La guerre du beurre va s’intensifier
C’est passé
complètement inaperçu, mais ça inquiète les « majors » de la filière
agro-alimentaire du lait et des vaches, les « Yoplait-la-petite-fleur »,
« Président- jupitérien-lactalis », « Beurre-breton-paysan »,
« Elle-et-lui-virés » et tous les autres, partout en Europe.
On avance à
grand pas vers une vraie pénurie.
Notez que moi
je m’en contre-cogne le coquillard : Je cuisine à l’huile d’olive, à la
crème fraîche ou à la mayonnaise (même le camembert, quand j’en trouve !)…
Mais tous les
autres vont devoir passer au régime « allégé ».
Un régal !
Car la
canicule, qui a sévi durant une petite semaine dernière et la sécheresse qui s’accentue
mois après mois, inquiètent sérieusement le monde agricole alors que le mois de
juin a déjà battu tous les records de températures.
On s’en
faisait encore l’écho
en début de semaine.
Un pic de
chaleur très précoce touche les trois-quarts du territoire national gauloisien qui
avance les moissons et pourrait avoir des répercussions sur les rendements. À
court terme, c’est sans doute les éleveurs qui sont le plus préoccupés par la
santé du bétail et sa productivité.
« Les vaches n’aiment pas la chaleur, elles
cherchent le moindre coin d’ombre. Une telle température sous une peau en cuir,
c’est compliqué, les animaux ont besoin de boire beaucoup plus, et mangent
moins », expliquait un éleveur laitier dans l’Oise qui n’hésite pas à
arroser au jet d’eau son bétail.
Au-delà du
risque sanitaire, les éleveurs constatent surtout et déjà une baisse très nette
de la production de lait, jusqu’à deux litres en moins par jour et par vache,
soit environ 70 euros par jour pour un cheptel moyen d’une centaine de têtes.
Un manque à gagner dont les éleveurs se seraient bien passés alors qu’ils
doivent affronter en plus une baisse des cours mondiaux du lait.
Les organisations de producteurs, souvenez-vous,
demandaient un prix de 34 centimes par litre, contre 30 centimes encore
récemment. Cette hausse de quatre centimes devait leur permettre de couvrir les
coûts de production des exploitations.
Alors qu’est-ce qui se passe réellement ?
Eh bien, depuis la disparition des quotas européens en
2015, la production de lait a cru. Et les prix se sont donc effondrés malgré
les efforts des industriels pour stocker les surplus sous toutes ses formes
(poudre, congélation), de l’ordre de – 4 % en 2016,
avant une stabilisation depuis le début de l’année.
Et paradoxalement, le prix du beurre a grimpé en
flèche sous la forte accélération de la demande aux États-Unis, où
l’image du produit s’est améliorée. Les chinois importent à tout-va du lait
indien, 40 % de la production mondiale (et encore ailleurs) et les marges des « baratteurs-fabricants »
ne suivent pas…
Il faut en
effet 22 litres de lait pour faire un kilo de beurre (4 plaquettes de 250 g). 12
litres pour faire un kilo d’emmental. 2 litres pour faire un camembert…
Le beurre n’est
donc pas la priorité des industriels.
Or, la tonne de beurre se vendait encore plus de 4.000
euros, soit 1.000 de plus que l’an passé. « Début
2016, je payais la tonne 3.000 euros. Ces derniers mois je dois sortir 4.400,
4.500 euros la tonne ! » expliquait un boulanger qui réalise ses fameux kouignamanns,
qui ont ainsi augmenté de 70 centimes depuis un an…
Ce 20 juin, la
tonne sortie d’usine cotait 4.737 €, soit + 150 % sur un seul semestre. En
Nouvelle-Zélande elle cotait 5.700 $, soit + 475 %. Aux USA le cours était de
5.486 $/lb, soit + 263 %.
Plus personne
ne gagne d’argent à vous fournir votre tartine-beurrée !
Le paradoxe, c’est
que seule la matière grasse du lait est utilisée pour faire du beurre. Or, elle
ne représente que 3,5 % à 6 % de ce qui est vendu.
Dès lors, le
prix du lait n’a qu’un impact minimal sur le prix de la plaquette…
Dès lors, les
producteurs de lait ne profitent pas de cette situation et les organisations de
producteurs ont lancé un mouvement de mobilisation.
« Nous interpellons nos coopératives, car nous
avons l’impression qu’elles ne répercutent pas la hausse du cours du beurre sur
leurs prix de d’achat du lait aux producteurs », s’inquiète-t-on.
De leur côté,
les coopératives rejettent la faute sur la grande distribution, qui opérerait
une politique de prix bas. Les produits laitiers sont souvent des produits
d’appels pour les hypermarchés pour être « basiques », ce qui les
conduit à être particulièrement durs dans les négociations de prix.
Mais il y a un
autre phénomène : Puisque le prix du lait en amont des laiteries ne paye
pas les coûts de production et, selon la FNPL, cette crise a conduit directement
à la fermeture de 8 à 9 % des exploitations en 2016.
Et le
mouvement s’accélère avec l’été 2017.
Le prix du
lait à la ramasse depuis pas mal de temps contraint les producteurs à vendre
leur viande-sur-pattes à l’équarrissage et autres abattoirs…
Peut-être
avez-vous vu quelques « promotions » sur la viande de bœuf dans vos
étals et rayons de supermarché.
Personnellement,
j’ai pu acheter des barquettes de bavette d’aloyau résolument goûteuse à 6
euros le kilo, presque moins cher que la côte de porc (à 5,90), là où je payais
tranquillement le triple il y a encore peu…
Oui, mais du
coup, si les producteurs cassent la « machine à lait », les prix devraient
grimper et le marché rechercher un nouvel équilibre.
Bé non, comme
on vient de le dire – puisque le lait n’entre que pour 4 % dans la fabrication
du beurre – et que pour « rebâtir » un cheptel productif, il va
falloir plusieurs années (à force de le bouffer en steak).
Ah la divine
Europe des quotas si… décriée par ailleurs par les mêmes de la même filière !
Que j’en
rigole lourdement, figurez-vous…
Car
souvenez-vous, vous payiez des impôts et taxes pour pouvoir payer cher votre
plaquette de beurre.
Depuis que ça
n’existe plus, soit vous payerez plus cher encore, soit vous en serez privé.
Les « sachants »,
quand ça dékonne sévère, ça dékonne sévère…
De toute
façon, personne hors les distributeurs (et encore à 6.300 euros la tonne pour
des plaquettes de 250 g à 1,65 €/TTC) ne gagne pas d’argent à vous fournir
votre beurre : Le consommateur refuse les hausses de prix, préfère se
priver, ou cuisine à la crème, à la margarine, à l’huile… et mayonnaise !
Et la guerre
va commencer avec les beurres MDD (Marque De Distributeur). C’est actuellement la
foire d’empoigne : Les contrats de la grande distribution sont ficelés de
telle sorte qu’une évolution du prix du
lait se répercute sur le prix-cession. Mais quand la matière première manque et
que les prix mondiaux du lait ne bronchent pas, l’évolution du prix-cession est
bloquée.
« Les
courbes se croisent », en ciseau…
Alors qu’est-ce
qu’on fait quand il y a pénurie ?
Eh bien on ne
livre plus, tout simplement…
Réplique des
grandes enseignes : Elles déférencent !
La faute aux
accords précédents entre éleveurs – souvenez-vous, très revendicatifs – et les
industriels maintenus sous contrôle par les autorités administratives.
Donc blocage
et pénurie à venir.
La guerre.
Même celui qui
a de la matière première, il est coincé.
De toute
façon, comme personne n’a assez de matière première, c’est certain, ce sera la
guerre et ses nombreuses privations…
Et la note est
plutôt salée pour les plus gros consommateurs de beurre que sont les
biscuiteries industrielles ou les artisans boulangers pâtissiers. On vous l’avait
déjà dit dans la presse : Les croissants seront plus chers et bien
heureusement que « Coopé-rative » a su inspirer un nouveau format de
ces gourmandises.
Pendant
longtemps, les cours du beurre ont été très bas et les industriels en ont
stocké de grande quantité en attendant que les prix remontent. Or, depuis l’an
passé, la production de lait ayant diminué (et persiste à diminuer depuis), les
stocks ont fondu et la production ne suit pas.
Bref, une
crise « idiote » d’un marché qui n’a pas réussi à « former consensus »
pour évoluer, se réformer, assis sur ses positions « dogmatiques-syndicales »
et c’est le kouillon de consommateur qui va être privé de ses gourmandises beurrées.
C’est kon :
Il aura peut-être du pain (quoique la canicule pourrait aussi avoir des effets
sur la production de blé), mais en tout cas, la brioche, il faudra qu’il s’en
passe.
Notez qu’à un
moment, faute de marchandise et à défaut de rétablir les tickets de
rationnement par décision ministérielle ou « jupitérienne-olympique »,
le consommateur (vous) finira par se faire douce violence et payer « plus
cher » (comme d’habitude).
Eh bien ce
sera justement le moment où la viande de bœuf ira en se raréfiant (en
commençant par le veau d’ailleurs) et que là les cours vous seront répercutés
directement dans l’assiette.
Bref, tous cocus
et par les deux orifices, en quelle que sorte…
J’admire :
Une configuration « intéressante » !
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