Et…
Davos s’en moque !
Stupeur et surprise, la Banque nationale Suisse (BNS) a
annoncé, le 15 janvier dernier vers midi moins dix, qu’elle abandonnait le
cours plancher de 1,20 franc suisse par euro, qu’elle avait établi en septembre
2011 pour lutter contre l’appréciation de la devise helvétique, juste avant que
le forum économique de Davos (où sont d’ailleurs invités nos
« huiles » nationales) ne débute.
Il faut dire et rappeler que le patron de la BNS avait
indiqué à la mi-décembre dernier que cette parité serait maintenue encore bien
longtemps…
Une notion du temps et de la durée très… relativiste, chez
les Suisses !
Conséquence immédiate, le franc suisse est passé sous la
parité avec l’euro (1 euro = 0,85 franc suisse contre 1,20 la veille) et a
gagné jusqu’à 29 %.
En milieu de journée, la devise gagnait 16 % à 1,03 franc
suisse pour un euro et 14 % par rapport au billet vert, le dollar s’établissant
à 0,89 franc suisse.
Cela représente un bond de 15 % en une journée du taux de
change global de la monnaie helvétique.
Du jamais vu et cette séance historique va laisser de
profondes traces avant que la BNS n’intervienne en catastrophe et discrètement
pour tenter de calmer le tsunami qu’elle a déclenché et maintenir au moins la
parité, à en perdre d’ailleurs tous ses profits 2014 en une seule journée, en
disent les « méchantes-langues ».
Les contrats à terme sur le franc suisse ont connu pas moins de 11
perturbations (arrêt de cotation pendant au
moins une minute) dans la journée
compte tenu de la volatilité et des volumes très élevés.
Énorme !
Dans une conférence de presse, le patron de la BNS a récusé toute « décision panique » estimant qu’elle
avait été au contraire réfléchie et pesée.
Il a aussi précisé que la BNS n’abandonnait pas tout soutien à sa devise.
« La BNS continuera de prendre en compte la situation sur le
marché
des changes pour définir sa politique monétaire. Aussi interviendra-t-elle au
besoin sur ce marché en vue d’influer sur les conditions monétaires ».
Reste à savoir sous quelle
forme.
La banque centrale pourrait choisir de lier le franc suisse à un panier de devises (euro, dollar,
yen, …) une sorte de « plan B ».
De manière officieuse, « la BNS peut vouloir stabiliser sa monnaie autour de 1,10 franc
suisse par euro, mais défendre
ce niveau va être
coûteux et difficile », insiste un stratège chez UBS.
Qu’il faut rappeler que « l’introduction
du cours plancher (septembre 2011) a eu lieu dans une période d’extrême
surévaluation
du franc et de très forte
incertitude sur les marchés
financiers. Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie
suisse de graves dommages. »
C’était hier et c’est désormais demain…
« Le franc
demeure certes à
un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est dans l’ensemble atténuée. L’économie
a pu profiter de cette phase pour s’adapter à la nouvelle situation », en a-t-on justifié.
« Les disparités
entre les politiques monétaires
menées
dans les principales zones monétaires
ont fortement augmenté
ces derniers temps et pourraient encore s’accentuer. L’euro
a nettement faibli par rapport au dollar des États-Unis, ce qui a également
conduit à une dépréciation du franc face au dollar ». Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu’il n’est plus justifié de maintenir le cours plancher.
Une erreur historique pour beaucoup d’économistes…
La banque JP Morgan souligne qu’un tel geste doit être
rapproché de l’annonce par la BNS de profits très élevés en 2014 (38 milliards
de franc suisses). Sans ce matelas de sécurité financier, l’envolée du franc
suisse aurait causé des pertes retentissantes à l’institut d’émission, sinon sa
banqueroute.
Quoiqu’il faille rester sérieux en la matière : Avec
presque 100 % de son PIB en réserve de change, la BNS ne risque pas encore
grand-chose.
« Il est étonnant que
la BNS ait laissé flotter librement sa monnaie sans mécanisme de transition.
Cela risque d’entraîner des mouvements très exagérés et une hausse du franc
suisse au-delà de sa valeur fondamentale », note un autre banquier.
En fait, la logique de cette décision est de « couper les ponts avec la BCE », jusque
dans le dos des voisins allemands même pas prévenus (pas plus que « La-Garde-Meurt-Mais-ne-se-rend-pas »
au FMI), c’est-à-dire de ne plus être tributaire des décisions de la BCE, dans
la perspective de l’assouplissement quantitatif que devrait mener bientôt la
BCE.
(Là encore, j’anticipe que bien des gens vont être déçus,
demain…)
Une action qui affaiblira l’euro d’après les
« orthodoxes ».
« La
BNS a reculé
devant la perspective de devoir intervenir massivement pour s’opposer à ce mouvement de repli de l’euro », estime Daragh Maher de chez HSBC,
dont la banque prévoit désormais un euro à 0,95 franc suisse fin 2015.
Longtemps un combattant farouche dans la guerre des changes,
le franc suisse a abandonné provisoirement ce conflit planétaire face à un
adversaire de taille, l’euro en conclut-on.
Ce bond du franc suisse dévalue donc toutes les autres
monnaies et devrait se traduire par de très lourdes pertes chez certains
intervenants (banques, hedge funds, fonds spécialisés sur les devises, spéculateurs
particuliers...) : Les marchés étaient vendeurs de franc suisse contre des
euros et dollars avant cette décision.
En outre très peu de positions en options avaient été mises
en œuvre pour se couvrir contre un mouvement défavorable (hausse) du franc
suisse.
Aucun stratège n’anticipait un tel geste, ou en tout cas pas
si vite.
L’euro contre franc suisse est une parité, « ennuyeuse » peu volatile où il ne se
passe pratiquement rien dans 99 % des séances… mais 1% des journées sont
historiques !
La volatilité exceptionnelle va faire de gros dégâts. Quand
les mouvements sont trop brusques et la nervosité extrême, les modèles de
gestion des risques sont souvent pris en défaut. « L’impact négatif sur l’appétit pour le risque et la crédibilité de la BNS sont les effets les plus importants de cette décision » souligne un pote de mon « Boss » (qui fait
banquier dans le civil).
Le geste de la BNS, pour le moins controversé, équivaut à un
durcissement monétaire, même si elle a tenté de l’atténuer en abaissant aussi
ses taux d’intérêt. « Il est frappant que
la BNS prenne le risque que la hausse du franc suisse installe l’économie dans
la déflation. Elle peut croire qu’elle est moins exposée à ce risque que les
autres banques centrales compte tenu de son expérience passée, couronnée de
succès, à se mouvoir dans un environnement de faible inflation voire de déflation
» explique un responsable de la stratégie sur les grandes monnaies chez encore un
autre banquier.
Passée la stupeur, les industriels suisses ont fait part de
leurs inquiétudes et colère face à la dégradation prévisible de leur
compétitivité du fait de l’envolée du franc suisse.
Visiblement très choqué le directeur général de Swatch a
déclaré : « Les mots me manquent. Jordan n’est pas seulement le nom du président de la BNS mais aussi celui d’une rivière. Et l’action
de la BNS est un véritable
tsunami pour nos exportateurs, pour le tourisme et pour toute notre économie ».
Il oublie de dire que les fleurons de l’économie helvétique
– Bayer, Nestlé & Cie – restent avant tout
« transnationaux » : Ils bossent partout dans le monde en
devises locales et exotiques. Ce ne sont que les profits « rapatriés »
qui sont comptés en Franc suisse et les bourses ont réagi logiquement en les dé-cotant…
Pour se reporter sur d’autres actifs, européens, américains
et asiatiques, d’autant que l’évasion de capitaux de Russie s’accélère.
Ce qui fait grimper tous les indices boursiers, malgré les sous-performances
des pétrolières, qui vont devoir essuyer le contre-choc du prix du baril,
fermer bien des exploitations et arrêter d’investir dans l’exploitation des
schistes et des indicateurs décevants aux USA et en Chine…
Les vrais perdants sont d’abord les brokers engagés à
découvert sur le franc suisse et leurs « épargnants-supports ».
Mais aussi les emprunteurs en franc suisse pour des
investissements hors leurs frontières (notamment les pays de l’est de la
zone euro) : Il leur faudra plus de monnaie de singe pour rembourser en franc-consolidé.
En revanche, le détenteur de franc suisse qui vit ailleurs
ou en simple transfrontalier, il se frotte les mains.
Pense donc, avec 1.000 euros, il avait 1.200 francs suisses,
qui valent désormais plus de 1.200 euros : Jackpot de 20 % (jusqu’à 29 %
même un temps) en une seule journée !
On en voudrait des tombereaux comme ça, d’autant que c’est
la BNS qui régale…
Notre vrai souci n’est en fait pas là. Si la BNS, après
avoir échappé à l’affront de devoir garder plus d’or dans ses coffres en
contrepartie de l’émission de billets et autres créances à travers l’échec du
dernier referendum d’initiative populaire de la fin de l’année dernière, passe
« à l’offensive », c’est pour mieux se défendre des futurs QE
européens à décider demain.
Même « François III » les a annoncés à l’occasion
de ses vœux « aux forces vives » du pays en début de semaine.
Et un banquier, ça reste un monétariste qui se doit de
maîtriser sa masse monétaire (surtout quand il est « huguenot » comme
chez nos voisins helvètes) : Pour le faire devenir keynésien, il faut le
violer !
Notez que ce n’est d’ailleurs pas si facile chez les
« huguenots-allemands », alors que nous avons une longue tradition
depuis les assignats…
Car l’euro va mal : La dette grecque qui va devoir être
rééchelonnée après l’élection de dimanche prochain en pays athénien, d’une
façon ou d’une autre, les dérapages en continu de l’économie gauloise qui part
en guerre « non-financée » tous azimuts, faisant « soldat »
à la place de tous les européens contre le péril terroriste et islamiste,
l’économie russe qui s’effondre au moins aussi vite que le prix du baril (et son
contre-choc pétrolier à soutenir…).
Alors les suisses anticipent une
« dévaluation-compétitive » de l’euro que tout le monde souhaitait
depuis une demi-décennie et dans laquelle ils ne veulent pas entrer !
Là, à mon sens ils ont bien tort : Leur devise sera
peut-être une « devise refuge », ce qu’elle a toujours été, mais
lilliputienne, déconnectée de tous leurs voisins immédiats.
Pas sûr qu’ils soient finalement gagnants au change, si tout
le monde dévalue, ils n’ont pas fini de réévaluer.
En revanche, je suis certain que nous serons perdants :
Un franc Suisse valait un franc-gaulois du temps de de Gaulle (ou pas
loin). Il en vaut désormais plus de 6,55957…
Et on n’en vit toujours pas mieux dans mon pays que j’aime
tant.
Nous y reviendrons, naturellement.
Et pendant ce temps-là, à Davos justement, les
« hyper-riches » conversent (et font du business) autour des
inégalités de fortunes dans le monde, avec en livre de chevet le
« Pikety » du moment et un calcul statistique : Les 1 % des
« plus riches » du monde, possèdent autant (ou presqu’autant) que les
99 autres pourcent de l’humanité.
Bon et alors ?
Si sur 100 personnes, ils sont 99 à se ruiner pour racheter
ce que possède un seul, ce que le plus riche possède, comme personne ne pourra
le faire, ça n’a plus aucune valeur.
Le « plus riche » ne peut rien en faire que dormir
dessus pour éviter qu’on lui pique son bien !
De toute façon, le jour où il se fait dépouiller par tous
les autres, ça doublera peut-être la fortune de tout le monde, mais, même
dilemme, pour en faire quoi, sinon ré-accumuler petit-à-petit ?
Y’a comme ça des « statistiques » et autres
théories qui ne veulent finalement rien dire…
Et des époques « bizarres » qu’il vaut mieux
traverser en en riant plutôt que de s'en effrayer.
Il fauts signaler que les emprunts toxiques sont basés sur le franc suisse. en france les victimes sont:
RépondreSupprimer-les dpartements (deux tiers)
-villes
-régions
-organismes HLM
-association hospitalières etc
Beaucoup de monde. Bonjour la faillite.
C'est l'autre aspect de cette "guerre" monétaire : On dit que la BNS a perdu en une journée ses résultats de l'année 2014, c'est oublier qu'elle détient tellement d'OAT sur les européens, accrochées au CHF, qu'elle a accru son bilan de près du double de ses pertes .... dans la même journée !
Supprimer