceux-là prétendent déjà que personne n’a intérêt à faire s’écrouler un tel château sans compromettre ses propres espérances de gain…
Évidemment, comme pour la bulle Internet et celle, ultérieure, des « subprime », je m’en souviens encore très bien !
Pour mémoire (n’en
déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE
PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE »,
REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
Une époque de frénésie des investisseurs lors de l’introduction en bourse de Netscape qui a fait monter le cours de l’action de la jeune société de 28 à 75 $ en une journée : À la fin de sa première journée de cotation, la société avait atteint une valorisation de 2 milliards de dollars.
Il y en a qui se sont fait des c…lles en or !
Et pendant environ cinq ans, les gains promis par toutes les sociétés du secteur des NTIC aiguisaient les appétits des investisseurs, grands et petits – parce qu’il fallait en être – ce qui se traduisait par des volumes importants d’émissions d’actions, d’emprunts et de crédits bancaires. Du bon business, je ne te dis pas !
Et les valeurs boursières des entreprises du secteur augmentaient sans lien ni avec leur chiffre d’affaires réel ni avec leurs bénéfices.
Mais en réalité, les revenus sur le segment longue distance n’évoluaient pas comme cela était projeté, notamment parce qu’à l’autre bout de la chaîne, il existait encore des goulots d’étranglement sur les boucles locales, partie des réseaux qui donne accès au client final. Et du coup, il n’y avait pas de marchés réels suffisants permettant de justifier les sommes colossales investies. Kon, ça…
On rapporte ainsi des scènes surréalistes où des créateurs d’entreprise se voient proposer des sommes quatre fois supérieures à ce qu’ils recherchent par des investisseurs surpris par la modestie de leur demande et qui insistent.
Le jackpot avant même de penser excroquer qui que ce soit…
Tous les profits réalisés depuis 1995 par les 4.300 sociétés du NASDAQ se sont volatilisés par les pertes gigantesques de 2000-2001 (145 milliards de dollars).
Fin octobre, lors des résultats du troisième trimestre, Meta (Facebook, Instagram…) et Microsoft chutent en Bourse d’environ 3 % : Pas grand-chose. Mais « un signal ».
En cause : Le décalage entre les faibles revenus générés par l’intelligence artificielle et les investissements massifs. L’IA est-elle elle aussi une bulle spéculative ?
La ruée vers l’or de l’IA débouchera-t-elle un jour sur un modèle rentable ? « C’est la question à 600 milliards de dollars », s’interrogeait le gérant du fonds Sequoia Capital, dans une note pointant l’écart entre les recettes et les dépenses.
Et puis, il y a la guerre ici et là, des bruits de bottes encore ailleurs, et l’élection de « Trompe-Must » qui envoient d’autres signaux, parfois contradictoires.
Justement, pour le responsable de la Global Equity Research chez Goldman Sachs, l’IA n’est pas capable de résoudre un problème à 1.000 milliards de dollars.
« Elle vise à construire de la capacité avant que nous n’en ayons besoin, plutôt que trop tard », a tranché le PDG de Meta, « Montagne-de-sucre », lors d’un point téléphonique avec les investisseurs.
« L’IA sort de toute rationalité », décrypte l’ex-CEO de la plateforme Malt : Pour la seule année 2024, Meta vient d’annoncer une hausse de ses investissements de 38 à 40 milliards de dollars.
Microsoft et « Gogol » n’hésiteront pas non plus à sortir le chéquier.
Ce dernier prévoit d’ailleurs 12 milliards ou plus chaque trimestre…
Le PDG d’Alphabet, société mère de « Gogol », résumait ainsi les raisons de la frénésie : « Le risque de sous-investir dans l’IA est terriblement supérieur à celui de trop investir. » Et tous croient presque religieusement à l’avènement d’une intelligence artificielle générale, sorte de super-humain qui pourrait remplacer les hommes dans des tâches cognitives d’ici dix ans.
Que j’en rigole encore, figurez-vous !
Pour cela, il faudrait inventer une activité nouvelle, comme le modulateur/démodulateur aura ouvert l’usage d’échange de données aux lignes de cuivres téléphoniques jusqu’à aboutir à l’Internet 5 G qui portait jusque-là des voix.
Mais laquelle dont on ne sait pas encore qu’elle nous sera indispensable ?
Avec l’argent de quel client pour quelle valeur ajoutée ?
OpenAI, qui se taille la part du lion, avec 3,4 milliards de dollars générés cette année vient de réaliser une levée de fonds de 6,6 milliards la valorisant à 157 milliards.
Son avance lui a permis de mettre en place un abonnement à 20 euros par mois pour l’usage d’un ChatGPT premium. Et vous en faites quoi au juste ?
Des recherches améliorées que faisait déjà « gogol ». Mais ça va plus vite, c’est plus cohérent et on peut espérer ne pas passer à côté de son sujet.
Valorisée à 5,8 milliards d’euros, Mistral ne communique pas sur son chiffre d’affaires. Et semble traverser des temps agités.
En « Teutonnie » Aleph Alpha, l’espoir outre-rhin de l’IA, a décroché, faute d’avoir trouvé un modèle et surtout des clients.
La pépite britannique Stability AI, qui génère des images, était au bord du gouffre cet été. En juin, elle a levé 80 millions de dollars in extremis, s’est dotée d’un nouveau PDG et a licencié une vingtaine de salariés.
Aux États-Unis, certains s’interrogent sur le modèle d’Anthropic, dans laquelle Amazon a investi 4 milliards de dollars. La rivale d’OpenAI dépense environ 2 milliards de dollars par an et ne produit que 150 millions de chiffre d’affaires…
La bonne affaire du siècle, quoi !
Il y en a qui ont trop lu Kondratiev et ses « destructions créatrices » pour finir par ne plus rien y comprendre…
Le président du fonds Ventech, anticipe pour sa part que les start-ups d’IA spécialisées dans des usages concrets tireront leur épingle du jeu : « Un ou deux fournisseurs d’IA devraient rafler une mise énorme et une myriade de fournisseurs d’applications gagneront très bien leur vie. »
À voir… mais pas impossible.
Les « Cinq Magnifiques » (Nvidia, Microsoft, Amazon, Alphabet, Apple) abandonnaient ainsi entre 15 % et 19 % de leur valeur sur les marchés financiers.
La course à l’armement pour se constituer un portefeuille d’actifs stratégiques, modèles fondamentaux, infrastructures de calcul et de stockage, et même désormais des centrales nucléaires pour alimenter les data centers, requiert des investissements colossaux. Cette année, ce sont plus de 200 milliards de dollars qui auront été investis par les seuls GAFAM dans l’IA, et déjà se murmure un potentiel investissement de Nvidia dans xAI qui valoriserait à 75 milliards de dollars la firme « d’Élan-Must » spécialisée dans l’IA.
C’est une accélération de plus de 45 % par rapport à 2023, qui était déjà une année record.
Heureusement, lui aussi peut encore se tromper.
Il estime que pour la prochaine décennie, seulement 19,9 % des tâches en entreprise sont exposées à l’IA, dont seulement 4,6 % sont automatisables de façon rentable.
Ce qui là, n’est probablement pas faux…
Car pour l’heure, la démonstration indubitable des gains de productivité pour les entreprises, hors tâches bien définies, se fait encore attendre.
Du coup, il prophétise que 99 % des entreprises de l’IA sont vouées à la disparition.
La raison ? Les outils existants auraient fini de tirer tout le suc des données existantes dont la production annuelle est elle aussi limitée !
Pas de chance…
Effectivement, les IA génératives ont besoin de nouvelles données pour progresser. Pour certains chercheurs, les IA pourraient d’elles-mêmes créer des données dites « synthétiques » par la combinaison originale d’anciennes données, et utiliseraient ces données synthétiques comme autant de nouveaux intrants pour poursuivre leur entraînement. À l’opposé, des chercheurs critiquent cette méthodologie qui rendra le résultat des IA encore moins maîtrisable, car reposant sur un pool de données parfois de mauvaise qualité, recombinées sans intervention humaine, pour des résultats parfois très éloignés de ceux escomptés.
Pour le dire autrement, les IA ingurgiteraient un poison qu’elles auraient elles-mêmes créé… tout va bien.
On mesure à quel point il pourrait définir une limite à l’idée d’une croissance irrésistible des IA génératives…
Le numérique repose en effet sur des infrastructures bien physiques (réseaux, data centers, terminaux) qui sont gourmandes en énergie, en métaux et même en eau (0,5 litre pour seulement 50 requêtes GPT-3 selon cette étude) !
Et la capacité des fournisseurs à suivre le rythme, tant sur le plan des volumes que de la puissance, interroge.
Si l’objectif est incontestablement louable, il est peu réaliste à l’heure où le patron d’Open AI (à l’origine de ChatGPT) admet lui-même qu’il ne sait pas précisément comment ChatGPT transforme de l’info brute en info nouvelle…
Ce problème vient s’ajouter à ceux déjà identifiés de violation potentielle de droits d’auteur ou de désinformation pouvant être à l’origine de poursuites juridiques lourdes pour diffamation.
Dès lors, ce risque juridique entourant les spécialistes de l’IA peut apparaître comme élevé si on émet l’hypothèse que les autorités feront appliquer les textes tels qu’ils sont écrits aujourd’hui.
Ces différents motifs d’inquiétude accréditent le scénario d’un reflux de l’investissement dans l’IA.
D’autre part, rien n’interdit de penser que pour certains marchés applicatifs, l’avenir ne soit pas aux « plus gros », mais à des modèles plus spécialisés, plus frugaux, et finalement moins voraces en données et en énergie : Là, il y a de valeur ajoutée à créer, un peu comme dans la fripe. Un même patron de prêt-à-porter de robe ou de costume qu’il s’agit d’adapter facilement aux besoins du prospect.
Et justement, il convient aussi de souligner que si l’IA générative pouvait montrer quelques signes d’essoufflement, il n’en est rien pour les valeurs spécialisées dans les domaines applicatifs à fort potentiel : Santé, cybersécurité, conduite autonome, industrie 4.0…
Autre avantage, les entreprises de ces secteurs auront peut-être moins de difficultés à justifier leur empreinte environnementale au regard des solutions pratiques qu’elles apporteront.
Les « investisseurs » peuvent donc avoir transitoirement intérêt à alléger le poids de l’IA en portefeuille pour réaliser leurs plus-values.
Mais il faut se rappeler que l’IA est un château de cartes qui pourrait atteindre une valeur de 1.000 milliards de dollars en 2027, demain, en disent certains (dopés aux amphétamines de guerre ?).
« Too big to fail ? » Un tel montant lie solidairement l’ensemble des investisseurs dans une « communauté de destin », notamment les plus importants qui font office de « price makers ».
Et ceux-là prétendent déjà que personne n’a intérêt à faire s’écrouler un tel château sans compromettre ses propres espérances de gain…
Évidemment, comme pour la bulle Internet et celle, ultérieure, des « subprime », je m’en souviens encore très bien !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
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