La
grosse rigolade du QE de la BCE…
Présenté comme d’une nécessité pour éviter la déflation de
la zone euro (après toutes les peurs d’une inflation incontrôlée) et d’un outil
efficace de relance de la croissance de l’Euroland, le QE de la BCE doit être « décodé » car il n'est en
fait même pas « un coup de pouce » aux pays en difficultés de la Zone
euro…
Non, ce QE, c'est un QE allemand qui profitera d’abord à
l’Allemagne et peut-être un peu à l’Espagne et à l’Italie qui ne cracheront pas
dans la soupe.
On a déjà abordé le sujet
lundi, pour expliquer que le QE ne relancera rien du tout dans l’économie
réelle, mais ruinera les « sans-dents ».
En fait, c’est pire que ça, finalement : Il provoquera de
la croissance dans la seule industrie financière, vous savez, « cet ennemi
qui ne vote pas » !
Qu'il nous faut donc y revenir : Qu’a donc annoncé la
BCE ?
Outre le maintien de son taux directeur (à 0,05 %) et la
baisse du taux de ces opérations de refinancement (TLTRO), la grande nouvelle,
celle qui était tant espérée et attendue, c'était le quantitative easing
européen… à l’américaine : Une pluie de dollars, comme avaient pu l’imaginer
la Banque d’Angleterre qui a été la première à mettre en œuvre le procédé dans
le sillage de la Banque du Japon (ou inversement, je ne me souviens plus).
Après moult rumeurs, fuites, scénarios et anticipations,
nous savons enfin : Elle va racheter pour 60 milliards d'euros par mois,
et ce de mars 2015 jusqu'à fin septembre 2016, voire même plus si la situation
l'exige, de la dette publique ou privée.
Et comme souvent le diable se cache dans les détails, en la
matière, la Grèce, les pays périphériques de la Zone euro – et même la « Gauloisie-ruinée »
– n'ont peut-être pas tant de quoi se réjouir.
Car, à part le montant inattendu de ce QE, tout y est fait pour
calmer l'ire germanique.
Et tout d'abord la question de la mutualisation des risques,
point sur lequel l'Allemagne était particulièrement sourcilleuse, ne voulant
pas supporter le risque de défaut de, par exemple, la Grèce…
Elle peut être (presque) rassurée car il a été décidé que la
BCE n'achèterait que 20 % des obligations concernées par ce QE.
Les 80 % restants étant à la charge des banques centrales
nationales.
Autant dire que la mutualisation est très réduite, à 1/5ème
pour tout dire.
Autrement dit aussi, chaque banque nationale va racheter ses
propres obligations d’État et la BCE en elle-même ne portera que 20 % du
risque, c’est-à-dire au mieux et au bout du compte, 228 milliards sur les plus
de 1.140 qui devraient être injectés !
En clair, chaque banque centrale nationale vient d’obtenir
le droit de battre monnaie pour des montants différents et à sa convenance ou
presque.
Comment peut-on avoir une monnaie unique avec des banques
centrales monétisant de façon hétérogène, SVP ?
Comment voulez-vous parler « d’union » alors que
chaque banque centrale nationale reprend sa capacité à monétiser librement pour
soi-même ?
Autre point épineux qui aurait pu déclencher les foudres de
l'Allemagne : La répartition des achats entre les pays. Et là « ceux-ci se feront en fonction de la
contribution de chaque pays au capital de la BCE ».
Vous reprenez votre calculette-Windows (merci infiniment à
Bill Gates…) vous comptez que l'Allemagne est le plus grand contributeur de la
BCE, avec 25,7 % de son capital. En toute logique, la BCE va donc racheter de
la dette allemande.
Qui se porte déjà très bien et qui n'a pas forcément besoin
de cela...
Vous savourez l'ironie de la chose, là maintenant : 60
Md€ x 27,5 % x 19 mois x 20 % = 62,7 Md€ sur les 313,5 Md€ « de
ligne » rien que pour l’Allemagne, à peine moins que l’ensemble de la
dette grecque qui ne détient que 2,9 % du capital social de la BCE, soit
presque 10 fois moins.
Fabuleux, n’est-ce pas ?
La Grèce et le Portugal y contribuent respectivement à
hauteur de 2,9 % et 2,5 %. Avec la « calculette-Windows », j'arrive
donc à des rachats de dettes grecques pour 6,38 Md€ sur les 31,9 milliards
d'euros de « droit de tirage » d'ici septembre 2016 et de 20 % de 27,5
milliards de dettes portugaises.
Et mon pays (celui que j’aime tant…) dans tout cela ?
Sur le papier, c'est pas mal, l'Hexagone étant le second
contributeur de la BCE, avec 20,3 % de son capital. Calculette-Windows (celle
qui connaît tous les résultats de toutes les opérations possibles et
imaginables) en main, ça donne des rachats pour 20 % de 231,4 milliards
d'OAT.
Oui mais, mais, mais… « Mariole Drague-hi » a bien
précisé que ces rachats seraient soumis à certaines conditions pour les pays
sous surveillance.
Dont la « Gauloisie-éternelle », comme par hasard.
Pour l’heure, on ne connaît pas encore tout de ces conditions,
mais a priori cela devrait limiter
les possibilités de rachats de toutes les dettes grecques, gauloises,
espagnoles, italiennes, portugaises, etc. etc. etc.
Conclusion, la BCE pourra seulement acheter de la dette
allemande et varier un peu en s'offrant, de temps en temps, des obligations de
tous les pays qui vont bien (ou mieux) de la Zone euro : Pays-Bas, Autriche,
Irlande…
Globalement le patron de la BCE est admirablement parvenu à mettre
en place un QE qui va favoriser son plus farouche opposant.
Fastueux !
Au fond, si vous n’en étiez pas convaincus, la BCE ne
cherche pas particulièrement à aider les pays faibles de la zone euro.
En mettant en place ce QE très spécial, elle affirme haut et
fort que son principal objectif est de lutter contre le risque de déflation et
n’a pensé ce QE que dans ce but.
Quant à savoir s'il fonctionnera, ça… il nous faudra
patienter.
En revanche, « les marchés » ont apprécié
l'annonce et se sont offert une magnifique progression. Le CAC a dépassé les 4.600
points, pour la première fois depuis juin 2008 alors que l’objectif était de
4.500 points à fin décembre 2015.
Alors, à quoi joue-t-on avec de l’argent qui n’existe pas et
que nos gosses devront rembourser tôt ou tard ?
En théorie, cette annonce a pour effet de faire baisser les
taux des obligations souveraines et par conséquent de soulager les pays
endettés (et de reporter l’épargne sur le marché des actions qui… grimpe,
grimpe, grimpe à en faire des bulles).
Les investisseurs à la recherche de rendements supérieurs se
détournent aussi de l'Euroland, ce qui provoque la baisse de l'euro et par voie
de conséquence le renchérissement des produits importés et, donc, une hausse de
l'inflation.
Mais comme l’Allemagne exporte plus qu’elle n’importe, tout
va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible d’outre-Rhin !
D’ailleurs le DAX allemand progresse, progresse.
Ça c’est pour la théorie, une de plus…
« Mariole-Drague-hi » a insisté sur le fait que
dès que l'inflation atteindrait un niveau proche et inférieur à 2 %, les
rachats cesseraient.
Il n'a échappé à personne que les Allemands sont réticents à
ce QE, qui consiste pour eux à prêter aux autres membres de la zone euro.
Autrement dit, si les Allemands veulent que ces rachats cessent au plus vite,
ils ont intérêt à augmenter les salaires, ce qui aurait un effet inflationniste
immédiat (même s’ils restent réticents sur la question).
Cette politique aurait aussi pour avantage de profiter aux
autres pays de l'Euroland qui ont encore une industrie capable d'exporter, à
savoir l'Italie et l'Espagne.
Mon pays n'ayant pas fait de réformes structurelles
suffisantes, n'en profiterait que très faiblement. Ce QE, tel qu'il est élaboré,
a pour seul mérite d'inciter les Allemands à se comporter de façon moins
vertueuse, c'est-à-dire à dépenser plus, sous peine de se voir obligés de payer
la dette des autres pays membres. C'est bien le résultat d'une habileté
politique indéniable de la part de la BCE.
Mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres.
En réalité, pour que le cycle infernal de la déflation soit
évité, il faudrait que les acteurs économiques aient suffisamment confiance
pour consommer plus et épargner moins. Or, une population vieillissante n'est
pas encline à le faire.
Nous sommes dans une situation de paupérisation telle qu'une
partie non négligeable de la population est exclue de la consommation.
À ce constat s'ajoute l'élaboration calamiteuse de la
monnaie unique, l'entrée rocambolesque de la Grèce dans l'Euroland et enfin la
gestion lamentable de la crise de la dette grecque (nous reviendrons sur ce
dernier point, pas piqué des hannetons).
Cette cacophonie politique n'incite guère à la confiance.
En bref, ce QE accélère la dépréciation de l'euro par
rapport aux autres monnaies. S'il est vrai que l'on ne doit pas plaisanter avec
la déflation, il n'en demeure pas moins vrai que l'on ne doit pas non plus
jouer avec la monnaie, alors même que la guerre des devises est déclarée depuis
si longtemps.
Prenons l'exemple du Japon, pays comparable, où les
différents assouplissements quantitatifs conjugués à des dévaluations du yen
ont échoué : La déflation est toujours là et il n'y a aucune reprise
économique.
Les dévaluations du yen n'ont pas permis à l'industrie
japonaise d'exporter davantage. Elles n'ont abouti qu'à un appauvrissement
général, sans relance de l'activité.
En provoquant la baisse des taux des obligations
souveraines, la BCE incite l'épargnant à chercher des placements avec un
meilleur rendement, par exemple sur le marché actions, devenu plus attractif.
Aux États-Unis, les entreprises se financent d’ailleurs davantage
sur le marché boursier qu'auprès des banques. Si bien qu'avec un marché
boursier à la hausse, le financement est plus facile à obtenir. Et malgré ce
système plus favorable, les QE américains n'ont eu qu'un effet très limité sur
l'économie réelle.
Les créations d'emplois (statistiquement surévaluées) ne
donnent pas lieu à des augmentations de salaire.
Où est l'effet inflationniste ? Où est la relance économique
?
En Europe, les entreprises se financent principalement
auprès des banques. La question est de savoir si elles vont « jouer le jeu ».
Tant que les demandes de crédit sont rares, les banques ne pourront pas changer
la donne.
Les PME exportatrices n'ont pas besoin des banques et ne
font pas de demandes de crédit.
Quant aux autres, le crédit leur est refusé la plupart du
temps.
En « Gauloisie de la rente » tout
particulièrement, le système bancaire n'apporte aucun effet de levier, les
banques de détail se contentant d'engranger des frais et des commissions pour
assurer leurs marges.
En fait, les QE permettent d'assainir le bilan des
institutions financières privées qui détiennent de la dette souveraine, de
faire monter le marché actions et d'autres bulles spéculatives. Ils abreuvent
l'économie financière de liquidités dont l'économie réelle ne voit pas la
couleur.
C'est comme une perfusion donnée à un grand malade devenu
dépendant, sans cure de désintoxication. La distribution de liquidités vers le
monde financier constitue une perte de valeur considérable, comme le regrettent
d’ailleurs des partisans de Milton Friedman qui ont appelé à la distribution
directe d'argent aux ménages pour relancer l'économie réelle.
Restons concret : La « Gauloisie-pernicieuse »
pourra de toute façon continuer à subventionner stupidement des canards boiteux
et des industries du passé.
Rappelons que le premier bénéficiaire du CICE payé avec du
bon endettement public et un peu de vos impôts, n'est autre que La Poste…
Qui en a profité pour augmenter le tarif de ses timbres,
tellement l’industrie postale se vend mal !
D’autant qu’elle a de la dette (privée) à rembourser aussi…
Et pour tous ceux que le terme « réforme »
effraie, précisons qu'une véritable réforme structurelle n'a pas pour but
d'imposer des cures d'austérité pour appauvrir les pauvres.
Les politiques d'austérité créent des récessions et donc une
diminution des rentrées fiscales des États endettés, ce qui ne fait pas
l'affaire de leurs créanciers, comme nous vous l’avons expliqué précédemment.
Une réforme structurelle a pour but d'augmenter le potentiel
de croissance de l'écosystème productif, de le muscler et d'améliorer sa
capacité à répondre aux défis économiques.
Nous sommes donc très loin du compte. Malheureusement, mon
pays est dirigé par une élite-autiste et ignorante, profitant du système de
reproduction sociale gaulois. Son pouvoir est proportionnel aux prérogatives de
l'État qu'elle s'efforce constamment d'accroître, même lorsque celui-ci est
incompétent.
Elle n'a aucune vision stratégique ou entrepreneuriale,
aucune notion de ce qu'est une stratégie industrielle digne du XXIème
siècle.
Alors, avec un peu de poudre aux yeux, la BCE sort de son
chapeau un joli lapin tout blanc comme par magie, qui n’est en fait que la mort
annoncée des « sans-dents ».
C’est ça l’effet « trisomique » de nos
« sachants ».
Bienvenue à bord de nos futures galères de galériens, nés
pour ramer, trimer, suer et être rackettés.
Pour être complet, il n’y a plus qu’à leur dire
« merci » et les renouveler dans leurs mandats démocratiques !
On vous l’avait prédit : « Vous remercierez les maîtres du monde, quand ils vous auront tout pris ».
S’ils vous laissent en vie pour mieux vous dominer, parce
que dominer un cadavre qui n’obéit plus, ça n’a rien d’évident.
En bref, ce matin, je suis « colère » contre la « pensée-unique »
et tout ce « bon peuple » qui a du goudron dans les yeux : Bien
entubé, pour rester poli, par « Mariole-Drague-hi » que de toute
façon attend déjà son fauteuil promis de président italien en juin prochain…
Va falloir que j’envisage de déménager une nouvelle fois,
finalement…
Un article explicite pour l’éducation des « sans-dent » et des autres !...
RépondreSupprimerC’est repris sur le site « Alerte éthique » :
http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/2015/01/quand-les-ma%C3%AEtres-du-monde-font-de-la-finance.html
J'ai vu !
SupprimerCa tombe bien, il n'y a pas trop de coquilles, pour une fois !
Et que je vous en dis que je vais me remettre en colère lundi matin : Vous allez comprendre tout ce qu'ils sont capables de faire !