Aux
plaisirs du palais – (Comédie dramatique en
3 actes et en prose !)
Avertissement : Ceci est une œuvre de totale
fiction. Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé, a
fortiori à naître, ne peut qu’être pure coïncidence totalement fortuite, fruit
de l’aléa propre au pur hasard. Tout rapprochement incongru relèverait donc de
la plus haute fantaisie et son auteur se verrait impitoyablement poursuivi en
justice pour répondre du préjudice qu’il aurait pu ainsi créer.
Acte II – Scène III
(FF et CG entrent à leur tour).
NS – Tu as mon aspirine ?
CG – Ça arrive. Bon, voilà le parapheur. Là, je t’ai fait faire copie des
notes de synthèse. François a fait de même pour celles de « Dark Vador ». Tu as
de la lecture pour ce soir ! Et j’ai joint ton discours de tout à l’heure.
FF – Faut aussi se décider pour les Dir-cab. J’aimerai qu’on discute de
quelques-uns qui peuvent poser problème !
NS – Salut François ! Pas trop dur ?
FF – Non ! Bonjour à toi, mon ami !
NS – Quels problèmes ? Je croyais que tout le monde était d’accord ? Ils
étaient ministres, mais c’est nous qui formions leur cabinet, conseillers
techniques inclus ! Où est le problème ?
FF – Il se peut qu’on ait quelques soucis avec certains d’entre eux qui
auraient eu une vie « un peu agitée ». Or, tu veux des cabinets propres et pas
d’affaires en cours ni à venir devant les juges !
NS – Oui ! On nous en a fait déjà assez chier comme ça ! Montre tes
propositions !
CG – À propos d’affaires, on en est où sur « Clearstream », François ?
FF – On en est nulle part. Y’a bien eu des « trafics d’influence » louches
du côté des généraux, mais ça tout le monde le sait. Par contre, du quai
d’Orsay, je n’ai pas encore de remontée. Et je ne suis pas sûr qu’on en aura
avec ton nouveau ministre. Côté Matignon, il semble qu’il n’y ait rien de plus
que ce qui avait été dit. Reste ici. Tu sais que la juge, elle n’a pas pu
entrer la semaine dernière. On fait quoi si elle revient ?
NS – On a quoi, surtout, ici, les amis ?
CG – On n’a rien de neuf, pour le moment. À mon avis, ils ont fait le
ménage.
FF – À moins qu’il n’y ait vraiment rien !
CG – Ça m’étonnerait ! Ils l’auraient laissée entrer, la petite juge.
NS – Non, pas forcément. D’ailleurs, si elle se re-pointe, on ne la laisse
pas entrer : même motif, même punition ! Il faut trouver ce qu’elle cherche
avant elle, dans tous les cas. Après on avisera.
FF – Tu as convenu quoi avec Chirac, sur ses affaires à lui ?
NS – C’est pas mal cette idée, le dir-cab de ton ministre. Je prends…
Quant à celui-là qui se fait des putes au bois, je n’en veux pas. Pour l’autre
non plus. Ses problèmes de lotissement immobilier avec le fisc, il les règle
avant, tout seul comme un grand et sans nous. Je préfère tes solutions, à toi,
François. Plus clean !… Pour le grand con, il dit n’avoir pas besoin de notre
aide. Ça m’arrange. C’est une vraie rupture, comme ça. On reste donc
officiellement inerte tout en assurant la continuité de l’État. Ce qui
n’empêche justement pas de laisser les juges et la presse faire leur boulot. Ça
m’arrange également. On verra bien si l’autre, il a besoin de moi ou pas ! Et
là, s’il a besoin, que je te garantis qu’on fera tout pour qu’il vienne me
manger dans la main à 4 pattes en rampant, lui aussi, s’il le faut !
FF – Et pour « Vador » ?
NS – Même motif, même punition ! Mais celui-là, mon camarade de besogne,
tu verras qu’il préférera se faire empaler par tous les orifices et traîner
dans la gadoue accroché par les pieds derrière des mustangs en furie dopés à
l’EPO plutôt que de revenir vers toi ! Et s’il vient à moi, je te le renvoie.
Ok ? Comme on a dit !
CG – Je reste pas d’accord. Si les juges attaquent l’homme, c’est la
fonction qui est visée derrière. Et la fonction, c’est toi aujourd’hui ! Elle a
besoin d’être forte.
NS – Mais non ! La fonction laisse les institutions faire leur travail.
Flûte ! Les français payent assez d’impôts comme ça, il faut leur en donner
pour leur argent. L’homme, je ne dis pas : la grâce présidentielle n’a toujours
pas été abolie, dans ce pays. Et la « grâce », c’est moi. La fonction peut donc
faire un geste de charité et d’apaisement pour un homme redevenu populaire,
fusse-t-il un roi déchu ! D’une pierre deux coups : en graciant, la fonction
redevient omnipotente et sans être salie, puisqu’on aura rien fait avant pour
empêcher le terme des procédures ! Tu verras, les français la demanderont eux-mêmes,
la « grâce ». C’est juste une question de tempo. Quand l’acharnement deviendra
trop visible, que l’hallali approchera, pan ! Un coup de « grâce » annoncée. Et
c’est terminé. Et entre deux, on aura fait toute la lumière sur cette affaire.
CG – N’empêche que je le trouve très fort, le Jacques. Comment est-il si
sûr de son fait ? Le dossier paraît pourtant accablant !
NS – Pas tant que ça. Tu sais, il va avoir 20 ans d’âge. Des choses
pouvaient être interprétées d’une certaine façon il y a 15 ans, elles peuvent
être comprises autrement depuis. Veil, l’avocaillon qui s’y attellera d’office,
s’y entend dans ce genre de combines ! Je le connais. C’est le fiston de
Simone.
FF – À moins qu’il nous sorte une astuce du genre « ambassadeur
plénipotentiaire » d’un « zinzin » quelconque. Avec un passeport diplomatique
en poche, les juges en seront pour leurs frais.
NS – Oui, pourquoi pas. Mais alors qu’on soit bien d’accord : Je veux
apprendre la nouvelle par la presse. Pas autrement ! Et vous tous aussi.
Compris ?
FF – Bien sûr. Bon, de toute façon, on fait comme on a dit. L’urgence,
c’est les dir-cab et les élections.
(On frappe à la porte)
NS – Entrez !
CS – Laissez ça, mademoiselle ! Je m’occupe de la santé de mon mari !
(Entre CS, avec un plateau à la main sur lequel est posé un verre d’eau)
NS – Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je te croyais en train de faire le
tour de la maison ? Ou de dépenser le fric du contribuable en fripes de grands
couturiers ! J’en ai marre de te voir en Jean’s !
CS – Je prends soin de ta santé ! Tiens, prends tes médicaments… Je fais
quoi pour les gamins ?
NS – Les gamins ?
CS – Je te rappelle que nous avons eu un fils. Tu te souviens ? Tu sais,
le petit bout qui te prend pour Dieu tout puissant, qui passe son temps à jouer
au dictateur à son école et à terroriser ses professeurs ! C’est moi qui l’ai
fait, mais tu y es aussi pour quelque chose, quand même. Même si ce n’est pas
grand-chose !
NS – Ma Biiiiche ! Je n’ai pas oublié. Seulement, là tu vois, non seulement
j’ai mal au crâne…
CS – Mais tu as toujours mal au crâne ! Tu devrais écouter ta mère et
éviter de porter des chemises si étroites. Ce n’est pas parce qu’on a les bras
courts qu’il faut se serrer le kiki à ce point-là ! Ou alors, ouvre le dernier
bouton !
NS – Arrête avec ça ! Je ne m’habille pas chez Darty !…
CS – C’est pas Darty, d’abord…
NS – …Et les cols de chemise ouverts, ça fait négligé ! Je suis le
Président, tout de même ! Je me dois d’avoir un peu de tenue !
CS – Il n’empêche…
NS – Bon, on a fini, Messieurs ? Alors on décampe ! Cap sur la conf’. Tout
de suite après, vous vous prenez les caciques sur les dir-cab et moi je monte
saluer les amis. Claude, tu t’occupes de les faire monter discrètement et vous
me rejoignez dès que vous avez fini !
FF – On te suit. Bonne Journée, Madame la Présidente !
CS – Ouh là ! Ça fait classe, ça : Présidente !… Ton aspirine, puisque tu
veux te fusiller les boyaux avec de l’acide.
NS – Ah oui ! Merci.
CS – Avant de partir, tu me dis où il a mis ses revues cochonnes, l’ex ?
NS – Quelle revue cochonne ?
CS – Ne me prends pas pour une idiote ! Tu as déjà le gode et la vaseline.
Il y a forcément aussi des photos !
NS – Mais n’importe quoi ma Biiiiche !
CS – Regarde-moi bien dans les yeux !
NS – Oui, ma Biiiiche ! Autant que tu voudras.
CS – Tu m’as bien regardée ?
NS – Mais comme toujours, ma Biiiiche ! Tu es belle comme le soleil !
CS – Alors, dis-moi : où as-tu vu que j’étais blonde pour me prendre pour
une conne comme ça !
(Éclat de rires des deux autres personnages)
CS – Vous, les garçons, ce n’est pas drôle ! Je vous préviens, il y
en a un qui dérape et dans l’heure la presse est au courant de tout ! Je vais
d’ailleurs faire mon site Internet ! Et j’y mettrai en ligne les photos des
nanas que tu reluques…
NS – Ah non !
CS – …Et tes accessoires favoris ! …
NS – …Tu n’y connais rien en informatique, tu vas te faire pirater !…
CS – …Et si je retrouve ta poupée gonflable, j’en fais autant…
NS – Arrête avec ça ! Ce n’était pas ma poupée gonflable, mais celle d’un
copain qui était en dépôt… Je ne savais même pas, moi !
CS – C’est ça ! Tu me prends vraiment pour la reine des gourdes ! Bois ton
aspirine et vas bosser. Pendant ce temps-là, je fouille !
NS – Si tu veux, si tu veux !
(NS, FF et CG sortent rapidement)
CS – Bon ! Voyons voir, un peu…
(CS fouille ici et là puis retourne coller une oreille à la porte).
CS – Ça y est ! Ils sont partis.
(CS va sur la pointe des pieds à l’autre porte et l’ouvre)
CS – Vous pouvez venir les filles ! Ils sont partis ! Je les ai fait fuir.
(Entrent trois inconnues, I1, I2 et I3)
I1 – Wouah ! Pas mal dis donc !
I2 – Ouais ! Superbe.
I3 – Mieux que de l’autre côté de la rue !
CS – On se fait un petit thé et une partie de crapette ?
I2 – Pourquoi pas une belote !
I1 – Je n’en reviens pas ! Hihihi ! Une belote dans le bureau du chef de
l’État ! Jamais Hilary Clinton n’y aurait pensé !
I3 – Merveilleux… Et si on se faisait une petite boum, là, comme ça ?
CS – Avec qui ? Il nous faut des garçons !
I1 – Et pourquoi pas entre filles seulement !
I3 – Mais les garçons, il y en a en uniforme de l’autre côté, il suffit
d’aller les chercher !
CS – Oh oui ! Pour assurer notre sécurité.
I2 – Tu crois qu’ils ont le droit ?
CS – Pas sûr ! Ils sont un peu coincés, ceux-là ! Vous savez quoi ?
I3 – Non ! Raconte !
CS – J’ai exigé qu’ils portent un string !
I2 – Pas possible ?
I1 – Tu as fait ça ?
I3 – Et ils vont le faire ?
CS – Ce n’est pas encore sûr ! J’ai senti comme une… résistance.
I3 – En attendant, ça doit drôlement lui pourrir la vie, tous tes trucs !
Formidable…
CS – Il le vaut bien, va !
I1 – En tout cas, il est confortable le fauteuil !
I2 – Wouah ! Et le canapé ! Il ne devait pas s’emmerder, Chirac !
CS – Pas ce mot-là ici en ma présence, je t’en prie…
I2 – Oh excuse ! Bon alors ? Thé dansant ou belote au thé ?
I3 – Thé dansant !
I1 – Ils ne vont pas vouloir.
I3 – Mais si ! On leur fait un strip-tease et ils viendront.
I2 – Un strip-tease ! Quelle bonne idée !
I1 – C’est quoi ce truc-là, ma chérie ? Un godemiché et de la vaseline !
I3 – Quoi ? Montre-moi ! Montre !
CS – Ne m’en parle pas. Il dit que c’est un cadeau de Mitterrand au vieux
con, il y a 12 ans !
I1 – C’est sûr que ce n’est pas un modèle du dernier cri. On dirait qu’il
n’a jamais servi.
I3 – Ce n’est pas comme la vaseline. On dirait qu’elle a déjà servi !
I2 – Pas possible ! Mais qui ?
I3 – Tiens, au bout des seins, ça doit être rigolo !
CS – Arrêtez les filles ! C’est fait pour le gode !
I2 – Tu crois ?
CS – Rangez ça ! Vous n’êtes pas drôles !
I2 – Bon alors, on fait quoi ? On s’envoie en l’air ici avec les beaux
mecs de derrière la porte pendant que ton mari bosse ?
I1 – Tu n’y penses pas ? Une partouze ici ? Il y a peut-être des caméras
partout ?
I2 – Tu crois ?
CS – Je ne sais pas. Mais, il doit bien y avoir des sécurités qu’on
n’imagine même pas.
I1 – Déjà qu’en face, c’était bourré de micros, on en a eu la preuve, ici
c’est peut-être pire !
I2 – Ouh là, là ! Moi, je ne reste pas !
I3 – Oui, tu as raison. Si on nous trouve ici à faire les folles, c’est
encore toi qui vas déguster !
I1 – Bon alors, on s’en va ? Tu nous fais visiter ta chambre. Peut-être y
sera-t-on plus à l’aise qu’ici !
CS – Je ne peux même pas ! L’autre cloche n’a pas rendu les clés !
I1 – Pas possible ?
I3 – Ahahah ! Elle est bien bonne, celle-là ! Toi, SDF chez toi ? À
l’Élysée !
I2 – C’est curieux ! Tu vas peut-être trouver les cadavres de ses amants
dans les placards !
I1 – Arrête ! Ce n’est pas drôle ! J’espère bien qu’ils feront le ménage
avant que tu n’y rentres ! Tu imagines te retrouver devant un petit jeune
mignon en pleine décomposition !
I3 – Ou plein de capotes usagées dans tous les coins !
CS – Arrêtez ! Vous êtes immondes ! Berk ! Allez, ouste ! On prend le thé
à côté ! Allez, allez ouste ! Maintenant que vous avez vu, on s’en va ! De
toute façon, on va à la conférence pour être vues et après, il faut que vous
m’accompagniez chez un grand couturier. On va se faire faire des robes !
I3 – Je croyais que tu ne voulais pas ?
I2 – Nous aussi ?
CS – Et pourquoi pas !
I1 – Et chez un chausseur aussi ! Il y en a un, pas très loin, où j’ai vu
des escarpins de toute beauté en venant ici.
I3 – Et des bijoux, tu y as pensé !
CS – Non. Allez ! On s’en va ! Et sans bruit !
I1 – Dommage pour la belote…
I3 – Et pour les beaux mecs qui font le guet derrière l’autre porte… J’en
aurai bien fait mon 4 heures, moi !
(CS, I1, I2 et I3 sortent par la porte par laquelle elles sont entrées)
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