Alors que tout le monde…
… reste encore pantois à la raclée infligée par « REM-même-pas-en-rêve »
à toute la classe politique « traditionnelle », résultat de cette
soif de visages nouveaux et de bizuts à faire blanchir sous le harnais, il est
des nouvelles extraordinaires qui sont complétement passées inaperçues.
La plus drôle, c’est que sur les 370 et quelques
candidats-parigots, y’en aurait eu 10 qui n’ont même pas obtenu une seule voix !
Punaise de gourgandine, la niaque des meks… Ils
croyaient tellement dans leurs chances qu’ils n’ont pas osé se déplacer pour
voter pour eux-mêmes !
En revanche tout le monde aura retenu le score de 4,51
%, « Riton-Guano » (lui au moins, sa famille s’est déplacée) qui
aurait déclaré que les électeurs de la 2ème circonscription de Paris (le Vème
du « cousin Jean » – Tiberi – et un peu du VIème et du VIIème
voisins) sont « à vomir » !
Mais qu’est-ce qu’il est venu se dégueulasser les
pompes chez les « bobos-rive-gôche » ?
Ils ne voulaient plus de lui dans sa circonscription d’origine ?
Bref, il a encore des efforts à faire pour séduire la « populace-locale » :
Faudrait lui apprendre la politesse et éviter d’insulter les gens…
Notez également que depuis lundi, nous sommes abreuvés
de chiffres témoignant tous du triomphe « Jupitérien » de Mak-Rond… et
on doit bien admettre qu’on n’en revient toujours pas.
Pourtant deux chiffres sont passés inaperçus :
Sur 468 circonscriptions où « REM »
présentait des candidats ils sont arrivés en tête dans… 400 d’entre elles, soit
dans 85 % des cas !
Quand même dingue les effets du « grand-remplacement ».
D’ailleurs, on compte aussi que sur les 345 députés
(sur 577, les autres n’ont même pas osé) qui se représentaient, seuls 223 ont
passé le 1er tour.
Donc, en admettant qu’ils soient tous élus (ce qui
sera loin d’être le cas), l’Assemblée Nationale sera composée, au minimum, de
61 % de nouvelles têtes.
Complétement dingue !
Et alors, est totalement passé sous silence des « médias-aux-ordres »
les « petites nouvelles-locales » qui participent à un tsunami
général et concerne la seule Île de Beauté : « Les Corses ont choisi de rompre avec le système politique ancien. Ce
choix a transcendé les générations et les appartenances politiques. Il a uni,
dans une même ferveur, villes et villages, littoral et intérieur, Corses qui
vivent ici et de la diaspora, Corses d’origine et d’adoption. »
C’était en décembre 2015 : Le nouveau président
de l’Assemblée, Jean-Guy Talamoni avait tracé une voie.
« Demain,
tous ensemble, nous mettrons en œuvre une nouvelle politique, pour la langue,
pour la terre, pour un développement au service des Corses, pour la justice
sociale. »
Le 11 juin 2017, la « ferveur » fait écho.
Un an et demi après leur accession aux responsabilités, les nationalistes
corses font quasi-carton plein au soir du premier tour des législatives.
Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva, Paul-André
Colombani, peuvent chacun espérer poinçonner leur ticket pour le Palais
Bourbon.
Certes, rien ne sera joué avant dimanche prochain.
Mais le propos volontairement axé sur la Corse, territorialisé et non
nationalisé, a, une nouvelle fois, opéré.
Là où un Camille de Rocca Serra n’a cessé de répéter
que l’on se « trompait de débat »,
que l’Assemblée nationale n’était pas le lieu « de la continuité des sessions de l’Assemblée de Corse », ceux
de « Pè a Corsica » ont démontré le contraire.
Gros éclat de rire de ma part, figurez-vous !
En nourrissant leur campagne de la dynamique à l’œuvre
depuis décembre 2015, du travail accompli par la majorité territoriale, des
combats menés pour faire entendre raison au gouvernement sur des revendications
qu’ils considèrent fondamentales comme le statut de résident, la co-officialité,
l’amnistie pour les prisonniers politiques, voire l’inscription de la Corse
dans la Constitution, en posant que seule l’union des forces vives au service
de l’île pouvait faire avancer les choses, les candidats nationalistes ont
touché juste.
C’est ce discours, dans le sillage de la victoire, qui
a été ramené sur le devant de la scène.
Et il ne part pas rien. Il a eu le temps de s’ancrer
au vaisseau amiral à Paris, et cela dès le 18 janvier 2016, date de la
rencontre entre « Menuet-Valse » et les présidents de la CTC. Il a
eu, ensuite, le temps de s’enraciner, au long cours des relations avec « Jean-Mi-Bel-Lait »,
le médiateur désigné du « pays ami ».
Et pas seulement oralement.
Physiquement aussi, dès lors que la mandature
nationaliste a mis un pied dans la porte du Palais Bourbon.
Pas une séance importante sans que Simeoni, Talamoni,
accompagnés de membres de l’exécutif, de conseillers territoriaux de la
majorité ne prennent place dans les tribunes invités. Droits de succession,
ordonnances pour la collectivité unique, à chaque étape marquante, ils y
étaient.
En spectateurs ?
Ce n’est pas dit comme ça.
Voir déambuler le tandem Simeoni-Talamoni dans la
salle des quatre colonnes de l’Assemblée nationale n’a pas été anodin. Surtout
lorsqu’ils entameront la discussion avec le régionaliste Paul Molac, le premier
député régionaliste breton élu au Palais Bourbon.
Voir le tandem nationaliste croiser du regard un Charles-Amédée
de Courson qui n’a cessé de tacler les « spécificités » corses, n’avait
rien d’anodin non plus.
Qu’il s’agisse d’être représentés ponctuellement à
Paris ou d’aller chercher des succès à l’extérieur, les leaders de l’actuelle mandature
ont choisi de ne pas s’enfermer dans leur tour d’ivoire comme par le passé. Et
ce mouvement qui a consisté à aller battre le terrain à l’extérieur de l'île
fait partie intégrante de la dynamique engrangée.
Lorsque le 29 septembre 2016, en ouverture du congrès
des régions à Reims, « Menuet-Valse » annonce que les actions
régionales ne seront plus financées, à compter de 2018, par la dotation globale
(DGF) de l’État, mais par le transfert d’une fraction de TVA, ce sont les
nationalistes corsi qui sont à l’origine de cette demande : « Nous avons d’abord plaidé pour nous »,
glisse Talamoni, « Valls a étendu à
l’ensemble des régions. »
Depuis un an et demi, c’est manifestement cette parole
de territoire d’abord que font entendre les Corsi, loin des « Mak-Rond-nistes ».
« Bien sûr
qu’aujourd'hui, ce message a été entendu, à nouveau, dans le cadre des
législatives », confirme Gilles. À savoir l’opportunité pour la « Corsica-Bella-Tchi-tchi »
d’avoir des députés porteurs de la nouvelle donne qui s’est mise en place avec
des thèmes qui font écho ici et ailleurs.
« Quand
nous recevons les élus de l’ANEM (Association nationale des élus de
montagne), ils profitent aussi de notre
vision. Lorsque nous parlons en Méditerranée, nous avons une forme de
légitimité, il n’y a qu’à voir comment nous avons réussi avec les Sardes à
faire reculer les lobbies pétroliers. Notre force, c’est d’être capables de
parler aux Corses qui ne nous ont pas votés. Reste qu’il faut rester humble. Il
n’est pas question de caporaliser, mais d’élargir. Aux législatives, on ne nous
a pas rejoints. Nous nous sommes rejoints les uns les autres. »
Dans les quatre circonscriptions, « nos représentants ont scandé que nous avions
besoin d’avoir non pas des relais de Paris en Corse, mais de la Corse à Paris.
Au soir du premier tour, on a constaté
que les Corses ont également réaffirmé la force de notre union ».
Le fameux contrat de mandature.
Cela fait-il de chacun des quatre candidats de simples
répétiteurs ? Les Acquaviva, Castellani, Colombani et Carrolaggi ont
suffisamment de personnalité pour exister par eux-mêmes dans une campagne où il
ne suffit pas non plus de se réclamer de la majorité territoriale pour être de
facto adoubés.
En attendant, il livre une analyse : « Soit nous nous trompions sur le fait qu’il y
avait eu un changement historique soit nous confirmions ce que nous pensions
être un vote d’adhésion en décembre 2015. Nous avons confirmé. Des tas de gens
ont voté pour nous pour la première fois. »
Lors de la présidentielle, en avril et mai, beaucoup
avaient haut et fort reproché aux nationalistes leur manque de clarté dans
leurs prises de position : « Cette
élection n’est pas la nôtre », avaient-ils répondu.
Un an et demi d’OPA sur la vie politique insulaire
plus tard, après que les partis dits « traditionnels » ont été « ringardisés »
par les nationalistes, les législatives ont, semble-t-il, toutes les chances de
devenir la leur.
Magnifique…
Dans la première circonscription, le conseiller
municipal et adjoint au maire de Bastia, engrange 30,42 % des suffrages,
devançant le sortant (LRD) Sauveur Gandolfi-Scheit qui totalise
seulement 21,73 % des voix.
Avec plus de 8,5 points d’écart il s’agit d’une très
belle élection sur des terres où l’on pouvait penser que la droite allait
décrocher un score plus honorable que celui qui s’est affiché au compteur.
Le sortant va donc devoir pédaler double pour aller
chercher les voix qui le maintiendraient dans son siège de député. Autant dire
que cela va être compliqué pour le tenant du titre très menacé et auquel un
troisième mandat pourrait bien échapper.
Compliquée également, la situation du président du
conseil départemental de Haute-Corse, François Orlandi (LREM-même-pas-en-rêve)
qui loupe la marche de 296 voix et échoue à la troisième place.
Au nord toujours, dans la deuxième circonscription,
cette fois, l’échappée belle de Jean-Félix Acquaviva double la mise
nationaliste. Le conseiller exécutif et président de l’office des transports
devance nettement, de près de treize points et un chouïa, le maire de
Ghisonaccia, Francis Giudici.
Pour le candidat « LREM-même-pas-en-rêve »,
qui réunit sur son nom 23,41 % des suffrages, la tâche s’annonce là encore
difficile.
Quant à la droite, elle jette l'éponge.
Définitivement.
Ailleurs, dans les deux circonscriptions restantes, la
première et la deuxième de Corse-du-Sud, les droitiers tirent leur épingle du
jeu. Seul Jean-Jacques Ferrara s’assoit dans un demi-fauteuil avec 33,5 % des
suffrages face à Maria Guidicelli (investie LREM-même-pas-en-rêve) qui le suit,
mais sans pour autant le talonner, avec 21,46 % des voix.
Plus de 12 points séparent ainsi les deux premiers. Il
faudra suivre ce duel de près.
Comme François Orlandi en Haute-Corse, mais en se
revendiquant d’un tout autre dossard, Jean-Paul Carrolaggi, le nationaliste de « Pè
a Corsica » manque, et véritablement de très peu, le podium pour le second
tour.
Seules treize petites voix le tiennent éloigné de « l’appel
du 18 juin ».
Enfin, dans la deuxième circonscription de
Corse-du-Sud, le sortant LRD, Camille de Rocca Serra qui brigue un
quatrième mandat arrive, certes, en tête, recueillant 35,99 % des suffrages.
Mais s’attendait-il à être à ce point mis en danger par son poursuivant, le
candidat de la majorité territoriale, Paul-André Colombani qui a rassemblé
29,09 % des voix ?
Sûrement pas…
Surtout s’attendait-on à voir ce dernier passer devant
le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, troisième avec 24,8 % ?
Rien n’était moins sûr.
Quoi qu’il soit, avec 6,9 points d’avance engrangés
par Camille de Rocca Serra, il ne verrouille pas le second tour, loin de là.
Si Paul-André Colombani ravissait, dimanche prochain,
le fauteuil, ce serait évidemment un séisme dans la circonscription.
Avec trois candidats ayant – aisément – franchi le
premier tour sur les quatre circonscriptions de l’île, les autonomistes corses
sont en passe d’arracher une nouvelle victoire historique en entrant, pour la
première fois, à l’Assemblée nationale. Poursuivant leur dynamique des
régionales de 2015 qui leur avait permis d’arracher les rênes de la région, ils
pourraient réaliser un nouveau tour de force au soir du 18 juin : Tous les
voyants semblent au vert.
Ou presque.
Reste à suivre ça dimanche prochain.
Désormais aux portes de l’Assemblée nationale, le camp
autonomiste compte également sur le « dégagisme-général » ambiant pour arracher
au moins un siège au Palais-Bourbon, envoyer un nouveau coup de semonce au
sommet de l’État et poursuivre leur ancrage sur l’échiquier politique
insulaire.
Au-delà de la symbolique et de la portée historique, l’enjeu
est en effet de taille : À six mois de la prochaine échéance régionale pour l’avènement
de la nouvelle collectivité unique de Corse, envoyer au moins un député à Paris
sera le signe de leur enracinement politique désormais bien réel dans l’île.
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